Sujet: All that I'm living for [Livre II - Terminé] Jeu 23 Mai - 21:23
All that I'm living for
Particulière. Chaque rencontre l’était et à juste titre. Chaque être qui croisait ma route avait une histoire qui lui était propre, une personnalité unique. Je veillais à être extrêmement vigilant dans ma façon d’accoster. Ce n’était pas toujours évident de pour pouvoir anticiper, encaisser les réactions de parfaits inconnus. Bien sûr, on pouvait retrouver certaines constances relatives à notre nature. La solitude, la peur de la découverte, l’anonymat le plus total. Nous avions tous été à un moment ou l’autre de notre existence confronté au poids de notre secret, au fardeau de notre isolement. Notre espèce avait le don et l’art de placer des barrières entre elle et le reste du Monde. Encore à l’heure actuelle, combien de nous pourrait se vanter d’être parvenu à dépasser complétement ce stade ? Bien sûr, nous avions fait des progrès, moi le premier. Néanmoins, il restait toujours cette réserve, cette habitude à rester silencieux, à taire des sentiments, des pensées. Je ne jugeais pas ce trait de caractère néfaste. Pas pour ma part. Approcher les nôtres se révélait assez … fastidieux. Captif de leur appréhension envers les autres, bien souvent les changeurs réagissaient comme des créatures effrayées par la possibilité de partager leur identité avec d’autres animorphes. La tendance commençait à s’inverser mais ça prenait du temps. Sept années depuis le début des années sanglantes, sept années qu’Alan et moi nous nous sommes attelés à cette tâche. Quand j’y repense, je me dis que le plus chanceux dans cette histoire, c’est bien moi. Cette horde de pensées me surprend dès que je mène ces petites expéditions consistant à nous faire connaître auprès des autres métamorphes. Analyser, décortiquer, j’aimais me casser pas mal la tête depuis un long moment maintenant. Trouver des dilemmes dans les situations les plus simples, c’était bien mon crédo. Je voulais être sûr d’observer chaque situation sous tous les angles possibles et inimaginables afin d’être prêt à toute éventualité. Soyons honnête, les surprises de n’importe quel genre, ça n’était pas mon truc. Je n’aimais pas être désarçonné.
14h00. J’espérais qu’il était bien chez lui. D’après les infos qu’Alan – recueillies grâce à Duncan, m’avait confiées, cet illustrateur bossait à domicile. Donc normalement, quelqu’un viendrait bien m’ouvrir. J’étais garé face au loft de mon futur interlocuteur pour l’instant et je luttais contre l’envie complétement irrationnelle de me griller une cigarette. Oui après tous mes efforts, ça serait vraiment stupide de continuer à retomber dans cette dépendance. Avec la pression récente et surtout avec… le message que j’avais reçu de la Reine, me battre contre ce genre d’envie devenait périlleux. Les photos de poumons endommagés que mon conseiller s’était évertué à agiter sous mes yeux ne changeraient pas ce besoin quasi compulsif de nicotine. Je marmonnais dans mes dents des mots que moi seul pouvait comprendre et prit le parti de passer mes nerfs sur un banal petit chewing-gum. 14h04. Ce que j’attendais ? A vrai dire, rien. Je ne faisais qu’examiner l’endroit. Un vieux réflexe, une vieille habitude de voleur. J’avais déjà repéré quelques entrées peu sécurisées dans le quartier, des propriétaires trop peu vigilants. A moins que je ne sois trop parano. Bref. Je divaguais à nouveau. Après que mon « tue-l’envie-de-nicotine » ait cessé d’avoir du goût, je l’emballais dans un papier, le déposait dans la portière – ma poubelle par défaut, avant de sortir enfin de mon véhicule.
J’avais opté pour des vêtements non sacrifiable aujourd’hui. Je mettais un point d’honneur à conserver mon ancien look de « fils issu d’une bonne famille » pour faire une bonne impression lors du premier contact. Très vite, je revenais à mes fringues de moindre qualité, élimées pour une bonne partie, pas élégante mais utile. En cas d’urgence, je pouvais me transformer et les abonner sans aucun scrupule. Et puis même si ma chemise était confortable et d’une facture excellente, j’avais trouvé un certain plaisir à porter des tenues bien plus décontractées. Ma mère aurait honte de moi si elle m’entendait. L’héritier Fontayn n’aurait jamais dû en venir à porter des choses aussi immondes – je l’entendais d’ici. Mes géniteurs et leur rapport à l’argent… tout un chapitre. Un roman même. Mais nous ne sommes pas là pour débattre de ça. Je m’avance vers l’entrée, m’inquiète un instant concernant le digicode – facilement contournable mais il serait tout de même dangereux de le traficoter en pleine rue, en pleine journée. Pas besoin de jouer au voyou, l’issue est libre. Je réfléchis à ce que je dois lui dire, ressassant encore et encore les éléments les plus primordial que je voudrais communiquer. C’est amusant, ce petit instant de nervosité qui précède une nouvelle rencontre. C’est le genre de moment où on sait que tout est encore possible, rien n’est défini et tout peut arriver. Ca pouvait être angoissant. Dans ce cas-ci, ça ne l’était pas. J’arrive sur le seuil et me manifeste. Et puis j’attends tranquillement. Parfois, j’ai l’impression d’être un vendeur ambulant venu vendre les mérites d’un produit miracle. J’espère qu’on me l’aurait dit depuis le temps si c’était le cas. Le but n’était pas de commercialiser l’image des animorphes mais bien de la sauvegarder, de nous sauvegarder. Avec un peu de chance, le propriétaire de ses lieux sera d’accord lui aussi là-dessus.
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Sujet: Re: All that I'm living for [Livre II - Terminé] Ven 24 Mai - 20:45
Sometimes I hate the life I made Everything’s wrong every time
Dans le loft, la voix de Jonathan Davis résonnait violemment entre les 4 uniques murs sur le son électronique hypnotisant de Skrillex. Heureusement que l’appartement était bien insonorisé car le volume de la chaine stéréo était tel que Joona pouvait sentir les vibrations des basses dans son tabouret, remontant tout le long de sa colonne vertébrale alors qu’il était penché sur sa table à dessin.
Un crayon HB dans une main, sa gomme mie de pain dans l’autre, Joona, sourcils froncés, chantonnait avec la musique tout en observant le dessin placé en face de lui, prêt à être coloré. Il ne s’avait pas trop si c’était son imagination ou si son inconscient lui jouait de mauvais tour pendant qu’il dessinait mais il trouvait que la sorcière qu’il venait de dessiner pour les besoin d’une Xème adaptation de l’histoire de la Belle au Bois Dormant entretenait une certaine ressemblance avec son ex Jessie. Décidément, il avait plus de peine à se remettre de cette fichue rupture qu’il ne voulait bien l’admettre.
Après plusieurs minutes à rester ainsi à observer sa sorcière comme un abruti, Joona fini par pousser un soupire et se releva, difficilement d’ailleurs. Il ne savait pas exactement combien d’heure il était resté penché comme ça en avant sur sa table à dessin mais son dos se faisait un malin plaisir de lui rappeler bien sournoisement qu’en plus de ne plus avoir 20 ans, ni même 30 d’ailleurs, il faudrait qu’il envisage de se mettre un minimum au sport.
