Il était temps de faire le point. La réunion s'était terminée sur un drame, et il restait tant de choses à voir... J'avais perdu la notion du temps, ayant passé les derniers jours au téléphone, j'avais aussi rencontré la PES pour leur enquête, j'avais passé du temps au téléphone avec le Premier Ministre Hood, on avait même essayé de me passer les Reines Vampires, mais sans succès jusqu'à présent. Tout le monde voulait évitait l'escalade, du moins en apparence. Mais je n'étais pas dupe. Alors que je passais mon temps à me renseigner, à m'informer, les gens dehors étaient en train de s'armer. Je savais bien sûr que les humains s'étaient déjà préparés à une reprise des hostilités, mais les vampires ne pouvaient pas trouver de meilleurs moyens de me renseigner qu'à réformer leurs structures militaires. Bref. Peu importe. Moi aussi je comptais bien me préparer à nouveau au conflit. Il me semblait évident maintenant que la paix n'avait été qu'une façade, un mauvais compromis. Personne n'avait réglé la question principale de sa propre survie, de manière ferme et définitive. Et l'union sacrée face aux semi-démons ne pesait pas lourd dans ce contexte, vous pouvez me croire. Quoiqu'il en soit, il avait fallu passer beaucoup de temps à tirer des fils, à mobiliser des renvois d'ascenseurs. J'avais pas mal de connaissances, puisque ma position pendant les Années Sanglantes m'avait permis d'entrer en relation avec quantité de gens. Je mobilisais ces ressources, désormais, pour pouvoir assurer notre préservation, notre sauvegarde face à un ennemi si fort et si nombreux que l'affronter ne pourrait mener qu'au chaos.


Maintenant que j'y voyais un peu plus clair, j'appelais mes seconds pour une réunion. Pas à Wolfheaven, je savais bien que nos ennemis pouvaient très bien le placer sur écoute. Plus loin. A la Lune Bleue. Parce que le bruit qui y régnait ainsi que les lourds investissements de Mary l'avaient rendu presque hermétique à toute tentative d'intrusion, physique ou non. J'attendais dans le bureau de ma Lupa, de celle qui le fut. Ca aussi, devait être réglé rapidement. Ou bien nous laissions la nature et les traditions assurer la continuité de notre Meute, ou bien je shuntais ces règles anciennes pour y placer quelqu'un et ne pas perdre de temps. J'avais besoin de conseils. J'avais besoin d'informations. Je devais être certain d'un certain nombre de choses avant de me lancer pour de bon...


Ils arrivèrent, pile à l'heure. En bas comme plus haut, l'activité continuait de battre son plein. Ce lieu était fait pour générer des revenus à la Meute, et il était aussi une façade. Je saluais Bolverk et Jolfr d'un signe de tête.


| Bonsoir, mes amis. Merci à vous d'être venus si vite. Comment allez vous ? Vous accusez le coup? |


Coup terrible à la paix que celui de la mort de Mary, et pour nous autres de la Meute, peut être coup mortel.

Les derniers jours avaient été éprouvant pour Roxane. La mort de Mary, et la violence de la scène, l’avaient choquée profondément. Elle était pourtant forte. Indépendante. Mais elle s’était ouverte à la Lupa de la Meute. Il y avait quelque chose de fort entre elles. Au fil des années Mary était devenue la mère que Roxane avait perdue dans un accident de voiture lorsqu’elle avait 10 ans. Mary était devenue une amie, une confidente. Elles comptaient l’une sur l’autre. Et maintenant elle n’était plus là.

Plusieurs fois les doigts de Roxane avaient tapé son nom dans le répertoire de son téléphone. Elle l’avait appelée, écoutant la sonnerie puis le message vocal, et raccrochant au son du bip suivi de ce silence. Le silence de son absence. Plusieurs fois ses pas l’avaient menées vers la chambre vide. Elle avait fait ce chemin tellement de fois, pour y trouver du réconfort, des conseils. Maintenant elle ne pouvait que contempler cette porte qui ne s’ouvrirait plus sur cette louve si forte et puissante d’apparence, mais qui s’était dévoilée à la métamorphe sous un autre aspect.

La Jolfr n’avait été bonne à rien ces derniers jours. Ses résolutions pour être à la hauteur de sa tâche s’étaient envolées lorsque la renarde avait posé ses pattes dans la neige de cette clairière. Elle s’était effondrée. Elle n’avait pas su gérer cette douleur. La présence d’Alexis l’avait aidé, un peu. Mais elle s’en voulait de n’avoir pas été à la hauteur. Alexis n’aurait pas dû avoir besoin d’être là pour elle. Roxane devait être là pour Alexis, comme elle l’avait été depuis leur rencontre. Mais à cette époque elle avait quelqu’un sur qui compter, pour avoir confiance en elle, et lui donner la force d’accomplir des choses. Elle avait Mary. Les métamorphes n’auraient jamais rejoint la Meute si Mary n’avait pas été là. Roxane n’aurait jamais accepté d’endosser ces responsabilités si Mary n’avait pas été Lupa.

Pour autant elle n’envisageait pas sérieusement d’abandonner ses fonctions. Quelque part elle commençaient à voir ce post de Jolfr comme un héritage de Mary. Etre la Jolfr que Mary aurait voulu qu’elle soit serait une façon de lui rendre hommage. Elle n’en avait juste pas la force. Pas encore. Pas aussitôt. Elle faisait bonne figure le soir, lorsqu’Alexis rentrait à Wolfheaven. Elle ne voulait pas craquer de nouveau devant la jeune métamorphe. Mais les journées étaient longues, et l’absence de Mary occupait tout l’espace. Elle avait passé de longues heures à chasser dans les bois sous sa forme naturelle.

Petit à petit, la douleur de la perte avait laissé place à de la détermination. Ils paieraient. Tous. Quel qu’en soit le prix. Ils paieraient pour ce qu’ils lui avaient fait. Elle ne savait pas encore comment, mais elle n’oublierait pas. Si elle avait su calmer sa vengeance après qu’ils l’aient laissée pour morte pendant les Années Sanglantes, au nom de la paix nouvellement proclamée entre les Loups et les Vampires, elle ne le ferait pas cette fois. Elle n’en avait pas envie. Elle devait venger sa mort. Et cette fois la paix n’était plus d’actualité. Elle l’avait senti malgré le filtre de sa douleur cette fameuse nuit.

La convocation de l’Ulfric avait été en quelque sorte un soulagement, même si la rouquine se préparait psychologiquement au fait de se rendre à la Lune Bleue sans que Mary n’y soit. L’absence de son amie serait encore une fois omniprésente, mais cette fois elle aurait de quoi occuper son esprit, pour ne pas sombrer dans la tristesse ou la folie. Pour ne pas risquer de céder à la tentation de suivre la première piste qui la mènerait à un vampire et tenter de l’assassiner.

A l’heure du rendez-vous, la rouquine entre dans le bar. La musique y est forte et l’ambiance étrange. Certains loups de la Meute sont présents, un sourire de façade sur le visage. Si le coeur des loups pleure leur Lupa, ils ne peuvent montrer à quel point cette perte les a atteint. Certains visages sont inconnus de Roxane. Des clients de la boîte de nuit. Des curieux peut-être, qui viennent voir si les loups sont en deuil. La Jolfr salue les visages connus, et ignore les autres. Elle repère Mike dans la salle, qui vient visiblement lui aussi d’arriver, son manteau encore sur les épaules. Elle le rejoint d’un pas rapide alors qu’il commence à monter les marches.

