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Perspectives [Livre II - Terminé]
MessageSujet: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptyLun 20 Mai - 19:39

Après une visite au musée, la nuit -portes ouvertes !- je me suis dis : et pourquoi pas moi ? Bien entendu, mon travail aux côtés de Julien me prenait beaucoup, mais j'avais aussi du temps libre. Et passais de très mauvaises journées. Chez les humains, cela s'appelait le syndrome post traumatique, et à vrai dire, il était étrange qu'un vampire put en souffrir. Bien sûr, si j'avais évoqué cela devant Julien, ce dernier ne l'avait pas vraiment pris au sérieux, m'assurant que bientôt, ma nature vampirique prendrait le dessus et que je serais tranquille avec ça. Et bien entendu, je n'ai rien dit pour mes réveils diurnes, mes sueurs, mes cris qui parvenaient à me réveiller. Dans la boutique, je regardais les cartes postales, les posters, les statuettes, mais aussi les kits de démarrage d'apprenti dessinateur. Une jeune femme, beaucoup trop maigre et trop pâle, s'approcha et m'aida à choisir. J'avais l'air d'un gamin timide qui n'osait pas mais en mourrait d'envie, ce qui me rendait particulièrement abordable. Les humains, de toute manière, étaient certains de leur supériorité depuis leur victoire, et moi, j'étais là incognito... Ma barbe de trois jours cachait de manière relativement efficace la pâleur de mon teint, rehaussé toutefois par une poche de sang bue juste avant de partir. Une femme d'âge mûr passait entre les badauds et acheteurs potentiels, proposant sur son plateau, des petits fours. La maigrichonne en prit un. Moi aussi. Elle le mangea, et je fus surpris qu'elle y prit plaisir, l'imaginant sans peine anorexique, et quand la blonde m'observa, je fis de même, semblant déguster le "truc" qui avait le goût de cendre dans ma bouche, en complimentant la cuisinière les ayant préparé. Mamie n'était pas sourde -quelle plaie !- et revint immédiatement : je dus remettre ça deux fois -trois fois en tout ! un véritable supplice-. Je ne supportais plus l'exclusion dont je faisais l'objet, m'accrochant comme un perdu à ce qui aurait pu me rester d'humanité, mais avait complètement sombré dans l'inconscient de la Bête qui me hantait désormais.

- Non, non, vraiment, je vous remercie... c'est délicieux, mais là, je vais finir le plateau, ce n'est pas bien...

La vieille femme insistait, c'en était gênant, mais heureusement, un homme lui subtilisa le plateau et s'enfuit avec. Y'a un dieu pour les vampires... J'achetais donc un carnet à dessin, un crayon spécial -m'avait dit la jeune femme- et une gomme, un poster de je ne sais quoi, pour brouiller les pistes, et filais avant qu'un autre plateau ne me soit présenté. Juste à temps, car Mamie revenait toutes voiles dehors pour m'assassiner de ses petits fours. La fraicheur me saisit dès que je fus dans le parc qui entourait le musée, et je pris une allée sur la droite, puis coupais par une autre, plus petite, avant de m'asseoir sur un banc où je sortis mes achats, les regardant comme un gosse devant un nouveau jouet.

Dessiner serait un passe-temps agréable, songeais-je, qui m'occuperait l'esprit d'autres choses que ce qu'y déversait continuellement Julien -pour mon bien, je n'en doutais pas !-. Mary, ma petite soeur, préparait ses examens et je ne pouvais la rencontrer pour le moment, craignant de la déranger, car autrement, elle m'aurait bien accueilli dans sa chambre d'étudiante sur le campus. Regardant autour de moi, j'avisais un bel arbre qui se parait de ses premières feuilles, et entrepris de le dessiner. J'ouvris lentement mon carnet à dessin, comme si je craignais de l'abîmer -on fait souvent cela avec les choses qu'on vient d'acheter, après, on prend moins de gants, l'habitude, sans doute...-, vérifiais que la mine de mon crayon était bien pointue, observait mon sujet, et entrepris de saisir le tronc, d'un trait léger, puis un ovale au-dessus, et la ligne de terre. Cela fait, je traçais quelques moutonnement autour de l'ovale, puis à l'intérieur, puis effaçais l'ovale lui même, reculais un peu la tête, comme pour mieux me rendre compte. Enfin, j'élargis le tronc vers le bas, effaçait le rectangle le symbolisant au début, le rendis noueux par quelques formes dessinées dessus...

*mouais...*

ensuite, je voulus dessiner l'étang derrière, le chemin qui en venait, mais tout était si plat, désespérément plat... Je relus le bouquin explicatif "premiers pas pour le dessin", mais en vain : rien ne marcha.

*Normal, je débute... et puis, j'ai l'éternité...*

Cela me fila le bolu et je baissais la tête, vaincu par les lignes que je venais de tracer : on aurait dit le dessin d'un enfant de cinq ans... Perdu dans mes pensées, je ne saisis qu'au dernier instant la présence près de moi, qui m'observait -depuis combien de temps !-, mais, surtout, ne pas montrer que je savais qu'il /elle était là... me faire passer pour un humain... si c'était possible.

*pourvu que ce soit pas encore un de ces tarés de la PES !*

en effet, j'étais hors zone... je n'avais pas le droit d'être là.
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MessageSujet: Re: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptyLun 20 Mai - 20:36

Joona ignorait depuis combien de temps il était assit là exactement. Une 20aines de minutes, peut-être plus.

Il était resté à Glasgow après y être venu déposer ses derniers dessins en dates à son édieteurs, dont les bureaux se trouvaient justement dans cette ville, pour l’attraction de plus en plus régulière que proposait la ville en ouvrant ses musées la nuit. Un coup de pub des autorités selon certains, une possibilité de permettre aux vampires de visiter les musées selon d’autres. Dans un cas comme dans l’autre, Joona s’en fichait un peu. En amoureux de l’art qu’il était, c’était avant tout pour lui une occasion de voir les œuvres sous un autre éclairage. Cela pouvait semblait idiot pour qui ne s’y intéressait pas plus que cela mais pour un véritable amateur, c’était une superbe occasion.

