Sujet: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Ven 25 Sep - 17:32
Les habitudes ont la peau dure. Elles s’installent, se font croire indispensables. Elles dégagent une impression de sécurité, on sait où l’on va, ce qu’on va faire. La routine, rien de nouveau, rien d’inattendue. C’est important les habitudes, même si celles qui guident mes pas aujourd’hui devraient certainement être effacées de ma vie. Elles étaient incompatibles avec mon comportement…
Laissez moi mettre les choses aux claires, aller voir un psy lorsque l’on n’aimait pas parler de soit était assez stupide. Mais… cette année encore, mu par cette attitude presque inconsciente qu’amènent les habitudes, j’avais décroché mon téléphone pour prendre rendez-vous. Sans vraiment y réfléchir. Je n’avais pas vraiment lutté non plus, j’avais besoin de quelque chose de connu dans toutes ces rencontres improbables. La seule nouveauté notable était le thérapeute. Il avait été hors de question que je retourne chez l’ancien, pas après avoir été reçu avec un cabinet aussi bordélique… Comment diable se sentir à l’aise dans ce genre de cas, pire encore, comment le prendre au sérieux ? Comment se détendre alors que vous n’avez qu’une seule envie, ranger ce bazar innommable vous sautant à la gorge sans vergogne. Je m’étais alors dit qu’il était temps de mettre fin à cette tradition stupide d’aller voir un de ces abruties à lunette (allez savoir pourquoi ils portaient tous des lunettes) une fois l’an instauré par la sacro sainte chef de famille maternel. Mais voilà, les habitudes ont la peau dure. Elles avaient cette sorte de beautés discrètes qui rendaient presque blasphématoire l’idée de les biser. En d’autre terme, j’étais faible et cette fois encore, j’étais tombée en plein dedans.
J’aurais pu prendre un nom au hasard dans le bottin, prendre mon rendez-vous, y aller et repartir. Tache accomplie et la tranquillité d’esprit acquise pour une bonne chose de faite. Bonne était un bien grand mot, disons simplement une chose de faite. Seulement, j’étais un peu plus méthodique que ça, alors j’avais fait quelque recherche, celui qui était le moins, loin, le plus accessible, le plus doué ou tout du moins avec de bon retour. Et surtout, où il était possible de prendre un rendez-vous sans attendre des mois et en journée. Il était hors de question que je sorte de nuit, une fois m’avait suffit.
Thaddeus MacDuff . Un nom écrit élégamment sur la plaque indiquant que l’énorme demeure était bien la sienne. C’était étrange que d’être accueillie dans un tel cadre. Inapproprié dans un certain sens, je ne connaissais pas beaucoup de monde qui serait à l’aise dans ce genre d’endroit qui vomissait le luxe et la richesse. Moi y comprit, cela me rappelait de mauvais souvenirs. Si la plaque n’avait pas été là pour m’assurer que je ne m’étais pas trompée dans l’adresse (chose peu probable après l’avoir vérifié trois bonnes fois avant de partir), j’aurais peut-être tourné les talons. Il fallait certainement que je rajoute ‘’coin isolé’’ à ma liste des lieux à éviter, dont la mention ‘’manoir’’ en tête. Il faisait certes jour, mais n’importe quoi pouvait arriver ici sans que personne ne soit jamais au courant. Finalement, je finis par entrer dans un haussement d’épaule. Si des rumeurs étranges de disparitions avaient circulé, je les auraient certainement trouvé, ce qui n’était pas le cas. Je ne devais donc être en sécurité au moins pour cette fois, et puis ce n’était pas comme si je comptais revenir. L’année prochaine. Oui l’année prochaine serait la bonne, celle où je mettrais un terme à cette habitude ridicule. En attendant, j’étais assise dans un somptueux décor, complétement hors de propos concernant ce pour quoi j’étais là. J’attendais que le fameux docteur daigne montrer le bout de son nez.
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Gabriel Hudson
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Dim 27 Sep - 0:02
La nécessité des habitudes
feat Gabriel Hudson
Je laissais le goût citronné, orangé et fortement sucré typique du thé noir envahir mon palet tandis que la voix si particulière de Karin Dreijer Andersson se plaignait de son manque de cœur et des impossibilités que cela incombait. Je reposais ma tasse, désormais vide, alors que le synthétiseur achevait sa balade sur des notes agonisantes. J’ôtais mes écouteurs et éteignais mon lecteur MP3. Je poussais un soupir, m'appuyant sur le dossier de mon fauteuil et passant les mains dans mes cheveux, que je savais, déjà en bataille. Un nouveau rendez-vous, une nouvelle patiente. Mlle Gabriel Hudson. D'ordinaire je me réjouissais de recevoir de la chaire fraîche, mais aujourd'hui je me sentais inexplicablement fatigué. Enfin inexplicablement... Depuis mon retour au pays et l'ouverture de mon cabinet, j'enchaînais les rendez-vous, croulant littéralement dessous. Je n'étais pas du genre à lambiner, je n'avais aucun problème à travailler sans relâche, après tout c'est grâce à cela que j'ai réussis à me faire une réputation dans la haute-société new-yorkaise. Il est vrai qu'ici je n'avais pas réellement besoin de m'en faire une : celle de mon clan suffisait. D'ailleurs avec la fortune familial dont je venais d'hériter j'aurais très bien pu cesser toute activité professionnelle et vivre une vie faite de paresse et d’oisiveté... et renoncer à tourmenter de pauvres âmes esseulées ? Jamais! Je m’ennuierais à mourir ainsi privé d'un de mes grands plaisirs. A quoi occuperais-je mes journées sinon ? Dans des bordels et autres clubs échangistes sans doute. Comme "Père". L'idée de devenir comme cet homme que je méprisais tant était ce qui me retenais de céder complètement à ma partie démoniaque. Je poussais un autre soupir tandis que je m'étirais et baillais. Bon. L'heure était venue.
Arthur était venu m'annoncer quelques minutes plus tôt que mon rendez-vous était arrivé. Comme d'habitude je lui demandais de la faire patienter dans la salle d'à côté. J'ignorais tout de Mlle Hudson, notre bref échange téléphonique ne lui avait pas vraiment le temps de s'exprimer sur la raison de ce rendez-vous. Tâtonnant, je sortis mon dictaphone du tiroir et le mit en marche, m'aidant des pointillés qui jonchaient les boutons. Finalement, je me levais, m’étirant à nouveau et ne pu réprimer un bâillement. Décidément... Je pense que je vais m'accorder quelques jours de repos bien mérité après la fin de la semaine. Les avantages d'être son propre patron. Je me saisissais de ma canne quittais mon bureau et m'avançait prudemment jusqu'à la porte. Là je m'arrêtais un instant et prêtais attention aux bruits de l'autre côté. Rien. Le silence absolu. Pas de bruit de pas, ni de cognement pouvant traduire une nervosité quelconque. Étonnant. C'était, me semble t-il, la première fois depuis mon retour au pays, que cela arrivait. D'habitude j'avais droit à des névrosés paranoïaque incapables de rester en place plus de deux minutes. Intéressant. J'ouvrais finalement la porte, un sourire calme et détendu sur le visage et tendis la main dans, ce que j’espérais être, la direction de ma patiente.