« Mike »

Elle le salue sobrement, signalant sa présence, bien qu’il l’ait sans doute sentie ou entendue arriver malgré le bruit et les odeurs de déodorant et de sueur mêlée qui emplissent la salle. Ils entrent dans le bureau, Ashleigh sur les talons. Roxane répond d’un signe de tête respectueux au salut de l’Ulfric tandis qu’elle prend place dans le bureau. Elle garde les yeux fixés sur les trois personnes présentes, refusant à son regard le droit de se poser sur ce bureau et ce qui s’y trouve. La pièce est emplie de l’absence de Mary, mais ce n’est pas le moment. La question d’Hayden fait légèrement faillir cette résolution. Elle fuit son regard pour cacher sa douleur, et ses yeux se posent sur le bureau recouvert de lettres accumulées au nom de Mary. Une boule se forme dans sa gorge mais elle la chasse et se concentre.

« J’accuse le coup, oui. C’est dur. Mais je vais mieux. »

Ce n’était pas un mensonge. Elle allait mieux que la dernière fois qu’il l’avait vue. Cette fois où elle s’était effondrée dans la neige, incapable de maîtriser ses émotions. Elle se remettait. Elle accusait le coup. Même si ses nerfs menaçaient de lâcher à chaque instant. Elle tiendrait le coup. Il le fallait. Pour Mary.

HRP:

Rapidement, j'enlève la blouse blanche et la fourre dans mon sac. Je suis pressée, ce soir. Quelques minutes après, mes talons claquent et résonnent dans le couloir nu et éclairé de ces lumières blafardes des grands hôpitaux. Mon sac sur l'épaule, je descends les escaliers au pas de course, et bientôt, je suis dehors. Il fait déjà nuit depuis longtemps ; les réverbères éclairent la neige sur les trottoirs et le froid vient bien vite me mordre les joues. Je le ressens à peine et n'y prête pas plus attention. Une rue plus loin, je m'engouffre dans ma voiture, garée à cheval sur le trottoir, et démarre. Je roule vite, et sans musique. Je ne me suis pas libérée ce soir pour aller m'amuser, chasser ou encore draguer en boite. Non. Je n'en n'ai plus vraiment l'occasion ces derniers temps, et à vrai dire mes journées bien remplies et mes pensées préoccupées me permettent de ne pas m'attarder sur ces détails. Mes pulsions, je les satisfais avec Irving, même si tout est devenu plus compliqué, depuis le nouvel an. Depuis que je me suis portée volontaire pour la reproduction lupine, et que mon compagnon m'a suivie sans vraiment en avoir le choix. J'évite d'y repenser souvent, de me demander si mon choix est le bon, ou de penser à l'avenir, si jamais les essais réussissent. Cela ne sert à rien, tant que nous n'avons pas de semi-démon sous la main. En attendant, je ne m'ennuie pas du tout. Mon esprit a bien d'autres sujets sur lesquels il peut s'égarer. Le cadavre de Mary. Etrangement, ma haine et ma satisfaction se marient à la perfection. Haine, envers ces enfoirés de suceurs, qui ont osé frapper directement sur notre territoire. Et sur la Lupa. Ils ont déclaré la guerre ouverte, ils l'auront. Satisfaction, car c'est bien la Lupa qui est morte. Ce qui signifie place vacante, place libre et accessible pour moi, sans me compromettre. Je sais que je dois agir finement, apparaitre aux yeux de tous comme la Lupa légitime, et non une opportuniste qui s'empare du poste car elle est assez forte. Je ne peux pourtant pas beaucoup m'avancer, n'ayant pas connaissance des choix d'Hayden. Cela, je pense y remédier ce soir.

Réunion à la Lune Bleue. Il n'a pas trainé, ce qui ne m'étonne pas le moins du monde. Il est temps que nous nous activons, que la machine se mette en marche. A la fois au sujet de nos ennemis séculaires, mais également à celui de la Lupa. Je sais, je sens, que cette entrevue sera décisive. Et je ne trompe que rarement, dans ces cas là. Je réfléchis encore, sur la route. En moi même, je suis en ébullition. Questions, hypothèses, idées... Je ressasse tout. J'arrive enfin, plus rapidement que ce que je pensais. Un poil à l'avance, même. Cela me laisse un instant pour me regarder dans le rétroviseur. Je n'ai pas pu rentrer chez moi, je me suis donc préparée au boulot, juste avant de partir, veillant à finir quelques minutes plus tôt. Maquillage léger, pour renforcer mon regard. Pas de rouge à lèvre. La tenue aussi, est sobre. Bustier pourpre sous un tailleur noir, qui me donnerait presque des allures de femme d'affaires, pantalon tout aussi noir, moulant comme toujours, et ma tignasse blonde, lâchée de part et d'autre de mes épaules. Mon reflet me renvoie mon sourire, et je sors, avec mon sac à main à l'épaule. L'activité bat son plein ce soir, à la Lune Bleue. Je me faufile, sans attirer l'attention, et arrive près du bureau où nous avons tous rendez-vous. Seul le boum-boum de la musique ne me parvient.

Roxane et Mike arrivent en même temps que moi, Je les suis, nous montons les marches. Hayden nous attend déjà. Salut rapide et formel. Il nous demande si nous accusons le coup. Je suis la plus mal placée pour répondre, mais ça j'espère bien qu'ils ne s'en rendent pas compte. J'acquiesce.

"Ca va aussi, oui. Je me remets du spectacle."

Il fallait reconnaitre que ce corps ensanglanté, démembré et sans tête vous retournait les tripes. Et même si il s'agit de votre proie, la rage, elle, ne sent que l'odeur de vampire.

La croisée des chemins pour la Meute. Nous allions vivre ou mourir, mais quantité de variables de notre avenir allaient être explorées et décidées dès ce soir. J'étais seul pour prendre ces décisions. Ou plutôt, j'étais seul pour trancher sur la finalité de la chose. Je n'étais pas mon père, mes seconds n'étaient pas là que pour exécuter les tâches sanglantes, la basse besogne qu'exigeait la survie de notre microcosme social. Je considérais ces individus méritants comme des partenaires, mon équipe au sens restreint, équipe que j'animais et que je dirigeais mais sans jamais m'émanciper d'elle. J'aimais cette manière de fonctionner, auparavant. Aujourd'hui je n'avais même plus le choix que de continuer de la mettre en pratique, pour la simple et bonne raison que j'étais seul dominant, seul à la tête de l'équipe. Je partageais auparavant la parole du maître du jeu avec Mary. La Lupa et moi avions connu nombre de désaccords. J'avais appris certaines de ses manœuvres, de ses menues trahisons. De sa poursuite d'intérêts personnels. J'avais aussi découvert nombre de qualités, et certains avantages. En d'autres circonstances, peut être aurions nous pu être ce qu'elle voulait que nous soyons. Peut être. Mon père m'avait poussé à être l'Ulfric de ce genre de Lupa, quand bien même il avait de son côté été parfaitement incapable de composer avec une personne de cet acabit. Ils finissent par arriver dans mon bureau. Dans celui de Mary. C'est impressionnant de se rendre compte à quel point sa personne emplit encore les lieux, comme le fantôme d'une puissance révolue, abattue. Mais toujours présente. Puissante source d'inspiration, ou de désespoir. Au choix. C'est quelque chose, tout de même. Je note à leur arrivée que leur attitude diffère. Eux aussi ont connu leur Lupa, plus ou moins bien. Mike a été son amant. Le dernier, probablement. Roxane sa meilleure amie. Et Ashleigh, sa rivale. Je sais ce qu'il y a dans le cœur de mon ancienne compagne. Mais je sais que cela ne l'empêche pas d'être une bonne exécutrice. Je n'oublierai jamais la réaction de la renarde lorsqu'elle avait constaté la mort de son amie. Cela me serrait encore le cœur. Il y avait une terrible tension dans la pièce. Ashleigh elle même semblait touchée par la mort de Mary, ce qui me rassura quant à ma confiance à son sujet. J'échangeais néanmoins un regard avec Mike.