Et ainsi donc, depuis un temps indéterminé, Joona était assit sur l’un des bancs faisant face à une impressionnante sculpture tout en courbes qui, au choix, pouvait aussi bien représenter une danseuse qu’un arbre pliant sous le vent, tout dépendait de la manière dont on la regardait. Il avait toujours aimé la sculpture. Ou plus exactement, il avait toujours été fasciné par la sculpture. Peut-être parce que c’était l’exercice artistique qu’il maitrisait le moins justement. Il maitrisait la majorité de la palette du dessin, allant du fusain à l’aquarelle en passant par le crayon ou l’acrylique, était également capable de jouer de la musique, plus exactement du piano, avait fait un long stage en photographie chez un professionnel lorsqu’il vivait en Australie, mais il n’avait jamais réussit à maitriser l’art de la sculpture. Et ce n’était pas faute d’avoir essayé aussi bien sur bois qu’en terre lorsqu’il était en Amérique du Sud. Rien à faire. C’est pourquoi il pouvait rester un temps considérable à admirer celles des autres.

Joona serait certainement resté encore ainsi un moment si une voix féminine, et nasillarde au passage, ne l’avait détourné de sa contemplation en résonnant désagréable dans son oreille gauche.

… trop étrange. Sérieux, je pige même pas c’est quoi.


Perdu comme il l’avait été dans ses pensées, Joona avait manqué le début de la phrase mais il n’y avait pas besoin d’être un génie pour comprendre que la brune assise tout à coup à ses côtés avec une coupe de champagne à la main lui parlait de la sculpture. Il n’y avait pas besoin non plus d’avoir fait psycho pour comprendre qu’elle ne comprenait rien à l’art, c’était des plus évidents. Elle portait une robe beaucoup trop courte et serrée pour elle, des chaussures à talons vertigineux bon marchés et une incroyable panoplie de bijoux en toc. Joona se rappelait que son oncle parlait de ce genre de personne comme étant des « pique-assiette », des personnes profitant de l’occasion pour boire du champagne et manger des petits fours à volonté gratuitement. De plus, vu le soin qu’elle avait tout de même prit à se mettre à son avantage, Joona la soupçonnait d’espérer mettre le grappin sur un artiste renommé ou un riche collectionneur. Tu perds ton temps ma petite, songea Joona en observant la jeune femme qui continuait son monologue insipide concernant son avis tout aussi ennuyeux sur la sculpture se trouvant devant eux. Après 5 bonnes minutes, elle ne semblait même pas encore avoir remarquée que Joona n’avait pas une seule fois ouvert la bouche.

Ce dernier fini néanmoins par se lever, s’excusant poliment, dans le but d’aller observer les tableaux plus loin tout en espérant se débarrasser de la pipelette mais c’était loupé. En effet, clarisse, car elle avait prit la peine de se présenter au milieu de son blablatage incessant, le suivit.

Les longues 15 minutes qui suivirent furent un cauchemar pour Joona qui ne trouvait pas le moyen de se débarrasser de la fille jusqu’à ce qu’il réalise que les seuls moments où elle se taisait enfin, c’était quand elle mangeait.

En passant devant la boutique bondée, Joona repéra une mamie armée d’un plateau emplit d’amuse-gueule. Ni une ni deux, Joona lui arriva dessus avec un grand sourire innocent, lui piqua le plateau des mains et parti le refourguer à la Demoiselle. Le plateau de nourriture en main, elle devînt aussitôt la cible de tout les autres pique-assiette lui arrivant dessus comme des vautours et Joona en profita pour s’éclipser en vitesse hors du musée.

L’air frais nocturne accompagné du calme relatif de la nuit lui fit un bien fou. Avisant ce qui s’apparentait à un petit parc en face du musée, Joona sorti un paquet de cigarettes à moitié écrasé de la poche de son jeans troués en s’en alluma une sur laquelle il tira quelques bouffées, observant le petit bout rougeoyant dans la nuit.

C’est alors qu’il le senti.

L’odeur des vampires l’avait pourchassé toute la soirée dans le musée au point qu’il n’y avait même plus vraiment porté attention. Mais à présent, dehors, il pouvait en sentir un non loin. Scrutant les environs de ses yeux gris, il le repéra alors, non loin de lui et fut surprit de le voir visiblement faire un croquis sur un carnet à dessin. Depuis où il se trouvait, Joona arrivait à voir à peu près par-dessus l’épaule du vampire. Il avait eu la bonne idée de commencer par les formes géométriques de bases. Le reste se corsait un peu.

Silencieusement, Joona se faisait la liste de tout ce qu’il y avait à rectifier tout avant de décider qu’il était temps pour lui de rentrer à Edimbourgh. Il fit d’ailleurs quelques pas en direction de sa voiture avant de se raviser. C’était plus fort que lui. Ce type avait semble-t-il assimilé la prmeière base mais il n’arriverait pas à grand-chose en restant à ça.

Finalement, le métamorphe se rapprocha alors dans son dos, sa clope toujours rivé au bec, et se racla doucement la gorge pour signaler sa présence.

Il y aura aucunes perspectives ou profondeurs tant que vous ne mettrez pas les ombres…. Et les proportions ne sont pas tout à fait exactes. Vous voyez, sur votre dessin l’étang parait plus grand qu’il ne l’est en réalité… M’enfin, voila…
Expliqua-t-il avec son très fort accent scandinave avant de reporter sa cigarettes à ses lèvres et de faire mine de se détourner de l'artiste en herbe.

Joona ayant alignés 3 phrases à un parfait inconnu, vampire de surcroit, en engageant lui-même la parole, c’était bien une chose qui n’arrivait qu’une fois tout les 36 du mois.
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MessageSujet: Re: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptySam 25 Mai - 23:30

Je baissais prudemment la tête, histoire de ne pas attirer l'attention... Voir mon dessin me déprima instantanément. J'avais eu beau lire un bouquin expliquant les bases au magasin du musée -d'où l'avantage d'être un vampire !- mais, entre lire entièrement un livre en quelques secondes, et en assimiler toutes les techniques enseignées... L'odeur du tabac m'emplit les narines. Surtout, ne pas bouger, ne pas attirer l'attention... ne pas provoquer... le type se racla la gorge...