Joona attrapa la télécommande de la chaine hifi ou était branché son lecteur mp3 et passa à la musique suivante. Aussitôt la voix, et la musique, tout aussi puissante de Kotiteollisuus emplit l’appartement fait tout d’une pièce et Joona reconnu dès les premiers accords la chanson Satu Peikoista. Reprenant également les paroles, dans sa langue maternelle, de bon coeur, même s’il manquait souvent de justesse, Joona ouvrit son frigo, sorti une bière puis attrapa son paquet de cigarettes avant de se poster à la fenêtre grande ouverte. C’était une habitude. Avant, quand il vivait avec Jessie, il fumait sur le balcon, surtout durant sa grossesse. Mais dans son nouvel appartement, il n’avait pas de balcon mais juste une porte fenêtre donnant directement sur une barrière l’empêchant de s’écraser 3 étages plus bas, se qui ne l’empêchait pas de s’asseoir acrobatiquement à moitié sur la barrière en question. Adossé au pourtour de la porte-fenêtre avec sa bière et sa clope, Joona garda les yeux fermé tout en chantant toujours de bon cœur.
Jään pinnasta peilasivat, uurtuneita kasvojaan. Silmät niin vettyneet, ovat isäntiinsä pettyneet…
Joona s’interrompit et rouvrit vivement les yeux quand, derrière le bruit sourd des basses, il cru entendre la sonnette de la porte. N’étant pas vraiment habitué aux visites, il resta figé un court instant, se demandant s’il avait rêvé, avant de finalement descendre de son perchoir improvisé et de se diriger vers l’entrée, sans prendre la peine de baisser le niveau sonore de sa musique.
Quand il ouvrit la porte, se fut un Joona avec une clope au bec, une bière dans une main, ses très longs cheveux bouclés mal coiffés lui retombant dans le mileu du dos et vêtu d’un jeans troué tâchés de peinture et d’un débardeur blanc ayant subit le même sort qui apparut au visiteur depuis l’encadrement de la part.
Ouais ?, demanda-t-il en observant de haut en bas le gars qui, en cet instant, était l’image même de son parfait opposé. Si c’est pour me vendre un truc ou me proposer l’illumination subite, suis pas intéressé, finit-il par ajouter avec un accent Scandinave très marqué, même si son anglais était bon, tout en faisant mine de vouloir d’ores et déjà refermer la porte.
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Sujet: Re: All that I'm living for [Livre II - Terminé] Ven 31 Mai - 12:48
All that I'm living for
Ce qui me percuta en premier ? Dire que je me suis arrêté directement sur la tenue plus que décontracté de mon interlocuteur ou la musique assourdissante de la pièce serait mentir. Non, ce qui avait capté mon attention, c’était l’odeur et ça bien avant que je ne le vois ouvrir la porte. La nicotine, cette petite chose que j’essayais de fuir bien souvent en vain, roulait dans les airs et je dû faire preuve de beaucoup de retenue pour ne pas arracher la cigarette des mains du métamorphe. On aura jamais assez raison de comparé ça à de la drogue. Mon état de manque mis à part, je me concentrais sur mon interlocuteur. Son allure nonchalante me mit instinctivement en confiance. Chose stupide, je le conçois. J’avais une sale tendance à ne jamais me méfier vraiment des miens. J’aurais un jour ou l’autre un retour de flammes à ce propos, à ne pas en douter. Peu importe. La mélodie – si on peut appeler cette amalgame de son comme tel, couvrait un peu le son de sa voix mais en me concentrant un minimum je peux détecter les propos qu’il tint et qui provoquèrent aussitôt ma propre hilarité que je masquais derrière un sourire contenu. Je regrettais m’être habillé d’une façon aussi chic pour cette entrevue. Il m’apparut clair que ça ne m’apporterait pas les faveurs de ce métamorphe. Enfin, nous dépasserions bien vite – je l’espérais – les apparences pour nous concentrer sur l’essentiel. Son accent m’en dit autant que son nom – il ne venait pas d’ici. Beaucoup des nôtres avaient gagnés l’Ecosse pour une raison ou l’autre. L’appel du surnaturel pour la plupart et j’en étais d’ailleurs un bon exemple. Il devait sûrement venir de l’est… Mais passons les origines.
Je parlais de vendeur ambulant un peu plus tôt et bien, je devais vraiment en avoir l’aspect bien que je ne trainais pas de sac avec moi qui indiquerait la possible panoplie d’échantillons ou la paperasse incohérente. Bref. Il n’avait pas encore grillé à l’odeur que nous appartenions à la même espèce. Ce n’était pas le premier, pas le seul à louper ce détail que je jugeais important. Nous avions si longtemps – enfin nous… les changeurs, avaient pris l’habitude de s’éviter lorsqu’ils s’identifiaient. Peut-être qu’à force, ils passaient au-dessus de ce sens olfactif ?
« Monsieur Jo…yo…Joona Va…yrinaine ? » Mon accent français avait largement repris le dessus comme je l’avais annoncé à Alan un peu plus tôt par message. J’avais passé une demi-heure sur Google traduction a m’exercé sur cette prononciation – pour rien. « Veuillez m’excuser d’avoir écorché votre nom… Rassurez-vous, je ne suis pas ici pour vous vendre quoique ce soit... » Enfin… Non, je n’étais pas un commercial. « Et encore moins vous prêchez une religion quelconque. Mais je doute que discuter de la raison de ma présence ici sur ce palier soit très… adapté. »
Je lui offrais un rictus poli et lui tendit ma main tout de même. J’essayais de lui faire comprendre que je savais qui il était et que je n’étais pas n’importe quel crétin du coin venu enfoncer sa porte pour lui souscrire un abonnement. J’enchainais.
« Camille Fontayn. Je suis désolé de vous déranger dans votre travail. Serait-il possible de discuter à l’intérieur ? Ça ne prendra pas longtemps, je vous le promets. »
Je ne voulais rien révéler ici. Sauf si il me forçait à en dévoiler une partie. J’espérais vraiment qu’il allait capter à nos fragrances respectives que nous étions de la même race. Je me faisais prudent pour notre bien commun. Sa méfiance m’inquiétait et finalement j’ajoutais mais un peu plus bas de sorte que seules des oreilles surhumaines puissent les capter.
« Je comprendrais que vous ne vouliez pas faire entrer un étranger chez vous mais sachez que nous avons plus de choses en commun que ce qu’on pourrait penser. Que ce qu’un humain pourrait penser. »
Je ne pouvais pas être plus clair, il me semble dans la limite du possible.
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Sujet: Re: All that I'm living for [Livre II - Terminé] Sam 1 Juin - 11:09
Sur le point de refermer la porte, Joona stoppa son geste en entendant le type tiré à quatre épingles devant lui tenter de prononcer correctement son nom. Joona en conclu tout de suite en voyant ses efforts qu’il avait prit la peine de s’entraîner avant et même si le résultat n’était pas parfait, c’était l’intention qui comptait. Et ce genre d’intention, les porteurs de bonnes paroles ou les vendeurs au porte à porte n’en avait jamais. Généralement, ils regardaient le nom inscrit sur la porte avant de finalement se limiter à « Monsieur » ne cherchant même pas à tenter de le prononcer, principalement son nom de famille d’ailleurs.
Cette tentative eu au moins le mérite de faire naître un semblant de sourire, en coin à cause de la clope toujours pincée entre ses lèvres, à Joona tandis que le type en face de lui confirmait qu’effectivement, il ne venait pour lui vendre quoi que ce soit, de matériel comme de spirituel.
L’illustrateur n’avait pas encore rouvert la bouche et il baissa les yeux sur la main que lui tendait le Camille Fontayn. Un nom sonnant aussi peu écossais que le sien. Joona hésita une seconde, essuya sa main sur son jeans, jeta un coup d’œil au résultat mais s’aperçu que ses doigts étaient encore noir de déchet de mine. Finalement, il retira enfin sa cigarette de sa bouche pour s’excuser.