"Mlle Hudson ? Bonjour, je suis le Dr MacDuff. Je vous en prie, entrez. Vous pouvez prendre place sur le divan."
Dernière édition par Thaddeus J. MacDuff le Mer 30 Sep - 20:18, édité 1 fois
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Mer 30 Sep - 20:16
Bingo, des lunettes. Comme quoi cette profession devait se trainer une certaine malédiction. Celui-ci étant certainement plus atteint que les autres, la canne et la main tendue dans le vide donne une assez bonne idée de l’étendue des dégâts. Il était aveugle, ou pas loin. J’avais cru comprendre qu’il avait une certaine infirmité en faisant des recherches sur la qualité de ces services. Je n’avais cependant pas pensé que cela était à ce point. Peut-être était-ce la raison pour laquelle les gens se sentaient à l’aise avec lui. C’était bête et mesquin, mais il était diminué. Physiquement, visuellement, alors pour celui qui était au fond du gouffre, peut-être était-ce plus simple de se livrer.
Ce n’était pas mon cas, je n’étais pas une dépressive désespérée ne sachant trop que faire de sa vie. Il était hors de question que je me laisse duper aussi facilement, je serais seule juge de ces compétences, tout handicap mis à part. Même si je ne comptais pas faire une carte de fidélité, cela n’empêchait pas de pouvoir apprécier cette entrevue. Je me lève et attrape sa main pour le saluer.
-Bonjour, c’est bien cela.
Je hoche la tête lorsqu’il me propose d’entrer. Les habitudes, encore et toujours. Je me sens un peu stupide, mais heureusement la source de ma gêne fait aussi qu’il ne se rendra jamais compte de mon geste.
-Je vous remercie.
Alors sans plus me préoccuper de ma maladresse, je rentre pour m’installer sur le fameux divan. L’endroit est bien rangé, un bon point pour lui. C’est une pensée absurde, mais qu’un aveugle puisse avoir un bureau aussi net paraitrait presque étrange. Je ne vais pas m’en plaindre cela dit. L’ordre me met à l’aise, je n’aurais pas de cesse de vouloir me lever pour remettre les choses à leur place. Je m’installe sur le canapé, croise mes jambes. Il est confortable. J’attends que mon compagnon d’une heure me rejoigne pour lancer les hostilités. Parler de soit sans trop en dire était un challenge, peut importe comment vous le voyez. Il fallait tout de même que je rentabilise mon temps, mais sans pour autant dévoiler l’ensemble de mon intimité. Sans oublier le fait que je n’étais en rien certaine de son professionnalisme. Il s’agissait donc de tout un art. Celui de paraitre vulnérable, de montrer les failles les plus évidentes pour masquer les plus dangereuses, celles qui craquelaient les fondations, les plus noires. En d’autre mot, les genres de petits secrets qu’ils valaient mieux laisser dans leur coin.
-Autan être honnête avec vous Docteur, je ne suis même pas sure de ce pourquoi je viens. Mes parents avaient l’habitude de me faire voir par quelqu’un de temps à autre… J’ai juste gardé cette habitude pour tout vous dire.
Il fallait dire qu’arriver à un certain moment, il ne s’agissait plus de ma santé mentale dont il était question, mais bien d’une tentative de corruption. Les dits parents m’avaient envoyé voir un pseudo-psy pour tenter de me convaincre de l’existence du tout-puissant et ainsi de suite. Il faut dire que les sectes ont ça d’irritant qu’elles sont très … insistantes dirons nous. Je crois que c’est vers cette période où j’ai décidé de couper les ponts avec eux, ou tout du moins de limiter les échanges. Cela devenait bien trop malsain pour moi. Je m’adosse tranquillement, laissant le temps aux mauvais souvenirs de s’éloigner.
-J’espère simplement ne pas vous faire perdre votre temps.
A vrai dire, je m’en fichais un peu, mais quitte à passer du temps à papoter, autant que cela se fasse dans une bonne ambiance.
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Gabriel Hudson
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Mar 6 Oct - 17:50
La nécessité des habitudes
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De par le ton et la poignée de main de Mlle Hudson, je pouvais deviner qu'elle n'avait nullement envie d'être là. De la peur, de l'anxiété ? Non, plutôt de l’agacement je dirais, quelqu'un qui n'a visiblement aucune envie d'être ici et qui y est obligé. Elle ne serait pas ma première patiente comme ça. J'avais un faible pour ceux la : ceux qui se croyaient sans aucun problèmes et qui venaient uniquement pour que ses proches cessent de le harceler. Ils étaient, bien entendu, difficile, mais à presque chaque fin de la première séance, je parvenais à semer la confusion dans leur esprit, les faire douter, les forçant à finalement revenir me voir. C'était là un exercice délicat et qui ne réussissait pas forcément à chaque fois, mais c'était fort amusant. Je refermais la porte derrière Mlle Hudson et, m'aidant de ma canne, rejoignais mon fauteuil. A peine m'étais-je installé que ma patiente confirma mes doutes : elle n'avait nullement envie de venir à la base. Une question d'habitude donc ? Et imposé par les parents ? Hmm. Intéressant. Je lui souriais poliment.
"Je vous remercie de votre franchise, Mlle Hudson. Vous n’êtes, par ailleurs, pas la première patiente à me dire cela. Ne vous inquiétez pas, je suis sûr que nous allons trouver un sujet de discutions et que nous allons passer un bon moment."
Moi, dans tous les cas, mais pour Mlle Hudson je n'en suis pas si sûr. Voyons... Comment pourrais-je la tenter et la faire tomber dans ma toile ? Quelque chose me dit que ce ne sera pas chose aisée. J'ai intérêt à y aller en tout en douceur, en finesse et en tact. Je prend appuis sur mon dossier, croisant les jambes ainsi que mes mains sur mon ventre, prenant une pose détendu. Avant tout, la mettre en confiance, pour cela il faut aussi savoir passer par le physique. Exercice difficile pour un aveugle, mais mes années de pratique m'avaient grandement aidé. Plus j'avais l'air détendu, plus mon patient semblait être à l'aise et finissait par délier sa langue.
"Par exemple, qu'est ce qui vous pousse à continuer à perpétuer cette habitude de rendez-vous annuel que vos parents vous ont imposé ? Rien ne vous y oblige, non ?"
