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Mélancolie [Livre I - Terminé]
MessageSujet: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyLun 6 Juin - 20:08


    ♥ Allo Maman c'est toi?
    ♠ Oui ma puce, c'est moi
    ♥ Tu as une drole de voix ça va?
    ♠ Ne t'en fais pas pour moi ma chérie. Ecoute je suis désolée mais… Il est préférable que tu ne viennes pas en Ecosse. Avec tout ce qui s'y passe, je préfère te savoir en sécurité. J'en ai parlé à ton père, et tu iras avec eux au canada. Il a fait changer tes billets d'avions et…
    ♥ Mais c'est avec toi que je veux passer mes vacances ! Tu ne veux pas me voir c'est ça
    ♠ Non Savannah, ce n'est pas ça
    ♥ Si ! Sinon tu ne me laisserais pas avec elle ! Je te déteste
    ♠ Savannah attends s'il te pl…
    ♣ Désolé Isa', mais elle ne veut pas te parler.
    ♠ Et bien sur toi ça te fait plaisir ! Ca y est tu as eu ce que tu voulais !
    ♣ Voyons soit raisonnable tu sais très bien que…
    ♠ Que quoi Clayton? Que tu veux que je n'ai des contacts avec notre fille? Tu l'as amené en Amérique ! Et tu as demandé la garde exclusive, avec ne vient me dire que tu veux que tout se passe bien entre Savannah et moi. D'ailleurs tu sais? Va te faire voir !


Mon téléphone – pour changer – vola à travers mon salon, s'éclatant contre le mur. Je m'adossais au mur et me laissait tomber sur le sol, mon visage baignant de larmes dans mes mains. Ma fille me détestait. Bon sang, la seule personne pour qui j'avais pu avoir de l'importance me détester. Avais-je eu le choix d'annuler la venue de Savannah? Non. Je ne voulais pas qu'elle me voit dans cet état là et surtout j'étais devenue un danger trop grand pour elle. Je ne contrôlais plus ma colère et j'éclatais trop souvent pour risquer de nuire à mon enfant. Mais ça je ne pouvais pas lui dire. Je ne pouvais pas lui dire que sa maman était devenue un monstre et qu'en plus, elle attendait un monstre. Sans doute pensait-elle déjà que j'étais une personne immonde. Tous les soirs, elle me parlait de sa joie de venir la semaine prochaine me voir. Tous les soirs je lui promettais que quoi qu'il puisse arriver, elle viendrait. Et là, je venais de briser la confiance qu'elle avait en moi. J'en connaissais un qui devait se frotter les mains de l'autre côté de l'océan. Quelque part, je savais que ce n'était pas vrai, mais je ne voulais pas l'écouter. Je me sentais si mal. Ma fille, c'était ma bouée de sauvetage. Sans elle qu'est-ce qui m'empêchait de couler franchement? Rien du tout.

Me relevant je me dirigeais vers mon congélateur. Il était vide. Dans mon frigo ne restait que quelques morceaux de viande, rien d'autre. J'allais voir dans le bar de ma table basse : vide lui aussi. Tout ce dont j'avais envie c'était d'une bonne bouteille pour tout oublier. Sortant de mon appartement, je frappais plusieurs couts à la porte de Torben, sans résultat. Il me fallut quelques minutes avant de réaliser que l'homme était recherché par la police qui avait d'ailleurs perquisitionné son appartement. Ils avaient laisse un mot sous ma porte, me demandant de les rappeler ce que je n'avais bien entendu jamais fait. Plusieurs fois, ils étaient revenus chez moi, mais je n'avais pas ouvert. J'avais d'autres préoccupations en tête.

N'ayant pas d'autres choix que de sortir, j'enfilais une robe ample, qui cachait mon ventre de plus en plus gros. Cela faisait genre cinq semaines que j'étais en cloque et pourtant en me voyant, on pensait que je l'étais de plus de deux mois. C'était juste… Horrible. Surtout qu'à présent, je sentais le cœur de la… chose battre. Je le sentais plus que je ne le l'entendais. D'ailleurs, je ne voulais pas l'entendre, c'était sans aucun doute pour ça que je n'entendais aucun battement de cœur autre que le mien. Quelque part, cela aurait du me rassurer, mais ce n'était pas du tout le cas. Je paniquais de plus en plus à l'idée que je ne trouvais pas de solution pour arrêter la vie de cette… chose. Je ne pouvais pas me faire avorter par un médecin humain. Mes blessures se soignaient trop rapidement et puis s'il analysait mon sang? Non non et non. J'avais pris rendez-vous avec une métamorphe, qui m'avait confirmé que j'étais belle et bien enceinte, et que "ça" semblait humain. Je ne l'avais pas cru, et lui avait aboyé dessus de trouver une solution pour que ce… truc ne vienne pas au monde. Elle avait promit de me rappeler dès qu'elle aurait trouvé une solution, et pour l'instant c'était le silence radio. De toute manière, je n'avais plus de téléphone. Mon fixe avait été le premier à souffrir de mon courroux, mon téléphone portable venait tout juste d'être brisé contre le sol.

Je pris mon sac à main, et sortis de chez moi après avoir soigneusement fermé à clef, bien qu'il n'y avait plus rien à voler. J'avais vendu mon poste de télévision, mon ordinateur portable, et même ma voiture pour avoir de quoi payer mon loyer. Autant dire qu'il allait falloir que je me trouve rapidement un autre travail si je ne voulais pas me retrouver à la rue. Mais franchement qui engagerait une femme sans diplôme, et en plus enceinte? Je pouvais très bien aller trouver la meute… Mais ça, il n'en était pas question. Cinq longues semaines que je n'avais pas vu les miens. Certains avaient essayé de m'appeler, mais je n'avais pas répondu. Je m'étais contentée d'un Sms pour les rassurer sur le fait que j'étais encore en vie. Je leur avais écris que j'étais trop occupée pour venir courir avec eux. Ils devaient encore plus me détester à présent…

En sortant de mon immeuble, je pris tout de suite la direction du centre-ville. Je connaissais le vendeur d'une petite supérette qui m'avait toujours bien apprécié. J'avais une ardoise chez lui, et que je la remplisse un peu plus ne sera pas un problème pour lui. Je ne mis pas beaucoup de temps à m'y rendre, et encore moins à acheter une bouteille de Vodka. Bon ce n'était pas celle que j'achetais d'habitude, mais tant pis, elle ferait bien l'affaire de toute façon. Je prenais quelques morceaux de viande rouge également histoire de manger quand même et m'en allait en le saluant. Je marchais quelques minutes avant de m'arrêter devant une librairie que je connaissais bien pour m'y être rendue plusieurs fois. Ce lieu appartenait à Johan. Vu l'heure tardive qu'il était, l'affiche annonçait "Close", mais la porte n'était pas verrouillée. Et à l'intérieur, on pouvait voir le cabot à la caisse sans doute en train de faire les comptes. Je posais ma main sur la poignée, mais l'enlevais aussitôt comme si elle était brulante. J'avais envie d'aller le voir, de parler à quelqu'un, à quelqu'un comme moi. Mais… Ce n'était pas bien. Je lui avais demandé de ne plus jamais essayé de me revoir. Et là c'était moi qui allais le trouver? En même temps, je me sentais si mal après ma dispute avec ma fille, que je ne me sentais pas la force de rentrer dans un appartement vide et monotone. Alors je finis par pousser la porte et entrer. Je restais cependant sur le pas de la porte, et souriant un peu tristement à l'homme je lui demandais

    ♠ Je… ne vous derange pas?



Isadora J. Valentyne

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyLun 6 Juin - 21:00

    Il y avait eu foule, aujourd'hui, à la librairie. Il avait même été obligé de faire rentrer un libraire de plus, parce que sinon, il sentait que toute sa librairie allait être envahie sous les clients insatisfaits et cherchant quelqu'un pour les conseiller efficacement. Aucune pause pour manger sur l'heure du midi, pas même pour aller boire deux gorgées d'eau caché dans la réserve du magasin, il avait à peine put s'asseoir pour commencer les factures qui concernaient ce mois-ci. En tous cas, si ça continuait comme ça, les revenus allaient être faramineux... La soirée avait été aussi remplie que le reste de la journée, faisant encore une fois courir les libraires d'un bout à l'autre du magasin. Une chance qu'ils aimaient l'action et le public, les drôles d'oiseaux, sinon, ils seraient bien faits...
    ... mais ça ne faisait jamais de mal d'avoir un petit moment de repos. Que de jouissance lorsqu'il avait enfin tourné la pancarte, pour afficher un « Close » rassurant, lorsqu'il avait salué chacun de ses employés exténués par la journée et la soirée de folie, laissant un plancher taché de traces de pas ! Il le laverait lui-même, il avait besoin d'être seul pendant la fermeture du magasin, de s'assurer que tout était en ordre. Un peu perfectionniste dans son travail ? Oui, tout à fait, et ça portait ses fruits...

    Johan avait enfin réussit à manger, chose qu'il n'avait pas fait depuis le matin. Sa boîte à lunch était encore dans le petit réfrigérateur de son bureau et quand il l'avait sortie, il avait poussé un soupir de bonheur. Il allait manger pendant qu'il compterait la caisse, voilà tout. C'est donc confortablement installé contre son comptoir, en mangeant des languettes de viande saignante, que l'homme comptait les billets de la caisse, indiquant chaque montant à la main sur une feuille de papier qui se tachait doucement de sang, quand il essuyait mal ses doigts. Sur son téléphone portable, posé sur la table, une musique rock. Et juste, en tête, la journée folle, les chiffres, le goût du sang sur sa langue. Aujourd'hui, il avait réussit à ne pas penser à Isadora, à leurs dernières rencontres. Il ne pouvait s'empêcher, à chaque nuit, de se demander s'il avait bien fait de partir. Et chaque fois, la réponse était la même : oui.
    Oui, il valait mieux qu'il continue sa vie et la laisse continuer la sienne.
    Un chiffre de plus sur la feuille, un sifflotement pour accompagner la musique, ses doigts qui prennent la pile -joliment épaisse- de billets suivante.

    La porte de la librairie s'ouvrit, faisant se tourner rapidement la tête de l'homme.

    Quand on parle du loup...

    « Je... ne vous dérange pas ?
    - N-non. Pas... pas du tout. Entrez. »

    C'était tout ce qu'il avait été capable d'articuler, fort péniblement, en croisant les yeux de la louve. Elle, ici. Pourquoi donc était-elle venue jusqu'à son lieu de travail ? Même le soir ? Pourquoi ce désir de le voir ? Elle lui avait sommé de sortir de sa vie, il l'avait fait, avec peine d'ailleurs, et maintenant, c'était elle qui... oh, les femmes, enceintes et lycanthropes de surcroît, sont beaucoup trop compliquées. Johan ferma le couvercle du plat dans lequel étaient ses languettes de viande, puis alla vers la jeune femme pour verrouiller la porte derrière elle. Joshua devait avoir oublier de le faire en partant... Un regard de chaque côté de la rue, le loquet qui se tourne, le rideau qui se descend pour empêcher quiconque de regarder à l'intérieur de la boutique.
    Et maintenant, il était bel et bien seul avec Isadora.
    Pour l'amour de Dieu.
    Le lycanthrope prit une longue inspiration et revint à sa caisse ; il avait de l'argent à compter et il ne pouvait remettre cette tâche à plus tard. Mais là, il y avait Isadora. Isadora qui était venue d'elle-même le voir. Il prit sa pile de billets dans sa main, les reposa sur le comptoir sans les compter, puis releva ses yeux vers la brune. Deux semaines depuis leur dernière confrontation, deux semaines pendant lesquelles il avait tout fait pour ne pas tenter de la contacter.

    Il ne savait pas quoi lui dire. Que dire, en fait, dans ce genre de situation ? Il n'y avait pas de bonne solution. Et le blond n'allait tout de même pas lui demander si elle allait bien, la réponse étant plus qu'évidente. Elle avait l'air exténuée, découragée, et son sourire triste ne faisait que renforcer cette impression. Tout pour attendrir l'homme, qui n'avait déjà pas beaucoup de caractère... enfin, pas le caractère à résister à tout cela.

    « Vous... voulez une chaise ? »

    Demande imbécile. Mais c'était encore une fois tout ce qu'il avait trouvé. Ses joues rosirent quelque peu. Il n'avait rien contre le fait qu'elle soit ici, mais la situation le rendait un peu mal à l'aise. Il n'avait pu que lui demander si elle voulait s'asseoir, alors qu'elle aurait peut-être voulu de l'eau, à manger, un câlin, n'importe quoi. Idiot.

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyLun 6 Juin - 22:49


Je n'étais pas vraiment sure que ce soit une bonne idée d'être finalement venue déranger Johan. J'avais vraiment l'impression d'être un poids pour lui. Je lui faisais subir mes sauts d'humeur. Je lui faisais subir une grossesse qu'il voulait autant que moi, c'est-à-dire pas du tout. J'allais finir par le rendre fou, autant que j'allais finir complètement folle. Avec le cabot c'était simple, enfin pas simple bien au contraire. Je ne savais pas sur quel pied danser, et ce que je voulais vraiment. En fait je l'aimais beaucoup, mais je n'ai pas le droit de ressentir ce genre d'affection. Bon sang, il ne fait pas partie des miens et pourtant je le préférais à tous les loups que je pouvais côtoyer au sein de la meute. Peut-être est-ce pour cela que je suis venue le voir lui, et pas un autre lycan? C'est dans des moments pareils que je regrettais énormément la présence de Nathanaël. Lui aurait su quoi faire. Lui aurait su me dire quel chemin je devais prendre. Mais il n'était plus là et c'était à cause de moi. Si je n'étais pas rentrée dans sa vie, il serait encore de ce monde… Si je n'étais pas entrée dans la vie de Johan, il n'aurait pas tous les tourments qu'il devait avoir.

Finalement à peine eussè-je parlé que j'étais déjà prête à faire demi-tour. Mais l'homme m'affirma que je ne le dérangeais pas et fermer la porte à clef derrière moi. J'avais juste fait un pas sur le côté pour ne pas le gêner, un simple petit pas, alors que mes yeux suivaient chacun de ses mouvements et de ses gestes. Je n'étais pas fort à l'aise qu'il est tout fermé, mais je ne pipais mot. Disons que ces derniers temps, je n'aimais pas rester dans des endroits confinés. J'avais à chaque fois une impression d'étouffement, et d'emprisonnement. Et cela je le devais à mes courses dans la forêt de moins en moins fréquentes et à mon enfermement quasi-total dans mon appartement. Je commençais à devenir claustrophobe à force de ne plus sortir, et ma louve en devenant complètement folle. Mais là elle avait une distraction : Johan.