M’en voulez pas si je vous sers pas la main mais…, expliqua-t-il en montrant la saleté de ses doigts. C’est à ce moment-là qu’il le senti. Jusqu’à présent, l’odeur lui avait été masquée par celle de la nicotine lui arrivant droit dans les narines depuis la cigarette rivée entre ses lèvres mais maintenant qu’il était entre ses doigts, il avait retrouvé tout son sens olfactif. Qu’est-ce qu’un métamorphe pouvait bien foutre chez lui ? Joona ne se mêlait déjà pas aux gens en général et il en était plutôt de même avec les siens, même si son ex était elle aussi une métamorphe. Les dires suivant du fameux Camille confirmèrent l’odorat de Joona qui, instantanément, se recula pour le laisser entrer.
Fermez la porte, dit-il comme s’il parlait à l’un de ses amis de longue date alors qu’il se dirigeait à grands pas vers la porte fenêtre où il écrasa sa cigarette au cendrier suspendu à la barrière. Désolé, je fume jamais à l’intérieur, expliqua-t-il avant de réaliser qu’étant chacun à un bout du loft let la musique hurlant toujours depuis la chaîne, Monsieur Fontayn n’avait probablement pas entendu. Aussitôt, Joona fondit sur la télécommande et baissa de manière drastique le volume, réduisant les chants puissants en un simple murmure.
Peu habitué à recevoir du monde, surtout des étrangers changeurs de forme de surcroit, Joona resta un instant planté comme un idiot, se massant la nuque, avant de se rappeler la bière qu’il avait en main.
Heum… Vous voulez boire quelque chose ? Bière ? Coca ? Café ? Et euh… faites comme chez vous…, ajouta-t-il en jetant un coup d’œil aux canapés où s’entassaient un imposant carton à dessin, des livres et même un chevalet replier. Le moins que l’on pouvait dire était que Joona n’était pas vraiment le Roi des hôtes improvisés. Mais il ne se laissa pas démonter et, rapidement, il dégagea le tout avant de faire signe à Camille qu’il pouvait prendre place avant de se diriger vers la partie cuisine.
On se connait pas alors je peux savoir ce que vous faites là ?, finit-il par demander sur un ton plutôt sympathique même s’il ne semblait pas des plus à l’aise, n’étant jusqu’à présent pas resté plus de quelques secondes près de son invité surprise.
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Sujet: Re: All that I'm living for [Livre II - Terminé] Mer 5 Juin - 21:18
All that I'm living for
Le ridicule ne tue pas, parait-il. Je me sentais néanmoins un peu idiot à présenter ma main au vide quand il déclina cette simple politesse avec une explication, preuve à l’appui. Je rangeais donc ma paume dans ma poche et le suivit quand il m’invita à sa façon à entrer. Il avait compris qu’elle était ma nature, j’en étais convaincu mais je restais surpris de ne pas avoir eu à expliquer plus en avant la raison de cette visite. Il m’apparaissait clairement que cet homme était du genre méfiant – je ne l’allais l’en blâmer, loin de là qu’il me permette de franchir le seuil aussi simplement devait lui en coûter. J’allais garder ça à l’esprit. J’appliquais sa recommandation à la lettre et renfermais derrière moi tout en ne manquant pas de sourire à sa remarque. S’il savait… Moi avant je ne me gênais pas de fumer où bon me semblait. Mon ancien appartement puait le tabac. Le nouveau n’avait pas eu cette chance vu que j’avais pris mes bonnes résolutions avant cet épisode. Je fis un petit pas dans la pièce principale, n’osant pas m’avancer plus que nécessaire, cherchant à respecter un maximum l’espace du métamorphe. Je débarquais de nulle part, j’avais conscience d’être un étranger voir un intrus. Malgré la musique assourdissante, j’avais perçu ses excuses. Mon entraînement quotidien auprès des loups et des miens m’avait été bénéfique et mes cinq sens s’étaient encore plus affûtés à leur contact. Etant toujours sur mes gardes et dans ce cas aux alertes vis-à-vis de mon hôte, en me concentrant, j’avais réussi à grappiller les pans de sa voix. Une fois qu’il eut diminué le son, je répliquais. « Il ne faut pas vous excuser, vous êtes chez vous. Et ça ne me dérange pas. » Puis il y eut un certain silence durant lequel je rassemblais mes pensées et le laissais par là même digérer ma présence. Inutile de le matraquer d’emblée avec les informations que je venais lui présenter.
Il reprit néanmoins la parole et confirma toute la contradiction qui l’animait très vite à la suite. Cet homme voulait que je sois à l’aise mais me rappelais en même temps que je n’avais techniquement rien à faire ici. Ce paradoxe ne m’échappait pas à moi non plus et je décidais d’interpréter tout ça d’une façon positive – pour changer. Il ne devait pas être du genre belliqueux, ni complétement fermé. Il avait dégagé les fauteuils du salon pour que nous puissions nous installer, c’était aimable à lui. Il aurait bien pu ne pas chercher à créer des conditions pour que je puisse prendre place. Il aurait pu choisir de me laisser entrer sans m’accueillir. Je notais tous ces points et prudemment, m’assit là où il me l’avait indiqué. Je ne détaillais pas trop sa demeure pour le moment, bien trop occupé à chercher mes mots, à tenter de le comprendre. J’hésitais à accepter son breuvage, ne voulant pas abuser de son hospitalité. Après boire m’occuperait les mains et favoriserait un climat plus convivial. J’étais bien trop solennel mais en fait, ça me rassurait bien souvent d’être comme ça. Je maîtrisais bien ce côté et ça par la force des choses, du milieu où j’avais grandi. « Je ne veux pas vous déranger outre mesure, prenez ce que vous avez sous la main. »
Je réajustais ma position quand il me mit dos au mur. Il ne passait pas par quatre chemins et je trouvais ça bien. « Comme je vous l’ai dit, je ne compte pas vous faire perdre votre temps. » Je le reprécisais pour enchaîner sur le fait que je ne désirais pas non plus m’étendre ou tourner autour du pot. « Si j’ai pris contact avec vous c’est parce que vous êtes directement concerné par ce qu’il se passe depuis un certain nombre d’années. Je suis venu vous informer de ce qu’il se déroulait à l’heure actuelle pour les nôtres, pour les changeurs. Mais peut-être en avez-vous déjà eu des échos ? » Je faisais une pause pour ne pas l'ensevelir par un discours d'emblée mais surtout désireux d'obtenir cette réponse. On ne posait jamais assez cette question. Ça me permettait de voir si la rumeur évoluait entre les nôtres, si finalement malgré nos tendances à fuir, à nous éviter, finalement, le bruit courait. Je voulais garder un certain regard là-dessus pour la suite des opérations et puis vis-à-vis des autres espèces. Que ça s’ébruite n’était pas forcément très positif. Bien sûr, je savais que nous resterions discrets comme toujours mais on était à l’abri nulle part. Comme le disait si bien mon vieil ami, il n’y a pas de risque zéro.
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Sujet: Re: All that I'm living for [Livre II - Terminé] Jeu 6 Juin - 21:53
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Louis Pons ▽ « On dessine pour se trouver et on rencontre les autres.»
Vu la manière dont l’étranger le regardait, Joona en conclu qu’il devait être entrain de se poser de sérieuses questions quant à son comportement et, pour être totalement franc, il était évident qu’il y avait de quoi. A bien y réfléchir, Joona ne se rappelait même pas avoir déjà reçu de la visite depuis qu’il avait emménagé quelques mois plus tôt. Combiné cela au fait que Joona n’était jamais à l’aise avec des inconnus et vous obtenez un hôte des plus mal à l’aise et prit au dépourvu, ne sachant pas trop quoi faire. Ça timidité l’exhortait à foutre ce type dehors séance tenante. Son côté métamorphe, en revanche, avait eu sa curiosité piqué au vif et avait de savoir ce que ce Camille pouvait bien lui vouloir. Les métamorphes n’étaient pas vraiment du genre à se regrouper contrairement aux autres, hormis pour former des couples bizarrement. Mais cela se limitait habituellement aux familles et voir un changeur de forme débarquer tout à coup était quelque chose de suffisamment rare pour qu’il prenne la peine d’écouter ce qu’il avait à lui dire.