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Mar 6 Oct - 19:30
Je le laisse mener la danse, il est chez lui après tout. Le docteur s’installe à son tour, m’avoue que je suis une banalité comme une autre dans la ronde de ces patients. Je souris à sa réponse, le savoir aveugle me permet de laisser libre cours à mes expressions que je sais déplacer. Qu’importe, il ne pourra s’en offusquer, alors autant faire comme bon me semble. C’est assez rare pour ne pas en profiter. Il dénote un peu dans toute cette abondance de luxe. Je serais presque tentée d’éluder la séance pour essayer de connaitre son histoire, mais ce serait inconvenant. Cela ne me regardait pas après tout, la curiosité pouvait s’avérer dangereuse de nos jours, autant savoir rester à sa place.
Mon sourire devient encore un peu plus franc lorsqu’il enchaîne comme si de rien n’était. Mes doigts font des ronds sur le cuir du canapé. Je prends le temps de réfléchir à la question. Le tout était de doser suffisamment bien, je n’avais aucune envie de livrer ma vie personnelle à un inconnu.
-C’est une bonne question.
Je pourrais faire la sotte en disant que je n’y avais jamais réellement pensé, mais il était inutile d’en rajouter. Je gardais cette option pour plus tard. Pour le moment je me contentais de prendre un ton pensif.
-Il est vrai que rien ne m’y oblige, mais c’est un peu comme lorsque vous fermez à clé votre porte, de manière tellement machinal que vous finissez par ne plus y penser. A un moment vous pourrait même finir par vous demander si vous l’avez bien fait ou non. C’est un peu la même chose ici.
Sans que je m’en rende compte, je tapais doucement du pied d’un geste nerveux. Décidément, je n’aimais pas lorsque l’attention était trop tournée sur moi. C’était étouffant, mais il n’y avait pas de quoi s’énerver. Le calme était le maître mot, il n’y avait aucun danger immédiat hormis celui d’être mal à l’aise et je pouvais y faire face.
-Et puis dans un sens, les habitudes ne sont-elles pas rassurantes ?
J’attendais, patiente de savoir ce que le bout de viande allait attirer. Je ne savais pas encore si j’avais fait une boulette. C’était stupide, dans un sens, je me sentais obligée de lui répondre, mais dans l’autre, je savais que je pouvais éluder ou mentir. Ce n’était pas la méthode la plus raffinée, un peu stupide au vu de l’intérêt d’une séance. Mais bon, chacun avait ces démons et je ne tenais pas particulièrement à ce que l’on me dise que quelque chose n’allait pas chez moi.
Après tout n’était-ce pas leur fond de commerce ? Quelle soit réelle ou non, la folie amenait cette petite touche qui nous confortait dans un état de ‘’personne en bonne santé’’. Soigner les autre, vous donnez ce statut de supériorité. C’était un peu malsain quand on y repensait. De mon point de vue, il ne faisait que trouver des maladies au gens, quitte à ce qu’elle soit imaginaire, personne n’était là pour vérifier, personne n’en avait les compétences, encore moins vous-même. Alors il fallait simplement courber l’échine et obéir au tout-puissant docteur.
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Jeu 8 Oct - 19:37
La nécessité des habitudes
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Des patients difficiles, j'en ai eu bon nombre. Leur carapace est souvent bien plus fragile qu'ils ne le pensent et prétendent. La seule raison qui rend mon petit jeu plus compliqué qu'à l'accoutumé est leur méfiance naturelle. Quelque part ils me rappelaient ces chats de gouttières, à moitié sauvages, qui crachent et griffent aux premiers abords. Bien entendu ils vous griffent et mordent, au début, mais une fois que vous les avez apprivoiser, ils acceptent vos caresses sans problème. Mieux, ils les quémandent. Ooooh comme cela est jouissif, de les "voir" revenir dans mon bureau, brisés et fatigués, ayant besoin d'être écoutés, réconfortés, ce que je leur donne... avant d'enfoncer encore plus profondément ma lame dans leurs plaies béantes, tout en sachant qu'ils reviendront encore pour en réclamer plus, toujours plus. J'en ai presque des frissons rien qu'en y pensant... et en constatant que Mlle Hudson allait bientôt en faire partie. Quelle délice. Ma main droite vint gratter l'un de mes favoris tandis que je laissais quelques seconde de silence s'écouler, réfléchissant.
"Je comprend votre point de vue. Vous percevez donc l'acte de consultation comme un acte comme la fermeture de porte ? Si vous le voulez bien j'aimerais revenir sur vos paroles, enfin, plus précisément sur les mots que vous avez employés. A mon avis, il n'est pas anodin que vous ayez choisis la porte fermée comme comparaison. Pourquoi ferme-t-on les portes ? Pour se sécuriser ou du moins pour avoir le sentiment de sécurité, pour se rassurer or n'est ce pas ce vous pensez des habitudes ? Dites-moi, Mlle Hudson, est-ce que le fait de venir en consultation vous rassure-t-il ? Vous sentiriez vous perturber sans ?"
Les premières graines sont semées. Maintenant il s'agit de bien les surveiller et les entretenir afin qu'elles grandissent vites et deviennent grandes, fortes et bien enracinée dans l'esprit de Mlle Hudson.
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Dim 11 Oct - 16:29
J’ai failli éclater de rire tant il m’a pris de court. Faire l’analogie entre ce que j’ai dit et en faire une analyse détaillée, comme si chaque mot, chaque lettre avait une vérité plus profonde et véritable. C’était bien joué. Je ne m’étais pas attendue à ce qu’il entre dans le vif du sujet si pleinement et avec une belle dextérité, je devais l’admettre. Je pose mon menton dans ma paume tout en l’observant. Lui l’aveugle au visage impassible, ou presque. C’était difficile de savoir à quoi il pouvait penser sans le miroir de ces yeux. Qu’importe. L’échange risquait d’être plus intéressant que prévu.
Il savait parler, l’élocution était claire, il débitait son discours sans faillir, détaillant les moindres parcelles avec zèle. J’avais juste dit cela comme ça et il avait réussi à en faire un tableau. Impressionnant, même si je trouvais ça un peu ridicule de faire tout un cas d’un simple exemple qui n’avait pas de signification particulière. A moins que mon inconscient soit plus pervers que je ne l’aurais cru.
-En ce qui concerne les portes closes et les consultations, je n’irais pas jusque-là. Même si, il est vrai que je ne trouve pas ces consultations d’une utilité flagrante.
Qu’il ronge son os jusqu'à ce qu’il n’y ait plus rien. Parlons de futilité, jouons sur les mots et ainsi chacun restera bien sagement dans son coin. Je ne demandais pas plus. Même si j’estimais qu’à partir du moment où nous étions de l’autre côté de la porte close, à l’extérieur, on ne pouvait pas franchement dire que nous étions en « sécurité ».