| C'est dur pour tout le monde. Nous avons perdu notre Lupa. |


J'accentuais la mort, pour marquer définitivement l'événement, pour le rendre plus prégnant. Tout le monde le savait, en avait conscience. Mais dire les choses, les nommer, ne faisait jamais de mal à qui que ce soit.


| Nous sommes là pour discuter de la suite. De choses difficiles. De la suite à donner aux événements, des arrangements à prendre. De la succession de Mary. De la vengeance. |


J'inspirais profondément, avant de relâcher d'un coup tout mon air. Il fallait se lancer une bonne fois pour toutes.


| Les vampires ont été frappés durement. Les humains sont en pleine querelles politiques. Si nous ne frappons pas, les désordres de l'Ecosse vont finir par s'étendre jusque nous et nous frapper plus durement encore qu'il y a quelques jours. Nous allons devoir jouer sur plusieurs tableaux. Mike avait la mission de nous donner un masque respectable auprès de l'opinion publique. Je pense que cette mission est déterminante pour notre avenir. Nous devons aussi avancer sur la question des semi-démons ; nous avons une fois encore la preuve que renforcer nos rangs tient autant de l'impératif biologique que vis à vis de notre poids sociétal dans l'avenir. Il faut aussi que l'on voit comment remplacer la Lupa, et comment organiser la réponse de la Meute à cette agression. Vous avez des informations, des suggestions qui pourraient nous faire avancer ? |

Ma vie était à son tournant. Ma vie, et celle de la meute. Quelle considération avais-je pour elle, désormais ? Je ne saurai le dire avec précision. D'un côté, j'étais prête à tout, sans aucun scrupule, pour arriver à mes fins, à sacrifier mes frères, à les trahir, à les manipuler et à les mettre dans les situations les plus inconfortables qui soient, dans le simple but d'atteindre mes objectifs. Mes objectifs, en tant qu'individu propre, entièrement détaché de l'ensemble « meute », de la famille que nous, loups, étions censés former. Paradoxalement, j'étais attachée à cette famille, attachée sentimentalement. Parce qu'elle m'avait redonné goût à la vie, un foyer, des amis, des amants. Des ennemis, un but réel à mon existence sur cette terre. La meute m'avait donné un père, surtout. Et maintenant qu'il n'était plus... Tout en restant liée aux miens, tout en restant un loup -avec tout ce que cela implique- je me détachais de l'esprit de groupe qui devait caractériser la meute. Et les métamorphes accentuaient ce phénomène chez moi. Parce que cette meute n'en n'était plus une, tout simplement, parce que même s'ils avaient combattu à nos côtés, ils n'étaient pas nous, ils ne pouvaient être nous, se comporter comme nous, penser comme nous. Vivre avec nous et violer notre vie, prendre place ainsi au milieu de nous, comme des imposteurs. Oui, des imposteurs, c'est ce qu'ils étaient. C'était comme cela que je les considérais, et même si pas hasard je tentais de faire preuve un jour de clémence, je n'irai pas beaucoup plus loin. Je ne le voulais pas. Je ne me trouvais pas ici pour faire des courbettes à la race inférieure... Bien que j'y étais contrainte, au fond. Je me trouvais dans cette pièce, avec Roxane, métamorphe dont tout le temps passé parmi les lupins a bien montré que non, un méta ne pouvait se transformer en loup. Et je devais discuter avec elle de l'avenir de la meute, de l'avenir des loups, d'une organisation millénaire. Et de mon avenir, à moi aussi.

Ma meilleure arme, dans toute cette affaire, demeurait ma capacité à masquer mes émotions, à modeler mon corps et mes expressions selon l'image que je voulais donner. Faire semblant n'était pas aisé, loin de là, même après toutes ces années, mais lorsque je n'étais sous aucune emprise, j'y arrivais. Lorsque je pouvais prendre mon temps, comme je l'avais fait dans ma voiture, pour tout mettre en ordre, je n'avais aucun soucis. Et cela était primordial, en cet instant, où malgré nos positions respectives, malgré la nécessité de travailler main dans la main, nous n'étions pas tous sur la même longueur d'onde. La tension existait bel et bien. Roxane et moi ne défendions pas bien entendu les mêmes intérêts, et je ne savais pas trop où se positionnait Mike. Aux côtés d'Hayden, sûrement. Et même si je suis seule, j'ai des cartes. Il est temps de les jouer.

J'écoute le long monologue d'Hayden, dans lequel il nous explique l'ordre du jour. Je pose un regard sur mes « collègues », nullement dans le but de les impressionner, simplement de guetter si l'un d'eux souhaite prendre la parole. Je reviens sur l'ulfric, finalement. J'ai des choses à dire, oh oui.

"Concernant les semis-démons, j'en ai repéré une au travail l'autre jour. Seule dans la chambre avec son fils, il s'était cassé la jambe, j'ai clairement senti son pouvoir. J'ai son nom, son téléphone."

Je croisais les jambes sous la table avant de poursuivre.

"Irving et moi ne pouvons faire qu'un seul enfant ; ne faudrait il pas trouver d'autres couples de volontaires ? Et le bénéfice de cette manoeuvre -si elle marche- ne sera pas immédiat. Il faudra des années avant que ces jeunes loups puissent réellement se battre sur un champ de bataille."

Non, il faudrait attendre les neufs mois de la grossesse puis ceux qui leur seraient nécessaires pour grandir, se former un esprit et un corps de combattant. On ne peut envoyer un gosse de 5 ans en plein coeur d'une bataille, même un loup de sang pur. Chasser, tuer quelques humains isolés à la limite, mais pas un ennemi nombreux et conséquent. Je marquais une pause, avant de reprendre sur un sujet beaucoup plus délicat. Mais que j'attendais avec plus d'impatience que n'importe quoi au monde.

"Concernant la Lupa... Je ne m'impose pas Hayden, le choix est bien évidemment tien, mais tu dois savoir que je m'en sens les épaules."

Mary est omniprésente dans ces lieux. Ou plutôt c’est son absence qui hurle dans chaque objet qu’elle a touché ou regardé, et qu’elle ne regardera plus jamais. C’est difficile pour la métamorphe d’aller de l’avant, de se relever. Et d’autant plus ici, dans un bureau qui fût celui de son amie, de sa presque mère. Elle essaie tant bien que mal de faire abstraction de tout ça, de se concentrer sur Hayden, et les raisons de cette réunion. Ses mots ne prennent aucun détour, aucune pincette. « Nous avons perdu notre Lupa.» C’était bien plus qu’une Lupa que Roxane avait perdu, et une part d’elle voulait le lui crier, mais l’entendre ainsi formulé lui faisait en quelque sorte du bien. Elle se tait, et elle écoute les paroles de son Ulfric.

