Hj:


Tout se déroulait plus vite que je ne le pensais. Depuis cette conférence, depuis ce grand attroupement et ce carnage qui suivit, je n'avais pas arrêté. Déjà, le message que m'avait laissé Keiran que je n'avais pas vu tout de suite concernant son état critique. Je n'avais pas hésité pour aller directement à sa rencontre, le sauver en quelque sorte alors qu'il avait été dans un état vraiment grave. J'étais aussi soucieuse de son état car je lui avais fait boire mon sang. Lui qui était accro, j'espérais qu'il n'allait pas replonger. Je n'aurais pas autant de temps qu'avant à lui consacrer, j'en étais presque persuadé. Tout était en train de changer, de tourner. Je ne savais pas ce qui se tramait, d'autant plus que tout avait été changé. Julien n'était plus qu'un simple vampire de la garde royal, Constance s'était vu promu tout comme Nicolas qu'il fallait que je rende visite au plus vite. Mais alors que j'étais en train de réfléchir à tout cela dans mon bureau, un vampire vint m'interrompre et je le fusillais du regard alors qu'il n'avait pas attendu ma réponse pour rentrer. J'allais le réprimander alors que ses paroles m'arrêtèrent dans ma lancée. Ma Mère ? Je ne fronçais pas les sourcils même si j'en aurais eu envie. Je le fis sortir d'un simple geste avant de prendre l'ascenseur pour aller retrouver la Reine. Une fois face à face, elle me fit part qu'elle avait des choses à me dire, mais pas seulement à moi, aussi à Morgane que je vis lorsque j'entrais dans la voiture. LE reste du trajet se fit presque en silence, écoutant attentivement les indications de ma Mère quant aux lieux dans lequel elle souhaitait nous mener.

Mes yeux observaient à travers la fenêtre, un parc. Je ne fus pas surprise, seulement impatiente de savoir ce qui la préoccupait à ce point pour qu'elle vienne personnellement et nous emmène dans un coin reculé et isolé. Je croisais le regard de ma sœur avant que nous nous retrouvions toutes trois sur le toit d'un immeuble. Silencieuse, j'observais ma Mère alors qu'elle nous faisait dos, marchant vers le bord. Tout dans son attitude me rendait soucieuse, autant que ses vêtements qu'elle portait. Je n'avais pas froid, même si j'avais enfilé un long manteau pour couvrir ma robe bleu nuit. Elle se retourna, et la nouvelle me fit perdre le fil de mes pensées. William ? Mort ? Comment cela se pouvait-il ? N'était-il pas dans un cercueil ? Là, je fronçais légèrement les sourcils, mais la suite me surpris bien plus, alors qu'elle libérait Morgane de son emprise de créatrice. Que de bouleversement, de précipitation aussi je trouvais car je ne m'attendais absolument pas à moi. Morgane réagit la première, alors que j'étais d'accord avec elle et éprouvait tout aussi une réaction de surprise.


« Comment cela se peut-il ? Ça ne peut pas être toi. » Je fis une courte pause, alors que je ne faisais que supposé, en espérant que Krystel puisse nous éclairer. « J'ai l’impression que tout est précipité... »

Une incompréhension, parce nous étions ignorantes encore de la gravité de la situation. Je voyais bien, je percevais très clairement que quelque chose n'allait pas. Sinon pourquoi se séparer d'un lien tel que Morgane ? Sa propre fille ? Je ne comprenais pas non plus pourquoi j'étais présente, quand bien même j'aimais ma Mère, nous n'étions pas en très bon terme depuis un moment déjà. Et alors qu'elle continue dans sa lancée, je l'écoute attentivement, réfléchissant par la même occasion. Libre ou rester ? Déjà, il me fallait parler d'un point avec elle qui me paraissait plus qu'important.

« Je ne prendrais ma décision que lorsque tu nous en auras dit davantage. Parles-nous, dis nous ce qu'il se passe pour que tu prennes ce genre de décision. » terminais-je alors que je ne faisais qu'affirmer une fois de plus ce qu'avait dit Morgane. J'imaginais sans nul doute qu'elle voulait tout autant savoir que moi. Alors à présent, j'attendais patiemment, mon regard ne quittant pas les yeux de la Reine.