Je restais là, sans bouger pour autant. J'avais vraiment l'impression de le déranger. D'une part, parce qu'il semblait occupé, et d'autre part parce que peut-être ne voulait-il pas me voir? Ne lui avais-je pas demandé d'ailleurs la dernière fois de ne pas tenter de me contacter? Il me proposa alors une chaise, alors qu'il avait reprit ses comptes. Je lui fis non de la tête, et finis-je par me décider à faire quelques pas. Je vins jusqu'au comptoir et posais mon sac à main et mon sac de course par terre. Puis, dans un mouvement plutôt souple je m'asseyais non loin de la caisse, cette dernière se trouvant entre Johan et moi. Je remarquais alors que le cabot était en train de compter les recettes qu'il avait fais de la journée.

    ♠ Finissez de manger. Je vais m'en occuper. Je ne vous volez pas ne vous en faites pas


Maigre sourire encore une fois. J'avais bien sentie la nourriture non loin, qu'il était surement en train de manger tout en travaillant. Ce genre d'odeur ne passe pas inaperçue et d'ailleurs quelques billets sentaient fortement ce que l'homme était en train de manger. Je récupérais la feuille sur laquelle il annoté des chiffres, et, ne mettant pas beaucoup de temps à comprendre comment fonctionnait le gérant de la librairie, je pris une liasse de billets. Autant servir à quelque chose non? Je comptais soigneusement la somme que j'avais dans les mains, la notée sur la feuille de papier, puis la poser un peu plus loin, avant d'en reprendre une autre. Je ne pris aucun billet. Comme je lui avais dis, je n'avais pas l'intention de le voler. J'étais certes fauchée, mais je n'étais pas désespérée au point de voler quelqu'un. Jamais je n'avais fais ça, et jamais je ne le ferais. Je comptais une nouvelle liasse, évitant de regarder le cabot non loin. Je finis pourtant par le faire, après avoir annotée la nouvelle somme. Je poussais un soupir.

    ♠ Vous êtes sure que je ne vous dérange pas? Je ne veux pas vous causer encore plus d'ennuis que je ne l'ai déjà fait.


J'étais beaucoup plus calme que la dernière fois. J'étais fatiguée de me battre avec tout le monde, et je n'avais pas vraiment la force de remettre le couvert avec Johan. Autant faire la paix alors non? J'avais foutrement besoin de compagnie, de penser à autre chose qu'à ma fille qui venait de me dire qu'elle me détestait et qui ne voulait plus me parler. D'ailleurs, il ne fallait pas que j'y pense si je ne voulais pas me transformer en fontaine. Je reprenais une nouveau tas de billets et les compter. Tout pour ne pas penser à ma Savannah. Tout pour ne pas penser à mon enfant…

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyLun 6 Juin - 23:47

    Pourquoi restait-elle immobile ? Il n'allait pas la manger, il n'était pas le grand méchant loup... Grand, peut-être, loup, sans aucun doute, mais méchant, pas le moins du moindre. Finalement, elle s'avança jusqu'à la caisse, posant ses effets sur le sol. Il lui aurait bien dit de les mettre à un endroit propre, mais actuellement, le plancher ressemblait à... rien, enfin. Un mouvement et elle s'assit sur le comptoir, de l'autre côté de la caisse. Toute cette proximité fit un peu trembler ses mains, alors qu'il tentait de prendre une poignée de monnaie pour la compter, mais étrangement, son sourire, même mince, le rassura. Sa proposition ne le rassurait pas, il ne laissait quasi personne compter la caisse par précaution, et il ne pouvait que regarder cette offre d'un œil soupçonneux.
    Mais il avait confiance en Isadora.
    Les sourcils légèrement froncés, il observa la louve pendant qu'elle tentait de comprendre son très simple système de compte de la caisse, puis qu'elle s'emparait de la laisse de billets qu'il avait précédemment tentée de compter, sans succès. Sans succès, puisqu'il savait qu'il allait probablement compter dix fois le même billet sans s'en rendre compte.

    Johan prit son plat, dont il avait refermé le couvercle précédemment, le rouvrit et fixa les tranches de viande. Une viande appétissante, qu'il choisissait soigneusement chez son boucher. Habituellement, il mangeait en cachette, ne voulant pas que ses employés le prennent pour un fou. Seul Joshua connaissait son régime alimentaire particulier, pour lequel il prétextait habituellement une carence en fer pouvant mener à une anémie s'il ne mangeait pas beaucoup de viande rouge crue. Pas difficile à croire, vu la couleur de sa peau... Mais là, manger devant quelqu'un d'autre ? Une autre nouveauté... Une languette entre ses doigts, puis dans sa bouche, une serviette de papier puis essuyer les quelques gouttelettes de sang qui restaient sur la pulpe de ses doigts. Ses yeux continuaient de suivre attentivement tous les gestes de la louve ; elle ne le volerait pas, mais il devait tout de même s'assurer que tout se passait correctement.
    Les yeux de la brune se relevèrent de l'argent, finissant enfin par le regarder lui. Leurs regards qui se croisent.

    « Vous êtes sûr que je ne vous dérange pas ? Je ne veux pas vous causer encore plus d'ennuis que je ne l'ai déjà fait.
    - Non, je vous l'assure. Vous... ça me fait plaisir que vous soyiez là. Et pour les ennuis... je crois que je vous en ai plus causé que le contraire. »

    Sa voix était un peu coupable, plus basse, mais il ne pouvait rien dire d'autre. Il était aussi très franc. Ça lui faisait réellement plaisir, et peut-être un peu peur également, que la louve soit ici,l avec lui, à compter l'argent de sa caisse. Et lui n'avait encore aucun ennui par sa faute. Sauf la tristesse latente qu'il gardait à l'intérieur de lui, le sang qu'il avait mis partout après leur dernière bataille, la colère qui côtoyait tout ceci. Une autre languette avalée, rapidement, ses yeux clairs et pensifs qui fixent le fond de la librairie.
    Johan avait envie de demander à la jeune femme pourquoi elle était ici, à la fin, mais probablement que si elle était ici, c'était parce qu'elle n'avait personne à aller vouloir. Plus personne à qui parler. Que lui, le cabot, l'éternel qui acceptait tout, qui ne répliquait pas aux morsures, toujours trop doux, trop gentil, et qui acceptait que la femme qui l'avait repoussé vienne maintenant dans sa boutique. Oui, il était vraiment une pâte molle. Un petit soupir de découragement face à lui-même, il prit un autre morceau de viande. Oserait-il finalement lui demander ? Ça le taraudait...

    Le libraire essuya ses mains soigneusement et commença à compter la monnaie de sa caisse, le tintement métallique des pièces couvrant le silence qui se faisait si imposant, si menaçant dans sa tête. Il n'avait tout simplement pas envie de trop penser. Mais la présence de la louve faisait chavirer sa propre bête, le faisant gémir à l'intérieur de lui, et il ne put donc s'empêcher de tourner la tête vers Isadora, tenter de capturer une nouvelle fois son regard. Elle avait de jolis yeux. Un petit sourire, une demande timide, hésitante :

    « Pourquoi êtes-vous venue me voir ? Enfin, si ce n'est pas trop... indiscret. Vous n'êtes pas obligée de répondre. »

    Évidemment que non.
    Il la regardait dans les yeux pour ne pas regarder sa bouche, son corps, ses mains fines, pour ne pas penser à le si peu qu'ils avaient eu ensemble. Un si peu qui avait eu de graves conséquences. Mais elle était tout de même là. Sur son comptoir. À compter sa caisse avec lui.
    La vie était surprenante.

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyMar 7 Juin - 0:35



Cela faisait-il vraiment plaisir à Johan que je sois là ou n'était-ce que de la politesse. J'avais tournée les yeux vers lui, alors qu'il m'avait dit ça, avant de les détourner rapidement. D'un côté j'étais flattée et heureuse qu'il me dise ça. Je n'étais pas d'une compagnie très agréable, et quand je ne fuyais pas les autres, c'était eux qui me fuyaient. Je n'avais jamais été du genre très sociable, et ça je le devais à l'éducation que j'avais eue. J'avais essayé d'être d'ailleurs une meilleure mère pour ma fille que celle qui me tenait de génitrice, et que j'avais fais passé pour mort aux yeux de mon enfant. Comment aurais-je pu lui expliquer que mes parents m'avaient renié quand ils apprirent que j'étais enceinte et qu'il avait refusé de voir Savannah quand j'étais venue les voir avec cette dernière? Cela aurait été trop pour le petit cœur de mon enfant, ainsi lui avais-je menti, en me promettant d'éviter de le faire à l'avenir. Et puis il y avait eut le départ de son père, à la suite de quoi je dus mentir de nouveau à ma fille. Et ce soir… Finalement, moi qui avais voulu être une bonne mère, j'avais aussi échoué sur ce tableau. J'avais échoué sur tous les tableaux de toute façon. Finalement que je n'ai plus de travail et des problèmes d'argent ainsi qu'une grossesse non voulue, cela ne m'étonnait pas vraiment. J'étais le genre de femme à être maudite et cela ne semblait pas vouloir prendre fin. Je relevais la tête quand l'homme me dit qu'une voix un peu coupable qu'il m'avait aussi causé des ennuis. Puis mon regard se posa sur mon ventre, caché sous ma robe. Il ne faisait pas de doute qu'il faisait référence à… ça. Mais franchement ce soir j'avais d'autres préoccupations si bien que j'en avais même l'espace de quelques instants oublié ce problème.

    ♠ C'est autant ma faute que la votre… Mais n'en parlons plus.


J'avais parlé sur un ton proche du murmure. Je n'avais vraiment pas ainsi que l'on évoque ce sujet. Je n'avais pas envie de me remettre en colère, ni d'affronter une nouvelle fois ce problème. Ma priorité était ma fille et le reste ne semblait pas avoir d'importance. J'étais tellement troublée que je ne remarquais même pas les regards fugaces de Johan vers l'argent que je comptais. Je ne lui en aurais pas tenu rigueur de toute manière même si je m'en étais aperçue. Je voulais simplement l'aider, me rendre utile, faire quelque chose de bien pour une fois. Je comptais une dernière liasse de billets, indiquais le montant de nouveau sur la feuille alors que Johan mangeait non loin. Polie, je n'étais pas venue l'épier en train de prendre son repas. Moi-même évité de manger en présence d'autres personnes. Disons que voir une femme manger de la viande rouge crue, mais également l'équivalent de trois repas, ce n'était pas quelque chose de courant. Encore les hommes pouvaient trouver des excuses avec que moi… Franchement vous avez vu mon gabarit? Manger devant des humains est le meilleur moyen d'attirer le regard sur moi.

Une mèche de cheveu tomba sur son visage. Je relevais légèrement la tête pour la remettre en place et c'est là que je m'aperçu de l'état du sol de la boutique. C'était juste… Je ne pus pousser plus loin ma réflexion. Le gérant de la boutique qui s'attelait à compter sa monnaie prit de nouveau la parole. Il était hésitant et au vu de sa question je comprenais pourquoi. Sans doute avait-il peur que je lui saute une nouvelle fois à la gorge? En temps normale je l'aurais rembarré, mais là, ne lui devais-je pas ça? Je finissais cependant de compter l'argent que j'avais dans les mains, l'annoté puis descendais du comptoir.

    ♠ Vous avez un sceau, de l'eau et un tissu en coton?


Non ce n'était pas pour moi, mais pour nettoyer le sol de la boutique. J'ajoutais d'ailleurs

    ♠ Je suis plus douée pour nettoyer que pour compter… Je suis, enfin j'étais femme de ménage. Si vous ne voulez pas abimer votre sol, il faut le laver tout de suite, et à l'eau. Les produits ont tendance à abimer la texture et à la rendre moins lumineuse. Et le coton est un tissu doux, qui nettoie en douceur.


Je sais je n'ai pas répondu à la question de Johan et j'avais changé de sujet. Mais je comptais bien pourtant répondre à ses interrogations. Je lui devais bien ça. Je me décidais d'ailleurs à aller vers lui. Oh bien sur je laissais une petite distance entre nous, mais au moins lui parlerais-je en face. Bien que cela m'en coute énormément de le faire. Ma voix était plutôt tremblante. Non je ne devais pas lui répondre c'était juste trop frais… Mais je lui devais… Et pour qu'il comprenne je devais lui expliquer. Personne, personne avant lui n'avait pu me faire dire ce que j'allais lui dévoiler.

    ♠ Je… je suis passée devant votre boutique et… Je n'avais pas le cœur à rentrer chez moi… J'ai une petite fille… Savannah… Elle va avoir huit ans. Je l'ai pour ainsi dire élevé toute seule. Son père… Mon ex-époux nous a quitté alors qu'elle avait trois ans… Il y a un an et demi Clayton a refait surface dans notre vie… Il voulait renouer avec Savannah soit disant. Il nous a observé avec sa nouvelle femme quelques semaines avant de décréter que je n'étais pas une bonne mère… J'étais en instance de garde quand j'ai été mordue… Quand je suis devenue un monstre… J'ai perdu ma petite fille ce jour là, qui de part mon absence a été confiée à son père… Un an et demi que je ne l'ai pas revu… Elle devait venir la semaine prochaine… Mais à cause du danger que je représente pour elle j'ai demandé à son père de la garder… Je lui ai dis… Ce soir, et…


Je me détournais de Johan, retenant mes larmes difficilement. J'inspirais un bon coup et finis par le dire :

    ♠ A présent, la seule personne pour qui je comptais me déteste… Ma fille ne veut plus me parler et me déteste… Voilà vous savez tout… Je ne veux pas de votre pitié. Je… Je veux juste faire quelque chose de bien pour une fois




Isadora J. Valentyne

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyMar 7 Juin - 1:24

    Pas de réponse immédiate venant de la louve. Elle était occupée à compter la dernière pile de billets présente sur le comptoir, s'appliquant joliment. Si seulement tout le monde pouvait être aussi consciencieux... Quelques chiffres notés puis, avec toujours cette souplesse qui ne dénotait aucunement sa grossesse, elle descendit du comptoir, lui faisant une demande qui le surprit beaucoup. Un seau, de l'eau et un chiffon de coton ? Euh... oui, évidemment, mais pourquoi lui demandait-elle cela ? Il n'était aucunement question qu'elle lave le plancher de sa boutique ! Pas parce qu'elle était enceinte, mais bien parce que ce n'était pas son travail et qu'il refusait de voir une femme à genoux en train de laver un plancher crotté ! Il avait grandit avec des modèles masculins très aidants, c'était sa grand-mère qui gouvernait la maisonnée où il vivait avec son père et son grand-père, et donc pour lui, c'était impossible de penser à laisser à une femme les tâches ménagères. Étrange, différent, mais apparemment appréciable. En tous cas, les filles de la boutique ne se plaignaient jamais.
    Johan sourit en entendant les explications de la jeune femme, secouant un peu la tête, amusé. Elle avait été femme de ménage ? Parfait, donc. Elle voulait l'aider autrement qu'en comptant ? Si elle le voulait. Mais il n'était pas près d'accepter qu'elle nettoie le plancher de sa librairie, salit par mille clients hystériques et charriant toute la poussière extérieure. Un petit regard au plancher, une grimace : par tous les dieux... vraiment, c'était plutôt peu ragoûtant. Le printemps avait de désagréable que toute cette nuit qui fondait transformait les rues en petits ruisseaux grisâtres. Et puis, de par cette explication, il comprenait surtout qu'elle tentait de changer le sujet de la discussion... un peu déçu, le lycanthrope haussa les épaules et répondit à son explication, acceptant qu'elle ne veuille pas parler de ce qui l'emmenait dans la librairie à une heure aussi tardive :

    « Oui, j'ai tout ce que vous me demandez, mais vous ne laverez pas mon plancher, mademoiselle Doyle. Par contre, vous pourrez me superviser quand je le ferai, histoire que tout soit bien fait. »

    Un petit clin d'œil entendu, une note sur la feuille de ses comptes et il changea de valeur de monnaie. C'était un travail précautionneux, précis, mais il aimait les choses bien faites. Il allait rester encore beaucoup de travail, après le compte de la caisse, mais peu importe, c'était le plus important. Toutefois, Johan ne continua pas longtemps son occupation, voyant la louve faire quelques pas en sa direction. Peut-être allait-elle répondre à sa question, finalement ? Peut-être ses interrogations allaient-elles trouver réponse ? Elle tremblait légèrement, comme si ce qu'elle s'apprêtait à dire était l'équivalent d'une bombe nucléaire prête à exploser.
    Enfin, la brunette se décida à se confier. La voix tremblotante, les yeux mouillés, elle osa enfin lui parler de ce qu'elle était. De lui dire pourquoi elle cherchait tant à fuir les autres, les hommes en particulier de surcroît.