« la question des semi-démons.» Ces mots s’incrustent dans l’esprit de Roxane. Les semi-démons. Maryana. Avec tout ce qui s’est passé elle n’a pas eu le temps d’en parler à Mary, ni à Hayden. Elle avait failli le faire lors de la réunion à Wolfheaven, mais elle s’était dit que les chefs de Meute préférerait entendre cette information avant le reste de la Meute. Elle s’était donc tue. Et avec la mort de Mary, elle n’avait pas eu la force d’aller en parler à Hayden. Il le fallait pourtant. Alors qu’elle réfléchit à la façon d’aborder cette rencontre, elle surprend un regard d’Ashleigh. Regard qu’elle ne comprend pas, mais qui ne dure pas longtemps. L’exécutrice le rompt pour se tourner vers Hayden. Elle rebondit sur les divers points amenés par Hayden. Elle a visiblement été bien plus attentive que Roxane. Ses propos sont réfléchis, posés, logiques.

Pendant ce temps Roxane se bat intérieurement pour réussir à formuler ses idées. Son esprit est embrumé par les longues heures qu’elle a passées à se morfondre. Les dernières paroles d’Ashleigh la font cependant réagir. Cette garce ose lorgner le siège encore chaud de la Lupa. Roxane essaie de se raisonner, de calmer la colère qui monte. Ash n’y est pour rien. Elle n’aimait pas Mary, Roxane le sait, mais elle n’aurait pas tué sa Lupa. Et l’odeur dans les bois était celle d’un vampire. Ash n’a rien à voir avec ces sangsues. Elle garde son calme, mais un regard noir a dû passer dans ses yeux avant qu’elle ne se reprenne. Calmement, elle prend elle aussi la parole, d’une voix légèrement incertaine, marque de son trouble et de sa souffrance intérieurs.

« J’ai un moyen de contacter Maryana, et sans doute un lieu où il serait possible de la surprendre, elle et peut-être d’autres semi-démons. »

Elle s’arrête quelques instants, cherchant dans le regard de son Ulfric la force de continuer. Elle sait qu’elle aurait dû lui en parler avant. Elle n’en a pas eu le temps. Ce qu’elle y lit lui donne envie de se recroqueviller sur sa chaise. Elle garde le silence, la gorge nouée, attendant sa réaction.

J'avais presque le tournis en me rendant compte de tout ce que nous avions à voir aujourd'hui, et à quel point nous allions déterminer l'avenir de la Meute pour des semaines, des mois voire des années si tout se passait bien. Aucun d'entre nous n'étions vraiment capable de prendre certaines de ces décisions. Mike était le plus expérimenté, mais n'avait jamais été à un poste aussi élevé dans la Meute. De mon côté, j'avais été élevé à prendre ce type de décisions, mais j'étais seul pour les prendre, alors qu'avant même si tout n'était pas rose j'avais au moins Mary pour m'aider à baliser les différentes options qui s'offraient à nous. Maintenant, elle n'était plus là. Autant elle pouvait parfois être excessivement agaçante, dominatrice ou aguicheuse, elle avait une expérience irremplaçable pour la Meute, et même si elle avait régulièrement placé son intérêt personnel au dessus de celui de certains de ses frères et sœurs de Meute, la majorité de ses propres décisions avait été bénéfique pour l'intérêt général. Tout reposait sur nous, à présent. Une métamorphe impliquée, mais douloureusement touchée par la mort de son amie. Une louve ambitieuse, un loup fatigué et affaibli par l'exil de sa protégée, et un Ulfric volontaire mais dépassé. Et tout cela devait amener à des décisions sûres et réfléchies, qui devaient assurer un futur stable pour tout le monde. Vous parlez d'une pression... Mais même si c'était à ça que j'avais été préparé toute mon existence.


Ashleigh semblait être dans une drôle de forme ; indéfinissable. C'était étrange venant d'elle, toujours si sûr d'elle, de ses objectifs, de son parcours de vie. Mais nous avions tous été impactés à un niveau ou à un autre par la mort de Mary. Pour quelqu'un comme Ashleigh, se rendre compte qu'une Lupa était aussi exposée devait être vraiment une très mauvaise nouvelle. Ash reprend la parole d'un ton neutre, évoquant une semie démone et son fils. Je n'étais pas comme mes ennemis ; je ne me voyais pas enlever à une mère à son fils et vice versa. L'avenir ne nous laisserait peut être pas le choix, mais pour le moment je voulais éviter d''en recourir à de telles extrêmités tant que nous avions un panel assez large de stratégies à adopter. Pour le reste, Ashleigh confirma ce que je pensais déjà.


| Je ne te nommerai pas Lupa, Ashleigh. Tu es une excellente exécutrice, et nous nous ressemblons trop pour pouvoir nous compléter efficacement. Mais je te remercie pour ton soutien et ta proposition. Tu as raison, il nous faut d'autres couples. Mais qui ? Isadora ne se porterait volontaire que pour moi, parce qu'elle sait que je veux des enfants. Elle n'est pas prête à avoir d'autres enfants, et l'un dans l'autre elle en a déjà trois. Qui plus est, si nous trouvons le secret de notre descendance, je veux l'étendre à toute notre espèce, et non à notre Meute uniquement. Notre survie passe par là. Je ne veux pas enchaîner à nous des créatures démoniaques, je veux qu'en y parvenant nous ayant l'expérience de cette situation, et découvrons enfin comment contourner naturellement notre incapacité. Je ne veux pas pour autant que cela déchire d'autres familles, fussent elles semi démones... |


Je note la colère chez Roxane. Je n'ai aucun mal à en deviner la raison. Ce qu'elle lâche elle même me fige de colère. Que...?


| Est ce que tu serais en train de me dire, Jolfr, que tu es en contact avec des semi-démons? |

La métamorphe ne peut que se sentir soulagée du refus de l’Ulfric face à la proposition d’Ashleigh, bien que ses raisons de ne pas la vouloir Lupa sont différentes des siennes. Elle ne lui fait pas entièrement confiance. Suffisamment pour travailler à ses côtés, bien sûr. Mais elle se méfie d’elle, elle n’attend que la preuve qui montrera à tous qu’elle est bien trop égoïste pour être Lupa. Ashleigh n’aimait pas Mary, et elle a essayé de monter certains membres de la Meute contre leur propre Lupa. Peut-être même y est-elle parvenue. Si elle n’a pas retenté sa chance avec Roxane, ça ne veut pas dire qu’elle ne l’a pas fait avec d’autres, moins dévoués. La Jolfr ne voit pas en quoi Ashleigh ressemble à son Ulfric. A ses yeux ils n’ont rien en commun. Elle ne dit rien cependant. Tant qu’elle n’a aucune preuve, elle n’oserait pas accuser la louve de faire passer ses intérêts avant ceux de la Meute.