*ouf !*

Jamais un membre de la PES n'aurait eu ce tic. Il m'aurait, au mieux, planté un magnum dans le dos en hurlant ! "vous êtes hors de ..." oui, je sais, je suis hors de mon quartier. Je balbutiais, reprenant quelques mots prononcés par le nouvel arrivant :

*des ombres...*

comme une révélation... oui, des ombres... les lampadaires éclairaient plus ou moins faiblement la scène que je tentais de croquer, et faisait s'étirer les ombres, qui ondulaient au gré de la brise agitant faiblement le feuillage naissant de l'arbre. J'ouvris les yeux plus grands et me tournais vers l'homme :

-
merci...

mais alors, comment les placer ? j'observais intensivement mon sujet, mais tout semblait si mouvant... je sentis au ton du gars, qu'il risquait de repartir aussi vite qu'il était arrivé...

-
Euh... vous savez comment rendre les ombres ?

Je m'étais tourné vers lui, de nouveau, laissant apparaître mon dessin, et prêt à céder mon crayon, au cas-où... pour l'étang, effectivement, je l'avais représenté sans tenir compte de la présence de l'arbre. En regardant ce que j'avais devant moi, cela paru évident... et là aussi, il y avait des ombres et des reflets...

-
Comment on fait avec les reflets ? vous savez ? vous pouvez m'aider, s'il vous plaît ?

J'avais l'air sympa, comme ça, et même timide. Vêtu d'un jean noir passé et d'un sweat à capuche qui me couvrait à présent la tête et masquait à demi un visage trop connu des combattants des Années Sanglantes, que mangeait une barbe naissante, et chaussé de pataugas noires, je pouvais passer pour un gars cherchant à découvrir tout simplement, les arcanes de l'esquisse. En tout cas, je n'avais pas l'air d'un de ces vampires arrogants que les humains avaient matés à force de guerre et de lois. En fait, je ne l'avais jamais été...
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MessageSujet: Re: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptyMer 29 Mai - 9:03

Se tirer. Faire demi-tour pour de bon et s’éloigner aussi discrètement qu’il était arrivé pour rejoindre sa voiture et rouler tout droit jusqu’à chez lui, à Edimbourg, voila ce que Joona avait en tête droit en cet instant. Mais qu’est-ce qu’il lui avait prit d’adresser la parole à ce foutu vampire aussi ? A présent, Joona se sentant autant à l’aise que lorsque, ado, il se retrouvait au tableau devant toute sa classe pour une interro orale surprise. Et il détestait ça.

Les gens peinaient souvent à le croire. Avec son look très particulier et sa froideur plus que manifeste, les gens le pensait simplement de nature distante, froid voir même hautain et s’approchaient rarement de lui pour cette raison. Même si c’était faux, cela convenait très bien au métamorphe qui, ainsi, ne se voyait pas dans l’obligation de faire la conversation à des étrangers.

Mais la vérité était que Joona avait eu pitié de ce pauvre bougre qui observait son croquis avec un air terriblement désespéré. Le croquis était plutôt bon, surtout pour un débutant, mais le vampire avait la mine dépité d’un gamin dont personne n’aurait reconnu le dessin de son chien. Autrement dit, une tête à vous fendre le cœur.

De rien, marmonna-t-il en s’éloignant de quelques pas avant de s’arrêter, tournant le dos au vampire, quand il entendit sa question. Et oui, forcément, il lui avait donné un vague conseil, il aurait bien dû s’attendre à ce que le vampire veuille en savoir plus.

Le dos toujours tourné à l’artiste en herbe, Joona ferma les yeux, poussa un long soupire silencieux et hésita à l’envoyé se faire voir avant de finalement changer d’avis. Après tout, lui non plus n’aurait jamais pu se perfectionner sans quelques conseils avisés. Le seul problème était que cela signifiait bavarder avec un parfait étranger, l’une de ses plus grandes hantises. Ainsi, finalement, Joona fit demi-tour, avisa tout d’abord un cendrier publique où il écrasa son mégot de cigarette et revînt vers le vampire.

Il se demandait bien ce qu’il foutait là d’ailleurs celui-là. Enfin, peut-être qu’il avait reçu une autorisation quelconque, Joona ne savait pas trop comment cela fonctionnait pour les vampires avec la PES et il ne pouvait pas lui poser la question. Après tout, les humains n’étaient pas censé pouvoir reconnaître un buveur de sang au premier coup d’œil en pleine nuit et dehors rien qu’à leur odeur.

Les ombres, c’est assez facile, il faut juste de l’entraînement
, commença Joona, avec son accent à couper au couteau, tout en se rapprochant du type. Pour les reflets, c’est déjà plus compliqués alors je vous conseil de commencer par vous entraîner aux ombres avant et seulement après d’attaquer les reflets, expliqua-t-il sur le ton d’un professeur de dessin tout en prenant gentiment le croquis et le crayon qu’il observa un court instant. Un HB, autrement dit un crayon dont la mine était de dureté moyenne. Pratique pour débuter, surtout quand on ne connaissait pas encore toute la gamme des mines dures à grasses et leurs subtilités.

Joona observa un instant le dessin du tronc et désigna un nœud très marqué environ à mi-hauteur.

Il suffit juste de faire des dégradés plus ou moins grands pour donner de la profondeur et de toujour bien observer le résultat entre chaque ombre pour que ça reste... euh... harmonieux, je crois que c'est ça..., dit-il en joignant le geste à la parole et, en un rien de temps, le nœud du tronc, sur le croquis, paru bien plus réel, les ombres, même assez petites, faisant aussitôt ressortir ces étranges bosses que la nature lui avait donné.

Mais il faut toujours faire très attention au sens des ombres et à la direction de la lumière. Si vous mettez des ombres partout, ça ressemblera plus à rien.