    Et non, il ne s'attendait pas à cela.
    Il ne s'attendait pas à trouver une fillette de huit ans chez cette femme qui semblait si jeune ; elle devait l'avoir eu alors qu'elle n'était encore qu'une adolescente frêle et inconsciente. Ni un ex-époux, d'ailleurs, probablement un peu obligé de marier cette demoiselle enceinte jusqu'aux yeux. L'enfant. La séparation. Et la morsure qui est évidemment venu gâcher toute cette vie, déjà très fragile... À cette idée, Johan sentit lui-même son cœur se serrer. Élevé par un père monoparental, il pouvait comprendre le lien qui unissait Isadora à sa fille, qu'elle voyait maintenant élevée par un homme mesquin. Oui, mesquin. Vil, même.
    La chute de l'histoire sema une pointe de rage dans le cœur du lycanthrope. Non, cette enfant ne pouvait pas détester réellement sa mère, qui se battait chaque jour pour la ravoir. Même si, il le savait probablement aussi bien qu'elle-même le savait, elle n'aurait jamais de nouveau sa garde. Trop risqué. Étude de bonnes mœurs déficiente.

    Le lycanthrope hocha la tête, ne sachant que faire. Enfin, si, mais la peur de se faire repousser était grande. Il était affectueux, chaleureux, et de telles confidences demandaient, à son humble avis, juste une étreinte. Juste de se faire serrer contre quelqu'un, quelqu'un qui était là. Isadora était seule, si seule, et il se sentait fondre devant ses yeux pleins d'eau, sa voix qui tremblait, son visage fatigué. Il fit un pas, puis deux, posa sa main sur l'épaule de la jeune femme, qui s'était détournée de lui. Un contact physique léger, mais chaud, qui fit presque ronronner la bête qui s'était éveillée en lui. Le loup voulait plus de cette femme dont il connaissait le goût, l'odeur, le cri, le sang, mais l'humain le retenait fermement. Il prit la parole, après quelques secondes de réflexion, sa voix devenant douce, rassurante :

    « Je n'ai pas pitié de vous, Isadora. Vous... vous êtes très forte, vous savez. Compliment totalement nul, comme tous les compliments qu'il faisait d'ailleurs, mais sincère. Votre fille a huit ans, elle ne peut pas vous détester. Vous êtes sa mère. Elle est triste, déçue, mais c'est tout simplement parce qu'elle ne sait pas que ce que vous faites, vous le faites pour elle. Vous l'aimez et vous le faites bien. »

    Peut-être allait-elle finalement lui sauter au visage pour ce qu'il venait de dire, mais c'était évident qu'il avait raison. Son enfant avait huit ans, un âge auquel on aime et déteste tout et n'importe quoi. Surtout n'importe quoi. Elle ne devait pas prendre ces mots pour du beurre... Johan, hésitant, fit se retourner la jeune femme vers lui et lui adressa un sourire gentil, mais pas compatissant. Elle méritait bien mieux que de la pitié. Bien plus. Elle n'était pas une mendiante, après tout.

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyMar 7 Juin - 2:01


Je ne voulais pas que Johan ait pitié de moi. Je ne voulais pas qu'il me pense faible, ou qu'une femme bonne à rien. Certes c'était ce que je pensais de moi, mais pour une fois que quelqu'un n'ait pas une image négative de moi… J'avais vraiment des problèmes avec les autres. Et c'était ce qui me rendait si solitaire. J'avais tellement souffert. Je n'avais que 24 ans et j'avais l'impression d'avoir vécu et enduré tant de choses. Le temps de mon innocence était depuis fort longtemps derrière moi. Est-ce que je regrettais ma vie? Souvent oui, mais le son de la voix de la fille me redonnait du baume au cœur. Maintenant je n'y aurais plus le droit. Savannah me détestait. Savannah ne voulait plus me parler, et je me retrouvais seule, sans personne. Je ne me levais le matin que dans l'espoir de revoir son si doux visage, pouvoir la serrer une nouvelle fois dans mes bras, et lui dire en face combien je l'aime. Je n'avais jamais abandonné ma fille jamais. Et je passais chaque jour à lui faire comprendre. Mais je venais de briser une promesse et la confiance qu'elle avait en moi. Je n'étais qu'une adulte, une femme dont le souvenir s'effaçait chaque jour et qui lui avait menti.

Je ne sais pas pourquoi j'en disais autant au libraire. Jamais personne n'avait entendu avant cette histoire, mon histoire. Je la gardais secrète, enfouie bien au fond de moi. C'était mon fardeau et je ne voulais pas que l'on me prenne en pitié. Je ne voulais pas expliquer pourquoi je ne m'étais pas rendue au tribunal. La version officielle était que j'avais été séquestrée par un homme un peu fou dans sa tête qui avait finit par mettre fin à ses jours. C'était l'idée de Nathanaël, et beaucoup avait gobé ça. Et comme toute histoire, elle avait fini par se tasser et être oubliée pour mon plus grand plaisir. Je ne voulais pas attirer l'attention sur moi, encore moins aujourd'hui que hier. Je restais donc secrète, je ne parlais à personne, je ne laissais personne m'approcher. J'étais un monstre et je faisais du mal à toutes les personnes qui m'entouraient. Non je ne pouvais plus supporter ça alors je fuyais les autres. La fuite tête baissée. Pas besoin de donner d'explication. Si simple de fuir.

Et pourtant ce soir, je décidais de ne pas le faire. J'aurais pu ignorer la question de Johan et ne jamais lui répondre. Mais franchement, je n'en avais plus le courage. Je me sentais si seule, si démunie, si perdue. Je ne savais pas où j'allais, de plus en plus de problèmes me tombaient dessus et j'avais du mal à y faire face. Je sentis le cabot bouger et se rapprocher. J'aurais du reculer pour éviter tout contact, mais j'étais trop bouleversée. Je luttais contre mes larmes, pour ne pas me mettre à pleurer. Non je ne devais pas, je devais me montrer forte. Et puis, il posa sa main sur mon épaule, simple geste si réconfortant. J'aurais voulu croire en ses paroles, mais je connaissais mon enfant. Plus têtue que ma Savannah, on ne faisait pas. Elle avait du grandir plus vite que les jeunes filles de son âge et on lui donnait souvent quelques années de plus que son âge. J'avais si peur de la perdre totalement. Non je ne le supporterais pas.

Je voulus lui répondre que ça allait aller, qu'il fallait juste que je me calme, mais il me fit de nouveau face. Et je me mis alors à craquer totalement, à ne plus pouvoir retenir toute cette tristesse que je pouvais ressentir. Je me sentais si mal et le contact avec Johan, son odeur, son état de loup… Tout était si… réconfortant? Je connaissais chaque parcelle de son corps. J'avais enregistré chaque particularité de sa chair. Jamais je n'avais été aussi intime avec un homme depuis que Clayton avait tourné les talons, jamais. Je fis le dernier pas qui me séparait de l'homme pour venir me blottir contre lui, et pleurer silencieusement. Je ne devais pas, je le savais. Mais franchement, après les paroles de ma fille, je n'avais plus la force de résister. Tout ce que je voulais en cet instant, c'était de ne plus rester seule et de pouvoir me libérer quelque part de tout ce poids qui pesait contre moi. Ma vie était devenue folie et à mesure que mon ventre grandissait, je la voyais voler en éclat. J'avais peur quand à cet enfant à venir. J'avais peur de finir par m'y attacher… J'avais peur de finir par renoncer à nuire à sa vie. C'était dur déjà de sentir son cœur battre et de le considérer comme une nuisance. Bon dieu que l'on me vienne en aide

Isadora J. Valentyne

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyMar 7 Juin - 2:36

    Son geste était incertain ; oui, il craignait qu'elle lui saute au visage et, lui hurle qu'il avait tort, qu'il ne comprenait pas ce qu'elle vivait et que tout était de sa faute. Encore, en fait. Il avait eu même encore un instant d'inquiétude quand envoyant son regard mouillé et sa lèvre inférieure qui tremblait, doucement, incapable de retenir le flot de paroles qu'elle lui avait servit. Incapable de contenir tous ces secrets plus longtemps ; il ne le savait pas, mais il était le premier à savoir tout ceci. Il s'en doutait, les gens de son espèce ne devaient probablement être les gens les plus ouverts face à leur passé et leur vie en général, mais il ne mesurait pas l'ampleur de cette confidence. Un pas de la louve, en sa direction toujours, un pas qui finit de combler le vide entre leurs deux corps qui s'appelaient, et elle fondit en larmes contre lui. Instinctivement, ses bras se refermèrent sur le corps de la mince jeune femme, la collant encore plus étroitement contre lui.
    Il pouvait sentir sa tristesse, son cœur battre contre sa poitrine, et un battement infime, tout minuscule, de l'être qu'elle abritait dans son ventre. Son loup était infiniment satisfait et il pouvait le sentir japper en lui joyeusement, tenter de réconforter cette entité qui lui ressemblait tellement, gémir pour encore plus de contacts. Johan, pourtant, ne laissait pas la bête prendre le pas sur son humanité si chèrement acquise et ne faisait que tenir la jeune femme entre ses bras. Il tremblait un peu, il le savait, il tremblait doucement au contact de cette demoiselle avec laquelle il avait connu trop de choses. Il tremblait d'être la personne qui accueillait ses mots, ses pleurs, son besoin d'être réconfortée.

    Johan frotta le dos d'Isadora doucement, murmurant des « Chut, chut » comme son père lui murmurait quand il pleurait toutes les larmes de son corps, son menton appuyé sur le dessus de sa tête. Il pouvait sentir son odeur, le parfum de ses cheveux et de son corps qui commençait à être enflé de sa grossesse inhabituelle -lui-même pouvait sentir que ces hormones étaient différentes, et sur son torse, chacune de ses courbes. C'était dangereux, de la tenir aussi étroitement contre lui. Très dangereux. Il avait beau avoir un bon contrôle, ces derniers temps, sur le loup, il n'en restait pas que cette femme était... différente. Une de ses mains vint caresser ses cheveux, les lisser d'une façon presque tendre, alors que son visage se blottit contre cette tête délicate. Elle a besoin de lui, d'une présence rassurante, pas de la bête, du monstre, de ce qu'il cache sous mille cicatrices horribles et un sourire affectueux.
    Il a l'impression de se tenir lui-même dans ses bras.
    De tenir l'adolescent pâle, couturé de cicatrices et détruit, qu'il avait été et qui aurait eu tant besoin de compréhension.

    Il se recule un peu et ses lèvres, doucement, viennent donner un baiser sur le front de la louve. Son front et pas plus, bien que le loup en lui gémisse qu'il descende vers ses lèvres dont il connaît le goût et la douceur. Un simple baiser pour lui dire qu'il était là, lui. Son cœur battait extrêmement vite, beaucoup trop vite, et plus il avançait dans ses idées ridicules de gestes à poser, plus il savait que la situation était dangereuse. Mais il la tenait encore entre ses mains. Le libraire se pencha un peu, il était plus grand qu'elle, pour la regarder dans les yeux, et prit son visage entre ses mains chaudes, bardées de cicatrices. Pour qu'elle comprenne bien ce qu'il voulait dire, qu'elle ne se méprenne pas sur le sens de ses mots, qu'elle puisse lire sa sincérité :

    « Vous allez passer au-travers de tout cela, Isadora. Vous en êtes capable. Même s'il n'y a rien de facile. »

    Rien du tout. Il était bien placé pour le dire, après tout... Encore un sourire. Il essuya les larmes sur ses joues avec son pouce, il n'aimait pas voir une femme pleurer -c'était une de ses faiblesses, et laissa redescendre ses mains le long de son corps à lui. Il ne voulait pas mettre de malentendu entre eux.
    Pas encore.



Dernière édition par Johan O'More le Mar 7 Juin - 3:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyMar 7 Juin - 3:13


C'était dangereux, trop dangereux, beaucoup trop dangereux. Johan ne devait pas… Non il ne devait pas. Pas alors que je suis dans un état pareil. Pas alors que je suis complètement déboussolée. Pas alors que je me sens si seule. Cette étreinte n'aurait jamais du avoir lieu, jamais. Et quand les bras du libraire se refermèrent sur moi, je suis qu'il était déjà trop tard, que nous étions allés trop loin. Je n'aurais jamais du m'ouvrir ainsi à lui, et laisser la louve ronronnait tout prêt de son loup à lui. Je sentais les battements de son cœur s'emballer et le mien faisait écho. Ce n'était pas bien, c'était trop dangereux, beaucoup trop dangereux. Non nous aurions jamais du avoir une telle proximité, pas après ce qui s'était passé. Stupidement j'avais pensé que le fait d'être enceinte m'immuniserait contre l'effet qu'il avait sur moi. Je m'étais bien entendue lourdement trompée. C'était même pire qu'avant. J'avais déjà parcouru son corps, trop rapidement. J'avais déjà pu savourer à plusieurs reprises ses baises, dont j'avais toujours mis fin pour ne pas tomber dans des pulsions que je ne contrôlais pas. Sa main glissa dans mes cheveux me confortant dans l'idée qu'il était trop tard. Il ne devait pas, non il ne devait pas… Mais je ne pouvais pas m'empêcher d'apprécier ces marques d'affections, cette proximité. J'appréciais l'homme. J'appréciais le loup. Je ne devais pas, mais c'était comme ça. C'était vers lui que j'étais allée, pas vers un membre de la meute. C'était à lui que j'avais tout dit et contre qui je pleurais. J'étais liée au lycanthrope contre qui je restais blottie. Pas une seule fois je ne le repoussais. Plus tard peut-être. Surement même me connaissant. Mais pour l'instant j'avais besoin de lui. Pour l'instant il était ce qui me permettait de ne pas sombrer.