Son squatteur avait l’avantage de ne pas se montrer difficile. Ainsi, Joona sorti une seconde bière du frigo, l’ouvrit et revînt dans la partie salon. Contrairement à ce qui se faisait généralement, il ne tendit toutefois pas la bouteille à Cam mais, au contraire, la déposa sur la table basse face à lui avant de contourner le canapé installé face à celui de Cam et de s’arrêter, restant debout, derrière celui-ci. Rien dans son geste ne semblait laisser penser qu’il agissait ainsi par dédain pour autant. Il n’y avait rien d’agressif dans les gestes ou dans le regard de Joona. Regard de couleur glace qu’il posait enfin pour la première fois plus de 3 secondes d’affilés sur le jeune homme depuis qu’il était entré chez lui tout en portant le goulot de sa bière à ses lèvres, comme s’il essayait de deviner à l’expression du visage de Monsieur Fontayn si oui ou non, il devait se méfier de lui tout en l’écoutant.
La suite des paroles de Cam n’étonnèrent pas autrement Joona qui savait que les choses semblaient bouger par l’intermédiaire de Jessie qui était restée au courant de tout cela jusqu’à leur rupture. Cela dit, il n’en savait pas plus que ça tout simplement parce qu’il ne s’en était jamais soucié jusqu’à récemment.
Les changeurs de formes avaient su garder le secret jusqu’à maintenant mais pour combien de temps ? Et que ce passerait-il pour eux le jour où tout cela éclaterait au grand jour ? IL ne s’inquiétait pas particulièrement pour lui mais, même s’il refusait obstinément de se l’avouer, pour ce petit garçon qu’il avait aimé plus que tout jusqu’à ce qu’il découvre qu’il n’était pas le sien et qui avait 1 chance sur 2, un jour, de risquer d’être persécuté à cause de sa nature différente de celle des humains. Même si finalement il n’était pas père, cette pensée ne cessait de tourner dans la tête de Joona depuis un certain temps.
J’ai tout mon temps, de quoi vous voulez me parler ?, lui répondit finalement Joona de son accent scandinave chantant qui lui faisait rouler les R de manière marquée.
Finalement, Joona jugea que les risques que le type installé dans son salon l’attaque sauvagement étaient assez mince. Ainsi, il passa acrobatiquement d’abord une jambe, puis l’autre, pardessus le dossier du canapé derrière lequel il se tenait, processus rendu bien plus facile grâce à son impressionnant 1m90 et quelques, ajouté aux semelles compensées de ses new rocks, avant de se laisser glisser jusqu’à se retrouver assit en tailleur.
J’sais pas grand-chose, expliqua-t-il en cherchant dans ses souvenirs ce que Jessie avait bien pu tenter de lui raconter sans qu’il n’écoute réellement tout en buvant une nouvelle gorgée de bière. J’discute rarement avec les autres vaihtaja, dit-il par habitude dans sa langue maternelle sans s’en rendre compte. Je discute rarement avec les autres tout court d’ailleurs, ajouta-t-il après une courte pause tout passant une main dans sa tignasse totalement indisciplinée. Il ne posait son regard sur Cam que lorsque celui-ci lui adressait la parole. Dès que Joona lui répondait, il détournait aussitôt le regard. Par chance, il avait cessé de rougir à tout bout de champ depuis l’enfance.
Il se passe quoi et surtout... Je vois pas trop ce que je peux faire pour vous..., annonça-t-il finalement en se massant la nuque avec un air gêné, relevant enfin les yeux sur son interlocuteur.
(c) AMIANTE
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Sujet: Re: All that I'm living for [Livre II - Terminé] Lun 10 Juin - 21:48
All that I'm living for
Plus j’analysais mon interlocuteur, plus je percevais les décalages entre sa façon d’agir, de parler et sûrement de penser. Je ne savais pas trop comment me positionner face à tous ces signaux contraires alors j’optais pour la réserve en attendant. Il posa directement la bière devant moi, je le remerciais bien évidemment à la suite. J’attendis qu’il réponde à mon interrogation et qu’il soit bien installé avant de reprendre la parole. Je l’observais enjamber très naturellement le fauteuil pour s’asseoir. Il m’invitait à la discussion mais éviter soigneusement de me fixer dans les yeux. La contradiction continuait mais j’avais déjà bien compris que comme la plupart d’entre nous, c’était un grand solitaire. Je ne savais pas comment détendre l’atmosphère pour l’instant étant moi-même tendu par cette situation. Ce type avait quelque chose qui en imposait. La force tranquille, un truc comme ça et ça ne venait pas que de sa taille - il me dépassait de dix centimètres cela dit, à vue d’œil. Bref. J’écoutais attentivement sa réponse en profitant de cet instant pour boire une gorgée du breuvage qu’il m’avait apporté. Vaihtaja ? Un autre mot pour nous désigner je suppose. Il me révéla alors ne pas beaucoup parler avec d’autres personnes tout court. Un vrai artiste en somme et un vrai changeur également. Mes doigts commençaient déjà à jouer avec l’étiquette de la bouteille restée entre mes mains et ça m’apaisait inconsciemment. Je réalisais que le recruter ne serait pas chose aisée, néanmoins, je ne comptais pas partir sans essayer. « Quand la guerre a débuté, nous avons commencé à nous rassembler pour lutter ensemble. Les autres espèces avaient tendance à nous juger inférieurs car nous étions tous dispersés et donc faibles. Beaucoup des nôtres ont perdu la vie durant les Années Sanglantes, trouver et traquer notamment par des vampires. » Je m’arrêtais, bu un peu et repris. « Je ne suis pas ici pour vous forcer la main bien entendu mais plus pour vous informer de notre existence. Vous seriez bien entendu le bienvenu parmi nous. Notre but est de nous préserver un maximum et de nous affirmer au milieu de la lutte qui se joue inter espèce. »
J’ignorais si mon discours allait être très efficace, je comptais rectifier le tir plus tard lorsqu’il y réagirait. En attendant, je fis rouler mon récipient entre mes mains en fixant toujours l’animorphe. « Je sais que pour la plupart des nôtres, c’est une décision difficile à prendre. Nous avons tous vécu dans l’indépendance la plus totale mais sachez que nous ne fonctionnons pas comme la meute ou même comme la communauté vampirique. Nous gardons tous notre liberté et c’est pour ça que nous nous battons justement. » Je me tus, pensant l’avoir déjà assez englouti d’informations et de paroles. Je voulais évidemment être convaincant mais mon but n’était pas de les forcer dans cette entreprise. Je mettais un point d’honneur à ce que chaque personne soit là parce qu’elle le souhaite et non pas par défaut ou dépit. Ce n’est pas comme qu’on peut avancer, pas avec des gens qui penseraient à quitter les rangs à la première occasion ou qui tenterait de saboter ce que nous essayions tous de construire. Après tout, nos idées ne regardaient techniquement que nous. Je respectais le point de vue de tout un chacun. Moi, je n’étais pas l’Ulfric ou la Lupa qui soumettait les loups avec violence. Nous n’étions pas en dictature mais en démocratie. Je réalisais bien que ce fait me placerait à un moment peut-être proche dans une situation délicate. Mais tant pis. Je n’étais pas à la tête des changeurs pour les dominer mais bien pour les guider, pour renforcer notre solidarité et nous protéger des menaces extérieures. Je savais bien que nous finirions un jour ou l’autre par être découvert des humains. Avant que ça n’arrive, nous devions être au maximum prêt à endurer ce que nos cousins subissaient à l’heure actuelle. Voir même pire vu que nous étions encore plus imprévisibles qu’eux en pouvant prendre n’importe quelle forme animale et donc plus dangereux. Nous n’y étions pas encore mais assurément aussi discrets et rusés que nous avions pu être, quelqu’un finirait par vendre la mèche. Et moi, je misais tout sur Krystel Raybrandt.