Ayant terminé la bosse noueuse se trouvant sur le tronc, Joona rendit son croquis au type, ainsi que son crayon.
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MessageSujet: Re: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptyDim 9 Juin - 16:23

L'inconnu fit demi-tour, comme s'il regrettait de m'avoir donné son avis... Il avait l'air d'un ours grognon qui, après avoir offert un peu de miel à un passant, lui tournerait le dos, puis revint finalement :

Les ombres, c’est assez facile, il faut juste de l’entraînement,

Evidemment, quand on sait... tout est toujours facile ! mais le gars n'avait pas dit ça en se moquant, ou pour m'humilier, on... très naturellement... bon... disons que c'était vrai pour lui. J'eus conscience de l'ennuyer et envie de m'excuser, mais en même temps... l'idée qu'on puisse m'aider, moi, un vampire, me fit du bien, me rendit "vivant". Je m'avouais enfin ma faiblesse : ce terrible isolement que me procurait la "mort". La plupart des neonatus adoraient leur statut "supérieur" et en jouaient. Pas moi. Jamais. Et après les Années Sanglantes, encore moins. J'éprouvais le besoin de le dire :

-
Créer... J'ai l'impression de créer en dessinant...

Je souris, pâlement :

-
Cela me donne l'air d'un idiot ?

Mon "maître de dessin" avait tout de même précisé que l'apprentissage des refflets viendrait une fois celui des ombres acquit. Je l'avais laissé prendre le dessin, sans résistance, bien content d'apprendre. Je vis apparaître les détails frappants, tellement réalistes, et cela semblait si aisé ! L'envie de dessiner me reprit de plus belle. Les bosses, se serait plus difficile, mais je ne quittais pas des yeux la mine qui courrait sur le papier.

- La lumière... oui... dis-je dans un souffle, comme si je venais d'atteindre la révélation. Savait-il que j'étais un vampire ? en tout cas, il n'avait pas appelé la PES... je n'avais pas le droit d'être ici. Je n'osais l'interroger à ce propos. Mettre des ombres partout... oui...

L'arbre semblait tout à fait vivant maintenant, avec une lumière prise au lampadaire sur sa droite qui projetait toutes les ombres à gauche. C'était logique. Je secouais lentement la tête de bas en haut pour montrer que je comprenais. C'était évident, mais... pas tant que ça. Comme quoi, mon sens de l'observation, que je croyais très au-dessus de la moyenne, ne s'appliquait pas à l'art.

*Enfin, au dessin pour enfant, plus exactement !*

Je me moquais de moi, intérieurement, en reprenant mon dessin et mon crayon, souriant timidement à l'inconnu, et balbutiant un "merci" sincère, mais à peine audible, comme un gamin timide, qui aurait peur de gêner davantage.

-
Je vais tacher de me souvenir de la leçon...

Mon sourire s'étira, je présentais ma main droite, pour serrer la sienne, s'il voulait bien :

-
Je m'appelle Leslie.

*Et s'il refusait ? s'il me rejetait ? mais qu'est-ce qui me prend ?!!!*

Le besoin pressent de connaître d'autres êtres que les vampires se faisait sentir. J'avais trop tué, je savais combien c'était facile. La mort m'attirait beaucoup trop et risquait à tout instant, de m'entrainer dans un abîme où je ne souhaitait pas tomber. Pour cela, je devais connaître des "vivants", des vrais. Pas ces tarés de loups-garous, bien que l'un d'eux s'était avéré être l'un de mes lointains cousins (!!!), mais un humain normal. Comme avoir un pied dans la réalité.
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MessageSujet: Re: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptyJeu 20 Juin - 9:16



Perspectives


Martin Buber ▽ «Toute vie véritable est rencontre.»

Joona n’avait qu’une envie, ficher le camp. Ce n’était pas tourné vers le type en face de lui, c’était dans sa nature, il était comme ça. Il était mal à l’aise avec les inconnus. Alors quand en plus l’inconnu en question était un vampire, ça n’aidait pas vraiment. Mais en même temps, celui-là avait l’air un peu différent des rares autres vampires que Joona avait déjà eu l’occasion de croiser. Déjà, pour commencer, il ne fanfaronnait pas en montrant qu’il s’en fichait, ou plutôt qu’il en était ravit, de se trouver en dehors des limites dressées par la PES.

Sa question désarçonna quelque peu Joona qui l’observa un instant comme s’il observait un alien avant de secouer la tête dans un petit rire discret et silencieux.

Dans ce cas, toutes les personnes aimant le dessin ont l’air d’idiots. Après tout c’est l’essence même de l’art, d’avoir l’envie et la capacité de créé quelque chose que se soit à partir de traits de crayons ou de pinceaux, de notes de musiques ou de coup de burin.


En fait, le vampire lui rappelait l’époque lointaine où lui-même avait commencé à se mettre sérieusement au dessin. Il avait posé les mêmes questions, était passé par les mêmes doutes. Malgré un talent « naturel », cela lui avait demandé des années de cours et toute une formation en école d’art pour en arriver là où il en était désormais. C’est pourquoi il ne voulait pas que le type se sente démoraliser et abandonne dès ses premiers essais.

Tout en lui faisant une petite démonstration des ombres, Joona allait lui suggérer de s’inscrire à un cours de dessin pour s’entraîner plus efficacement mais il réalisa qu’il ne savait pas trop si les vampires avait le droit de se rendre à se genre d’atelier. En fait, à bien y réfléchir, Joona réalisa qu’il ne savait pas grand-chose sur le quotidien des vampires depuis qu’ils avaient été recadré par la PES. Il savait juste qu’ils avaient moins de liberté et durant une fraction de secondes, il essaya d’imaginer le sort qui attendrait les métamorphes si jamais ils devaient être découverts. C’était là une pensée qu’il avait de plus en plus souvent ses derniers temps mais qu’il préférait oublier aussi vite que possible.

La démonstration finie, le type reprit son matériel avant de lui tendre la main. Joona l’observa, marquant une seconde d’hésitation. La dernière chose à laquelle il aurait pensé, s’était à faire copain-copain avec un suceur de sang. Un suceur de sang se nommant Leslie au passage. Cela avait beau faire des années que Joona vivait dans des pays anglophone, il avait parfois encore un peu de peine avec certains prénoms mixtes qu’il avait tendances à associer à un sexe plutôt qu’à l’autre dans son apprentissage de la langue de Shakespeare.

Finalement, après une seconde d’hésitation, il prit la main, glacée, du vampire et la serra.