Ses lèvres se posèrent sur mon front, ses mains glissèrent autour de mon visage. Je levais le regard vers lui, essayant de me calmer. Il fallait que je me reprenne. Je n'avais pas à m'imposer ainsi à l'homme. J'allais essuyer mes larmes, mais il me prit de vitesse et le fit. Ses paroles, même si simples, me redonnèrent du baume au cœur. Non Isa, non. Miroir inversé de ses gestes, alors qui redescendait ses mains le long de son corps, je remontais les miens sur son torse, pour venir trouver sa nuque. Je me mis sur la pointe des pieds, et vins l'embrasser. Je savais que ce n'était pas bien mais j'en avais fichtrement envie, alors je l'avais fais. Ce si simple baiser… Mes lèvres contre les siennes… Mes mains tenant son visage vers le mien… Mes yeux fermés pour savourer cette étreinte si simple pourtant. Mes mains vinrent trouver les siennes. Je me détachais de sa bouche, lui redonnais un léger baiser puis poser mon front contre le sien.

    ♠ Merci…


Un simple mot dans un souffle. Je déposais un dernier baiser sur ses lèvres, puis m'écartais de lui. Cela me coutait énormément de le faire, mais il le fallait, sinon aucun de nous ne pourrait répondre de lui. Je lâchais ses mains, à mesure que je m'éloignais de lui. J'aurais du tout envoyer voler mais je ne le fis pas. Je ne voulais pas partir d'ici. Je ne voulais pas rentrer chez moi et retrouver un appartement vide. Pas tout de suite, pas tant que je pouvais rester là. Je regagnais alors ma place sur le comptoir, essayant de me concentrer sur autre chose que le libraire. Ce n'était pas du tout facilement loin de là. Mon regard se posa sur mon sac et je vis de nouveau l'état pitoyable du planché de la boutique. Je suis un peu du genre maniaque, même si l'état de mon appartement ces derniers jours ne tendent pas le prouver. Et surtout je trouvais ici une bonne excuse pour penser à autre chose et m'occuper l'esprit.

    ♠ Laissez-moi vous aider… J'ai l'habitude de laver les sols, j'irais plus vite que vous et en attendant, vous pourrez boucler vos comptes et rentrer chez vous plus vite



Isadora J. Valentyne

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyMar 7 Juin - 7:47

    En un miroir inversé de son geste, en un contraire exact et parfait, la louve leva ses mains, les faisant glisser sur son torse sans gêne, avant de venir les joindre sur sa nuque. Et avant même qu'il ait le temps de se demander ce qu'elle faisait, elle se levait sur la pointe des pieds et l'embrassait. Comme cela. D'un baiser étrangement doux, profond, auquel il répondit sans brusquerie, savourant simplement ce contact dont il rêvait depuis leur dernière étreinte. Un contact contre lequel il s'était fait violence, qu'il se retenait de faire pour ne pas se faire rabrouer avec violence, et maintenant, c'était elle qui se permettait de le faire. Malgré tout ce qu'elle lui avait dit. Johan serra les mains d'Isadora dans les siennes, il voulait en sentir la chaleur, empêchant ainsi son long corps mince de trembler. La situation était inattendue et il aurait tellement voulue qu'elle se prolonge pendant ces quelques secondes de bien-être, qu'elle s'éternise dans ce baiser tant désiré, qu'elle ne cesse pas. Et pourtant, elle le devait bien... La jeune femme cessa le baiser, avant de brièvement reposer ses lèvres sur les siennes, d'appuyer son front contre le sien -ô dangereuse proximité, et de le gratifier d'un remerciement murmure, d'un souffle qui gonfla le cœur du lycanthrope. Un baiser, un dernier baiser, toujours trop court, et elle s'éloigna.
    Leurs doigts qui se détachent, lentement, les regards qui se soutiennent et s'oublient.
    Johan s'empressa de se détourner d'elle, en même temps qu'elle tentait de se concentrer sur autre. Pour l'amour de Dieu... elle allait le rendre fou. C'était définitif, il renonçait à toute compréhension de la gente féminine, désormais. Si c'était pour se faire repousser une semaine et embrasser celle suivante, il valait mieux ne plus jamais poser de questions. Un regard à sa caisse, point finie d'être comptée, aux livres qui attendaient d'être rangés avant que tout soit fermé, à la pile de paperasse qu'il n'avait pas eu le temps de traiter et qu'il allait donc devoir remettre au lendemain. Et la voix d'Isadora qui lui demandait de la laisser l'aider, de la laisser laver ce plancher répugnant. Le lycanthrope osait à peine la regarder, craignant que l'animal désormais réchauffé en lui ne se décide à prendre le dessus. Ces baisers n'avaient fait que mettre d'encore meilleure humeur le loup qui sommeillait dans son corps, le faisant geindre, gémir, demander plus, toujours plus. Mais non. Johan rit un peu et réussit à revenir à la brune, la regardant dans les yeux, les joues roses.

    « Puisque vous insistez... mais n'en prenez pas l'habitude. Je n'aime pas voir une femme effectuer une quelconque tâche ménagère, mon père m'a trop bien éduqué à ce sujet. Son rire se tut et se transforma en un simple sourire. Venez, je vais vous montrer où tout est rangé. »

    Quel homme charmant, n'est-ce pas ?
    Le libraire attrapa la pile de papiers qui traînait près du comptoir et s'engagea dans une des allées de la librairie, encourageant d'un regard la jeune femme à le suivre. Ils se rendaient dans son bureau, en fait, qui devait contenir plus de papiers et de livres que toute la librairie entière. C'est ce qui arrive, quand on gère une boutique qui fonctionne très bien... Johan déposa les papiers sur son bureau, déjà encombré par d'autres papiers, puis se fraya un chemin entre deux piles de livres, l'ordinateur de Joshua -ordinateur qui disparaissait sous une pile de livres- et une patère surchargée de manteaux. Enfin, il arriva à la porte de la réserve et s'assura que la jeune femme l'avait bien suivit. Il s'en foutait un peu qu'elle fasse tout tomber ou pas, le bordel était tout de même général dans cette librairie.

    « Alors, tout ce que vous voulez est derrière cette porte. Il y a un évier industriel dans lequel il y a un seau, une moppe à côté, et dans l'armoire, une pile de chiffons. Si vous voulez des gants, ils sont dans la même armoire. Johan ouvrit la porte, montrant une pièce petite, mais relativement rangée. Encore une question, pleine de sollicitude. Vous êtes certaine de vouloir laver tout ça ? Le plancher est joliment sale, tout de même... »

    Ils étaient proches, tout de même. Il n'avait pas réalisé à quel point l'arrière du magasin était encombré et à quel point cet encombrement forçait la proximité des corps, ceux-ci ne désirant pas nécessairement tout renverser. Johan n'avait rien contre l'idée d'être proche d'Isadora, mais il savait que ce n'était pas sage. Pas sage du tout. Mmmm, envie sournoise que de poser ses lèvres à nouveau sur celles de la louve, ses mains sur son corps, de la -non, Johan, ne pense pas à des trucs pareils. C'est interdit, c'est mal, et même si c'est bon, c'est non un point c'est tout. Le libraire adressa un sourire de questionnement à la demoiselle, ignorant son combat intérieur et ses joues qui prenaient de plus en plus de couleur, se colorant au fil de ses pensées. Pourquoi le sexe devait-il être aussi bon ? Et pourquoi devait-il déjà avoir connu le sexe avec Isadora, une union orgasmique, parfaite ? C'était de la torture, tout cela, de la torture purement et simplement.

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyMer 15 Juin - 20:39


Ce n'était pas le plus facile du monde de s'écarter de Johan, mais j'y étais quand même arriver. Ma volonté était de fer et de toute façon ma louve ne voulait pas résister autant que ça. Elle avait eu un peu de ce qu'elle voulait : une proximité avec le lycanthrope. Ainsi avait-elle tout à y gagner à se montrer plus docile que combattante, au risque que je quitte les lieux. Une fois lourdes de conséquence, pas deux fois. Non on ne m'y reprendrait pas et au cas où l'envie se ferait pesante, le souvenir et le rappelle de du ventre qui grossissait de jour en jour suffisait à la contenir totalement. J'avais fauté une fois, je ne pouvais plus me permettre. On ne sait jamais ce qui pourrais arriver, n'étant pas adepte, au vu de la vie que j'ai eu, du "il ne peut rien d'arriver de pire". A chaque fois que je l'ai dis ou ne serait-ce pensé, une catastrophe m'est tombée sur le coin du nez. Pessimiste et défaitiste du coup certes, mais je l'assume pleinement et jusque là, j'ai toujours eu raison alors… Ainsi m'étais-je consacrée à la contemplation du sol plutôt qu'à la contemplation du libraire. Se laissait distraire un peu oui, mais qu'un petit peu. Je lui redemandais cependant de me laisser l'aider. Quitte à être là, autant être utile non? Je n'avais pas envie de rentrer chez moi, et je voulais vraiment m'aérer l'esprit.

Johan rit et je tournais la tête vers lui. C'était bien la première fois que je l'entendais rire et cela avait quelque chose de très agréable, de très réconfortant quelque part. Je fus étonnée de voir que ses joues semblaient avoir une teinte supérieure qu'en temps normal et ne comprit pas tout de suite que j'en étais la cause. Disons que je n'avais pas du tout pour habitude de fréquenter des hommes, de décrypter les signes les moins évidents de leur corps et surtout de faire de l'effet à quelqu'un comme on dirait. Je n'étais pas vraiment le genre de femme très belle que l'on pouvait contempler des heures et des heures. Disons que mon regard en a refroidit plus d'un et mon expression fermée le reste. Bon il y a bien eu un ou deux hommes pour insister mais je les avais toujours remis à leur place. Disons que la carte "j'ai une enfant de huit ans" a tendance a beaucoup marcher dans ce cas là. Je me cache bien de préciser qu'elle ne vit pas avec moi et qu'elle est à l'autre bout de monde. Ainsi s'imagine-t-il qu'elle attend sa maman tous les soirs, dans l'espoir qu'elle rentre avec un nouveau papa. Grand dieu que les hommes pouvaient être des imbéciles et des pervers ! Oui pervers car au fond qu'une seule chose ne les intéresse vraiment : mettre dans leur lit une jeune femme et se casser au petit matin sans demander leur reste. Mais bref.

Je suivis Johan jusqu'à ce qu'il semblait être un bureau. Grand Dieu tout le bazar qui y régnait ! C'était un miracle si des humains pouvaient y circuler sans rien renverser par terre. Ca manquait vraiment d'une femme de ménage pour s'occuper de tout ça. Je n'eu aucune difficulté à me faufiler sans qu'une seule feuille ne vienne virevolter pour atterrir par terre. L'habitude de courir dans les bois en évitant tous les arbres qui se présentaient sous mes yeux oblige. Nous arrivâmes bien vite vers la réserve de la boutique, petite, mais fonctionnelle. Tout semblait avoir une place précise et au moins, on pouvait s'y retrouver. Pas comme le bureau de la librairie. Le propriétaire m'expliqua alors où tout se trouvait et je l'écoutais attentivement. Des gants? Jamais de la vie. On est plus maladroit avec que sans, mais je ne dis rien et lui fit un signe affirmatif de la tête, lui faisant comprendre ainsi que j'avais tout bien écouté. Brave fille Isadora. Je m'approchais d'ailleurs de la pièce et inévitablement de Johan. De nouveau ses joues se mirent à devenir rouges et c'est là que je compris que c'était à "cause" de moi qu'il rougissait. Je lui fis un sourire, le frôla inévitablement pour rentrer dans la réserve et lui dit tout en récupérant des chiffons de coton

    ♠ Oui j'en suis certaine. Vous devriez retourner à vos comptes. Je m'occupe du reste.


J'évitais de le regarder pour ne pas le mettre mal à l'aise outre mesure. Car en fait, je prenais son rougissement comme une gêne qu'il éprouvait par ma faute. Je me serais tuée sur place de l'avoir embrassé et mis dans l'embarrât. Sans doute avait-il une petite amie qui l'attendait sagement, ne se doutant pas qu'un monstre embrasse son copain juste par envie. Oui vraiment j'étais complètement stupide des fois. Il fallait vraiment que je laisse Johan vivre sa vie tranquillement sans venir la compliquer. D'une certaine manière en l'aidant un peu ce soir, je voulais me racheter auprès de lui. Je mis les chiffons dans le seau vide et y fis couler de l'eau bouillante. Je ne remplissais qu'un tiers du saut, avant d'en reprendre un autre et de faire le même manège. M'afférer à la tache me permettait de ne penser à rien d'autre. Je plaçais non loin de moi un balai brosse, dont je me servirais en plus des chiffons de cotons et de l'eau. Pas de produit, ni de serpillière synthétique. Le temps que je prépare le nécessaire dont j'avais besoin, Johan s'en était retourné dans la boutique. J'avançais d'abord le balais dans la pièce ou se trouvait l'homme, avant de retourner chercher les seaux d'eau. Je fis attention de ne pas en renverser sur les piles de documents et livres qui trainaient un peu partout, et de ne rien faire tomber. C'était un peu le parcours du combattant, mais cela ne me dérangeait pas. Aussitôt arrivé dans le lieu de vente, je posais un des seaux non loin du comptoir en faisant un sourire à Johan au passage et le deuxième près de l'entrée. Je m'agenouillais et plongeais mes mains dans l'eau bouillante, pour en ressortir un chiffon en coton. Mes doigts étaient rouges, à cause de la température, mais je n'y faisais pas attention – l'habitude et le fait que la chaleur de mon corps était supérieure à celle des humains -.

Il me fallut une bonne dizaine de minutes pour décrasser une première fois le sol. Finalement j'étais allée assez vite vu la taille de la pièce. En même temps faire le ménage était mon métier il y a un mois. Je n'étais pas une "employée modèle" comme le disait mes patrons pour rien. Le premier seau était marron tant le sol était sale. Je l'abandonnais dans un coin, récupérais le deuxième et recommença à laver. Deux passages valent toujours mieux qu'un. Je pris plus de soin à bien passer partout, quitte à mettre un peu plus de temps. Je m'appliquais à effacer toutes les traces de chaussures que j'avais fais en relavant un sol encore mouillé, pour finir non loin du comptoir et reprendre la place que j'occupais jusque là. Par contre cette fois ci, je me tournais vers la partie "vendeur" et non plus "client", non loin de l'endroit où j'avais déposé mon sac contenant la bouteille de Vodka et les deux morceaux de viande que j'avais acheté. J'avais jusque là gardé le silence. Je ne parle pas en travaillant, question de principe. Prenant un crayon de bois, je m'évertuais à relever mes cheveux au dessus de ma nuque tout en disant

    ♠ Cela devrait être sec dans une dizaine de minute je pense. Je vous conseille vraiment d'acheter de la cire et d'en appliquer de temps en temps dessus. Cela protègera votre sol.