Le lien entre le créateur d’un vampire et le vampire concerné est un lien particulièrement fort au-delà de toutes les notions de famille, c’est quelque chose qui nous fait subsister. Quand il arrive quelque chose nous le sentons, c’est inconscient. Ce lien, je l’avais laissé me prendre totalement quand ma mère était devenue les deux personnes les plus importantes en une. Ma mère et ma créatrice d’un coup, elle avait pris toute sa place dans mon existence et nous étions liés, jusqu’à ce que notre Vraie Mort arrive. Du moins c’était ce que je pensais il y a encore de ça quelques minutes. Et pourtant, je venais de perdre ce lien plus qu’important à mes yeux, un déchirement, je n’arrivais pas vraiment à décrire de l’intérieur, je me sentais légère et libre mais en même temps je sentais le manque important qui était en train de se créer au plus profond de moi. Ce n’était pas quelque chose que l’on voit, c’est quelque chose qui se vivait de l’intérieur, c’était la seule chose que je comprenais en moi à cet instant, je ne savais pas trop, je ne savais pas trop comment réagir, à cela on rajoutait le fait que mon frère était mort. Journée des mauvaises nouvelles par excellence, j’avais l’impression qu’un petit monde parfait était gentiment en train de s’écrouler autour de moi. Enfin parfait, disons que ce que nous avons construit n’allait plus avoir le même goût. Jana posait les bonnes questions, je ne sais pas si c’était parce qu’elle était plus lucide ou alors tout simplement parce qu’elle avait l’art et la manière de vouloir tout savoir du pourquoi et du comment. Les paroles que me dit ma mère me touchèrent, et je ne sais pas quoi répondre la laissant poursuivre avec Jana.

« Tu nous laisses à la tête, sous supposition que Jana accepte de prendre ce rôle avec moi, la renommée d’un nom, d’une maison, de notre famille ? Que t’arrive-t-il Mère ? Que s’est-il passé pour une si importante décision. Pourquoi aujourd’hui ? Le mort de … William en est-il une des raisons ? La conséquence ? » Je ne savais pas trop. Je restais lucide, j’essayais de comprendre, je posais les questions. Je ne savais pas trop où nous en étions. On sentait dans ma voix que j’étais en doute, oui je prendrais la responsabilité, je savais la renommée et l’importance de mon nom et de ma famille. Mais avant je voulais juste avoir toutes les cartes en main pour savoir dans quoi je m’embarquais désormais. L’importance de ce don, de ce qu’elle me transmettait n’était pas sans conséquence. Je ne pouvais pas me jeter dans l’arène sans savoir.

Ils nous manquaient des pièces du puzzle, nous avions raté quelque chose. Je ne savais pas précisément pour Morgane, mais moi, je ne comprenais pas pourquoi toute cette précipitation et le fait que nous nous voyions dans un lieu complètement à l'opposer de ce que nous avions l'habitude. Généralement, nous ne nous cachions pas, et là, nous étions toutes trois sur le toit d'un bâtiment. Mon regard passa furtivement sur le visage de ma sœur pour que j'essaie d'apercevoir autre chose que de la surprise, mais je n'y parvenais pas. Elle était tout autant que moi un peu prise par les événements. Je savais que quelque chose se tramait depuis ce fameux soir, cette bataille et le fait que Krystel soit tombé tout à-coup. Je n'avais demandé seulement à savoir si elle allait mieux, et je m'étais dit qu'elle irait vers moi si jamais elle souhaitait me faire part de quelque chose. Sauf que je ne m'attendais pas du tout à cette information, cette nouvelle. William mort ? Je restais silencieuse, accusais le coup alors qu'un sentiment étrange m'envahit. Pourtant, je l'avais bien oublié, je l'avais bien mis de côté tout ce temps, mais c'était encore trop récent pour moi peut-être. En tout cas, je comprenais désormais comment elle pouvait se sentir. Libérant sa fille à présent, elle devait ressentir un vide immense. Je ne pouvais que supposer, je n'avais encore jamais eu de tels liens. Celui avec mon créateur n'avait absolument rien à voir avec ce que pouvait avoir Krystel avec Morgane ou bien même William.