Joona, enchanté, répondit-il en prononçant son prénom à la Finnoise, c'est-à-dire, Yona.

Le contacte avec la main froide du fameux Leslie le fit légèrement frissonner. C’était la première fois qu’il touchait un vampire. Il savait, comme tout le monde, qu’en bon pas-si-mort qu’ils étaient, ils avaient la peau glacée mais le savoir et le ressentir étaient deux chose bien différente. Joona ne pu s’empêcher de penser que cela devait être la même sensation que de toucher un cadavre. Toutefois, il ne fit aucun geste de recule ni de grimace. Il se surprit à réaliser que la sympathie qu’il ressentait vis-à-vis du vampire prenait le dessus sur ce petit souci « tactile ».

N’ayant pas l’habitude de faire la conversation, Joona ne su pas trop quoi ajouter et rester coincé dans un petit silence gêné avant de finalement dire la première débilité qui lui passa par la tête.

Ça vous a prit comme ça l’idée de vous mettre au dessin ?, demanda-t-il en ponctuant sa phrase d’un claquement de doigt avant de fouiller dans sa poche pour sortir une nouvelle cigarette, tendant le paquet vers Leslie pour lui en proposer une. Il ne savait pas trop si Leslie, et les vampires en général, fumait ou pas mais un peu de politesse n’avait jamais tué personne.



(c) AMIANTE

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MessageSujet: Re: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptyLun 24 Juin - 13:31

A demi tourné sur mon banc, la main tendu vers mon éphémère professeur de dessin, j'espérais quoi ? considération ? pardon ? reconnaissance de celui que j'étais ?

"Joona, enchanté"

Je me présentais à mon tour, disant seulement "Leslie" et poursuivant sans pouvoir m'en empêcher l'étrange discussion qui m'agitait le bocal.

* Tu parles ! avait-il deviné déjà ma nature de non-mort ? *



Peut-être pas... une chance encore de paraître "normal", pas un être sanglant et déjanté, assoiffé et arrogant. Depuis que je fréquentais les "grands" de mon nouveau monde, je savais de quoi ils étaient capables et comprenais les réticences de mes rencontres (autres que vampiriques). Les cheveux de l'artiste flottaient dans le vent : il avait l'air tellement vivant, lui, sans avoir cette curieuse surchauffe lupine qui me mettais tout de suite en chasse. Non, lui était humain, banal, normal, tout ce que j'aurai tout donné pour être. Peut-être que lui aurait tout donné pour avoir la vie éternelle ? curieux comme l'insatisfaction frappait toujours à la porte de ceux qui possédaient. Ceux qui n'avaient rien ne désiraient rien. Je rêvais de ce dénuement. Ne plus craindre que la moindre de mes paroles ne soit un jour retournée contre moi, agir spontanément, avec cette curiosité naïve qui m'était propre jusqu'à présent et que je devrais désormais combattre. J'avais besoin d'un dérivatif et le dessin me semblait fixer suffisamment mon esprit pour l'ancrer dans le présent qui m'échappait chaque nuit davantage. Pouvait-il comprendre cela, lui, l'artiste ? peut-être... peut-être pas. Je lui aurai bien dit la vérité sur ma nature, mais je n'avais pas le droit d'être là. Pourtant, cette révélation me brûlait les lèvres... et je songeais que Julien, s'il était là, me reprocherait mon don de me foutre dans la m... Je sentais l'autre mal à l'aise avec moi, mais je mettais cela sur le compte de la gêne d'expliquer les bases à un inconnu, histoire de me leurrer un instant, de me permettre de vivre "normalement".

* c'est quoi, être normal ? *

Le gars debout derrière moi hésitait. Je le comprenais. Tant de mes confrères avaient des comportement emportés... il se méfiait. Quoi de plus normal, le contraire m'aurait aussitôt mis en alerte. Là, je me sentais bien, presque "normal". Ses mots me rassurèrent :


"Après tout c’est l’essence même de l’art, d’avoir l’envie et la capacité de créé quelque chose que se soit à partir de traits de crayons ou de pinceaux, de notes de musiques ou de coup de burin. "

et je souris, me voyant pardonné de mon inexpérience et engagé à aller plus loin, en tâtonnant, en me tromper : ainsi, dans l'art, l'erreur est possible ? incroyable... parce que ça ne l'était pas dans mon monde.

- Vous pensez vraiment ce que vous dites ? que l'envie peut suffire, que je peux ne pas réussir, et quand même poursuivre ?

C'était proprement impensable, surtout au poste que j'occupais désormais aux côtés du Général. En fait, j'ignorais si les vampires pouvaient encore apprendre de nouvelles choses, parce que souvent, je les voyais se vautrer dans leurs désirs et leur soif de pouvoir plutôt qu'utiliser leur immortalité à découvrir ce qu'ils ne pouvaient faire dans une seule vie mortelle. Je trouvais d'ailleurs étonnant cette capacité si développée à la nuisance au lieu d'une recherche de beauté ou de perfection pouvant poindre à l'horizon d'une vie quasi-éternelle au regard d'une vie humaine.

Maintenant qu'il m'avait serré la main, il savait. Ou pas. J'aurai très bien pu avoir les mains froides à cause du froid ambiant... il avait frissonné pourtant... je souris à demi en me retournant, faisant face au parc et lui tournant le dos. C'était dangereux ? ou pas.


"Ça vous a prit comme ça l’idée de vous mettre au dessin ?"

Il avait seulement posé cette question alors que j'admirais ce qu'il avait fait de mon travail de débutant, observant les ombres, prêt à les reproduire encore et encore, pour apprendre, avant de recommencer sur un autre sujet de visu. Je me tenais prêt à organiser un véritable planning de ma progression. J'inclinais la tête, regardant mes genoux un bref instant, tenant toujours le carnet devant moi, et répondant ensuite :

- Oui... en sortant du musée... j'ai eu envie, moi aussi, de faire quelque chose de mes mains. J'ai vu qu'ils vendaient des carnets et des crayons à la boutique, ça m'a parut le plus simple... à transporter, je veux dire..