Oui parler de ménage, c'était bien ça ! Comme ça je ne focalisais pas mes pensées sur Johan que je regardais depuis que j'avais finis de faire le ménage. Je ne l'avais, pour ainsi dire, pas du tout quitté du regard ne me rendant pas compte que cela pouvait être oppressant. Je tenais mes mains sur mon ventre une fois mes cheveux dégageaient de ma nuque pour ne pas être tenter de le toucher. Je finis par lui dire, un peu confuse

    ♠ Je… J'ai l'impression de passer mon temps à… Enfin. Je m'excuse pour tout à l'heure. Je n'aurais pas dû vous embrasser. Je suis vraiment confuse de l'avoir fait, surtout que j'imagine que vous ne devez pas être seul dans la vie. Je vous mets mal à l'aise à cause de ça. Dès que c'est sec, je passerais un dernier coup de chiffon sec, et je vous laisserais tranquille. Je n'aurais jamais du venir vous importuner avec mes problèmes.




Isadora J. Valentyne

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyJeu 16 Juin - 21:58

    Oui, retourner à ses comptes. Oui, il devait retourner à ses comptes... Le simple effleurement de son corps avait coupé la respiration du lycanthrope et il n'avait pu que hocher la tête silencieusement quand elle lui avait suggéré qu'il devrait retourner compter son argent et finaliser sa caisse. De toute façon, il sentait que s'il restait une seconde de plus en présence de la jeune femme, il allait commettre quelque chose de peut-être dangereux pour la suite des choses et de leur relation déjà infiniment trop compliquée. Il hocha donc la tête et tourna les talons rapidement, laissant la louve remplir les seaux et trouver ce qu'elle voulait pour laver le plancher de la librairie. Laver le plancher, et puis quoi encore... De retour derrière son comptoir, le lycanthrope reprit son compte de sa petite monnaie, le tintement des pièces couvrant le silence laissé par la dernière phrase dite par Isadora. Un silence que son sourire avait remplit pendant une courte seconde, un silence que son regard avait adoucit dans cette même seconde, avant qu'elle ne commence à décrasser l'enfer boueux qui recouvrait l'ensemble du plancher. Une bonne journée, voilà ce que ça indiquait... mais elle allait tout de même avoir du mal à tout enlever.
    Johan réussit à se concentrer sur les liasses de billets et autres poignées de monnaie et, dans le temps que la louve prit pour nettoyer deux fois le plancher, il boucla la caisse de la librairie. Et comme il le pensait, les recettes avaient été fabuleuses. Un petit sourire de satisfaction pendant qu'il remplissait le rapport et mettait le tout sous le comptoir, il irait le porter quand le plancher serait fin sec, l'enveloppe d'argent sonnant en une mélodie agréable à ses oreilles. Et il avait à peine jeté de petits coups d'oeil furtifs à Isadora pendant qu'elle s'évertuait à redonner couleur habituelle au plancher, appréciant bien malgré lui la courbe de sa chute de reins, ses cheveux sombres, son petit air concentré, attentif et appliqué. Elle avait l'air plutôt travaillante... non, Johan, ne te mets pas en tête de l'engager dans ta librairie. Tu sais très bien qu'elle le prendrait comme de la pitié, alors que ce n'est pas du tout cela. Maudites soient les femmes et leurs états d'âme compliqués.

    Quoique les siens étaient aussi bien tarabiscotés, en fait.

    Un petit coup de balai rapide derrière le comptoir et Johan renonça à classer les papiers et livres pour ce soir. Il n'avait plus la tête à cela, il avait la tête ailleurs et dans des yeux hypnotisants, l'attention sur la femme de ménage et ses gestes rapides, précis, son aura attirante.

    La louve était revenue s'asseoir sur le comptoir, face à lui, et le fixait intensément, tout en parlant de cire et de plancher. Ça ne l'intéressait strictement pas, il devait l'avouer, et autant le loup était content d'avoir eu un peu de proximité avec la demoiselle, autant il en souhaitait plus. L'humain également ; c'était le plus dangereux de la chose. Johan suivait les mains de la jeune femme, mains qui papillonnaient de ses cheveux à son ventre, puis un regard à ses yeux, sa bouche. Aussi confus qu'elle, il écouta ce qu'elle avait à dire. Quoi ? Il n'était pas certain de tout comprendre.
    Le libraire hocha la tête négativement, les yeux surpris. Elle ne le dérangeait pas du tout, au contraire, il était même tout simplement ravit de sa présence ici. Ça ne le dérangeait pas non plus, qu'elle l'embrasse... après tout, elle avait beau penser qu'il avait quelqu'un dans sa vie, ce n'était pas vrai du tout. Pas d'actualité depuis très longtemps. Mais comment lui dire cela ? Le loup-garou prit les mains de la jeune femme entre les siennes ; elles étaient chaudes et sèches, l'eau chaude avait asséché ses paumes, mais douces aussi un peu. Très minces dans les siennes, encore un peu rougies de la chaleur de l'eau. Il devait lui dire qu'elle ne le mettait aucunement mal à l'aise. Jamais. Enfin, il osa parler, sur un ton plus qu'hésitant, les mots trébuchant quelque peu en sortant de ses lèvres, francs, vrais :

    « Vous ne me dérangez pas du tout, je vous l'ai dit, et vous ne me mettez pas mal à l'aise. Si je... si je rougis, c'est parce que vous me plaisez. Les mots bloquaient déjà, s'étranglaient dans sa gorge, en même temps que la chaleur s'emparait de son corps, de son visage. Je ne veux pas vous faire pitié, ou quoi que ce soit, mais je n'ai personne dans ma vie et vous... enfin, j'aimerais savoir si vous voudriez sortir avec moi, une soirée. Prendre un morceau, un verre, peu importe, juste... passer un moment avec moi. Un... vrai moment. »

    Il l'avait dit, il l'avait fait et son audace le faisait quasi paniquer. Dans les mains d'Isadora, il sentait ses propres doigts trembler, son long corps mince parcourut de frissons d'anticipation. Un refus le blesserait, certes, mais il comprendrait que les circonstances ne se prêtaient pas à cela. Mais une acceptation ? Un « oui » ? Johan ne pouvait qu'anticiper sa réponse, la craindre un peu même pour être franc, et même se rapprocher un peu plus d'Isadora. Cette envie dévorante de l'embrasser revenait, obsédante cette fois, maintenant qu'elle était proche de lui, et il devait se faire violence pour ne pas le faire. C'était elle qui contrôlait totalement tout ce qui se déroulait entre eux, il le savait, et il avait beau être le mâle, l'homme, il était trop inoffensif pour penser faire plus que cette initiative déjà bien grande pour lui.

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyVen 17 Juin - 0:25


Je ne pouvais pas m'empêcher de penser que je gênais Johan. C'est vrai après tout. J'étais d'humeur changeante… J'avais tendance à l'envoyer bouler très souvent puis de revenir vers lui… Et en plus je me permettais de venir l'embêter avec mes problèmes et de venir l'embrasser. Bon d'accord l'embrasser me permettait de ne pas lui sauter dessus. Une fois j'avais fais cette erreur là, je ne voulais pas la faire deux fois. J'avais déjà une grossesse dont je voulais me débarrasser sur les bras, ce n'était pas la peine d'en rajouter plus. Et puis franchement, le libraire méritait d'être traité d'une autre manière. Je m'étais vraiment radoucie ce soir, et je voulais vraiment l'aider. Je me rachetais de la façon dont j'avais pu me conduire avec lui. Il n'avait jamais voulu que m'aider et je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça. Je suis un trop indépendante quelque fois et légèrement refermée sur moi-même pour accepter que quelqu'un me tende la main. Bon d'accord, on enlève le quelque fois et le légèrement. J'étais ainsi et ma vie m'avait forgé ainsi. J'avais trop souvent été déçue. A ne rien attendre de personne, à faire les choses par moi-même me permettait ainsi de ne jamais être déçue et triste à cause d'autrui. J'avais trop souffert et c'était ma façon de me protéger. J'essaye de me soigner, la preuve en est ce soir. Mais ne dit-on pas chasser le naturel et il revient au galop? Là ça allait, mais pour combien de temps encore? Je ne saurais vous le dire.

Ainsi décidais-je de m'excuser auprès de Johan et de prendre rapidement congé de lui. Franchement c'était la meilleure chose à faire. Je n'avais pas du tout envie de rentrer chez moi, mais je n'avais pas non plus envie de l'embêter outre mesure. Rien ne m'empêchait d'ailleurs de flâner ensuite dans les rues de la capitale. Je n'avais pour ainsi dire vraiment rien à craindre. C'était très rassurant d'ailleurs ce côté "imbattable", bien que je savais très bien qu'un humain bien préparé pouvait très bien prendre le dessus sur moi. Je frissonnais un instant en repensant à Stephen. Non je devais le chasser de mon esprit, et les mains de l'homme qui se refermèrent sur les miennes m'aidèrent à me concentrer sur autre chose que le chasseur de prime. J'avais perdu l'espace de quelques secondes le fils de la réalité et la chaleur des paumes de Johan me ramenait à cette dernière. Je le regardais droit dans les yeux, fronçant légèrement les sourcils d'interrogation. Disons que je n'avais pas vu le signe négatif de tête du libraire, perdue dans mes pensées et que je ne comprenais pas pourquoi, soudainement, il venait me prendre les mains et semblait si… hésitant?

Si je n'avais pas été assise sur le comptoir, je serais tombée sur les fesses aux paroles de l'homme. Je n'étais pas sure de comprendre là. Je… quoi? Lui plaisait? Hein? Je n'étais pas sure d'avoir bien comprit sur le coup. Je restais les yeux ronds et très c#n quand il me demanda de sortir avec lui un soir. Je… Hein? J'avais beaucoup de mal à percuter je dois vous l'avouer. Pourquoi? Parce que c'était bien la première fois que l'on me disait ça. Isadora la chaste ouais c'est ça rigolait ! Mais c'était finalement vrai. Clayton fut mon premier amour, mon premier tout court et nous fûmes mariés et eurent un enfant, ma douce Savannah ensemble. Quand nous eûmes divorcés j'avais fréquenté un ami, mais entre nous, il ne s'agissait de réconfort, et on peut le dire qu'à défaut de trouver quelqu'un d'autre, on noyait notre solitude ensembles. Cela avait duré deux trois mois pas plus. Et puis j'avais été mordue. Et de surcroit j'avais causé la perte de mon Ulfric, de mon protecteur, de, quelque part, l'homme dont j'étais tombée sous le charme. Jamais je n'avais tenté quelque chose jamais. Il était avec Mary et cette dernière pouvait penser ce qu'elle voulait de moins, je n'étais pas le genre de femme à s'immiscer entre deux personnes et à briser les couples. Non jamais je ne deviendrais ce genre de femme, jamais.

J'étais donc déconcertée par les mots de Johan, et restais là, bête, assise sur le comptoir, sans savoir vraiment quoi répondre. Devais-je dire oui? Devais-je dire non? J'étais toute tiraillée et quelque part paniquée, paniquée de ne pas arriver à prendre la bonne décision. Je devais dire non car ce n'était pas bien, ce n'était pas saint. J'étais quand même enceinte de lui, après que nous nous soyons laissé dominer par nos loups. D'ailleurs ces derniers se connaissaient, se recherchaient quelque part, et les tenter outre mesure, ce n'était pas bien. Et puis surtout je me connaissais également. La moindre chose positive que je pouvais avoir finissait toujours très mal. Surtout qu'Il était toujours dans les parages et que s'il me voyait avec un homme, il le menacerait lui aussi et aurait rapidement compris qu'il n'était pas humain…

    ♠ Je ne pourrais pas supporter être encore la cause de la mort d'un homme.


J'avais laissé échapper ses quelques mots dans un murmure presque inaudible, sans m'en rendre compte. C'était une pensée qui m'avait traversé et échappé. Mon regard s'était légèrement perdu et je frissonnais une nouvelle fois en pensant à lui. Stephen me terrifiait littéralement, entièrement. Il m'arrivait souvent de faire de cauchemars, de tout revivre, et je finissais toujours dans un coin de ma chambre, une arme à la main à essayer de me calmer et de me dire qu'il n'est pas là. Ce n'était pas pour faire beau que j'avais toujours un semi-automatique dans mon sac à main et un autre dans un tiroir de ma table de chevet. Et dans chaque pièce, même dans les toilettes, j'avais planqué une arme blanche. Au cas où. J'en étais devenue complètement parano, sachant de quoi il était capable. D'ailleurs inconsciemment c'était une des raisons qui faisaient que je ne fréquentais personne. Trop dangereux. Je secouais la tête pour ne pas me déconnecter de la réalité, regardais Johan, et caressais un instant sa joue. Sa peau était si chaude, si agréable au touché, si rassurante. Je l'avais toujours trouvé attirant, peu importe les cicatrices qui pouvaient orner sa chair. Elles me plaisaient finalement et en y pensant d'ailleurs, j'avais aimé les "parcourir" lors de notre avant dernière rencontre. C'était tentant, si tentant de les découvrir à nouveau… Mais c'était mal si mal. Ou alors rien qu'une fois une toute dernière sans pour autant aller aussi loin? Je saurais me contrôler, mais lui? Rien n'en était sur… Alors j'eu soudain une idée.

    ♠ Johan… Je suis vraiment touchée et vous dire que je ne suis pas intéressée serait un mensonge. J'aimerais vous proposer quelque chose. Vous n'êtes pas un jeune loup, et je dirais que cela fait sans doute plus de cinq ans que vous avez été mordu. Pourtant, vous n'avez pour ainsi dire pas vraiment les attributs d'un loup âgé. Vous ne vous doutez pas de tout le potentiel que vous possédez. Vous ne savez pas encore dominer votre loup, mais ça s'apprend et avec de l'entrainement vous n'avez aucun mal à y arriver. Laissez-moi vous former et vous aider à devenir plus fort. Cependant vous devez me promettre trois choses en échange : 1) Quoi qu'il puisse arriver, ne vous attachez pas à moi au point de me faire passer avant vous 2) Faire entendre votre voix 3) Ne jamais me mentir pour ne pas me blesser ou me contrarier ou je ne sais pas quoi d'autre.