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Sujet: Re: All that I'm living for [Livre II - Terminé] Dim 16 Juin - 11:00
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Louis Pons ▽ « On dessine pour se trouver et on rencontre les autres.»
Une fois installé dans le fauteuil, ses longues jambes croisées sous lui, ne se souciant nullement des attaches métallique et des énormes semelles de ses imposantes bottes qui se trouvaient ainsi posé sur le cuir du fauteuil, Joona écoutait attentivement ce que lui expliquait Camille, buvant une gorgée de bière de temps à autres.
Au fut et à mesure, le Finnois semblait se détendre. Cela se traduisait principalement par le fait qu’il avait presque cessé de détourner le regard en permanence, écoutant son invité en l’observant avec la plus grande attention. Tout deux ne pouvaient surement pas être plus différent. Camille semblait sûr de lui, très charismatique avec l’allure qui allait avec. L’exacte opposé de Joona donc mais, cependant et contre tout attente, Joona lui trouvait quelque chose d’éminemment sympathique. Il ne cherchait pas à le prendre de haut et n’avait pas cette manière d’être et de parler agaçante que pouvait avoir certains jeune hommes aux allures de fils à papa.
J’ai entendu parler de ce rassemblement, confirma Joona après avoir bu une gorgée de sa bière. Ma compagne… Mon ex-compagne, rectifia-t-il de lui-même, se tenait plutôt informée de ce genre de chose pendant la guerre. Elle voulait qu’on se joigne à vous d’ailleurs mais j’ai refusé. Je vous avouerai que perso, plus je me tenais loin de ces histoires, mieux je me portais. Ça à jamais trop été mon truc. J’ai même tout essayé pour me faire réformer du service militaire obligatoire dans mon pays…. En vain d'ailleurs.
Il suffisait de voir la grimace que fit Joona au souvenir de son service pour tout de suite comprendre qu’il n’en gardait pas franchement un excellent souvenir. On lui avait coupé les cheveux, on l’avait mit au sport et forcé à partager un dortoir avec 12 autres types qu’il avait jamais vu de sa vie. Pour certains, l’armée s’apparentait à une sort d’énorme colonie de vacances dont ils continuaient de parler des décennies plus tard. Pour Joona, cela avait surtout été un véritable cauchemar.
Mais, reprit-il après une très courte pause. Je commence à voir l’importance de nous regrouper maintenant. Faut pas rêver. La PES a parqué les vampires, foutu les loups-garous en laisse et maintenant veulent renvoyer les semi-démons chez leurs pères. Quand ils en auront fini avec eux, ils finiront tôt ou tard par nous découvrir… C’est juste une question de temps.
Clairement dépité, Joona vida le reste de sa bière d’un trait puis posa la bouteille vide sur la table basse, gardant juste les yeux levé sur Camille.
C’était étrange. Allez savoir pourquoi, quand il essayait de s’imaginer le leader de leur groupe, Joona s’était toujours imaginé un type bien plus âgé, dans la 50aine, avec des allures de prof de fac. Il n’avait jamais pensé que ce dernier puisse être au top de la mode et être plus jeune que lui. Non pas que cela lui posait problème. Selon Joona, les qualités d’un leader dépendait de son charisme et de ses idéaux, pas de son âge. D’autres métamorphes plus âgés ne devaient sûrement pas partager son avis mais Joona ne voyait pas d’objection à ce que leur chef soit un petit jeune de, à priori à première vue, moins de 30 ans.
Je suis pas vraiment sûr d’être de la plus grande utilité qui soit, soupira Joona en passant une fois de plus une main dans sa tignasse. Mais je peux peut-être vous donner une petite longueur d’avance sur les prochaines campagnes de pub de la PES, dit-il en détournant à nouveau le regard, mal à l’aise. Il n’avait pas été très fier d’accepter de bosser en free lance pour McBorough et cela l’avait bouffé depuis qu’il avait dit oui mais il pouvait peut-être au moins soulager un minimum sa conscience en touchant deux mots de tout cela à Fontayn ? Après, il s’exposé à une agression en bonne est due forme, c’était un fait, mais au moins il aurait été sincère dès le début et il préférait ça, quitte à ce que Camille change d’avis et le garde en dehors de la communauté, plutôt que de les rejoindre et que la vérité éclate soudainement.
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Sujet: Re: All that I'm living for [Livre II - Terminé] Mer 19 Juin - 22:47
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Durant les instants de silence qui précédèrent mon discours - déjà bien trop assommant à mon goût, je repris une gorgée de mon breuvage. Le fait que mon interlocuteur commence à ne plus détourner le regard m’avait fortement rassuré et détendu également. Je voyais dans cette attitude un signe encourageant. Mon petit speech ne l’avait pas fait se refermer sur lui-même, c’était déjà un excellent point. Certains changeurs pouvaient très vite se braquer et me dire que ça ne les intéressait avant de m’inviter gentiment à sortir de chez eux. J’avais conscience, vraiment conscience que ma manière de débarquer dans leur intimité et commencer à vouloir bouleverser leur mœurs, leurs habitudes soit perturbante. Malheureusement, au vu du secret et des précautions que nous devions prendre, nous n’avions pas le choix. Communiquer autrement qu’en face à face serait catastrophique avec les téléphones mise sur écoute et la paranoïa générale. Et puis même au niveau de l’impact du message, c’était toujours mieux de voir les personnes en chair et en os. Ils voyaient ainsi à qui ils avaient à faire. Et connaissant les membres de notre espèce et leur méfiance commune, cette vérité semblait prendre encore davantage de sens. J’observais donc ce Joona réagir face aux informations que je venais de lui délivrer. Il prit la parole et je ne pus qu’esquisser un léger sourire quand il me dit savoir à propos du rassemblement. Bien donc c’est qu’il n’est pas forcément plus intéressé que ça. Mais ça pourrait changer ? Si sa compagne… Ah j’avais pensé trop vite. Son ex, ah oui, déjà ça, ça n’allait pas favoriser son entrée dans nos rangs. D’office, susciter des rencontres avec une ancienne petite amie ne devait pas l’emballer. En plus vu le lapsus assez révélateur, je me doutais que ça devait être récent. Bien, il me confirmait qu’en effet il n’avait jamais pensé nous rejoindre. Un solitaire dans l’âme. Son anecdote concernant le service militaire me fit compatir d’un hochement de tête. Bien heureux de ne pas avoir été obligé de faire ça. J’aurais tout tenté moi aussi pour en échapper à sa place. Durant sa courte pause, j’ajoutais tout de même. « Je peux comprendre. » Et le laissais continuer à la suite.