Ce que soulève Ashleigh concernant les progénitures pures éventuelles de la Meute n’est pas idiot. Des loups de sang pur ne seraient utiles à la Meute, sur le terrain du moins, que lorsqu’ils seront plus vieux. Mais il faut penser à long terme. Ne pas se laisser aveugler par les enjeux présents. Mais ce qu’il faut voir surtout dans ce projet de reproduction intra-Meute, c’est l’espoir, et le symbole. La Meute ne se laissera pas éternellement tenir en laisse par la société humaine. Elle renaîtra de ses cendres.

Alors que Roxane s’exprime à la suite d’Ashleigh sur les possibilités qui s’offrent à la Meute pour contacter les Semi-démons, elle voit le visage d’Hayden se décomposer, et ses yeux s’assombrir. Il la regarde calmement tandis que ses yeux bouillonnent. Ses mots sont secs, et on entend presque le grognement du Loup résonner derrière eux. D’abord intimidée par cette réaction, la Jolfr respire et se redresse, ne fuyant pas le regard de son Ulfric.

« En effet, Ulfric. Je n’ai pas cherché à les rencontrer. C’est Maryana qui s’est présentée à moi. Je ne pouvais pas la dénoncer, ni la confronter. Cela aurait été trop dangereux pour moi. Elle voulait de l’aide. Elle me pense louve de la Meute. Je ne pense pas qu’elle connaisse ma Nature véritable, ni mon poste au sein de la Meute. Je ne lui ai pas refusée l’aide qu’elle m’a demandé, pour les raisons que je viens de vous énoncer, mais j’ai fait en sorte que cette aide ne puisse en aucun cas nuire à la sécurité de la Meute. Je ne lui fais pas confiance, et je ne lui ferai jamais confiance, mais je n’ai pas eu le choix. J’avais prévu de vous en parler, à Mary et à vous. Mais les derniers évènements ne m’en ont pas laissé l’opportunité. »

Sa voix n'a pas faibli, même en prononçant le nom de Mary. Elle sent la tension qui s'est formée entre l'Ulfric et elle, mais elle ne baisse pas la tête. Elle explique à son Ulfric le choix qui s'est présentée à elle. Elle a agi de la seule manière possible pour ne pas se mettre en danger, ni exposer la Meute. Il faut qu'il le comprenne.

Tout ne pouvait pas se faire en une seule fois. Je me doutais qu'Hayden refuserait ma "proposition". Le contraire m'aurait surprise, vraiment, et dans le bon sens, mais j'étais quelqu'un de pragmatique et je ne m'attendais pas à ce qu'obtenir l'objet de tous mes désirs me soit facile. Rien n'était facile dans la vie, dans une vie de loup comme d'humain, dans ce monde pourri jusqu'à la moelle. Je faisais partie de ces pourritures, que je l'ai voulu ou non. Mes yeux étaient totalement ouverts sur ce qui m'entourait depuis longtemps. Pour autant, ma manière d'agir était encore floue, bien que j'étais d'avance consciente que l'Ulfric ne me donnerait pas le pouvoir ce soir, d'autres choses devaient s'y décider, d'autres points de l'avenir de la meute. Et dans le jeu que je jouais, dans le jeu que nous jouions tous, à des niveaux différents, chacun de ces points avait son importance. Tout est lié, tout impacte tout. Tout n'est qu'une machine dont chaque engrenage en enclanche un autre. J'accuse le refus. Je sais qu'il fait plaisir à Roxane, elle qui se méfie de moi comme de la peste. Une erreur de jeunesse... Quant à Mike, je me rends compte que je n'en sais pas tellement sur lui, à part sa fidélité à Hayden. Que pensait il de moi, des rumeurs qui avaient courru à mon sujet suite à la mort de Jonathan ? Ce n'était assurément pas le moment d'éclaircir ces questions, mais je me promettais de les garder en tête.

J'écoute attentivement la réponse qu'il me fait. La reproduction lupine n'était qu'une voie fructueuse sur le long terme, déjà fallait il passer le cap qui se présentait actuellement à nous, et faire la guerre quelques années avant que ces sangs-purs puissent se battre eux aussi. Et d'autres couples... En effet, il fallait en trouver mais non je ne voyais pas non plus qui. Les volontaires avaient été peu nombreux, et seuls Irving et moi avions été retenus. De jeunes louves encore incapables de maitriser leurs pulsions ne pouvaient se dévouer pour une telle tâche. Je supposais qu'attendre ma propre grossesse serait la meilleure chose à faire. Voir comment elle se passait. Il décline ma proposition concernant les Brady. J'acquiesce.

"Comme tu voudras. Elle est toujours là en dernier recours, de toute façon."

Je détourne mon regard de sa personne alors que les paroles de Roxane m'atteignent. Je ne dis rien, ce n'est pas à moi de parler. Mais je suis... surprise, oui. Comme quoi, je ne suis pas la seule à faire quelques écarts de conduite... Je la regarde, sans pour autant la dévisager, mais je suis curieuse d'entendre sa réponse, oui. Elle est en contact avec Watheerey, carrément. Si je m'attendais à ça...Elle tente de se défendre, de se justifier. Je sais d'expérience qu'il est ardu de se dégager d'une situation comme telle, d'avoir les bons arguments. Moi même, je ne les avais pas. Moi même, si on savait ce que j'avais fait, je n'aurai plus de tête.

"Quelle est l'aide qu'elle t'a demandé ?"

Je redoute à juste titre ce que la Jolfr va avoir à me dire. Elle sait notre position sur les semi-démons. Déjà, j'imagine le pire. J'ai l'impression qu'elle nous a trahis, j'ai peur qu'elle se soit laissée emporter par son bon fond et que cela ai fini par affecter son jugement à propos de ces rejetons de l'enfer. Je ne taxe pas Roxane de sédition ou de trahison, pas encore, mais c'est mal parti pour elle. Elle se rend d'ailleurs compte de la situation, alors que mon loup monte en puissance à l'intérieur de ma tête, me poussant à agir sans tarder. Mais je respire. Je me domine. Je n'étouffe pas ma rage mais je la contrôle ; hors de question qu'elle ne guide ma vie et mes décisions, maintenant moins que jamais. La jeune métamorphe inspire profondément avant de m'expliquer les tenants et les aboutissants de cette sombre histoire. Il ne peut pas y avoir de bonnes raisons au comportement qui semble être le sien, mais je suis tout de même curieux de l'excuse qu'elle va pouvoir me sortir. Se rend elle compte qu'avec les semi démons plus qu'avec quiconque, l'enfer est pavé de bonnes intentions ? C'est plus vrai que jamais, et la damnation n'est jamais qu'à un cheveux de notre âme, nous autres changeurs. Nous qui nous laissons si facilement tenter... Roxane commence par me dire que ces contacts ne sont pas de ce fait. Je la crois. Personne n'en rencontrerait sciemment, j'imagine. Maryana en personne, rien que ça ? Je me demandais à quel nouveau danger nous devions faire face, ou s'il s'agissait d'une opportunité en or. Je laisse couler son récit comme un poison acide sur ma conscience ; que devais je faire, la pourrir ou saisir la perche qui nous était tendue ? J'hésitais, alors qu'elle me dit que jusqu'à maintenant elle n'avait pas eu l'opportunité de nous parler de cette histoire, avec ce qui était arrivé à Mary.