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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyVen 17 Juin - 7:03

    Pas de réaction, si ce n'est deux yeux ronds, ouverts de surprise. De confusion.
    Il avait merdé.
    L'angoisse montait de plus en plus dans le cœur de l'homme, qui sentait que la jeune femme réfléchissait beaucoup trop à sa réponse. Probablement allait-elle refuser son offre, pour des raisons de sécurité. D'honorables raisons, pour une fois, mais refuser tout de même... pourquoi être surpris, au fond ? Il était ce qu'il était : un monstre, bon seulement pour un coup d'un soir, dans la noirceur totale d'une chambre, mais totalement point envisageable pour quelque chose de sérieux. À la limite une amitié, mais jamais plus rien de sérieux... il devait être maudit, depuis les deux accidents qui avaient détruits sa vie. Dix ans qu'il s'acharnait à vivre un peu, à vivre si peu, à être si peu quelqu'un dans ce monde, pour qu'à chaque tentative de sa part de redevenir un être vivant, on vienne lui faucher l'herbe sous le pied. Johan se mordit la lèvre inférieure, guettant avec tout de même une maigre lueur d'espoir la réaction de la louve. Peut-être cherchait-elle ses mots également ? Peut-être ne savait-elle comment lui exprimer sa gratitude d'une telle proposition inattendue et alléchante ?
    Hrm. Non.

    Le murmure de la jeune femme n'échappa pas à l'oreille aiguisée du lycanthrope, le jetant encore plus dans un abîme de confusion totale. La mort d'un homme. Être la cause de la mort d'un homme ? Oh, qu'elle ne craigne rien avec lui : tuer un monstre n'est pas tuer un homme, tout comme tuer une ombre n'est pas non plus tuer un homme... L'ombre si frêle, si fragile, si flageolante de ce qu'il avait un jour été.
    Un frisson sur la peau de la brune, ses doigts à lui qui caresse la peau fragile de ses mains à elle, une ombre d'inquiétude dans les yeux clairs de Johan avant que lui-même ne frissonne en sentant la main de la demoiselle sur sa joue. Une main qu'elle avait chaude, réconfortante, qui venait presque apaiser la chair meurtrie de son visage. Le temps lui avait fait supporter qu'on touche ses cicatrices, enfin, certaines, mais cette main n'était pas dérangeante. Elle était la bienvenue. Elle était la cause de ce frisson qui courait sur la nuque du libraire, un frisson d'anticipation, de désir, de nervosité, de tous ces sentiments contradictoires qui se mêlaient lorsqu'il pensait à Isadora.

    Isadora qui, enfin, parla.
    Jamais elle n'aurait pu faire homme plus heureux. Plus elle parlait, plus le visage du lycanthrope s'éclairait d'un large sourire, montrant toutes ses dents éclatantes, d'un blanc inquiétant car signe d'une alimentation riche en viande rouge et crue, faisant briller ses yeux. Elle lui proposait ce qu'il aurait eu besoin lorsqu'il avait dix-neuf ans, lorsqu'il n'était qu'un adolescent terrifié, et elle le faisait de bon cœur. Dans des mots qui flattaient son ego blessé, qui savaient toucher les cordes sensibles, qui jouaient dans les bonnes gammes de son être. Comme il était facile de jouer de lui... Toutes les conditions qu'elle posa lui allaient et même s'il allait devoir faire un effort de guerre, littéralement, pour y obéir totalement, il allait essayer. Il allait promettre et tout faire pour répondre à ce qu'elle exigeait de lui.
    Ne pas s'attacher à elle de façon irrémédiable (difficile, Johan, quand on est un homme tout dévoué aux femmes et à leurs beaux yeux, à une voix douce). Faire entrer sa voix (encore plus difficile, n'est-ce pas, quand on se considère comme un moins que rien). Ne jamais lui mentir (facile, tu mens si mal). Le lycanthrope hocha la tête positivement, étonnamment excité.

    « Je vous le promets. Je vous promets tout ce que vous voulez. »

    Et subitement, il la prit dans ses bras. Oui, il la souleva littéralement du comptoir pour la prendre dans ses bras, pour coller son corps au sien, pour se satisfaire d'une étreinte puissante, mais tant franche ! tant vraie ! Il avait eu envie de l'embrasser et c'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour exprimer cette joie qu'elle avait généré en lui, le rendant plus qu'heureux. Elle ne pouvait imaginer à quel point, à cet instant, Johan était heureux. L'étreinte fut courte, il reposa rapidement la brune sur le comptoir, son large sourire toujours accroché sur son visage. Il avait envie de lui dire mille choses, mille détails, mais lui aussi avait peut-être quelque chose à dire à ce sujet, dans cette entente...
    ... quoique ?
    Peut-être était-il temps pour lui de fissurer un peu la carapace qu'il s'était forgé, cette carapace épaisse, et de dévoiler un peu de ce qu'il était réellement. Peut-être. Johan déglutit et chercha ses mots quelques secondes, avant de se fixer sur le choix le plus risqué des propositions qui s'offraient à lui :

    « Si vous avez des... des questions à me poser, n'hésitez pas. Je... je vais y répondre. »

    Quelques secondes et le lycanthrope vint appuyer son front contre celui de la louve. Il avait les yeux dans les siens et son sourire avait subitement disparut, faisant place à ce faciès sérieux, grave même, qu'il savait arborer dans les moments qui le demandaient le plus. L'étreinte avait encore une fois réchauffé l'animal, les mots l'homme, et tout ceci faisait un tout harmonieux, pour une fois, un tout aux joues rouges, frissonnant et tremblant, mais un tout qui murmura, à quelques centimètres des lèvres de la brune, dans un souffle timide :

    « Puis-je vous embrasser, Isadora ? »



Dernière édition par Johan O'More le Ven 17 Juin - 23:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyVen 17 Juin - 23:45


Je faisais sans aucun doute une folie en disant oui. Mais franchement ce soir j'en avais marre. Marre d'être toujours toute seule. Marre de devoir toujours dire non. Marre de faire du mal aux gens qui m'entouraient. Oh bien sur, je mettais en danger Johan en acceptant, j'en avais conscience. C'était pour ça que je voulais lui enseigner tout ce que m'avait apprit Nathanaël. S'il devenait plus fort, plus maitre de lui, il ne risquerait moins de chose. Mais surtout, surtout, je lui imposais quelques conditions à respecter scrupuleusement. Je ne laisserais plus jamais personne se mettre en danger pour moi, plus jamais. Et s'il finissait par rompre sa promesse, je stopperais tout, quitte à quitter de pays et de meute, ou de devenir à mon tour un cabot. On m'avait fait le coup une fois et j'en payais encore les conséquences. Pas deux fois. Je ne le supporterais pas de toute manière. Un jour peut-être en parlerais-je au libraire? Oui sans doute, mais pas ce soir. J'avais déjà eu mon lot de chagrin avec Savannah.

Ma douce Savannah, si elle savait combien le l'aimer et tout ce que j'étais prête à faire pour elle. J'avais d'ailleurs pris la décision d'arrêter les démarches que j'entreprenais pour récupérer sa garde. D'une part, et surtout la raison principale c'est que je ne pourrais jamais lui offrir la vie qu'elle menait aux Etats-Unis. Elle avait tout ce dont elle désirait. Elle pouvait faire de la danse et apprendre à jouer du piano. Elle fréquentait les meilleures écoles et surtout elle était en sécurité. Je ne pouvais pas l'arracher à tout cela et l'obliger à se contenter de quelques livres d'argent de poche et d'aucune activité extrascolaire à côté, faute de moyen. Et d'autre part, les frais étaient en train de me ruiner et sauf de travail, je ne pouvais me les permettre. D'ailleurs il allait vraiment falloir que je remédie à ce problème là si je ne voulais pas retrouver à dormir dans les bois les soirs. D'ailleurs en pensant à ça, je voulu tourner la tête vers le sol pour voir s'il était sec, mais Johan coupa court à mon envie.

Quelle fut ma surprise qu'il me soulève littéralement du comptoir pour me serrer dans ses bras. Non pas que cela me déplaise bien au contraire. Qu'il était doux d'être étreinte par un homme, par un loup. Mais disons que je ne m'y attendais pas le moins du monde. Je ne pu m'empêcher de sourire et de poser ma tête contre lui. J'étais heureuse qu'il me promette ce que j'avais exigé de lui. C'était vraiment important à mes yeux et je ferais tout pour qu'il ne dépasse jamais les limites que je lui avais donné. Je savais très bien que ce ne serait pas de tout repos, surtout pour lui faire intégrer qu'il devait arrêter de se "laisser faire", et de montrer un peu plus les crocs. Son "entrainement" débutait par ça. Je ne pu profiter longtemps d'être blotti dans les bras du libraire que ce dernier me reposait à la place que j'occupais. Il posa rapidement son front contre le mien et me dit alors que si j'avais des interrogations sur lui, je pouvais les lui poser. Je lui fis un sourire chaleureux et lui répondit :

    ♠ Jamais. Ce n'est pas à moi d'exiger de vous des réponses. Mais il est à vous de choisir quand est-ce que vous voudrez partager quelques souvenirs, ou réponses avec moi.


Il avait un air sérieux que je ne lui connaissais pas, mais qui ne me dérangeait pas. Il m'arrivait tout le temps d'aller cet air là. Ses paroles se firent alors murmure et je fus tenter un moment un grand moment à me jeter moi-même sur ses lèvres. Mais je n'en fis rien. Au contraire, je le poussais pour me retourner et sautais de l'autre côté du comptoir.

    ♠ Avez vous déjà oublié? Leçon numéro un : un loup qui attend après les autres n'est qu'un mouton dans une bergerie infestée de loups affamés. On peut compter sur ses compagnons comme soutients, mais en aucun cas ils ne doivent prendre les décisions à votre place


Je récupérais le balais brosse, et sortais de la poche arrière de mon jean un chiffon en coton que je posais à terre. Il était temps que je passe un dernier coup et la boutique serait propre. Enfin ce côté ci, car les bureaux, c'était une autre histoire… J'avais parlé à Johan tout en afférant à la tâche. Je voulais vraiment qu'il se prenne en main, qu'il décide par lui-même et qu'il arrête de toujours demander la permission. Ne l'avais-je pas embrassé plus tôt? L'avais-je repoussé quand il m'avait étreint? Et même si c'était le cas, il était temps pour Johan qu'il se fasse entendre et qu'il commence à prendre sa vie "en main" dans le sens où il avait tendance à tout laisser couler


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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptySam 18 Juin - 0:53

    Le sourire d'Isadora réchauffa encore un peu plus l'intérieur de loup, qui ne pouvait qu'être heureux qu'en plus, elle s'abstienne de lui poser des questions. N'importe qui d'autre aurait pu être curieux et profiter de cet instant pour l'interroger sur les raisons de son apparence physique, les origines de sa nature de lycanthrope, les dix ans passées qui restaient nébuleuses pour tout le monde. Probablement pour lui aussi, en fait. Mais non, elle, elle lui laissait le choix d'en parler s'il le désirait seulement, d'y aller à son rythme donc. De simplement prendre le temps d'accepter qu'un jour, il allait devoir tout expliquer et passer par-dessus ce qu'il était. C'était merveilleux.
    Au lieu d'une réponse claire, la jeune femme le poussa, le prenant une nouvelle fois par surprise, et retourna à son travail, sautant du comptoir lestement. Sa réponse le déstabilisa, elle était excellente pour le mettre dans tous ses états, mais fit en même temps réapparaître un sourire sur le visage du libraire. Sourire malicieux, surtout, ainsi qu'un rire léger. Leçon numéro un : enregistrée, mon capitaine...

    De toute façon, elle avait raison. Elle lui faisait prendre conscience que sa demande était inutile, puisque même s'il l'embrassait, probablement qu'elle ne le repousserait pas. Pourquoi donc le demander, alors ? Johan devait vraiment apprendre à... prendre sur lui. Prendre confiance en lui, beaucoup. Arrêter de se rabaisser.

    Le libraire prit une longue inspiration, puis fourragea sur son comptoir pour trouver ses cartes d'affaires. Johan O'More, gérant à Keats & Books. Un stylo, il retourna la carte et, rapidement, il inscrivit son adresse personnelle, ainsi que le numéro de son cellulaire. La dernière fois qu'il avait pensé lui laisser son numéro, il avait laissé tomber cette initiative, mais là... elle n'aurait même pas le choix de le prendre. Il allait tout simplement prendre sa vie en main.
    Un peu.
    Il sortit de derrière le comptoir et alla jusqu'à Isadora, qui s'affairait à passer un chiffon sec sur le plancher désormais propre de la librairie. Oui, si ça continuait, il allait devoir l'engager, celle-là... la place en aurait bien besoin. Et puis, peut-être pourrait-elle les aider à classer les millions de papiers qui s'accumulaient dans les bureaux ? À remettre en ordre les piles de livres qui avaient envahit tous les espaces de travail disponibles ? Rapidement, il glissa sa carte d'affaires dans la poche arrière du jeans de la jeune femme, trop rapidement qu'il ait même le temps d'effleurer el tissu rugueux de son pantalon, puis la fit se retourner vers lui. Sur le visage du blond, toujours ce sourire plein de malice, un sourire qui lui ressemblait beaucoup plus que l'habituel rictus tranquille qu'il affichait, et dans ses yeux bleus, une étincelle différente. Nouvelle. Naturellement, sa main se posa dans le bas du dos de la louve, geste anticipant légèrement la suite des évènements.

    Avec assurance, il posa ses lèvres sur celles d'Isadora. Une assurance qu'il n'avait plus eue depuis trop longtemps, une assurance qui l'empêchait de trembler, qui lui redonnait tout le contrôle qu'il avait jadis possédé sur ce corps désormais étranger. Et, étrangement, une confiance qui calmait la bête en lui ; comme si elle comprenait, pour quelques secondes, qui était le maître. Qui était le propriétaire de ce corps et qui était véritablement Johan O'More. Les doigts de Johan se crispèrent légèrement sur le bas du dos d'Isadora, tandis qu'il prolongeait le baiser en une longue étreinte chaude, rapprochée, qu'il profitait de ce moment pour se réchauffer à la peau brûlante de la jeune femme.
    Elle lui était importante, il le réalisait seulement maintenant alors qu'il aurait dû le faire avant, et leur aventure avait définitivement finit de tisser un lien entre eux. Leurs loups étaient liés, attirés irrémédiablement l'un par l'autre, maintenant qu'ils se connaissaient de façon intime, et les humains se comprenaient. Il comprenait sa solitude, il la partageait et, maintenant, il souhaitait l'alléger.
    Sa bouche laissa la sienne brièvement, sa langue effleura les lèvres de la brune, taquine, avant qu'il ne reprenne son baiser, quelques secondes, avant de finir cette étreinte si délicieuse. Si ce n'était que de lui, il l'enlèverait immédiatement et irait explorer ce corps dont il n'avait pas été rassasié, dans son bureau s'il le fallait. Mais voilà, c'est bien joli les initiatives, il y a tout de même une question de consentement et de respect, dans tout cela.