Cet homme était réaliste et j’appréciais grandement ça. Aussi dingue que ça puisse paraître, une bonne partie des nôtres avait encore du mal à accepter le fait que nous ne pourrions plus tenir très longtemps à notre anonymat. Enfin c’était paradoxal, avec la révélation des lycans, beaucoup avait paniqué mais d’autres s’étaient complètement voilés la face, convaincu que nous resterions quelque part intouchable. Ceux-là n’avaient souvent pas rencontrés de vrais soucis ou alors à l’inverse, ils avaient été tellement traumatisés qu’ils ne pouvaient pas supporter l’idée d’être mis à nu. Tout ça pour dire, que même si l’animorphe face à moi émettait encore une certaine réticence, il réalisait bien les enjeux pour notre communauté. Sa lucidité acheva mon restant de réserve à son égard. Je finis ma bière d’une traite et la posais sur la table face à moi en le regardant. Se sous-estimer ? Un trait commun à l’espèce encore une fois. C’était normal, pour des employés normaux qui menaient une vie tranquille et qui malgré la guerre, avaient réussi à se préserver des combats. Je ne demandais pas une armée de soldats, je voulais juste que nous soyons solidaires et tout le monde avait son mot à dire dans cette histoire. Chacun avait son utilité. Nous rejoindre ne signifier pas prendre les armes et aller combattre les vampires, bien sûr qu’il n’était pas question de réquisitionner tout le monde dans ce but. Je ne dis rien sur le moment, ne l’interrompant pas.
Il m’avoua alors bosser pour la PES en ce moment, ce qui me déconcerta. Bon, c’était une façon discrète d’avoir un pied chez l’ennemi mais… A sa place, je ne sais pas si j’aurais accepté. Enfin pas sans une idée en tête. Après oui, il devait bien vivre, je pouvais aisément le comprendre. J’arrivais encore à me prendre la tête avec des choix moraux quand c’était bien inutile. Il détournait les yeux, visiblement oui, mal à l’aise. Je me reconcentrais du coup. Je n’avais pas de conseils à lui donner, je n’en avais pas le droit aussi répondis-je simplement. « Ce n’est pas une question d’utilité. Nous nous rassemblons pour nous serrer les coudes, tout le monde a sa place et son mot à dire dans cette histoire. C’est plus une façon de nous positionner collectivement par rapport à la situation. Si nous pouvons nous entraider d'une quelconque façon, c'est déjà très bien. Je ne veux pas vous placer dans une situation délicate non plus mais en effet, je pense que toutes les informations venant de la PES sont bonnes à prendre. » Après, si ils n’avaient pas fait de test génétique, sanguin sur lui, il ne devait pas être très intégré dans le système. C’était un artiste recruté pour les besoins d’une campagne publicitaire. Et je préférais largement ça à autre chose pour son bien déjà et pour le nôtre de façon générale. « Sinon, je vous rejoins sur vos craintes concernant notre secret, je doute qu’il puisse tenir la route éternellement. Nous avons veillé à brouiller toutes les pistes mais ce n’est qu’une question de temps, je le pense aussi. C’est pour ça que nous essayons un maximum de nous rassembler avant cette annonce. Plus nous serons soudés, mieux ça vaudra pour affronter ça. » Je fixais mes yeux dans les siens revenant très vite sur la révélation qu’il m’avait offerte. « Vous avez rencontrés l’un des responsables de la PES alors ? Prendre la température chez eux n’est pas une mauvaise chose en soi. » Dans l’absolu, nous ne connaissions pas leurs intentions. Je comptais bien creuser le sujet si il m’en laissait l’occasion.
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Sujet: Re: All that I'm living for [Livre II - Terminé] Lun 24 Juin - 17:45
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Louis Pons ▽ « On dessine pour se trouver et on rencontre les autres.»
La situation lui semblait moins irréelle qu’il ne l’aurait cru. Il y a quelques années, on lui aurait parlé d’une communauté de changeurs de forme, il aurait éclaté de rire. Mais maintenant, c’’était tout autre chose. La situation avait changée, et plutôt dramatiquement. Et tout ça à cause, aux yeux de Joona, de ces foutus suceurs de sang qui avaient tout à coup décidé de quitter leurs foutu cercueils pour s’exposer en plein jour, enfin en pleine nuit plutôt même si Joona aurait préféré que se soit en plein jour histoire qu’ils pourrissent pas la vie des autres avec leurs lubies, sans se soucier une seule seconde des autres races qui, par leurs fautes, se retrouvaient eux aussi en danger. Pour Joona qui n’aimait déjà pas particulièrement les vampires en temps normal, cela ne faisait qu’ajouter une couche à l’animosité qu’il ressentait à leur encontre.
Mais les choses étaient ainsi désormais et à cause de la folie de certains clairement pas suffisamment mort, ils se retrouvaient tous sur la sellette. Les Métamorphes devaient leur tranquillité à leur solitude. Ils ne se retrouvaient que pour former des familles la plupart de temps mas c’était tout. Ils n’avaient pas de royauté comme les vampires ou de meutes comme les loups-garous. Ils restaient justes en petits groupes familial.
Ainsi, même si la simple idée de se retrouver « groupé » avec tout un tas d’inconnus, y comprit en cet instant dans son salon, avait de quoi le pétrifier d’angoisse et lui coller des insomnies pour les nuits à venir, il savait que c’était la seule chose à faire. Enfin, pas tout à fait, il avait encore la possibilité de prendre un aller simple pour sa Finlande natale et de ne plus jamais remettre les pieds en Ecosse mais même si l’idée était des plus tentante, Joona avait trop souvent fuit durant ces dernières années, il était tant qu’il prenne sur lui-même et fasse face aux événements.
Et comment ça se passe ? Je veux dire, je doute qu’il y aille le groupe « métamorphes anonymes» sur les réseaux sociaux.
Joona essayait d’imaginer comment le groupement pouvait se faire. Les changeurs avaient tellement prit l’habitude de vivre dispersé un peu partout. Une réunion de certains d’entre eux devait être quelques chose d’assez surprenant.
Le sujet de la PES, plus exactement de sa collaboration avec la PES, mettait Joona bien plus mal à l’aise que cette histoire de regroupement. Bosser pour eux n’était clairement pas une fierté pour lui. Au moment de négocier le contrat pour les affiches, il avait demandé à ce que son nom ne soit pas cité et hormis à son cousin, qu’il considérait comme un frère, il n’en avait parlé à personne jusqu’à Camille.
J’ai rencontré McBorough, répondit Joona en baissant le regard comme un gamin prit en faute avant de se rappeler qu’il n’était plus très loin des 40 piges et qu’il était peut-être temps qu’il se montre un petit peu plus sûr de lui. Ainsi, il posa sa bière sur la table et se releva pour se diriger vers sa table à dessin.
J’ai rendez-vous avec lui dans quelques jours pour lui présenter les affiches, il ne les as pas encore vu.
Joignant le geste à la parole, Joona revînt en portant deux grandes feuilles d’une main, repoussa rapidement les deux bières au bout de la table et déposa les dessins sur la table.
Spoiler:
Ils veulent montrer aux lycans qu’ils ne sont pas leurs ennemis, que tout peut bien se passer. Pour les semi-démons, c’est une autre histoire… Mais j’en sais pas vraiment plus. Je me suis contenté de faire les dessins qu’on m’a demandés.
Faisant une petite grimace, Joona se passa une main dans les cheveux avant d’ajouter pour s’expliquer.
J’avais tout un nouvel appart à meubler. J’ai laissé tout le mobilier chez mon ex…
Joona n’avait pas dit cela sur un ton plaintif mais avec un semblant de petit sourire et même se qui pouvait s’apparenter à un léger rire, ayant pleinement conscience de passer pour la bonne poire de service en ayant décidé de partir sans rien prendre avec lui hormis ses fringues et son matériel de travail.
J’ai l’impression d’avoir vendu mon âme au Diable pour un canapé et un lit, ajouta-t-il cette fois-ci avec un rire bien plus clair.