Mes yeux observaient ma mère, un regard intense alors que j'avais l'impression d'être démunie, ne rien pouvoir faire pour qu'elle se sente mieux. Car oui, j'étais attaché à elle-même si parfois, elle pouvait peut-être en douter. J'avais mon caractère, mes faiblesses aussi que je devais corriger, j'essayais de faire de mon mieux en tout cas. Notre dernière rencontre ne nous avait pas fait partir sur de bonnes bases non plus. Mes yeux ne la quittent pas non plus alors qu'elle s'avance vers Morgane. J'écoute les mots qu'elle lui dit et bizarrement, j'ai l'impression que le discours pour moi sera tout autre. Je me trompe certainement, mais tout ça passe au second plan, ce qui m'inquiète, c'est que notre mère parle comme si elle allait disparaître. Je n'eus pas le temps de réfléchir davantage que Krystel se tourna vers moi. Je l'observais attentivement, plongeant mon regard dans le sien alors qu'elle me mettait un ultimatum. Étrangement, je n'avais pas besoin de réfléchir, ma réponse était déjà faite dans ma tête. Je lui répondis presque aussitôt, comme si la réponse venait naturellement.

« Je resterais aux côtés de Morgane, de ma sœur. Je ne tournerais pas le dos à la seule famille que je n'ai jamais eu. Ne soit pas inquiète à mon sujet, je te ferais honneur... nous te ferons honneur. » terminais-je alors que je jetais un coup d'œil à Morgane. Un seul regard pour qu'elle comprenne que je ne lâcherais pas, que je serais à ses côtés. Je n'ajoutais rien de plus, puisque Morgane avait entamé de nouvelles questions, et j'espérais que notre mère allait y répondre. C'était vrai que la mort de William ne pouvait en rien être la cause directe de sa décision. Il devait y avoir autre chose, et si elle ne nous divulguait pas l'information, nous ne serions que plus vulnérables. Je voyais aussi en Morgane le doute, la peur peut-être des responsabilités. Je ne pouvais pas dire que cela m'enthousiasmait, car je m'étais toujours dit que le titre de Reine était un fardeau, un poison et j'admirais ma Mère pour cela d'ailleurs.

Le soulagement quand j'entendis Jana me soutenir dans cela, dans cette affaire. Affronter cette nouvelle aventure, cette nouvelle affaire, ce n'était pas de mon goût de faire ça seule, et j'étais sure que ma mère pouvait le comprendre juste avec mon regard. Elle considérait que j'étais apte à assumer cette nouvelle place dans la hiérarchie vampirique. Nous serions deux à le faire apparemment, vu que Jana était là pour me soutenir. La conclusion sur l'honneur n'eut pas besoin de plus de mots. Oui nous lui ferons honneur. Je lachais un sourire à Jana comme pour la remercier d'assumer cela. Elle avait conclu au final ce que nous pensions toutes les deux. C'était parfait ainsi. Je me sentais soulagée d'un coup, comme si ça ne serait pas facile, mais plus abordable, plus facile d'accès. A deux nous serions plus forte, à deux nous aurions plus de porter.

Ma mère nous lia ensuite les mains comme pour rendre cette promesse officielle, j'écoutais attentivement son discours. C'était comme un mariage, entre soeurs, une fidélité qui se crée entre nous. Nous étions désormais liés pour le meilleur et pour le pire, et à mon avis nous allons avoir besoin de cette union pour lutter contre ce qui allait nous arriver. Elle s'écarta de nous, quelques minutes de silence qui me parurent une éternité avant de nous dire ce qui la tracassait. Les mots furent dur à entendre, pour autant ni l'une ni l'autre nous ne dîmes rien. Elle nous donna la ligne de conduite à adopter à la suite de cette discussion. Cela prendra combien de temps pour qu'Augustus ne soit plus ? N'y-a-til pas une autre solution pour en venir à bout ?

[Hj : Je sais pas si j'dois mettre en hide en fait '-' Du coup tu pourras éditer Kry s'il faut xD]