    Quoiqu'actuellement, il n'y avait pas de chance qu'elle tombe enceinte.

    Cette pensée rendit son sourire un peu coupable, tandis qu'il se reculait et retournait à son comptoir comme si de rien était, un petit air de ne pas y toucher sur ses traits réguliers. Ses lèvres brûlaient, il avait chaud, son loup geignait de désir et il sentait ses joues devenir d'un pourpre écarlate. Quelle audace, Johan ! Tu t'améliores, mon loup... Un peu maladroitement, il finit de réunir quelques papiers laissés un peu partout, puis reprit l'enveloppe d'argent. Maintenant que le plancher était sec, il pouvait aller porter le tout à l'arrière de la librairie. Tout en se dirigeant vers son bureau, il lança à la jeune femme, lui jetant un regard rapide par-dessus son épaule :

    « Je vous raccompagne chez vous, Isadora ? C'est sur mon chemin. »

    Et même si ce ne l'était pas, même si elle restait à trois heures de chez lui, il le ferait tout de même, fou qu'il était. Il n,en savait rien, en fait, mais bon, si elle était ici, c'est qu'elle devait au moins rester dans cette ville, non ? Sa question était dite sur un ton plus affirmatif qu'interrogatif, laissant seulement à moitié le choix à la jeune femme. Et si elle ne voulait pas, il insisterait... ô oui, il insisterait grandement.

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptySam 18 Juin - 2:28


J'étais en plein travail quand Johan vint jusqu'à moi, et par habitude, je ne pus m'empêcher d'arquer un sourcil en l'entendant se rapprocher. Il glissa une carte dans la poche qui contenait juste avant mon chiffon, une sorte de carte. Je crois, je ne suis pas sure. Je n'eus pas le temps de l'interroger. Il s'arrangea pour que je lui fasse face et captura tout aussi rapidement mes lèvres, alors que sa main s'était posée sur le bas de mon dos. J'étais… Surprise oui c'est le mot. Ce n'était pas la première fois que Johan m'embrassait comme ça, mais la première fois "sobre". Je vous avoue que je n'aurais pas pensé qu'il appliquerait si rapidement ce que je venais de lui dire, et surtout pour faire ça. Oh, ça me dérangeait pas, pas du tout même. Un de mes mains tenaient toujours le balais brosse, tandis que la seconde se posait sur son torse. Je ne le repoussais pas non, je voulais juste sentir son cœur battre et sentir la chaleur de son corps. J'eu peur un instant qu'il n'arrive pas à s'arrêter au bon moment, qu'il essaye d'aller plus loin. Je ne lui aurais pas permit. Non ce n'était vraiment pas bien, pas saint. Nous avions déjà fais cette erreur par le passé, pas question qu'on recommence même si ça ne pouvait pas être pire. On ne sait jamais.

Son loup était calme, très calme et quelque part j'étais fière du libraire. Il avait prit, pendant cet étreinte, le pouvoir sur son animal et "gouvernait". C'était vraiment important que ce soit dans ce sens là et pas dans l'autre. Nous restions profondément humains, et on ne devait pas perdre cette partie de nous même. J'étais très impressionnée, et je ne pouvais qu'apprécier un peu plus ces baisers. J'aurais pu passer tout le reste de la nuit perchée à ses lèvres, surtout que bon, il était plutôt doué. Plutôt? Non très. Je ne pu m'empêcher, de la même manière qu'une adolescente, d'avoir peur de ne pas vraiment savoir quoi faire. J'avais perdu l'habitude d'être proche avec quiconque, et j'avais peur en fait d'être comme rouillée. C'est bête à dire je sais, mais à la limite… Il était plus saint de se préoccuper pour ça que de sa vie qui part à volo non? J'en oubliais presque mon ventre rond. Je dis bien presque, parce que, étrangement, quand Johan était non loin de là, je pouvais sentir son cœur, le mienne et d'autres battre aussi. D'autres? Oh grand dieu non.

Le libraire finit par retourner vers son comptoir, alors que je restais planter là, sans bouger. Avais-je confondu…? Oui, sans doute. De toute façon ce n'était pas possible. Enfin je ne voulais pas que ce soit possible. Oui c'est ça, ma pauvre fille faut que tu ailles au lit. De toute façon il se fait tard et tu as fini de tout nettoyer. C'est ça,brave fille, pose ton balais devenu inutile et tiens, oh mais qu'as-tu dans ta poche?... Oui on détourne le sujet et on change de pensées comme on peut. Je récupérais la carte que Johan m'avait mit dans la poche de mon jean, et trouvait les informations de la boutique sur le verso. Au recto, il m'avait donné ses coordonnées. Devais-je en faire autant? Bon déjà, je n'ai plus de téléphone donc le problème, de ce côté-là est réglé. C'était la même chose pour internet. Je n'avais même plus d'ordinateur, il m'avait lâché. Enfin disons qu'il n'avait pas aimé la télécommande que je lui avais expédié dans un excès de rage. Quand à mon appartement… Je ne savais pas encore combien de temps je pourrais le garder. Oui donc non, je n'avais pas vraiment de coordonnées à partager. De toute manière, ne voulait-il pas me ramener? A la limite, il saurait comme ça où j'habitais. Quoi que non mauvaise idée. Il sait où j'habite et s'il surveillait le lieu… Non, je ne pouvais pas y amener l'homme. J'attendis qu'il revienne pour lui dire

    ♠ Je ne préfère pas… Plus tard peut-être, si je garde mon logement, mais pas maintenant… Cela m'embêtait quelque part de dire non au loup. Surtout que je ne voulais pas qu'il le prenne mal. Je poussais un soupir triste, regardais le sol et ajoutais ♠ Je le dis souvent mais la situation est compliquée… Je levais les yeux vers le lycanthrope ♠ Mon Ulfric… est mort il y a quelques mois. Officiellement, d'un banal accident de voiture… Mais ce n'était pas un banal accident… Je déglutissais avec difficulté et tremblais légèrement. Je n'aimais pas parler de ça, et je ne l'avais jamais fais avant. C'était si douloureux, encore si "frais" dans ma tête. ♠ Sa tête était mise à prix… Sans doute par un cabot… Nous chassions cette nuit là. Et étourdie, ravie de cette soirée je… J'ai commis une erreur. Je pensais qu'il s'agissait de Nathanaël qui avait finit par accepter de boire un verre… Mais ce n'était pas lui… J'aurais du me méfier… Il prit le dessus sur moi… Et comme je ne me calmais pas il a sorti des photos… Des photos de ma fille, dans les différents lieux qu'elle fréquente. Il m'a menacé et bon sang, si j'avais su… J'avais de plus en plus de mal à parler. J'étais si en colère si amère, que je ne pouvais pas le cacher dans ma voix. ♠ Il m'a gardé captive quelques jours… Puis il a appelé mon Ulfric… J'ai perdu plus qu'un chef ce jour là... C'était à moi de le protéger pas le contraire… Il savait très bien ce qu'il attendait… Où que j'aye, il me retrouve… Et c'est pour ça que Jamais vous ne devez venir chez moi… Jamais…


J'étais catégorique, dans ma voix, et dans mon regard. Il aurait beau dire qu'il n'avait pas peur ou des choses dans ce gout là, je ne l'écouterais pas. Il n'avait jamais rencontré Sephen, il me pouvait pas savoir le danger qu'il représentait. Je tremblais littéralement, de peur et d'amertume. Et je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir triste et coupable. Nathanaël... Il m'en coutait vraiment de prononcer son prénom à voix haute. J'aurais tant voulu remonter le temps. J'avais été prise au piège comme un vulgaire lapin et je ne pouvais pas me dépêtrer de cette situation. Il menaçait mon enfant, et il savait que je ne tenterais rien qui pouvait lui nuire. Je n'aurais même jamais du parler de tout ça à Johan, et continuer à garder le silence. Mais je n'avais pas pu me résoudre à lui faire penser à "un pas en avant, deux pas en arrière".

Je finis par me décider à bouger et récupérer mon sac à main et mon sac de course. Je n'avais pas pris de veste même si le temps était plutôt frais. Je ne m'étais pas imaginer passer une bonne partie de mon temps dans la librairie, n'étant partie que pour faire un aller-retour chez l'épicier qui acceptait que de me faire une ardoise.

Isadora J. Valentyne

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptySam 18 Juin - 4:06

    L'homme posa les papiers sur son bureau, maladroitement, puis rangea l'enveloppe d'argent dans un des tiroirs dudit bureau, sifflotant joyeusement. Il était fier de son coup, le grand blond, fier d'avoir réussit juste un peu à prendre le dessus sur lui-même. Pour une fois qu'il ne sifflait pas un air sinistre... Un dernier regard au bureau, quelques boutons pesés pour éteindre les ordinateurs, puis il attrapa sa veste de cuir, sa casquette et ses clés et il ferma les lumières du bureau. Il ne lui restait donc qu'à prendre Isadora, euh, vous savez, la prendre pour l'emmener chez elle hein, rien d'autre, verrouiller les lieux et tout irait bien.
    Il savait qu'il allait merveilleusement bien dormir.
    Johan enfonça sa casquette sur ses cheveux bien coiffés, mit sa veste, puis retourna voir Isadora. Elle était restée silencieuse pendant qu'il terminait ses petites affaires dans l'arrière-boutique, chose étrange vu qu'il lui avait posé une question. Peut-être voulait-elle seulement attendre qu'il revienne pour répondre... logique, en fait, quand il y réfléchissait. Il prit le plat qui avait contenu sa viande crue et la mit dans son dos à dos qui traînait derrière le comptoir, mit le tout sur son dos et se retourna juste à temps pour capter l'explication de la brune. Si elle semblait tout d'abord assurée en commençant à lui dire qu'elle ne préférait pas qu'il vienne la reconduire, chose qu'il pouvait comprendre quand même, la suite de ses mots furent plutôt... difficiles. Peut-être le lien entre eux facilitait cette tâche, mais le changement dans son attitude fut évident pour Johan. Son ton plus triste, sa façon de déglutir, son corps qui tremblait légèrement. La colère, ensuite, la douleur surtout.

    Quelle vie elle avait... quelle vie impossible et difficile à vivre. Johan se sentait mal d'étaler ses problèmes devant la louve quand elle-même avait une vie de mille dangers, une vie dans laquelle elle n'était parfois qu'une simple spectatrice. Et dire qu'il avait compliqué la chose encore plus, tout cela parce qu'il était incapable de se contrôler.. Aussitôt, la culpabilité l'envahit, sentiment très fort chez lui, et encore ce désir d'aider la louve. Elle avait beau crier à l'indépendance et à l'autonomie, elle ne pouvait pas passer au-travers de tout cela seule. Il avait essayé et il en avait été incapable, la preuve étant qu'il était encore en train de cheminer. Seulement, il comprenait qu'il n'avait pas à intervenir directement dans tout cela.
    Elle ne voulait pas qu'il aille chez elle pour sa survie et la troisième règle qu'elle lui avait soumis tait très claire à ce sujet. La première aussi, en fait. Outrepasser ces deux règles était donc impossible. À moins qu'il ne les contourne subtilement ? Elle ne pouvait rester seule, ce soir, elle était trop troublée.

    Il regarda la jeune femme prendre ses courses, troublée, tentant de fuir. Encore, toujours fuir. C'était sa technique préférée à lui aussi, mais là, il devait faire face à lui-même. Et à elle, de surcroît. Johan prit son courage à deux mains et tenta donc une ultime proposition, douce :

    « Venez chez moi, alors. Vous... vous ne pouvez pas rester seule ce soir, tout ce qui s'est passé, ce n'est pas... enfin, pas une bonne idée. Je dormirai sur le canapé. Je resterai éveillé, si vous le voulez. »

    Faites qu'elle comprenne que ce n'était qu'une proposition innocente, faite dans une totale amitié, comme il aurait fait pour simplement changer les idées de quelqu'un. Il était prêt à rester éveillé toute la nuit pour lui parler, s'il le fallait, à dormir sur le plancher si elle l'exigeait, dans sa baignoire remplie d'eau glaciale même si l'envie de la toucher devenait trop forte. C'était simplement une façon d'être gentil avec elle, tout en continuant de vouloir être à son contact. Toutes ces confidences le chamboulaient et lui donnaient envie de connaître encore plus la jeune femme, de savoir pourquoi elle était ainsi, de percer encore un peu cette carapace qui s'était doucement fendue devant lui. Il pouvait mieux voir ce qu'elle recelait. Le lycanthrope adressa un sourire encourageant à la louve, les deux mains dans les poches de son pantalon sombre, attendant une approbation. Ou un refus, en fait, mais il mettait de grands espoirs dans une possible approbation...
    ... même si tout le danger reposait là-dedans.

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptySam 18 Juin - 16:30


Johan était trop gentil, beaucoup trop et cela finirait par lui nuire. C'était vraiment touchant, mais affolant aussi. S'il ne savait pas dire non, il allait au devant de problème. Encore quelque chose sur lequel je le ferais travailler. S'il n'avait pas foi en lui, comment son loup pouvait-il avoir foi en lui? J'avais beaucoup de défaut, mais j'avais une confiance inébranlable en moi. Certes, il m'arrivait de me tromper, je ne possède pas la science infuse en même temps et jamais je ne prétendrais à cela. Mais une chose était sure : peu importe que cela ne plaise pas, je savais imposer mon point de vue et me battre pour ce dernier. J'avais une volonté de fer, et je la devais à mon Ulfric. Il me manquait tant… Je n'avais pas perdu d'un simple chef, comme je venais de le dire à Johan, mais un ami, un confident, un protecteur, et un homme aimant qui me rendait heureuse. Nathanaël était un homme si sage. Il savait toujours quoi faire, et comment s'y prendre et sa perte laissait un grand vide dans ma vie. Il avait donné sa vie pour moi "une vie pour une vie" c'étaient ses derniers mots. Il s'était toujours senti redevable envers moi alors que c'était moi qui lui devait tout. Il m'avait quelque part redonné le gout à la vie et c’était en sa mémoire que je m'accrochais corps et âme à la meute qu'il avait construite. Oh, cette meute ne voudrait plus bientôt de moi, et il me faudrait partir. Mais j'avais essayé. J'en sortirais vaincue, mais au moins j'avais essayé et je n'avais pas de reproche à me faire. De toute façon je perdais des personnes qui étaient devenus des inconnus à mes yeux pour gagner un ami. N'étais-je pas finalement gagnante?