-Ce n’est pas le fait de venir en consultation qui est rassurant, plutôt celui de répondre à une habitude, on sait où on va, comment les choses vont se passer. Théoriquement, sans qu’il y ait d’imprévu, c’est un chemin que l’on utilise tout les jours, sans danger. C’est plutôt cette optique qui l’est.
Je me rassois dans mon siège, prenant le temps de méditer à sa dernière question. La réponse était évidente, mais pas son explication. Je joue avec mes cheveux tout en essayant de mettre les mots appropriés sur les impressions et les évidences. C’était des sentiments tellement limpides qu’il paraissait stupide et superflu de les expliquer. C’était ainsi et puis c’est tout. Il y avait aussi la méfiance qui se devait d’être prise en compte.
-Oui et non, j’aime faire les choses correctement. Mais pour le fait de venir ici, je trouve simplement que c’est une perte de temps. Du moins me concernant, n’en prenez pas offense. .. Puis j’avoue que voir des gens étant capables de vous faire croire que le blanc est le noir et son contraire juste par besoin de convention, c’est un peu gênant. Avouez, toute personne venant vous voir, et même celle qui ne le font pas ont des problèmes. Ou tout du moins vous réussissez à en trouver. Du coup vous seriez capable de dire qu’une personne saine d’esprit est en fait un sociopathe en latence. C’est assez pervers comme place.
Le débat était ouvert, malgré sa place de thérapeute, son verbe m’était sympathique. Je trouvais cette conversation assez amusante en fin de compte. J’avais hâte de voir ce qu’il me répondrait. Beaucoup éludaient pour revenir à leur zone de confort, eux, ils n’étaient pas bien intéressants en général. Mais quelque chose me disait que ce n’était pas tout à fait le cas du docteur. Pour le meilleur ou pour le pire.
- Je pensais justement à mettre fin à ces rendez-vous annuels après vous. Sans parler du côté économique, je n’en tire rien de particulier. Dooonc, cela m’aurait certainement perturbé à une époque, mais plus maintenant.
Il fallait bien donner une conclusion à sa question. Je n’aimais pas que l’on me réponde à demi-mot, éludant le vif du sujet, je n’allais donc pas me mettre à faire de même. Si j’avais décidé d’aller dans son sens autant aller jusqu’au bout, sinon j’aurais simplement dû lui répondre que cela ne le regardait pas.
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Ven 16 Oct - 16:30
La nécessité des habitudes
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J'en ai connu des fortes têtes, patients ou non, mais dans le genre de Mlle Hudson, c'est une première. Si nous n'étions pas en consultation et que cette rencontre eut lieu dans des circonstances différentes, j'aurais été plus que ravis d'avoir un tel échange avec elle or ce n'était pas le cas. Je devais bien admettre que l'attitude et les réponses de Mlle Hudson commençaient à légèrement m'irriter. Je l'ai déjà dit et répété : je n'ai rien contre un peu de résistance, j'aime le challenge et cela donne un meilleur goût aux larmes de mes victimes, ne rendant leurs troubles que plus séduisant, mais… comment dire ? J'ai beau être une personne très patiente, fait rare pour un semi-démon, si la fatigue et quelques autres facteurs se rejoignent, j'ai tendance à laisser ma véritable nature prendre le dessus. Fort heureusement pour moi, je n'avais pas hériter d'un quelconque pouvoir physique tel que la télékinésie ou la pyrokinésie autrement voici longtemps que les autorités m'auraient attrapés. Tandis que Mlle Hudson continue sa diatribe, je sens ma mâchoire légèrement se contracter, j'essaye de cacher ce tic avec un autre, ma main droite venant gratter mes favoris et le début d'une barbe de trois jours. Hm. Il faudra vraiment que je demande à Arthur de ma raser, c'est assez désagréable au toucher. Je laisse passer quelques secondes de silence avant de répondre au monologue de ma patiente par un rire franc et enjoué.
"Vous savez Mlle Hudson, les mots ont parfois des sens caché. Consciemment ou non, nous ne les utilisons jamais par hasard. Notre vécu nous influence grandement dans leur choix... mais il est vrai que parfois ils sont sujet à la sur-interprétation. Il y a là quelque chose de rassurant à vouloir donner un sens à nos formulation... un peu comme les habitudes."
Je ne peu retenir un autre petit rire de quitter ma bouche.
"Rassurez-vous, je ne suis nullement offensés. Je comprend parfaitement votre point de vue. J'ai bien conscience que ma profession n'est pas forcément vue de manière positive. Dites-moi, est-ce que je renvois tant que ça à l'image du psy fou et manipulateur ?"
J'agrémente ma question en adressant à Mlle Hudson un sourire qui se veut sympathique, les paumes des mains ouvertes de même que mes bras. Si elle savait...
"Cicéron disait : « L'habitude nous fait comme une seconde nature », qu'en pensez-vous ? Pour ma part je comprend cette phrase comme ceci : si une habitude est une nature alors elle est ancré au plus profond de nous même, il est alors bien difficile de s'en débarrasser. Exemple : vous dite vouloir arrêtez les consultations après celle-ci... mais n'est ce pas ce que l'on dit à chaque fois que l'on veut stopper une habitude ? Un peu comme une dernière cigarette, « La dernière, et puis après j'arrête ». La dernière pour se rassurer, se donner bonne conscience... tout en sachant pertinemment que l'on recommencera."
Large sourire et mains retournant sur mes jambes croisées.
"Bien entendu, ce n'est là que mon avis."
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Sam 17 Oct - 17:47
J’étais un peu déçue, il avait choisi d’éluder. Avec intelligence certes, mais tout de même. J’aurais pensé qu’il serait de ceux près à argumenter de manière plus vindicatif, au moins aurions nous passer l’heure en un débat stérile qui aurait mis en sécurité mon moi profond et ces petits secrets. Tant pis. Il était agitait. Mes affirmations étaient tout de même dérangeantes pour lui, il le masquait comme il pouvait, mais ce n’était pas encore ça. C’était peut-être un revers du fait d’avoir perdu la vue, son corps avait du mal à cacher sa tension. Quoique… Je n’étais pas tout à fait certaine du pourquoi de ces contractures. Sa voix était limpide, elle ne trahissait rien si bien qu’il était dur d’arrêter son observation avec certitude. Ce devait être son arme la plus redoutable à n’en pas douter et si j’avais eu un tant soit peu moins d’attention, peut être avec moins d’année dans les pattes, je m’y serais laissée prendre totalement. Je ne pouvais néanmoins pas m’empêcher de suivre la mélopée de ces mots, une partie de moi hurlait à la méfiance et l’autre se laissait bercer. Comme quoi, il était bien plus dur de suivre ses enseignements qu’on ne pouvait le croire. J’aurais aimé être infaillible, mais j’étais loin de l’être, à mon plus grand regret.