De son côté, Ashleigh s'est rangée à mon avis mais je la suspecte de ne le faire que contrainte et forcée. Je sais que depuis toujours, la jeune louve ne s'est jamais embarrassée de beaucoup de scrupules, vous pouvez me croire, j'ai même partagé son existence un moment. Une bien sombre période de ma vie, pas à cause d'elle, mais du contexte qui nous a conduit à partager notre couche. Ma Bolverk pose à ma place la question qui me brûle les lèvres.


| Ce que tu as fait était grave, Roxane. Tu aurais dû m'en parler, peu importe les circonstances. Tu sais de combien de morts elle est responsable? |


Bien sûr qu'elle le savait, mais j'essayais de faire prendre conscience à la Jolfr qu'elle n'avait plus de responsabilité qu'envers elle même, mais envers toute la Meute. Nous devions faire front commun, et pas entamer des relations avec des personnes malsaines de notre côté.


| Je te crois quand tu dis que tu ne l'as pas renseignée. Mais si tu sais où elle se cache et ce qu'elle complote, nous avons là notre chance de marquer un grand coup. Pourquoi l'as tu aidée? |

L’Ulfric garde le silence, probablement en train de réfléchir à ce que Roxane vient d’expliquer, ou peut-être plutôt en train de calmer la colère et la déception qu’il doit ressentir à l’égard de la métamorphe. Ashleigh pose la bonne question, et Roxane cherche quels mots seront les plus juste et les plus efficace. Ce n’est pas le moment de s’exprimer avec les mauvais mots et de faire exploser la tension déjà palpable dans la pièce. Mais avant qu’elle n’ait pu répondre, Hayden prend la parole.

Roxane essaie de se retenir de répondre ironiquement à cette question. Elle n’est pas une enfant. Que croit-il ? Qu’elle ne sait pas qui est Maryana ? Qu’elle n’a pas réfléchi à tous les aspects de cette rencontre, et à ce que cela implique ? Elle devrait sans doute s’abstenir de parler, mais elle ne peut s’empêcher de lâcher quelques mots avant qu’il ne poursuive.

« Evidemment que je le sais. »

La métamorphe reprend le contrôle de son énervement et de son stress pour répondre aux questions qui lui sont posées le plus clairement possible.

« Elle m’a demandé d’héberger un Semi-Démon chez moi. Je pense qu’elle ne savait pas que je vis parmi les loups. Je lui ai refusé bien entendu. En revanche je lui ai donné l’emplacement d’un lieu qu’elle pourrait utiliser à cet effet sans crainte d’être découverte. L’ancien QG des métamorphes. Il n’est plus utilisé, et j’y suis passée avant de lui montrer l’endroit pour vérifier que rien ne s’y trouvait. C’est une cabane isolée, introuvable si on n’en connaît pas l’emplacement. C’est pour ça que nous l’avions choisi pour la communauté métamorphe. Je ne pense pas qu’elle me fasse suffisamment confiance pour y faire quoi que ce soit d’important. Mais elle se servira sans doute de l’endroit, ce qui nous permettrait d’avoir un oeil sur elle. En revanche je n’ai pas réussi à comprendre ses motivations exactes. »

Je ne comprenais pas le moins du monde comment on pouvait aider un semi démon quel qu'il soit, même sous la contrainte. La contrainte n'est jamais que le fruit d'une acceptation, d'une soumission. Elle naît de la peur. Je suis peut être à moitié crétin ou ce que vous voulez, je suis un loup garou et personne ne me ferait jamais plier. Accepter des concessions, je voyais l'utilité. Mais dans le cas présent on ne pouvait absolument pas dire que nous étions peu au fait de ce que les semi-démons infligeaient au monde, n'est ce pas ? On savait depuis quoi, huit ans maintenant, qu'ils voulaient notre peau à tous et que nous n'étions rien d'autres que des proies à leurs yeux ? Ces enfoirés étaient pires que les vampires. Ils n'avaient pas de morale, aucune retenue. Etrangement, il s'agissait des créatures surnaturelles qui physiquement avaient le plus à voir avec l'être humain. Et pourtant, ils en étaient de très loin les plus éloignés. Vous me rétorquerez probablement que oui, il existait des rejetons de l'enfer qui rejetaient leur nature. De mon côté je les avais combattu pendant des années, côtoyé en égale mesure quand mon père et Mary s'étaient acoquinés avec la cabale de Lilith. Je savais ce qu'ils avaient dans le crâne et dans le cœur ; je savais que tous glissaient un our ou l'autre dans les ténèbres qui les habitaient. J'avais vraiment du mal à croire que quelqu'un d'aussi droit que Roxane Emerson avait pu les aider. Ca me sidérait totalement. La jeune métamorphe semble s'énerver, ce qui fait un peu plus gonfler la colère de mon loup. Je le sens qui imprègne la moindre de mes pensées. Ashleigh a dû le sentir elle aussi, et peut être que c'est le cas aussi de Roxane. Je n'en savais rien.


Je fus plus encore étonné quand la Jolfr me fit part de l'hébergement d'un semi démon chez elle ou en tous cas de la demande qui lui avait été faite en ce sens. Je m'imprégnais de la situation qu'expliquait Roxane. Un semi démon au QG des métamorphes. Un endroit isolé, bien à l'écart. J'attends qu'elle termine son récit. J'inspire profondément, pour expirer tout aussi lentement, et détourne le regard. Je réfléchis à toute vitesse.


| Donc il y a un semi-démon, là bas ? Serais tu capable de donner rendez vous dans cette cabane à d'autres semi-démons? |


J'entrevoyais plusieurs possibilités, mais surtout l'opportunité du coup décisif. Je me tourne vers Ashleigh


| As tu des loups ou des louves qui soient suffisamment entraînés et expérimentés pour tenter une opération contre des semi-démons dangereux? |

Décidément, j'allais de surprises en surprises et de révélations en révélations, ces derniers temps. Roxane, en contact avec des semis démons... Je pouvais imaginer beaucoup de choses, me faire beaucoup d'idées, mais celle-ci jamais ne m'aurait effleurée. Et après, comment faire confiance au reste des métamorphes si même leur représentante, elle qui vivait depuis longtemps dans la meute, commettait ce genre d'erreurs ? Oh, bien sûr, je pouvais parler, moi. Maipous je savais pourquoi je l'avais fait. Pour le pouvoir. Elle, qu'est-ce qui pouvait la pousser à agir de la sorte ? La connaissant, elle n'était pas du genre à fabriquer des plans dans l'ombre. Par simple altruisme pour Maryana Watheerey ? Putain, ça me ferait bien rire. La solution la plus probable était que l'autre lui ait fait du chantage, l'ait menacée contre ce service. Oui, sûrement. Je préférais à la limite croire ça que l'option précédente. Mais le résultat était le même : elle s'était exposée, elle avait apporté son soutien à la clef de voute de l'espèce semie-démone, et elle venait nous l'annoncer comme une fleur. Ou presque. J'exagère, mais comme pour Charlie, cela me fait un bien fou d'avoir de voir les autres avouer leurs erreurs. Je déculpabilise un peu. C'est bête, j'en ai conscience, mais c'est comme ça. De toute façon, mes écarts de conduite à moi sont enterrés; personne n'a dit que je m'y remettrai pas un jour, mais ce n'est pas au programme actuel. Ils n'ont pas été découverts, ils n'ont pas fait de bruit, même pas aboutis. Ils sont néants, c'est tout. Pas ceux de Roxane. C'est sûrement moins grave que ce que j'ai moi même fait, tout dépend du point de vue, mais ils sont faits. Autant s'en servir.