Pour le moment, je ne pensais pas à demain, ni aux futures responsabilités qui allaient s'offrir à nous. Ça n'allait pas être facile, le peu de liberté dont je jouissais n'allait plus être. De grands changements à venir, mais surtout, je m'inquiétais pour l'heure de notre Mère. Je ne pouvais pas dire que j'étais enthousiaste à l'idée de monter en grade, je n'avais jamais jalousé la Reine des vampires, je savais ô combien était-ce dur, à tout instant. Égoïstement, c'était ce que je lui avais reproché, car j'avais l'impression qu'elle me laissait de côté. Et désormais, j'allais être en plein dedans. Pourrais-je penser à tout le monde alors ? J'arrêtais là mes pensées pour me reconcentrer sur la situation présente. J'aurais le temps d'en parler avec Morgane, d'autant plus qu'il fallait que je m'accroche quant à la suite. Je fus heureuse de constater que nous étions tous deux ses fiertés. Pas seulement sa véritable fille, mais aussi moi. Elle m'incluait dedans, et c'était une déclaration qui me secouait presque. Cependant, je ne restais pas moins sérieuse même si un sourire s'affichait sur mon visage. En un seul regard, je compris que Morgane était soulagée, avait-elle douté me concernant ? Je ne savais pas trop, mais ce n'était pas l'heure des suspicions. Je l'avais dit bien distinctement et clairement, je ne lâcherais pas ma seule famille.

Elle unissait nos mains, comme pour conclure quelque chose de fort. Je le pensais comme ça, et ma prise était douce et ferme sur celle de ma sœur. Preuve que je ne la lâcherais jamais, à aucun moment. Nous passerions les épreuves à deux, quelle que soit leur difficulté. Mes yeux observaient Krystel s'éloigner, je sentais qu'elle allait parler, qu'il y avait quelque chose que nous allions toutes deux découvrir. Je jetais un œil à ma sœur pour constater qu'elle était tout aussi impatiente que moi. Ce fut long, mais le discours qu'elle tenu me laissa presque perplexe. J'avais presque oublié Augustus, pourtant cela ne faisait pas longtemps pour moi, pour tout le monde d'ailleurs. Mais j'avais avancé, mis tout ça derrière moi, et pourtant, il était réellement revenu. J'essayais de me concentrer sur la suite alors que mon cerveau et mes pensées fusaient. Je me demandais à qui nous pourrions avoir confiance, et Krystel annonça les noms presque aussitôt. Erin, je ne l'avais pas revue depuis ce fameux soir où elle cherchait Torben, quant à ce dernier, nous n'étions pas forcément en très bon terme. Je fus soulagée d'entendre le nom de Nicolas, je ne m'étais pas trompée en le jugeant, puis Constance que je ne côtoyais que très peu. J'allais devoir changer cela. Quatre personnes, c'était peu, mais aussi beaucoup. D'autant plus que j'avais une confiance aveugle à Morgane. Elle se retourne vers nous, je reste silencieuse en constatant qu'elle n'a pas fini. Elle poursuit en nous donnant des directives, des conseils et la voie à suivre impérativement. Nous ferions de notre mieux c'était certain. Morgane parla la première, et mon regard passa d'elle à Krystel.

« Ne peut-on pas t'aider dans cette démarche ? Si nous nous unissions, nous serions plus forts contre lui, il périra plus facilement. » Je ne le sous-estimais pas, mais le fait que Krystel perde la vie, se sacrifiait comme elle venait de nous le dire ne me plaisait pas. Si elle mourait et qu'il survivait ? Comment ferions-nous dans ce cas ? Il était bien plus vieux... « Nous allons tout faire pour que la hiérarchie ne s'écroule pas, que les traites soient punis de mort, tout comme ceux qui lèveraient un seul petit doigt, sois en certaine. Si les quatre noms que tu nous as certifiés ne sont pas corrompus, nous y arriverons, mais je ne peux pas te promettre de leur faire une totale confiance après ce que tu viens de nous dévoiler. Toute personne peut être corrompue, à tout niveau. » Je ne remettais pas en question ce qu’elle certifiait, loin de là, disons que je lui avouais que j’allais être plus que méfiante à l’avenir, et même si je supposais et je croyais vraiment à la sincérité et la loyauté d’Erin, de Torben et de Nicolas, Constance ne la connaissait que très peu, je ne pouvais pas complètement me reposer sur eux. Je me reposerais sur Morgane, même si notre mère nous avait bien dit qu’il ne faudrait pas que nous soyons au même endroit, j’espérais que nous puissions au moins nous voir de temps en temps.