Son hilarité tranche avec le langage de son corps, tant et si bien que j’aie du mal à l’interpréter. Je laisse passer quelque seconde avant de répondre à sa question. Hésitant entre taquinerie et franc parler.
-Il faut dire que les lunettes noires n’aident pas beaucoup à rendre une image d’angelot. Mais bon, en général on ne se rend compte de la folie de l’autre que quand il est trop tard. Alors, j’espère sincèrement que vous ne l’êtes pas, j’aimerais repartir en un seul morceau.
Un petit rire m’échappe sur sa dernière tirade. Touché. J’étais parfaitement d’accord avec ces arguments, sur ce point là, je n’avais strictement rien à redire. Par contre, je ne voyais pas bien où il tentait de m’amener. Il voulait forcément me conduire quelque part, dans une conclusion pleine de bon sens et d’une morale sans faille. C’était toujours ainsi, c’est ce qui rendait ce genre de personnes décevantes, ennuyeuses. Je faisais partie de ce type de gens qui se considère en général comme étant… meilleur, il ne fallait pas se voiler la face, alors qu’un thérapeute s’amuse à me dire ce qui est bien ou ne l’est pas était complètement surfait.
-Bien vu, pour une fois, je suis totalement d’accord avec vous. J’ai tendance à me cantonner à ce que je décide. Je ne suis bien sur pas à l’abri d’une faiblesse, mais j’aime à croire que je suis un peu plus résolue que cela.
L’imitant, mes jambes viennent se croiser sur le canapé. Le cuir souple ne bronchait pas sous mes mouvements, épousant ma posture pour rendre le séjour le plus agréable possible. J’aurais bien envie de le prendre chez moi celui là. A défaut d’être bien entourée, un bon mobilier pouvait tout aussi bien faire l’affaire. Si seulement j’avais assez d’argent…
-Ce n’est pas très flatteur que vous me voyez condamner à avoir les mêmes initiatives, encore et encore, sans aucune chance d’en sortir. Vous êtes bien pessimiste pour un thérapeute.
Le ton reste léger, je le taquine un tantinet. Je n‘avais aucune envie de le faire sortir de ses gonds. Du moins, pas encore.
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Gabriel Hudson
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Sam 17 Oct - 20:04
La nécessité des habitudes
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Vous savez, sous ce masque de courtoisie et de complaisance, je ne suis que comme les autres, au final. Comme les autres semis-démons, j'entend. J'ai des envies et des pulsions, meurtrières et sexuelles, la seule différence est que j'ai appris à les refréner quand le besoin se faisait sentir... fort heureusement pour moi ; car si ce n'était pas pour ça et ma cécité, je serais sûrement en train d'étrangler Mlle Hudson, sur mon divan, tout en la baisant violemment. Si il y avait bien une chose qui me donner des envie de meurtre et qui m’excitais au possible, c'était le fait que l'on me résiste. Les esprits têtus sont les plus difficile, mais aussi les plus jouissifs à briser. Chance, il s'avérait que Mlle Hudson en était dotée. Je ne peux retenir un autre rire franc et amusé lorsque ma patiente remet en cause ma santé mentale. Hohoho! On appréhende beaucoup plus facilement la folie des autres lorsqu'on assume la sienne, me retenais-je de lui dire.
"Ne vous inquiétez pas, vous n'avez rien à craindre de moi. Preuve en est..."
Je me défais de mes lunettes, un instant, afin d'appuyer mes dires, que Mlle Hudson constate par mes pupilles cristallines que je suis bien dénué de vue, avant de les remettre rapidement et de reprendre, sans me départir de mon sourire.
"Par ailleurs, vous ne pensez pas que sans mes lunettes je serais beaucoup plus inquiétant ? En ce qui concerne ma possible folie, je vous rassure, si je suis atteint d'une quelconque pathologie, elle ne m'influence nullement."
Non, ce n'est que ma nature démoniaque, rien de plus ou comment dire un mensonge tout en énonçant la vérité. Un autre de mes petits plaisirs. Je laisse volontiers Mlle Hudson me taquiner, après tout nous sommes en train de jouer, et ce serait d'un ennui si mon adversaire ne se prêtait pas au jeu, car oui, tout ceci n'est qu'un jeu. Mlle Hudson n'en a peut-être pas conscience, mais le moment où elle a mit le pied dans mon bureau, la partie avait commencée. Il y avait tellement longtemps que je n'avais pas trouvé d'adversaire digne de ce nom! D'habitude ils sortent le drapeau blanc au bout du premier ou deuxième tours, mais là... Je n'arrive pas à me départir de mon sourire tellement je suis content.
"Pessimiste ? Non, disons plutôt réaliste. J'ai suffisamment d'expérience dans le domaine pour savoir que habitude et addiction sont étroitement liés. Je reste tout simplement lucide... une attitude qui n'est pas forcément appréciée à sa juste valeur, mais revenons à vous. J'ai bien conscience que vous n'avez nullement envie d'être présente en ces lieux, et que vous voyez cette consultation comme une habitude inutile que vous comptez bien arrêter, mais supposons, je dis bien supposons, que l'année suivante, je vous retrouve à nouveau sur mon divan, quel serait-alors votre discours ?"
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Dim 18 Oct - 12:19
Avec un geste mesuré, le docteur enlève ses lunettes. Ce serait mentir de dire que cela ne me mit pas le moins du monde mal à l’aise. Ces deux billes recouvertes d’un voile opaque étaient une vision assez étrange à supporter. Heureusement que sa vue était déficiente, je n’étais pas sure de l’expression que je devais afficher à cet instant. Il les remit et c’est à ce moment que je me rendis compte que j’avais retenu mon souffle. Expirant avec douceur, je reprenais mon souffle en essayant de faire en sorte qu’il ne remarque rien, question de fierté, vous comprenez.
-Un quelconque handicap ne vous évite pas la folie pour autant. Mais disons que, faute de mieux, je vous accorde le bénéfice du doute.
J’étais bien placée pour savoir que l’être à l’allure la plus douce qui soit pouvait refermer en lui de véritables démons. Au sens littéral du terme, il n’y avait cas voir ce prêtre au sourire tout gentil, tout mielleux qui avait embobiné mes parents. Bien sur je ne croyais nullement qu’il était fou. Du moins pas au point de me mettre en danger (ou pas dans l’immédiat). Ce n’était pas pour autant que ma confiance lui était acquise. Par définition, je me méfiais des psy, toujours en train d’analyser, de cogiter, de vous trouver des travers. Ce n’était pas des gens très fréquentable, ils avaient du mal à rester à leur place. J’étais légèrement en train de m’égarer et je reprenais le fil de la conversation à son milieu. Le docteur Macduff semblait à son aise, un sourire barrait son visage et ne semblait pas vouloir en partir. Sa question était inattendue, pertinente, mais inattendue.