Hayden semble de cet avis là. C'est le mieux que nous ayons à faire. J'écoute attentivement la rouquine nous expliquer le fond de l'histoire. Il y a donc des semis-démons dans l'ancienne planque des métamorphes. Potentiellement dangereux, mais toujours moins qu'un autre lieu. Et au moins, elle en connait tous les recoins. Moi, moins, je n'ai jamais été un membre investi de l'alliance, je n'en faisais même pas réellement partie. Bref. Mes yeux sont posés sur l'Ulfric, alors que j'attends son "verdict". Je n'ai rien à ajouter à propos de cette affaire, ce n'est pas de mon ressort. Que ça reste entre Roxane et Hayden, ce n'est pas à moi de juger d'elle. Bien que je ne me retiens pas de le faire en mon intérieur... Le Loup se tourne vers moi, finalement. Je prends un instant pour réfléchir puis acquiesce.

"Oui, j'en vois un certain nombre ; la plupart des vétérans des années sanglantes sont assez expérimentés. Tu veux privilégier le nombre ou la discrétion ?"

Y aller en masse, ou prendre les meilleurs des meilleurs pour frapper un coup direct et plus discret. La deuxième option me semblait la meilleure, mais je le laissais décider.

La Jolfr garde les yeux fixés sur Hayden, à l’affût de ses réactions. Elle est énervée, principalement d’elle-même. Elle aurait dû le dire plus tôt. Elle n’arrivait pas pour autant à se dire qu’elle avait eu tort dès le début, lorsque Maryana l’avait abordée. Elle était toujours convaincue d’avoir agi au mieux. Ca l’énervait qu’ils puissent insinuer le contraire. Mais ça l’énervait encore plus de n’avoir pas réussi à trouver l’occasion d’en parler à Hayden, et à Mary puisqu’elle était encore vivante à ce moment. Elle aurait dû créer l’occasion, malgré les circonstances peu propices. C’était un évènement important, qui nécessitait l’avis des chefs de Meute. Elle avait minimisé la chose, et elle n’aurait pas dû. Et elle était donc énervée envers elle-même.

L’Ulfric évite son regard. Sans doute est-il autant énervé qu’elle. Probablement plus. Il semble en tous cas réussir à voir les retombées positives de la communication de Roxane avec Maryana. La métamorphe comprend rapidement où il veut en venir avec ses questions. En revanche elle n’est pas sure de pouvoir faire ce qu’il demande. En tous cas pas pour le moment. Il ne faut pas sous-estimer la semi-démone, ce serait dangereux. Penser qu’elle ne sentirait pas le piège serait une erreur, qui pourrait être fatale.

« Pas pour le moment. Maryana ne me fait pas assez confiance. C'est une bonne idée, mais il ne faut pas se précipiter. Elle n’est pas idiote, elle sentirait le piège à plein nez si j’essayais de la manipuler pour lui faire ramener ses frères et soeurs là-bas. Je peux garder un oeil sur la cabane, discrètement. Si elle baisse sa garde et commence à utiliser vraiment l’endroit, on pourra y repenser. Mais si ça vient de moi elle se méfiera. »

HRP:

Nous avions peut être une occasion à saisir, une occasion unique. Un one shot à infliger aux démons. Rien de fantastique bien sûr, rien qui ne bouleverserait à jamais notre destin commun. Mais déjà, de quoi faire un grand pas vers l'avenir, ce futur qui nous tendait les bras. Un futur ombrageux, où quantité d'éclairs illuminaient déjà l'horizon. Le temps des épreuves allait continuer pendant des années, et nos actions d'aujourd'hui auront la plus grande des conséquences sur le monde de demain. Je devais prendre les devants ; c'était ma responsabilité. A moi et à personne d'autre. J'étais le loup à la tête de toute la Meute, mes choix et mon statut présidaient au destin de loups garous autant que d'humains. Nous n'arrivions tout simplement pas à nous départir de notre nature, et c'était tant mieux. C'était cet instinct de prédateur qui nous condamnait si souvent, qui aujourd'hui pouvait tous nous sauver. La chasse devait commencer et l'on ne devait en aucun cas se tromper de cible. Les vampires n'allaient pas tarder à devoir payer et les semis démons n'étaient plus des cibles pour notre colère ou notre haine, mais les vecteurs de notre survie à venir. Je posais mes questions, j'entrevoyais un plan. Risqué, mais qui pouvait donner de précieux fruits à qui savait les cueillir. Autant je ne savais pas toujours quoi faire de mes loups et de leurs compétences propres, autant je savais désormais comment employer Ashleigh. Elle avait ce qu'il fallait pour survivre dans des circonstances aussi difficiles, et je la savais tout à fait capable d'entrevoir la meilleure solution même lorsque tout choix semblerait impossible à prendre pour quelqu'un d'autre. Ashleigh a déjà intégré la mission qui serait la sienne, et elle me demande mes préférences quant au choix à effectuer à propos des personnels mobilisés.


Je prenais le temps de réfléchir un moment, alors que Roxane faisait part de la prudence qui la conseillerait apparemment le mieux au vu de la situation. Je savais qu'elle avait agi dans l'intérêt de la Meute ou ce qu'elle identifiait comme tel, mais cela n'excusait rien de sa conduite ou du secret. Je me rendais compte aussi que Maryana ne pouvait en aucun cas pécher par excès de prudence. Elle allait devoir bouger rapidement.


| Ashleigh, prends deux loups avec toi, les meilleurs combattants que tu pourras trouver, les plus expérimentés et les plus discrets. Roxane te conduira à l'endroit où Maryana se cache. Vous aurez pour charge de la capturer si possible. Sinon, vous la tuez. Si elle ne sait pas que vous arrivez, vous avez toutes vos chances. N'oubliez pas que les capacités de régénération des lycanthropes vous laissent un peu de temps pour vous saisir dd'elle, mais pas énormément non plus. Il faudra agir vite et bien. On joue notre avenir sur ce coup là ; si les loups garous pouvaient se targuer de la capture de l'ennemi public numéro 1, ou de sa mort... Je la préférerais vivante. Nous avons des hypothèses à tester avant de la livrer aux autorités. |


Je réfléchissais à toute vitesse.


| Pendant ce temps là, je me chargerai de temporiser avec les humains et les vampires. Et je nous trouverais une Lupa, aussi. |