Je souris tendrement au libraire alors qu'il me proposait de venir chez lui. Je rigolais quelques instants. Ce n'était pas un rire moqueur non, pas du tout. Je relâchais quelque peu la pression et laissais s'échapper colère, amertume et peur. Il ne viendrait pas chez moi. Il comprenait et c'était tout ce que je voulais. Il m'avait promis de ne pas se mettre en danger pour moi, et pour l'instant il s'y tenait. Je tenais vraiment à ça et je ferais tout pour qu'il ne rompe pas sa promesse. Pas question que tout recommence, je n'aurais pas la force d'y faire face de nouveau. Je m'approchais de Johan, et lui ôtais sa casquette. J'avais bien compris quel était le but de cette dernière, but qui n'était pas justifiée. Ainsi la posais-je sur le comptoir et lui fis un sourire.

    ♠ Vous n'en avez nullement besoin

Je passais une main sur sa joue comme pour lui faire comprendre que vraiment, il n'en avait pas besoin. Il était magnifique. Peu importait qu'il ait des marques sur le visage. Cela n'étant pas dérangeant pour les autres et même si c'était le cas ça n'avait pas d'importance. Il était temps qu'il arrête de se cacher. Je rajoutais tout de suite

    ♠ Et il n'est pas question que vous dormiez sur votre canapé. Vous êtes chez vous et il n'est pas concevable que vous passiez après les autres dans votre propre demeure.

J'étais ferme et catégorique. Venir chez lui était très tentant et j'avais envie de dire oui. Tout pour ne pas retrouver un appartement vide. Cependant il n'était pas question que je prenne sa place. Johan était vraiment une crème, trop une crème je dirais. Je jetais un coup d'œil à l'horloge, et m'apercevant de l'heure, je fronçais légèrement les sourcils. Il était plus tard que je ne me l'étais imaginée et si mes souvenirs étaient bons, la librairie était ouverte le lendemain. Si je venais chez le propriétaire de cette dernière, il ne dormirait que quelques heures tout au plus et je serais la cause de sa fatigue à venir. D'un autre côté, je me disais que rien ne l'empêchait de déléguer sa journée du lendemain ou, à la limite de récupérer un autre jour. Humm qu'allais-je lui répondre? Je le regardais de nouveau et pris ma décision.

    ♠ Ce n'est pas l'envie qui me manque seulement… Vous avez surement une grande journée de travail qui vous attend demain, et je ne puis m'imposer. Je ne pourrais pas vous dire quand on se reverra. Je n'ai plus de moyen de téléphoner et il me faut vraiment trouver un travail au plus vite. Je passerais vous voir ici sans doute.

Je posais mes affaires sur le sol, et encadrais son visage de mes mains. Je l'attirais vers le mien et l'embrasser pour lui dire au revoir. Ma louve en étant folle, folle des baisers avec un autre loup, avec une autre personne comme lui. Je ne voulais vraiment pas partir, mais je savais qu'il le fallait, qu'il me fallait retrouver un appartement vide, froid et sans personne. Je devais me faire violence et m'obligeais à garder mes mains où elles étaient et de ne pas explorer le corps de l'homme. J'avais une envie folle de le déshabiller, et de pouvoir de nouveau parcourir chaque particularité de son corps. Et, cette fois, de ne pas être prise dans l'urgence du moment et de pouvoir en profiter complètement. De ne pas être gênée par une balle logée dans mon épaule. Je ne remarquais pas tout de suite, qu'à mesure que j'avais de telles pensées, mes baisers se faisaient plus passionnés, plus langoureux. Je me sentais bien en fait, calme, apaisais, comme en paix, et ça faisait longtemps que ce n'était pas le cas. Cela venait du fait que l'homme était comme moi, que lui aussi était un lycanthrope. "Les loups ne sont pas faits pour vivre seuls et ne se sentent bien qu'en présence de ses compagnons". Nathanaël me répétait souvent cette phrase. Et lorsque je lui disais que ce n'était pas mon cas, il me regardait en souriant et me répondait "pourquoi es-tu avec moi alors?" avant de s'éloigner, sans me laisser le temps de lui répondre. Pourquoi étais-je avec lui? Parce qu'au-delà d'être un loup, il était un homme que j'appréciais énormément. Je n'avais été aussi attirée par un changeur que je pouvais l'être par mon Ulfric. Ou par Johan. Aucun homme de ma meute n'était allé aussi loin avec moi. Je n'avais autorisé personne à s'approcher de moi, personne à part le cabot.


Isadora J. Valentyne

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptySam 18 Juin - 19:54

    Pourquoi donc riait-elle ? Ce qu'il venait de dire était-il si absurde ? Pourtant, ce n'était pas un rire de moquerie, mais bien de tendresse, d'amusement en voyant ce lycanthrope si doux et docile, si timide sous sa casquette qu'elle lui avait enlevé en souriant. Sans ce couvre-chef, une fois débarrassé de l'image lisse et saine du libraire, il se sentait nu, mais sa main sur sa joue le rassurait et lui assurait que son rire n'était pas celui de la moquerie. Elle semblait aimer le toucher, aimer presque le contact en relief de ses cicatrices, et à la croire, elle le trouvait même... beau ? Ah, non, il ne pouvait croire cela. Charmant, à la limite. Ça, il pouvait peut-être lui donner un peu de cela... pour le reste, rien du tout.

    « Ah, mais je ne laisserais pas une femme dormir sur mon canapé, même sous la torture, encore moins si c'est vous. »

    Il avait répondu tac-au-tac quand elle lui avait dit qu'il n'était pas question qu'il dorme sur son canapé, alors que ce n'était qu'une manière de galanterie chez lui. Il était trop bien éduqué pour penser à une aberration telle qu'une femme dormant sur son canapé alors que lui se prélasserait tranquillement dans son confortable grand lit double. Impensable. Sa réponse avait été plus malicieuse que catégorique, assortie d'un clin d'oeil, alors que ses yeux venaient également se tourner sur l'horloge de la librairie. Oh, il était donc si tard... Habituellement, la fermeture ne lui prenait que quinze minutes. Là, l'arrivée d'Isadora avait tout chamboulé, étirant les minutes en de délicieuses heures... enfin, en une heure, finalement. Mais il n'était pas fatigué, au contraire même, et qu'il dorme ou pas ne ferait aucun changement. Il était trop excité par l'offre d'Isadora pour penser pouvoir dormir cette nuit-là. Il savait déjà que s'il rentrait seul, il allait parcourir toutes les rues de la ville à vélo, pour tenter de s'épuiser, puis il allait se coucher les yeux ouverts sur le plafond de sa chambre, le coeur battant à ses oreilles.
    Il n'était qu'un louveteau excité par la situation.
    Les explications de la jeune femme, accompagnant une décision qu'il allait bien tenter de changer, allaient justement dans le sens des pensées du lycanthrope, qui eut une ébauche de sourire coquin sur ses lèvres minces. Il pouvait toujours se faire porter pâle, pour le lendemain, s'il le fallait... ou demander à Joshua de considérer l'utilité d'une femme de ménage dans l'établissement, puis de le laisser tranquille toute la journée. Tout le temps. Johan ne voulait pas retourner seul à son appartement, son propre appartement vide et froid, vide de toute présence sauf la sienne -et encore, il n'était que rarement dans ses quartiers personnes, et sans doute était-ce la même chose pour Isadora. Surtout ce soir, cette nuit. Le loup se laissa embrasser, pour la dernière fois ce soir peut-être, mais au fur et à mesure que ses lèvres rencontraient celles de la louve, que sa langue caressait la sienne, puis il sentait que les baisers devenaient plus passionnés. Langoureux. Lents. Que la chaleur de son corps grimpait d'un degré supplémentaire. Que ses mains venaient se glisser dans les cheveux de la louve, sur ses épaules délicates, pour ensuite se loger sur sa taille. Ce genre de baiser devrait être interdit... Interdit parce qu'il lui donnait envie de l'emmener chez lui et de lentement la déshabiller, de savourer ce corps qu'il savait enflammé, sans être dans l'urgence et la folie. Et ces pensées guidaient encore plus son corps, le faisait s'apaiser au contact de la jeune femme, en vouloir plus. Il était heureux, profondément heureux et, pour une rare fois, bien. Juste... bien.

    Johan recula son visage, restant toutefois proche de la louve. Leurs lèvres se frôlaient toujours et il aurait voulu reprendre ce baiser, qui devenait de plus en plus intenses. Oh, s'ils continuaient, ils ne pourraient plus se contenir... Parce que si lui sentait son loup geindre, il savait aussi que l'animal qui vivait en Isadora cherchait tout autant ce contact, se gargarisait de leurs baisers et influençait grandement la profondeur de leurs rapports. Il n'avait jamais eu autre contact charnel avec une autre louve et depuis, il se sentait quasi incapable de revenir à une femme normale. Tout serait moins fou, moins sauvage, moins... bon, tout simplement. Un murmure rauque.

    « S'il vous plaît, Isadora. »

    Venez. Venez me rejoindre dans mon appartement froid, rejoindre ce lit dans lequel je ne vous toucherai pas s'il le faut, être à mes côtés juste un peu plus.

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MessageSujet: Re: Mélancolie [Livre I - Terminé]   Mélancolie [Livre I - Terminé] EmptyDim 19 Juin - 15:23


    ♠ Il va donc me falloir vous torturer… C'est noté
Je lui fis un sourire malicieux en lui disant cela. Johan était une crème et il fallait qu'il devienne un peu plus… Egoïste? Personnel? Appelez cela comme vous voulez. Ce ne serait pas facile de lui inculquer cela. C'était mon défi, comme celui de lui faire comprendre qu'il devait arrêter de se cacher. Le libraire n'avait pas vraiment une grande confiance en lui, bien qu'il ait tout pour être fier de l'homme qu'il était. Il tenait la librairie la plus en vue de la capitale d'Ecosse et gérait à merveille cette dernière. Il avait des amis, et beaucoup de personnes l'appréciaient. Et enfin il était beau. Oui, je le trouvais beau et je n'étais pas la seule. Ses cicatrices avaient un côté "mystérieux" et "dangereux" et beaucoup de ses clientes craquaient littéralement sur lui. Sans doute s'en était-il jamais aperçu? Il me faudra lui signaler. Peut-être trouvera-t-il dans l'une d'elle une compagne? On ne sait jamais… Oui je dis bien compagne, je ne me suis pas trompée de mot. Pourquoi? Parce que je ne considérais pas que j'étais ainsi pour lui et ne le voulais pas. Ce serait s'attacher à moi et il me l'avait promis. Je l'appréciais oui, et j'adorais être perchée à ses lèvres. Mais cela ne pourrait jamais aller plus loin. Je suis une lycanthrope comme lui. Un simple coup d'œil à mon ventre suffit à vous faire comprendre les conséquences que pouvait avoir un "couple de monstre". De toute manière je n'avais pas la place dans ma vie pour un compagnon donc… Attention, Johan n'est pas un jouet, loin de là. Nous passions juste du bon temps ensembles, et cela ne devait pas aller plus loin qu'une amitié.

Il était d'ailleurs temps pour moi de le laisser regagner sa demeure et de rentrer dans la mienne. Il était temps que je lui dise au revoir, bien que je n'avais pas envie de le laisser. Il le fallait pourtant, du fait que nous avions tous deux des impératifs. Il fallait que je me lève tôt pour essayer de trouver un travail. Sans doute irais-je m'entretenir dans des grandes surfaces. Passer des articles sur un tapis n'était pas incompatible avec ce ventre dont il me fallait vraiment me débarrasser. Ce qui poserait surement problème, ce serait mon manque de diplôme. Mais qui sait peut-être que? J'avais vraiment besoin d'un travail et je ferais tout pour en trouver un, peu importe qu'il soit ingrat, sous payé et que je doive travailler des heures supplémentaires. Toutes rentrées d'argent étaient bonnes à prendre. Quand à Johan, il avait une boutique à faire tourner et lui aussi ne pourrait pas trainer dans son lit. Oui il fallait vraiment que je parte.

Ainsi mes lèvres vinrent trouver les siennes. Un dernier baiser pour se dire au revoir, avant que nous ne reprenions chacun notre vie. Un dernier baiser pour cette nuit en tout cas. Il était primordiale pour des loups de se toucher, de sentir un autre près de soi, et je trouvais dans le cabot, quelque part, un membre de ma meute. Je me faisais tout de même la promesse d'arrêter de l'embrasser pour que cela n'interfère pas dans sa vie sociale à venir. Une femme a tendance à ne pas apprécier qu'une autre embrasse son compagnon ce qui est tout à fait compréhensible. En attendant qu'il en trouve une, car il devra en trouver une, je pouvais trouver un peu de réconfort avec lui. Car a mesure que ma bouche trouvait la sienne, je me sentais apaisée, loin de tout problème. Je gardais mes mains autour de son visage, comme pour le retenir à mes lèvres. Il n'y avait pas d'empressement, nous n'étions pas dans l'urgence. Nous pouvions chacun en profiter, même si à mesure, notre étreinte se faisait plus passionnée. Ses doigts glissèrent dans mes cheveux, puis descendirent sur mes épaules, le long de mon buste pour finir leur course sur ma taille. Je frissonnais à se contact. Oh mon dieu, ce n'était pas bien, je le savais, mais je m'en fichais. Il n'y avait pas que la louve qui appréciait ce contact mais aussi l'humaine.

Il se fit sage, et quelque part je savais que c'était le mieux. Enfin, sage, c'était relatif comme terme. Il s'éloigna légèrement de mon visage, mais il restait toujours tout prêt. De minuscules centimètres séparaient ses lèvres des miennes. De tous petits centimètres de rien du tout qui étaient une vraie torture. Je le regardais droit dans les yeux, essayant quelque part de reprendre consistance. Le libraire semblait tout aussi désireux de continuer que moi et son murmure si simple pourtant en était la preuve. Sa demande n'était pas sage, pas sage du tout. Si je disais oui, nous savions tous deux ce qui se passerait et je ne le voulais pas. Enfin si je le voulais, mais je ne devais pas le vouloir. Véritable conflit qui se dessinait en moi, surtout que j'étais excitée par l'étreinte que nous venions d'avoir. J'avais déjà balancé une fois mes principes par la fenêtre avec Johan. Devais-je encore continuer sur cette lancée? Juste que là, on pouvait dire que cela m'avait plutôt réussi, si on mettait de côté cette grossesse – qui ne me préoccupait plus du tout-. Résistant à l'appel de ses lèvres, j'arrivais à lui répondre

    ♠ Seulement si vous ne revenez pas sur vos promesses…
Mon Dieu Isadora, que tu es folle d'accepter. Je lui disais oui, alors que je ne devais pas. Ce ne serait que plus compliqué ensuite, j'en avais conscience. Mais il m'avait promis qu'il n'y aurait pas de sentiments entre nous, pas d'engagement. Et comme je venais de lui dire, ce n'était qu'à cette condition seule que je l'accompagnerais chez lui pour continuer cette soirée avec lui. Je ne savais pas ce qui allait se passer chez lui, mais je savais une chose : je saurais être maitresse de moi-même.

Isadora J. Valentyne

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