-Je changerais de thérapeute pour commencer, pour ne pas avoir affaire à vous et la prise de conscience que j’ai échoué. Ça serait un bon début vous ne croyez pas ? Plus sérieusement, Je ne sais pas vraiment ce que je serais susceptible de vous répondre. Peut-être, tout simplement, que de nos jour, pouvoir jouir d’une habitude d’une année sur l’autre est rare et qu’il aurait été dommage de la briser de la sorte ? Enfin cela ne resterait qu’une excuse, je vous l’accorde.
Une excuse bien minable, mais j’étais résolue à ne pas me retrouver dans une situation si humiliante. Je valais mieux que ça bon dieu. Rien que pour éviter le sourire narquois que je devinais qu’il ferait en me revoyant. C’était un bon moteur, il était hors de question que je vive une telle déchéance. Que je le laisse avoir le dessus, ce serait une aubaine bien trop belle pour lui. Il en profiterait pour laisser courir ses mains là où il ne fallait pas, fouillant dans ma vie, dans celle dont je ne voulais pas parler. Non, vraiment, je passais mon tour quand à ce genre d’expérience.
-Mais, cela n’arrivera pas. Vous avez l’air sympathique, mais pas au point de vouloir vous revoir. Vous risqueriez bien de commencer à me dire comment gérer ma vie si je devais me retrouver devant vous l’année suivante. J’aime bien mener ma vie à ma façon.
Au moins n’avais-je pas le choix sur le fait d’assumer mes erreurs. Si je commençais à être d’une docilité telle que de suivre les exigences d’autrui, je risquais de redevenir aussi vide que lorsque j’étais enfant. C’était une erreur à ne surtout pas reproduire.
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Gabriel Hudson
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Dim 18 Oct - 18:54
La nécessité des habitudes
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Il y avait plusieurs raisons qui faisaient que je cachais mes yeux, la principale était la révulsion et le malaise que la plupart des gens ressentaient à leur vue. J'avais beau n'avoir qu'une vague idée de ce à quoi mes pupilles pouvaient bien ressembler, je savais parfaitement qu'elles dérangeaient. "Deux superbes billes de cristal" disait Mère. Etant enfant j'était quelque peu honteux de mes globes oculaires : non seulement ils me privaient de ma vue, mais, en plus, ils ne ressemblaient pas aux yeux des autres. Avec le temps j'avais fini par m'y habituer et à les apprécier, et m'en servant, de temps à autre, pour m'amuser à tourmenter mes jouets... comme à l'instant. J'avais perçu que la respiration de Mlle Hudson s'était arrêté lorsque j'avais ôté mes lunettes. Ça faisait toujours son petit effet.
"Diantre! Combien même serais-je atteint d'une quelconque folie, je doute d'être une menace pour vous. Je suis aveugle, si j'avais un comportement violent vous n'auriez aucun mal à me fuir."
C'est vrai... sauf que je suis beaucoup plus subtil que cela. Quel intérêt d'attaquer de front lorsqu'on peut user de ruse et de manipulation ? J'avoue ne pas comprendre mes frères et sœurs du chaos pour la coup, mais peut-être était-ce dû au fait que ma cécité m’empêchais de me repaître des souffrances physiques que je pouvais infliger à mes jouets. J'avoue que cela me frustrait parfois, mais jouer le marionnettiste était tout aussi jouissif, de mon avis. Sans me départir de mon sourire, je me mis à jouer avec la chevalière qui ornait mon auriculaire droit tout en écoutant Mlle Hudson.
"Vous mésinterprétez mes propos, Mlle Hudson. Un psychiatre diagnostique, traite et tente de prévenir la souffrance psychique et les maladies mentales, il ne gère pas la vie de ses patients, sauf si nécessaire, et vous avez l'air d'en avoir nullement besoin. Mon rôle est d'écouter et aider, et non contrôler. Vous savez, il n'y aucune honte à nous revoir pour un bilan annuel si cela peut vous aider ou si vous en éprouvez l'envie ou le besoin. Je ne vous juge pas, et tout ce qui se passe dans ce bureau restera entre nous. Je ne suis nullement contre un suivi annuel, et si parfois vous pensez qu'un autre rendez-vous dans l'année est nécessaire alors pourquoi pas. Je suis là pour vous aider, libre à vous d'acceptez ou non."
Elle reviendra. Ils finissent tous par revenir.
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Dim 18 Oct - 21:50
Je laissais sa possible folie de côté. A vrai dire, ce qui me dérangeait dans cette possibilité n’était pas tant la violence qui pouvais en émaner, mais plutôt l’imprévisibilité qui en découlait. Quand bien même était-il aveugle, on ne savait jamais sur qui on pouvait tomber, ce qui était dans ces cordes ou non. Un peu dérangeant comme idée non ? D’autant plus que sa canne, cécité ou non, devait faire sacrément mal quand elle faisait mouche. Patient, il m’écoute. Il ne m’interrompt pas et attend tranquillement que j’ai fini de parler. Il dément mes propos avec douceur. Une pointe d’amertume vient voiler mon visage. Le bon docteur avait évité ma dernière question gênante, mais y répondait ici, d’une certaine manière. Avec toute la sympathie et l’intérêt que je lui prêtais, je trouvais que ces mots sonnaient creux, vidaient par le mensonge. Mes oreilles étaient écorchées à force d’entendre des sornettes pareilles. Il ne jugeait pas ? Mensonge, il était humain et ne pouvait qu’avoir une opinion sur ce que ces patients disaient, qu’il n’en dise mot ne voulait pas dire qu’il ne le faisait pas. Je n’étais pas une enfant en manque d’attention et je ne supportais pas d’entendre de telles absurdités, je n’avais pas besoin d’être rassurée pour parler. Je n’osais imaginer le nombre de personnes qui devait tomber dans le panneau. Mais qu’importe, je n’allais pas l’injurier pour des phrases vide de sens.
Enfin, nous en venions au point central de cette conversation. Le retour. Il fallait toujours qu’ils en viennent à ce mot. Plaque tournante d’un commerce lucratif. J’étais dure, c’était un fait, mais vraiment… pourquoi s’appesantir sur un avenir qui ne se fera jamais…. J’étais un peu agacée. Heureusement, mes paroles se firent légères.
- Comment peut-on prévenir une maladie mentale ? C’est de la simple curiosité.