(je m'étais repris, qu'il ne croit pas que je pense que le dessin était un art mineur, mais comprenne qu'il était important pour moi d'y avoir accès facilement). Je pouvais palper son désir de s'enfuir loin de moi. Et j'étais las de toujours provoquer cette réaction chez ceux que je rencontrais. Je ne voulais pas de pitié ou de compréhension et n'en attendait pas en fait -je me mentais, je la voulais, la compréhension-. Après tout, je n'étais devenu vampire que de par la volonté de vengeance d'une femelle dont j'avais tué le mâle lors d'une arrestation ! et tout le monde me tombait dessus, au-lieu de m'aider, me rejetait, au lieu de me comprendre ! dix années s'étaient écoulées et j'acceptais ma nature, désormais.

- Je vous remercie. D'être resté alors que vous mourrez d'envie de vous éloignez de moi. Je sais que vous savez ce que je suis... mais je ne vous ferai aucun mal, vous avez ma parole. Je respecte la loi.

Enfin, sauf que je me trouvais hors du périmètre autorisé aux gens de mon espèce.

- J'avais envie de voir des oeuvres d'art, de visu, expliquais-je ensuite, comme si c'était obligatoire, de se dédouaner, et aussi pour lui dire que s'il voulait, il pouvait appeler la PES. Sincèrement, je ne le pensais pas du genre à le faire... sans m'expliquer pourquoi. Peut-être parce qu'un artiste ne fait pas ce genre de chose ? Besoin de voir autre chose aussi, que les rues que j'arpente, toujours les mêmes... nuit après nuit.

Oh ! je n'allais pas lui faire penser "oh ! le pauvre !", je le savais. Il avait peur. Il me tendit son paquet, pour que je prenne une cigarette... je lui souris :

- Non, merci... je ne fumais pas de mon vivant, et ne m'y suis pas mis ensuite. Et puis, c'est cher ces trucs là... et pas très bon pour la santé...

Ce n'était pas un reproche, plutôt comme une petite tape amicale sur l'épaule d'un pote qu'on voulait charrier. J'espérais confusément qu'il le prendrait comme ça.

- Pour répondre à votre question, je ne dors pas bien le jour, et mon repos diurne faisant défaut, je m'ennuie à mourir. Surfer sur internet, c'est pas si super que ça, et les séries ? je les ai toutes vues. C'est pour cela que je suis venu faire un tour au musée, pour me changer les idées, passer le temps... et puis, là, sur ce banc, j'ai découvert qu'en gribouillant mon carnet, le temps passait vite, et mon esprit occupé ne me fait plus tourner en bourrique.

Comprendrait-il ? ou pensait-il que les vampires se trouvaient fort dépourvu de toute sensibilité ? Que nous n'étions que des monstres froids ? -c'est bien ce que nous étions, majoritairement. Mais certains d'entre nous n'étaient pas ainsi et en souffraient : inutile de le préciser-.
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MessageSujet: Re: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptyLun 8 Juil - 16:14



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Martin Buber ▽ «Toute vie véritable est rencontre.»

S’il y avait bien une chose que l’on ne pouvait pas reprocher à Joona, c’était de ne pas dire ce qu’il pensait vraiment. Enfin du moins, c’était le cas quand il n’était pas question de vie ou de mort. En l’occurrence, Joona doutait que sa vie puisse être en danger pour une discussion portant sur le dessin ou l’’art en général donc oui, il était sincère.

Ben oui bien sûr, répondit-il en haussant des épaules, comme si cela coulait de source. En fait, cela coulait effectivement de sources à ses yeux. Van Gogh n’est pas devenu un grand artiste du jour au lendemain et Monet à bien dû apprendre à peindre lui aussi avant de faire des tableaux. Et vraiment au pire, ajouta-t-il après une légère pause, si vraiment vous n’arrivez jamais à reproduire quelque chose qui soit reconnaissable, contentez-vous de barbouiller des toiles avec des tâches de couleur et dites que c’est de l’art abstrait, ça marche toujours.

Disant cela, on pu entendre le soupçon d’un rire dans la voix de Joona. Et pour cause, bien que son boulot demande à ce qu’il fasse des dessins « réalistes » et reconnaissable, à côté de cela, c’était bel et bien dans l’art abstrait qu’il excellait et exposait, même si actuellement la vente de ses tableaux, même s’ils partaient bien, ne lui permettaient pas de vivre ni de vraiment se faire un nom dans le domaine.

Joona ayant lui-même quelque peu relancé la conversation, il se voyait mal faire demi-tour maintenant. Mais la réflexion soudain du fameux Leslie sur son envie de partir le prit par surprise. C’est vrai qu’il n’était pas du genre expansif mais il ne pensait pas que cela se voyait autant. Mais alors qu’il aurait pu en profiter pour tourner les talons et se tirer, Joona finit par plutôt s’asseoir à son tour sur le banc.

J’aime pas trop les vampires, lui annonça-t-il comme s’il parlait de la météo, mais c’est pas le problème. J’aime pas trop non plus les vendeurs trop collants dans les magasins ou les politiciens aussi. Je ne suis pas à l’aise avec les gens en général c’est tout, expliqua-t-il en haussant vaguement des épaules. Que vous soyez un humain, un vampire ou le Kraken, ce serait le même effet. Je suis le cliché même de l’artiste ermite, ajouta-t-il avec une petite touche d’humour.

Certes, il n’aimait pas les vampires en général mais c’était comme pour tout, il y avait toujours des exceptions et on s’habituait à tout. Après tout, il n’aimait pas non plus la pluie et pourtant il vivait en Ecosse depuis des années maintenant.

Donc voila, que vous soyez un vampire ou un alien, je m’en fous tant que vous ne cherchez pas à me bouffer.

Joona pouvait comprendre son envie. C’était autre chose de voir un tableau en vrai que sur l’écran de son pc. Lui-même se rappelait de la première fois où il avait visité le célèbre Musée du Louvres. Il n’avait plus voulu en repartir à l’heure de la fermeture.

A la remarque de Leslie sur les cigarettes nuisant à la santé, Joona glissa un regard vers lui avec un léger sourire en coin.