Mon regard fixe Hayden, mais s'égare parfois sur la métamorphe. L'Ulfric réfléchit, je le vois bien. Elle semble beaucoup plus anxieuse, par rapport aux aveux qu'elle nous a fait, sûrement. Franchement, à froid, je me rends compte que je me fiche bien de ce que cette rouquine peut faire. Avec qui elle peut avoir des relations. Sauf si ça nous permet d'accomplir quelque chose, comme en l'instant présent. Il y avait donc des semis-démons dans l'ancien QG des métamorphes, et nous avions besoin de semis-démons. On pourrait peut être même faire une belle pêche, si nous avions la chance de tomber au bon moment, ou si Maryana Watheerey décidait de faire camper tout son beau monde là bas. Ce qui franchement serait étonnant. Elle n'était pas idiote ni inconsciente, elle avait survécu beaucoup de temps dans la nature alors qu'elle était déclarée ouvertement comme ennemie publique. Même si nous l'attrapions seule, ce serait un gros paquet. Pour les autorités humaines, mais bien sûr nous pensions tous également à autre chose. Je n'y avais pas repensé jusqu'à maintenant car c'était inutile, mais c'était en train de changer. La persepctive de me retrouver aussi grosse qu'une vache s'imposait à nouveau à moi. Ce serait étrange et extrêmement douloureux, je le savais, mais je le voulais toujours. Pas à cause d'un instinct maternel qui se serait soudain éveillé en moi, mais bien simplement pour nourrir mon prestige, donner encore un peu d'alimentation à mon ambition. J'écoutais attentivement ce que pouvait me dire Hayden. J'étais uniquement dirigée par mon instinct de prédateur, mon instinct de loup. Celle qui avait fait la guerre et qui s'en souvenait comme si c'était hier. Je n'avais aucune position spéciale dans la meute à cette époque, officiellement, bien que je fusse proche de l'Ulfric, mais ces années m'avaient tout de même marquée, modelée. Il était temps que ce savoir là me serve. J 'acquiesçais, alors que mentalement je triais tous les loups que je connaissais bien au combat et qui s'avèreraient les meilleurs pour l'opération.

« Si par hasard elle n'était pas seule, on se concentre sur elle, je suppose. Je contacte les loups rapidement et nous agissons au plus vite. »

Oui, pas question de perdre notre temps. Pas question non plus d'ébruiter l'opération. Avoir un objectif, quelque chose de concret à faire me stimulait, me motivait. J'en avais besoin. Je me retiens d'ajouter une remarque alors qu'il nous parle de trouver une Lupa. Rester neutre, calme. Montrer un peu plus mon ambition, bien qu'il la connaisse déjà, ne ferait que réduire mes chances de réussite. Et je n'avais aucune envie de voir Isadora Lupa, même si je craignais que ce soit son choix naturel.

hors RP:

Je n'avais vraiment plus grand chose à ajouter. Le plan n'était pas compliqué, en somme, et selon moi nous avions toutes nos chances de réussite. Le danger sera toujours là, quoi qu'il en soit, l'échec est toujours possible. Nous venions de perde notre Lupa alors que les humains pensaient le monde en temps de paix, même provisoire ; c'était bien là la preuve que nous n'étions jamais à l'abri, même sur notre propre territoire, ces terres sacrées. Alors si nous n'étions pas capables de prendre des risques à notre tour, notre survie n'était que très peu assurée. C'était mon point de vue, et de toute manière la guerre était à nos portes, alors pourquoi ne pas profiter des chances qui s'offraient à nous ? Nous pouvions acquérir un peu plus de crédit aux yeux des humains en capturant leur ennemi numéro un, et nous même mettre à l'oeuvre une expérience qui pourrait nous mener loin. Très loin. Et étant la plus concernée, je ne pouvais qu'être enthousiaste. Je m'étais portée volontaire pour la reproduction, et je l'étais toujours, comme je m'étais portée volontaire pour devenir executrice. Je devais bien assumer ce rôle, et cela comprenait également mener une opération comme celle-ci, en assumer les risques, les pertes possibles, les conséquences. Je pouvais mourir. Les deux autres pouvaient mourir également, comme je pouvais mourir de la même manière que Mary, ou que nous pourrions mourir lorsque la guerre qui couve aura enfin éclaté au grand jour.

Je regardais Mike. Il n'avait pas prononcé un mot, jusqu'à maintenant, pas bronché une seule fois. Je l'aurai presque oublié si son odeur n'était pas présente dans la salle. En recul, debout. Crispé, tendu, comme s'il essayait de contenir une rage immense qui grondait en lui. Je connaissais cela, moi aussi, mais pas en l'instant. J'arrivais à être calme et posée, réfléchie. Même si la perspective de cette opération éveillait ma louve et sa soif de sang, de violence, qui nous habitait en permanence. J'avais progressé sur mon contrôle personnel. Néanmoins, ce que dit le loup ne me laissa pas sans réaction. Je haussais les sourcils, le regardais. Sous-estimait il la capacité de trois loups à se battre contre plusieurs semis démons ? Nous pouvions échouer, certes, mais nous n'étions pas non plus des incapables. Si je pouvais comprendre son point de vue,je ne le cautionnais pas.

« Et est-ce que nous pouvons également nous permettre de manquer une occasion pareille ? Les risques sont là, et je ne les néglige pas, mais nous sommes capables de le faire. Nous sommes des loups, pas des chiens, tu penses que nous devrions nous terrer en attendant que l'on vienne encore nous provoquer ? »

Je croisais les jambes sous la table, et continuais de regarder Mike.

« Si nous ne tentons rien, nous n'aurons rien. »

Voilà, c'était lâché. Trouver une Lupa. Parce qu'il nous en fallait une, parce que je ne serais jamais capable de tout gérer correctement. C'était comme ça, chez les loups. Je n'avais jamais été préparé ni n'avait même envisagé un jour de régner seul. Je n'étais pas mon père, et ne le serais jamais. Non, ce que j'étais, c'était un Ulfric de la plus pure et ancienne école ; je devais régner avec une compagne, idéalement ma propre compagne, avec mes propres subordonnés pour mener tout ce petit monde le plus près possible de l'hypothétique bien commun qui nous tenait tous tellement à cœur. Se débrouiller sans ces conditions n'avait rien de facile, et rien de particulièrement populaire non plus. Je savais déjà d'expérience, pour l'avoir fait vivre à mon père, que la population d'un groupe n'était que rarement pleinement convaincue par les décisions prises par ses chefs. Plus on lâchait la bride et plus on laissait sous entendre que la liberté était une valeur fondamentale, et plus les gens montraient d'insatisfaction. Loi empirique ardemment défendue par mon père et qui lui servait à justifier toute son emprise sur ses loups garous. Moi, j'étais simplement conscient de la situation, et ne cherchait en aucun cas à légitimer un ascendant sur les autres que je ne désirais pas ; je reconnaissais l'intérêt d'un pouvoir fort, mais ce dernier devait laisser le plus de libre arbitre possible aux individus sous ce même pouvoir, autrement il n'était jamais qu'une tyrannie. Une espèce de despotisme éclairé, traditionnel chez les loups garous. Ashleigh obtempère à mes ordres, mais Mike sort de son mutisme et intervient, appelle à la prudence. La situation l'agace ; son corps fougueux appelle à la vengeance contre les vampires. Je raisonne calmement, me préparant à lui donner quelques arguments objectifs, alors qu'Ashleigh défend le plan, de manière impétueuse.


| Paix, vous deux. | dis je d'un ton calme, mais tranchant.


Je savais fort bien que nous n'avions pas le choix d'agir ; il fallait encore que je puisse communiquer cette certitude à mes subalternes. Je me tourne vers Mike, puis regarde la Jolfr et la Bolverk.


| Il nous faut agir maintenant car une occasion pareille ne se représentera pas. Nous ne pouvons pas attaquer les vampires de front. Pas maintenant. Nous devons d'abord nous ménager un avantage substantiel dans la poursuire de la lutte. |


Je me retourne vers Ashleigh.


| Vas, maintenant. |