C’était vrai en plus, outre le fait que cela me donnait du temps pour réfléchir à un autre sujet de conversation. Je ne voulais pas revenir, être écoutée impliquait de parler. Je n’en avais pas envie, du moins pas comme ça. C’était… glauque. Tout ça pour être étiquetée dépressif, névrosé ou que savais-je encore. Effectivement, il ne jugeait pas, il classifiait pour vous mettre dans une boité, prescription à la clé.
-D’ailleurs, le fait de mettre certaine personne sous médicaments, c’est un peu une manière de les contrôler non ? Désolé, j’ai la fâcheuse manie de vouloir avoir le dernier mot. Sans parler du fait que je ne vois pas bien de quoi vous parler.
Ho oui, prends moi pour un pauvre montons égaré que je puisse te bouffer la main. Ce n’était pas tant que je ne voyais pas, mais plutôt que je ne voulais pas. Et en y réfléchissant bien, je n’étais pas désolé du tout en fait. Mais il était trop tard pour se raviser. L’échiquier était mangé de troues, si bien qu’en deviner l’issue était assez compliquée, allais-je me laisser aller à cette danse malsaine ? Qui sait.
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Gabriel Hudson
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Lun 19 Oct - 17:22
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Je devais bien l'admettre : je n'avais pas pris ainsi autant de plaisir lors d'une séance depuis... je ne me souviens même pas. Depuis mon retour en Ecosse je n'étais tombé, quasiment, que sur des traumatisés plus ennuyeux les uns que les autres. Oh il y avait toujours quelque chose de plaisant à se délecter de la détresse des autres, mais... comment dire ? C'est comme les glaces. Drôle de métaphore, je sais, mais c'est celle qui me semble la mieux appropriée. Tous ces patients lambda me faisaient l'effet d'une glace à la vanille : doux, calme, satisfaisant, et commun. Trop d'un coup rendait le goût de la glace face, et pour éviter cela il fallait varier les plaisirs... comme Mlle Hudson. Au milieu de toute cette vanille, elle me faisait l'effet d'une glace à la fraise : acidulée, surprenante, plaisante. Il devenait nécessaire, pour mon équilibre, que je rencontre un adversaire un tant soit peu valable, et Mlle Hudson me tombait du ciel. Je n'aurais espérer meilleure surprise, et divertissement.
"Hmm. C'est là une bonne question, Mlle Hudson. Voyez-vous au sein même de ma communauté cela est question à débat, mais il y différents facteurs à prendre en compte : l'hérédité ou certaines caractéristiques biologiques, le milieu social, la condition de vie... De même cela dépend de la pathologie, certaines sont plus facile à détecter que d'autre notamment dans les cas extrêmes tel que la schizophrénie ou les troubles bipolaires. De tout manière, le cas par cas est nécessaire, les traitements pouvant différer d'un patient à un autre selon la gravité du cas."
Aaah! La question des médicaments! Il m'arrivait d'avoir, en effet, recours à cette ficelle, mais je la gardais uniquement en cas de nécessité. Il m'arrivais parfois d'être surpris à quel point certains de mes confrères y avaient recours aussi facilement et rapidement, et que l'on nous laisse ainsi droguer nos patients, le tout en total légalité. Ne nous mentons pas : les calmants, les antidépresseurs, et autres médicaments psychotropes n'étaient rien de plus que des drogues servant à abrutir. Décidément, Mlle Hudson me plaisais de plus en plus... Je lâchais un petit rire.
"Vous êtes une personne perspicace, Mlle Hudson, et c'est tout à votre honneur. Si je m'écoutais, je dirais que vous vous êtes mis martèle en tête de rejeter tous mes arguments, ce quel que soit mes propos, mais je ne vous en veux pas. Je vous tend simplement la main, et je tiens à ce que vous sachiez que mon bureau vous ait toujours ouvert si un jour vous veniez à en avoir besoin. Rien de plus."
J'arrête de jouer avec ma chevalière, posant mes mains sur les accoudoirs, et adressant à Mlle Hudson mon sourire le plus sympathique... et le plus charmeur.
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Mer 28 Oct - 18:02
Il avait plongé le museau en plein dedans. Parler de sujet futile, plonger dans des débats stériles. Tout ça pour ne pas parler de moi, de ma vie. Je n’avais aucune idée de pourquoi cela me hérissait le poil à ce point. J’en étais assez fière, je n’avais aucune idée de s’il suivait docilement les sujets que j’imposais ou non. J’avais décidé qu’il était dupe, il fallait dire que ça flattait assez mon ego. Cependant, il était assez dur de savoir à quoi s’en tenir, ces lunettes étaient une défense improbable qui empêchait toute certitude quand à ce qui pouvait lui traverser l’esprit. J’aimais le contrôle, cela empêchait les évènements inattendus, hors là, je n’avais pas toutes les cartes en mais pour être suffisamment rassurée. Il était intriguant, répondant franchement et pourtant avec légèreté, survolant bien trop mes questions à mon goût.
Je m’en contentais, il fallait dire que la danse n’était pas aisée. Mais, tout de même, c’était assez frustrant. Tout comme sa réponse, finalement il ne faisait que souligner l’incompétence des thérapeutes. Ces critères étaient bien trop vagues pour être pertinents, établir qu’une personne avait ou non des ‘’problèmes’’ restait encore très subjectif et pouvait changer d’un docteur à l’autre. Je n’étais pas à l’aise avec cette idée et j’en revenais à mon impression première. Ce boulot était pervers et malsain. J’étais dure, je le savais. Certaines personnes avaient besoin de ce genre de soins, mais cette profession manquait tellement d’encadrement… C’en était effrayant.
-Ce n’est pas un travail évident, mais disons qu’il n’y a qu’un pas entre un bon thérapeute et un charlatan. Je crois avoir eu affaire bien plus souvent au second cas de figure.
Si je ne l’entendis pas rire, le mouvement de ces épaules était assez équivoque pour que je l’interprète. Attitude puérile, mais j’étais vexée. Je ne voyais pas en quoi ce qui était drôle dans le sujet abordé. Je me redressais pour le toisé froidement, les brase croisé sur ma poitrine. Attitude d’intimidation…totalement vaine s’il en tenait en compte sa cécité. Qu’importais. Il tait perturbant de compter si peu sur le langage corporal, mais il n’en restait pas moins que cela permettait d’évacuer le surplus de ressentiment. Comme si de rien n’était il continue, répondant du tac au tac à mes interrogations.
-Je vous le concède. Et votre charmant sourire n’y changera rien, je ne suis pas à l’aise. Je trouve que vos jugements se posent sur des notions beaucoup trop abstraites pour être appréhendées efficacement. Je ne dénigre en rien votre travail et je ne doute pas que vous fassiez de votre mieux pour aider vos patients.