Croyez-moi, avec l’époque que nous vivons, je risque bien de mourir de manière peu naturelle bien avant que la nicotine aille eu le temps de m’achever, dit-il en faisant clairement références aux derniers conflits ayant eu lieux ses dernières années et qui avaient fait des victimes dans tous les camps, y comprit chez certains humains innocents.

Hum, les problèmes de sommeils, c’est un sujet que je connais bien, expliqua Joona en détournant légèrement le visage pour ne pas cracher la fumée de sa cigarette au visage de son interlocuteur. J’arrive a passer des jours et des nuits à dessiner non-stop sans ressentir la fatigue quand je suis vraiment inspiré. Ça vous permettra de vous entraîner à faire des ombres comme ça, ajouta-t-il en guise de petite pique amicale.



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MessageSujet: Re: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptyJeu 11 Juil - 11:30

Je ris sur les risques de mort prématurée avant que les clopes n'aient le dernier mot. Je m'étais tu jusque là, pour profiter de la présence de Vilho... Parler avec cet inconnu hésitant entre m'aider et ficher le camp, je trouvais cette situation curieuse et plutôt insolite. Surtout que si la PES débarquait... bon, ne pensons pas à ces oiseaux de mauvais augure maintenant. Profiter du moment présent me semblait bien plus important. D'ailleurs, le temps passait vite avec ce gars (la pendule du musée avait avancée de près d'une heure depuis qu'on s'était rencontré !) au point que j'eus la brutale envie de l'emmener avec moi pour me distraire. Mais ça n'aurait pas été très juste pour lui... et cette rencontre n'avait d'intérêt que parce que nous étions libres tous les deux de l'accepter, ou non. En plus, le gars était sympa de me dire des trucs encourageants, en me parlant d'artistes hors pair. Je ris un peu à sa réplique et dis :

- Et du temps... j'en ai... qui dit qu'après deux ou trois siècles de pratique et d'étude, je n'arrive pas à faire un carnet de voyage potable...

J'espérais qu'il comprendrait que je me moquais de moi, pas de lui... mais au final, si je griffonnais, c'était quand même pas dans l'espoir d'être nul tout le temps, non ?

- Je n'aime pas l'art abstrait... enfin, je ne le comprends pas serait plus exact... peut-être que plus tard... mais pour le moment, je voudrais dessiner ce que je ne peux plus voir. La peinture me semble trop compliquée...

Je réfléchissais à ce que je pouvais réellement vouloir. En fait, une chose toute simple. Revenir en arrière et tout recommencer. Ne jamais avoir été mordu. Beaucoup d'humains voudraient l'immortalité, et adoreraient tuer les autres : celui-là, parce que c'est un voisin chiant, et la collègue, là, elle va me payer ce qu'elle a fait. Un tel ne mérite pas de vivre... moi aussi, pendant les Années Sanglantes, j'avais été tenté par la régulation démographique "au mérite", mais au final, j'avais tué tous mes ennemis, sans distinction, sans circonstance atténuante, et sans regret. Pas même maintenant. Non, ce qui m'ennuyait, c'était le présent. Peut-être parce que les humains avaient repris le haut du pavé ?

- Vous peignez ? quel genre ? je pourrai en voir une fois ?

* Qui sait, ça pourrait me donner des idées, après tout, j'ai l'immortalité pour moi : va falloir meubler. *

Meubler, meubler... Julien Guillemaud me prenait déjà bien assez de temps comme ça ! Machinalement, j'avais tourné la page de mon calepin et gribouillais des formes noires ou grises, un peu comme un gosse à l'école ou un employé pendant une réunion ennuyeuse. Pas parce qu'être là, dans ce parc avec Joona m'ennuyait, non ! mais pour occuper mes mains. Il avait dit, tout à l'heure, qu'il n'aimait pas les vampires, mais ne les détestait pas plus que d'autres emmerdeurs. C'était une sorte de sac fourre tout où il bourrait tout ce à quoi il ne voulait pas penser ou les gens à qui il ne voulait pas avoir affaire pour les oublier définitivement. Une sorte de sauvegarde par idée préconçue. Sauf que pour les vampires... se faire sauter à la gorge n'avait rien d'agréable et ma seule expérience m'avait conduite ici... donc, je savais de quoi il parlait : la peur, la terreur, la mort.

* Un artiste non suicidaire, qui ne voit pas tout en noir... c'est rare ! *

Je le regardais différemment, une certaine curiosité dans la pupille, mais au final, c'était plutôt des écrivains, des poètes qui songeaient à ces trucs tout noir. Laisser quelqu'un indifférent était blessant. J'aurai préféré qu'il me déteste, me haïsse... ou qu'il cherche à établir le contact. Je ne voulais pas être seul, mais j'en avais besoin. Ces derniers temps, j'étais si contradictoire... sans doute à cause de la pression pour satisfaire Julien. Pas niveau boulot ! ça, ça allait. Question personnalité. Je me creusais sans cesse le ciboulot pour lui plaire, sans jamais y parvenir. Et cette grande détresse me minait. Et je repensais sans cesse aux Années Sanglantes où tout allait bien entre nous ! C'était si simple. Maintenant, plus que des faux-semblants... Je n'avais le droit de parler de rien, avec personne. Je m'inquiétais encore vaguement pour William, et la manière dont, au final, le Général finirait par le sortir de là. Je m'inquiétais pour les étranges cauchemars que je faisais et qui me tenaient éveillés de longues journées, où je revoyais les massacres de la guerre... Mes yeux se fermèrent un instant, et je les rouvrit pour voir mes gribouillis... on pouvait voir, dans le brouillard de lignes frottées, surgir un féroce loup garou aux yeux exorbités se jeter sur une jeune vampire terrifiée. Ma main s'arrêta enfin. Puis je saisis le crayon dans ma paume et rayais le papier avec tant de force que la mine passa à travers et déchira la page, celle du dessous, la suivante, jusqu'à ce que je mette en charpie mon carnet. Le silence était total, ce qui rendait la scène encore plus inquiétante, et lorsque je relevais les yeux vers Joona, ils avaient ce regard fou des tueurs en série.