Intérieurement je cherchais une autre solution, me disant que ma mère ne pouvait pas nous quitter de cette manière, se sacrifier et nous laisser devant cette immensité. Oui, j’entendais bien une immensité, tout se bousculait dans ma tête, comme si, tout deviendrait claire au moment où je le déciderai. C’était la solution que j’avais trouvé pour ne pas avoir la tête qui explose. Je me doutais bien que cette décision n’était en aucun cas révocable. Bien au contraire. Aujourd’hui, nous en étions à écouter les indications, et de ce fait, après pouvoir agir de la meilleure manière qu’il soit. Après cela nous pourrons voir ce qu’il en était. Ma mère était une femme forte c’était ce que je savais en tout cas, ça je n’en avais pas de doute et la faire changer d’avis sembler relever d’un défi dont je n’étais pas encore en mesure de relever. Je jetais un regard à ma sœur, mon regard de petite fille que j’adressais à ma mère. Cette petite fille qu’elle avait quitté une fois dans sa vie humaine et je savais que dans un mois quelques semaines ou dans un temps indéterminé, je m’apprêtais à la perdre une seconde fois pour ne pas la retrouver cette fois-ci.

La méfiance était de rigueur, la méfiance était de mise désormais. Nous n’avions pas le droit de faire confiance à n’importe qui. Nicolas et Constance. Je connaissais déjà Constance pour autant Nicolas était encore un nom qui m’évoquait peu de chose. Je songeais que maintenant nous serions seules, ensemble mais séparement avec Jana. Ma mère nous laissa toutes les deux, nous remercia en nous incitant à aller de l’avant sans rester ensemble. Se méfier de tout. Je suivais ses ordres, ne lui adresser qu’un seul regard, celui d’une fille aimante. Je redescendais, reprenant le chemin, très certainement suivie de près par Jana à quelques minutes près.

Même si je connaissais déjà la réponse, je devais de lui demander si elle n'avait pas besoin de nous, ou simplement de moi. Je lui avais déjà certifié que je resterais aux côtés de Morgane, mais si elle le souhaitait et si elle en avait envie, je pourrais être à ses côtés également. J'avais du mal à réfléchir, j'accusais un peu le coup sans rien dire, ne prenant pas trop de recul par rapport à tout ça. Il était certain que j'allais être tourmentée, comme l'était Morgane à mes côtés. Elle devait l'être d'autant plus car Krystel l'avait libérée. Tout ça ne présageait rien de bon. Je restais impassible, pourtant, Krystel pouvait très nettement percevoir la tristesse que j'avais en moi. Jamais je ne m'étais vu aussi haut dans la hiérarchie, jamais je n'avais envié le poste et le pouvoir de notre Mère. J'aimais ma petite part de liberté en tant que Princesse. Mais tout ça, je le laisserais derrière, parce que je ne devais, ne pouvais pas flancher. Il fallait que l'on soit forte et solidaire. Je pensais comme ça dans l'instant, mais une fois seule, face à tout ce bouleversement, j'allais forcément légèrement craquer. Je jetais un coup d'œil de nouveau à Morgane, et je ne voyais que mon propre reflet finalement. Cela me soulageait de ne pas être la seule que cela affectait autant, mais cela me prouvait aussi à quel point la situation était grave.

La Reine prend de nouveau la parole, je l'écoute, nous l'écoutons attentivement. Elle nous met en garde, contre tous et le message passe parfaitement. Elle me met en garde personnellement sur Julien, elle sait peut-être que j'ai un attachement naissant pour lui, mais rien n'a pu être confirmé à cause de son jugement et de la punition que je lui ai infligée. J'ai beau comprendre qu'elle souhaite que je me méfie, mais il va bien falloir que j'aie un face-à-face avec lui pour tout mettre à plat. Pour que tout soit limpide, pas forcément entre nous, mais concernant l'affiliation de Julien. Je fais un léger hochement positif de la tête pour lui dire que j'avais tout bien enregistré. Elle nous affirmait mettre la confiance qu'en quatre noms, et dans ma tête, je n'en étais sûr que pour un seul d'entre eux. Elle nous conviait, et je quittais les lieux presque sur les pas de ma sœur. Sur le trajet du retour, je ne cessais de me remémorer tout ce qui avait pu être dit. Une grosse tempête se préparait, et je n'étais pas certaine de pouvoir totalement la confronter. J'avais encore les idées confuses, j'espérais qu'en rentrant chez moi tout deviendrait plus clair, mais je ne ressentais que de la tristesse. J'avais peur pour Krystel. J'avais peur de la perdre.