Après tout, il avait une réputation à tenir, il fallait bien manger. Je ne croyais pas à l’intégrité concernant le boulot. Cela n’existait plus de nos jours, si cela avait déjà existé un jour.
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Jeu 5 Nov - 16:12
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Je n'étais jamais aussi heureux d'avoir un tel contrôle sur mes pulsions, et surtout, sur mon corps, sinon, à l'heure actuelle, il y aurait de fortes chances que je bande dur. Pas très classe, je sais, mais je ne trouvais d'autre mot pour exprimer ce que Mlle Hudson me faisait ressentir. Je ne pouvais même pas imaginer à quoi pouvait ressembler son visage ou son corps, mais j'aimais à penser qu'elle devait sentir un mélange de bois, de lait, et de cannelle. C'était du moins la mince fragrance que j'étais parvenu à capter. Une odeur persistante que je risquais d'avoir du mal à défaire de mon divan... ce qui n'était pas pour me déplaire.
La petite danse que nous menions depuis un petit moment m'excitais au plus haut point. Il était plaisant de tomber sur un adversaire valable, un égal. Je me demandais si Mlle Hudson mettait autant de vigueur au lit qu'à défendre son point de vue, et à dénigrer le mien. J'avais l'impression d'être Don Quichotte, et de me battre contre des moulins à vent : quoique je dise cela tombait dans l'oreille d'une sourde. Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut voir. Je m'apprêtais à répondre à Mlle Hudson lorsque mon bippeur se fit entendre. Tiens. Nous étions déjà arrivés à la fin de la séance ? J'adressais un sourire amusé à ma patiente tout en quittant mon fauteuil, et me saisissant de ma canne.
"Je crains que ne soit venu le moment de nous séparer. Le charlatan que je suis a d'autres âmes esseulés à charmer, et à corrompre."
Étrange comme cela sonnait vrai. Je devais bien admettre que le "combat" qui venait de se dérouler c'était terminé sur une égalité. Match nul, la balle au centre... pas tout à fait. Je décidais de jouer ma dernière carte.
"Je suppose que je n'aurais pas le plaisir de débattre à nouveau avec vous. Du moins durant tout une année. Y aura t-il une chance que nous nous revoyons ?"
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Lun 9 Nov - 16:32
Quel étrange entretient. Mon intérêt était aiguisé, comme un prédateur, je guettais les mots, les incohérences. Calme, il me répondait avec entrain, le sourire aux lèvres. Cette volonté de sympathiser était toujours présente. C’était bien plus aisé de faire baisser la garde des autres ainsi. Le jeu avait été captivant assez pour que j’en perde le compte des minutes. Aussi, quand la petite sonnerie retentit indiquant que l’heure était passée, un sursaut léger agita mes épaules. Le docteur avait du répondant, il s’adressa à moi, un écho assez fidèle de mes propos et de notre conversation roula dans sa gorge. Je souris franchement, pourquoi cela sonnait-il si vrai en sortant de sa bouche ? Aurait-il des oreilles de chats apparaissant sur son crane comme par magie, cela ne m’étonnerait pas plus que ça. Derrière ses lunettes, je m’imaginais bien ses yeux pétiller de malice. Mais nous n’étions pas dans le jardin de la reine rouge avec des roses couvertes de peintures. Le chat de Cheshire devrait donc se trouver une autre âme perdue à se mettre sous la dent. En attendant ce cher docteur avait eu le mérite de me divertir. Je me lève, regrettant un peu le confort du canapé.
-Dans ce cas, je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Je ne doute pas de vos capacités, mais à vous retenir, vous ne réussirez jamais à tenir vos quotas. Le favoritisme n’est jamais une bonne chose.
Je pouvais bien me laisser aller à la moquerie. Il avait réussi à braver ma mauvaise humeur et mes remarques désagréables, alors m’adoucir un peu était dans mes cordes. Surtout que je risquais de ne pas recroiser son chemin de si… Ou pas. J’avoue que sa dernière demande est presque attendrissante. J’aurais envie de me laisser aller à sa voix charmeuse. Presque.
-Humm… Qui sait.
Je n’étais pas encore tout à fait décidé concernant la chose. Je me voyais plus débattre joyeusement avec lui autour d’un café dans un bar que de revenir ici. La fierté jouait aussi pour beaucoup. J’aimais bien le bonhomme, mais débarquer comme une fleur après lui avoir servi de tels propos… Disons que ce serait assez embarrassant.
-Ce serait un plaisir de vous revoir un de ces jours, peut-être aurons-nous la chance de nous croiser quelque part. Au revoir docteur.
Les bases étaient posées. Je n’étais pas certaine de le revoir dans le cadre d’une consultation, mais le jamais comme le toujours n’étaient pas des mots fiables, alors qui sait. Peut-être que la fin de cette danse n’était pas si définitive que ça.
[Hrp: Merci pour ce rp, c'était vraiment super chouette ]
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé] Jeu 12 Nov - 11:03
La nécessité des habitudes
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Il est des séances interminables, souvent accompagnées de patients geignards, et me tapant rapidement sur les nerfs. Dans ce genre de moment j'ai juste envie que tout cela se termine le plus vite possible, et tant pis pour la manipulation. Il est simplement des mouches qui ne valent pas la peine que je tisse une toile pour eux, et puis il y a le patient. La pièce rare, et précieuse. Le papillon que toute araignée rêve d'attraper, et de dévorer. Contrairement aux autres proies, ils ne peuvent-être attirés simplement avec des paroles mielleuses, et de belles promesses. Non. Ils sont plus délicats, et raffinés que cela. Ces papillons réclament de l'ingéniosité, et de la patience, beaucoup de patience. Heureusement pour moi, je ne suis dénué ni de l'un, ni de l'autre, et il se trouve que je viens de trouver mon papillon.
"Je partage votre avis, mais vous ne pouvez m'en vouloir de souhaiter de vouloir profiter un peu plus de votre compagnie. Vous êtes une personne agréable, et débattre avec vous fût un vrai plaisir. Je ne peux pas en dire ainsi de toutes mes autres séances."
Je tendis la main à Mlle Hudson au moment de nous quitter, et lorsque je serrais la sienne je me laissais aller à une caresse furtive avec mon pouce, presque imperceptible, profitant, l'espace d'une fraction de seconde, de la douceur, et de la délicatesse de sa peau.
"Qui sait, en effet. Au plaisir de vous revoir, Mlle Hudson."
Sans un mot de plus, ma patiente quitte mon bureau d'un pas assuré. Quand le bruit spécifique d'une porte qu'on referme se fait entendre, je me laisse aller à un frisson de désir, un petit rire, et un murmure.
"Au plaisir, petit papillon..."
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Sujet: Re: La nécessité des habitudes [Livre III - terminé]
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