(c) AMIANTE
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Sujet: Re: All that I'm living for [Livre II - Terminé] Lun 1 Juil - 11:52
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Une question légitime et ouvert au dialogue de surcroît, cette entrevue était plus que positive. J’éclatais de rire à sa réflexion sur les réseaux sociaux et les métamorphes. Je ne m’attendais pas à cette touche d’humour soudaine. Oh l’idée aurait été tentante et ça aurait été plus simple de communiquer par ce biais mais bien évidemment, nous ne possédions pas le luxe de communication sécurisée. Garder contact de façon permanente dans la plus grande discrétion restait laborieux. Idem pour les rendez-vous de masse. Pour le moment, Alan et moi réussissions à gérer les choses sans nous faire prendre et sans éveiller les soupçons. La vigilance avant tout et comme il le disait si bien il fallait garder en tête qu’il n’y avait pas de risque zéro. Notre prudence avait permis à tout le monde de garder son anonymat et de se réunir dans le plus grand secret. C’était sûrement notre plus belle victoire de ces dernières années. Je souris à mon interlocuteur. « Eh bien c’est plutôt simple, nous veillons à rester en contact et nous nous réunissons régulièrement pour faire le bilan ou tout simplement pour discuter. Nous sommes un groupe, une unité. Le but c’est que nous restions liés les uns aux autres et ça consiste en ça rien de plus, rien de moins. A partir du moment où on désire s’impliquer et qu’on répond présent, on fait partie de la communauté. » Non, ce n’était pas plus compliqué que ça. Des réunions, des décisions prises et bien sûr des participations de tout type, de tout ordre. Je décroisais mes jambes pour réajuster ma position.
Je perçus sa gêne qu’il exprimait de façon plutôt claire en baissant les yeux. Il avait donc rencontré McBorough, il en avait dû avoir du cran pour oser faire ça. Être en tête en tête avec le chef de la brigade qui lutte contre le surnaturelle en étant soi-même animorphe, peu des nôtres oserait sûrement en faire autant. Ca prouvait bien qu’il n’avait pas eu d’autres alternatives. Je n’étais là pour le juger de toute façon et dans l’absolu, discuter avec quelqu’un ou même travailler n’impliquait pas d’être en danger surtout que ce type ignorait notre existence. Je sais que l’opinion d’Alan divergerait sur ce point mais peu importait. Tant qu’il restait vigilant… Ce dont je ne doutais pas, tout irait bien pour lui. Et pour nous. Nous étions tous intiment liés les uns aux autres grâce à notre secret. Une fois que ce pan de nos existences disparaîtrait, je craignais un peu une légère désolidarisation. Nous verrions en temps voulu. Mon hôte se leva afin de se diriger vers sa table à dessin, je le suivais du regard tandis qu’il m’expliquait quand avait lieu son prochain rendez-vous avec McBorough. Je me penchais pour admirer ses conceptions. Joli travail bien que le thème n’était guère plaisant. Je détaillais le message sous-jacent aux illustrations plutôt facilement tandis qu’il me le confirmait verbalement. Bon, au moins, il n’avait pas encore lancé une guérilla contre les lycans – ça m’aurait étonné mais… Pour les semi-démons, je n’arrivais pas moi-même à me prononcer les concernant. Bien sûr, je les jugeais aussi dangereux que les vampires mais l’espèce m’était trop méconnue pour que je puisse avoir un avis plus tranché.
Mon regard revint se poser sur Joona alors qu’il se mit à se justifier pour ce travail. Ça me mettait extrêmement mal à l’aise qu’il se sente aussi honteux. Il ne me devait rien et chacun avait ses problèmes. J’allais lui répondre quelque chose pour le rassurer quand il embraya sur une phrase qui eut le don de me déstabiliser. Ce pauvre homme venait de rompre avec son ex, avait accepté un job et avait l’impression d’avoir « vendu son âme au diable » juste pour ça. De nous deux, il ignorait que si quelqu’un devait se sentir coupable d’un tel pêché, c’était bien moi. Cette remarque amplifia le poids de ma mission et de ma culpabilité mais je veillais à l’ignorer. Je lui souris en répliquant « Je n’irais pas jusque-là quand même. Ce ne sont que quelques dessins sans défenses, ce n’est pas vous qui pourchasser les loups tout de même. Je pense que tout le monde est à même de comprendre votre situation. Et puis ce n’est pas un mal que vous ayez été embauché, ça vous permettra d’apprendre à connaître McBorough. Connaître son ennemi n’est clairement pas une mauvaise chose. Autant allier le nécessaire à l’utile. En tout cas, vous n’avez pas à vous justifier, ne vous en faites pas. Personne ne peut vous juger pour ça. » J’ajoutais « Cela dit vos œuvres sont vraiment magnifiques. » afin de détendre l’atmosphère. Mes yeux se posèrent à nouveau sur les deux affiches et j’articulais « Au moins, ils ne poussent pas vraiment les gens ouvertement à mépriser les loups. C’est déjà ça. »
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Sujet: Re: All that I'm living for [Livre II - Terminé] Mar 23 Juil - 11:07
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Louis Pons ▽ « On dessine pour se trouver et on rencontre les autres.»
Durant un instant, son enfance en Laponie Finnoise lui revînt en mémoire. La période, trop courte à son goût, où sa mère était encore en vie et où ils étaient encore heureux plus exactement. Ils n’avaient pas à se soucier de ce genre de chose à cette époque. Utsjoki était tellement peu peuplé qu’eux-mêmes n’avait pas de voisins à des kilomètres. Ses parents pouvaient se changer à leur guise et se défouler dans la neige des immenses forêts environnantes. Joona se souvenait les avoir enviés et avoir attendu avec impatience de pouvoir se joindre à eux. A cette époque là, comme tout enfant spécial, il avait attendu sa première transformation avec impatience. Il avait passé des heures à se demander qu’elle serait sa première forme, sa forme de prédilection comme disait son père, et avait passé ses nuits à rêver de sa métamorphose. Maintenant, plus de 25 ans plus tard, il se surprenait à avoir l’envie de n’être qu’un type comme les autres, normal, humain. Non pas par honte de ce qu’il était en réalité mais par facilité. Les humains étaient les seules créatures en ce bas-monde qui ne vivaient pas dans la crainte d’être démasqué à l’heure actuelle.
S’il avait été réticent à cette idée de communauté la première fois qu’il en avait vaguement entendu parler, il devait admettre qu’à présent, il y songeait fortement. Il ne savait pas trop si c’était quelque chose en lui qui avait changé ou si ce Camille était vraiment très convainquant mais il savait que ce type avait raison. En restant chaque de leur côté, dans leur petit monde, ils couraient droit à la catastrophe. La loyauté et l’esprit de groupe n’avait jamais été vraiment présente chez les métamorphes, contrairement aux meutes des loup-garous ou aux familles des vampires. Ainsi, même s’il n’aimait pas cette idée, Joona savait qu’il fallait qu’ils se préparent à l’idée qu’un jour, l’un des leurs, vendraient la mèche à la PES, surtout si ceux-ci venaient à découvrir leur existences par eux-mêmes. Dans ce cas-là, il n’y avait qu’en groupe qu’ils pourraient avoir une petite chance, si ce n’est de s’en sortir, de pouvoir au moins négocier.
Je me demande s’il existe déjà d’autres rassemblement dans ce genre dans les autres pays, demanda Joona plus pour lui-même que pour Camille, songeant, en posant sa question, à sa famille, également composées de changeurs de formes, restées en Finlande. Si de telles communautés existaient aussi là-bas, Luukas, son cousin, ne devait pas en être, sinon quoi, il lui en aurait déjà parlé. Certes, la PES sévissait en Ecosse mais le reste du monde n’était pas épargné pour autant. Tout les pays avaient leurs versions à eux, plus ou moins virulente, de leur PES. Cependant, il fallait reconnaître que certains pays étaient tout de même plus cléments avec les créatures. Dans le même ordre d’idées, d’autres pouvaient faire passer la PES pour des enfants de chœurs également.
En songeant à la PES, Joona dévoila la commande qu’ils lui avaient passée à Camille.
Un dessin, quand il s’agit de campagne de ce genre, n’ai jamais sans défense, répondit Joona en soupirant. Mais en même temps, il était soulagé que Camille ne le condamne pas. Joona avait tellement culpabilisé d’avoir accepté ce boulot ses dernières semaines que se fut comme si on lui retirait un poids de la poitrine.
Malgré lui, Joona ne pu se retenir de rougir légèrement quand Camille le complimenta sur ses œuvres. Il avait depuis des années apprit à dompter au mieux sa timidité maladive mais les compliments, il ne s’y faisait jamais. Ce n’était pourtant pas par fausse modestie, pas complètement du moins. Il était talentueux, il le savait très bien sinon quoi il n’aurait jamais pu vivre de l’art. Il ne bosserait pas comme illustrateur, la PES ne lui aurait jamais proposé ce contrat et il n’exposerait pas ses tableaux, d’art abstraits eux, dans des galeries privées où ils se vendaient généralement bien. Mais Joona n’était jamais pleinement satisfait de son boulot, ce qui le poussait à toujours essayer de s’améliorer. Selon lui, c’était une bonne chose. Un artiste, à ses yeux, perdait tout son talent dès l’instant où il estimait son travail parfait.
Je crois que si ça n’en tenait qu’à lui, il le ferait, expliqua Joona en se redressant. Je n’ai vu McBorough qu’une seule fois pour le moment mais à mon avis, si la campagne pour les loups-garous est aussi… soft, ce n’est pas à lui qu’on le doit. Je me trompe peut-être mais ce type m’a vraiment, clairement, donné l’impression de détester tout ce qui n’est pas humain. Je suis prêt à parier que si quelqu’un à la PES doit commencer à traquer une nouvelle race de créatures encore inconnue, ce sera lui.
(c) AMIANTE
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Sujet: Re: All that I'm living for [Livre II - Terminé] Dim 28 Juil - 13:00
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Mon interlocuteur souleva un point intéressant qui m’avait déjà effleuré l’esprit mais d’après nos sources, nous étions le premier vrai rassemblement de métamorphes, d’Europe en tout cas. Peut-être qu’en montrant l’exemple, d’autres suivraient ? Mais pour ça, il faudrait encore qu’ils aient vent de notre existence. Mais je comptais bien méditer là-dessus avec Alan. Consolider l’espèce, c’était aussi élargir les frontières et ne pas s’arrêter à notre petit lopin de terre. Sa question semblait plus rhétorique que réelle, néanmoins, je ne voyais pas pourquoi je retiendrais mes informations pour moi. « Techniquement, d’après ce que nous savons, nous sommes le premier rassemblement de cette ampleur en Europe. Mais à mon avis, ce n’est qu’une question de temps pour que ça débute ailleurs. » Je souris à mon hôte à la suite. Ça serait une possibilité, d’unir un maximum les changeurs entre eux mais j’avais conscience que plus nous serons, plus de problèmes se montreraient. Ne fusse que pour notre anonymat, plus la foule était dense, moins elle passerait inaperçue. Et même au-delà de ce détail, diriger un groupe de cette ampleur, l’entente ne pourrait pas être optimale. Trop d’opinions divergentes, trop d’intérêt personnel a comblé. Et dans l’absolu, même dans mon pays natal, en France, je ne connaissais aucun métamorphe. Je n’aurais sûrement pas atterri ici d’ailleurs si ça avait été le cas. Je me recentrais quand mon comparse me présenta ses œuvres et ne pus m’empêcher d’hocher de la tête face à sa remarque. J’avais cherché juste à le rassurer sur sa participation à cette campagne mais de toute évidence, cela n’avait pas tout à fait fonctionné. « Bien sûr mais même sans le dessin, le message serait passé donc… Ce n’est pas l’illustration, le problème à la base mais ce que véhicule la PES. Mais je pense qu’il est inutile de nous lancer dans ce débat. » Je lui offris un regard compatissant et fus légèrement mal à l’aise quand je le vis être embarrassé par mes remarques. Heureusement pour nous, il se redressa et rebondit à mes paroles bien vite.
Je confirmais que son implication dans cet organisme pourrait s’avérer bénéfique. Tant qu’il en restait au stade de l’employé occasionnel. Je pense qu’on pouvait lui faire confiance pour qu’il garde son anonymat. Tout ce qu’il m’apprenait sur McBorough, je le stockais dans un coin de mon esprit. Il avait beau ne l’avoir rencontré qu’une seule fois, l’impression qu’il lui avait laissée suffisait pour tirer ces conclusions. Ça en disait long sur le personnage. En même temps, ça n’avait rien d’étonnant de la part d’un ancien membre de l’HCV – ces extrémistes qui justifiaient leur connerie par la religion. Il confirma finalement ce que je m’étais toujours imaginé à son propos. Oui, il voulait sûrement nous éradiquer, tous ceux qui auraient une nature différente de la sienne. Il n’avait jamais cessé sa croisade, il l’avait simplement masquée et lui avait donné une autre appellation afin qu’elle soit plus légale, plus acceptable. Il cherchait à endormir la conscience collective pour mieux frapper. Nous le gardions et garderons toujours à l’œil. Les humains avaient réussi à arrêter cette guerre, il ne fallait surtout pas faire l’erreur de les sous-estimer. Surtout pas leur chef. « Je vois… » Je me perdais dans mes propres réflexions et n’en sortis que quand mon portable se mit à vibrer dans ma poche. J’avais reçu un message, sûrement d’Alan. Comme souvent face aux miens, j’essayais de dédramatiser un maximum la situation – un paradoxe quand on me connaissait. Mon besoin de protéger mon espèce me rendait presque optimiste. « Je ne pense pas que la PES ne réunisse forcément que des extrémistes. Ils risquent sûrement sur le long terme à se butter à des soucis d’organisation, voire d’obéissance, surtout si McBorough veut que sa troupe le suive aveuglément. Il finira bien vite par montrer son vrai visage. » Je baissais les yeux sur la table basse avant de réajuster ma position. « Enfin… Nous n’en sommes pas encore là. » Je revenais poser mon attention sur mon hôte. « Je pense que je vous ai tout dit nous concernant. Si vous avez d’autres questions… » Je sortis une carte de ma poche pour la lui tendre. « …Vous pouvez me joindre à tout moment. Je vous laisse réfléchir à tout ça. Nous serions heureux de vous accueillir en tout cas. »
Après lui avoir offert un rictus sincère, je me levais. Je jugeais avoir assez abusé de son temps et comme je voulais encore faire quelques courses avant de rentrer et avant de bosser, il fallait que je m’active. « Merci de m’avoir accordé de votre temps et de m’avoir accueilli. » Je ne savais pas trop si je devais lui tendre la main vu qu’un peu plus tôt, il ne l’avait pas acceptée. Je me dirigeais alors naturellement vers la porte. « J’espère que nous nous reverrons bientôt. Faites attention à vous en tout cas. » Son patron du moment après tout, n’était pas commode. Mais au moins, il en avait conscience ce qui me rassurait. Un méta averti en vaut deux. « Eh bien, au revoir. » Je lui fis un petit signe de tête en guise d’au revoir et sortis de chez lui. J’atterris bien vite devant ma voiture et m’y engouffrais à la suite plutôt content de cette entrevue. Il m’avait fait une très bonne impression ce Joona et j’espérais sincèrement qu’il se joigne à nous. Au moins, il avait parlé de garder contact concernant McBorough – c’était déjà un bon premier pas en avant. Satisfait, je démarrais le moteur et filais tout droit vers Glasgow. Il y avait quelque chose d’enrichissant à ces rencontres dont je ne me lasserais sûrement jamais.
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Sujet: Re: All that I'm living for [Livre II - Terminé]