Je le reconnus alors que mes crocs étaient déjà sortis et agrippais le dos du banc de la main droite, alors que la gauche jetais au loin mon esquisse d'art... mes mâchoires se crispèrent à me faire grincer des dents, et je dis comme je pus, en articulant fort peu :


- Je suis désolé.... n'ayez pas peur, s'il vous plaît... restez....

Comment je pouvais demander un truc pareil à ce pauvre humain ? déjà qu'il avait peur avant, là, il allait me faire un arrêt cardiaque ! ou alors partir en hurlant qu'il était attaqué par un vampire et tout ça ! Trop de tension à évacuer, songeais-je... trop de tension... je devais me reprendre, vite...
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MessageSujet: Re: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptyMar 23 Juil - 13:18



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Martin Buber ▽ «Toute vie véritable est rencontre.»

Avoir 2 ou 3 siècles devant soit pour peindre, voila qui aurait pu être tentant comme idée pour un artiste comme Joona si cela ne signifiait pas, accessoirement, de devenir un buveur de sang. Cette idée là lui semblait déjà beaucoup moins plaisante. Il allait devoir faire avec les environ 90 années, si tout allait bien, que lui offrait la vie de simple mortel. Et puis il était reconnu que la plupart des grands artistes avaient eu plus de succès de leur mort que de leur vivant, c’était déjà ça.
C’est quoi déjà que vous dites ici ? C’est en forgeant qu’on devient forgeron c’est ça ? Le talent, ça aide mais il faut quand même beaucoup de travail…

Joona était bien placé pour le savoir. Certes, il avait ce que l’on appel un talent inné pour le dessin et la peinture mais il avait quand même fait ses études dans une école d’art puis suivit des stages un peu partout durant des années pour se perfectionner avant d’en arriver où il en était.

Quand Leslie lui annonça ne pas aimer l’art abstrait, ou plutôt ne pas y comprendre grand-chose, Joona eu un petit sourire en coin, clairement amusé. Le vampire n’était de loin pas la première personne à lui dire ce genre de chose, il y était habitué. Après tout, les goûts et les couleurs…

Et bien en fait, je travail comme illustrateur dans une maison d’édition de livres pour enfants, commença-t-il avant d’aouter sans se séparer de son sourire en coin un peu rieur. Et à côté de ça, je peints des toiles abstraites auxquels personne, moins y comprit, y comprend quelque chose, ajouta-t-il sur le ton de l’humour.

Joona plaisantant avec un parfait inconnu vampirique dans un parc de nuit, c’était une chose relativement rare mais cela pouvait lui arriver. C’était le signe qu’il se sentait relativement à l’aise à discuter avec ce type. Cela venait aussi du fait qu’il aille prit la résolution, lors de sa récente rupture, de s’ouvrir un peu plus au monde extérieur, ce qui n’était pas encore gagné mais il faisait des efforts.

Cependant, la bonne humeur de Joona ne semblait pas contagieuse. Fronçant les sourcils, il regarda le vampire se mettre a gribouiller avec une espèce de rage incontrôlée assez inquiétante. Quand il releva les yeux sur lui, avec cette lueur tueuse et ses crocs clairement sorti, Joona ne pu s’empêcher d’avoir le reflexe qu’aurait eu n’importe qui d’autre et de reculer vivement de quelques pas, reculant pour s’éloigner du vampire qui se tenait devant lui sans le quitter des yeux. Le fait qu’il lui demande de rester et de ne pas avoir peur n’était pas vraiment pour le rassurer mais il ne chercha pas à s’enfuir pour autant, principalement parce qu’il n’était pas particulièrement athlétique, nul en sprint sous sa forme humaine et que le vampire n’aurait aucune peine à le rattraper. En fait en cet instant Joona jugeait un peu Leslie comme il avait apprit à juger les ours dans sa Laponie natale. Pas de gestes brusques, rester presque immobile tout en s’éloignant doucement et surtout ne pas le quitter des yeux. Si on lui avait dit a cette époque là que ces préceptes l’aiderait non pas face à un grizzli mais face à un vampire un jour, il n’y aurait jamais cru.

Levant une main devant lui comme pour tenir illusoirement Leslie à distance, Joona avala péniblement sa salive, tentant de contenir du mieux possible le tremblement dans sa voix.

Ok, on se calme ystäväni, dit-il dans sa langue natale sans même s’en apercevoir, comme ça lui arrivait quelques fois. T’as pas envie de rameuter toute la PES non ?

D’autant que Joona préférait ne pas les voir débarquer et encore moins devoir leur expliquer pourquoi il venait de passer une heure à discuter avec un vampire qui se trouvait hors de sa zone sans avoir averti la PES justement de ce manquement aux règles.

Et accessoirement, si le vampire pouvait se calmer avant de lui sauter dessus pour le bouffer, cela arrangeait également Joona qui n'avait pas vraiment envie de finir en panier pique-nique.


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MessageSujet: Re: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptyMer 24 Juil - 7:35

L'idée d'une intervention de la PES m'effleura vaguement, les gros titres dans les journaux : "les vampires passent à l'attaque" ou ce genre de conner***. Pourtant, très vite, je me ressaisis : ça n'irait pas aussi loin. Si l'humain partait, je disparaissais comme le brouillard, comme un mauvais souvenir. Pas comme mes cauchemars qui eux, me hantaient toujours et partout, pour peu que je fasse une pause. Parfois, je me demandais si d'autres non-morts éprouvaient, vivaient la même chose, mais jamais je n'avais osé demandé, restant seul avec mes souvenirs de guerre, ignorant si j'étais traumatisé ou non, si c'était normal ou pas. Debout face à Joona, qui n'avait reculé que de quelques pas, plus par instinct que pour véritablement se mettre à l'abri -quelle illusion !-, je regardais sa paume qui s'interposait... L'homme était calme et moi, dans un état épouvantable en proie à un mélange de souvenirs crasses et de sentiments contradictoires.

- Ok, on se calme ystäväni,

Ses paroles, je ne les compris pas toutes, mais la sérénité avec laquelle l'artiste me les adressait me calma. Il semblait comprendre que je ne lui voulais aucun mal, mais prenait tout de même ses précautions : rien de plus normal. Quant à l'idée de rameuter la PES... Je saisis que Joona n'avait pas l'intention de l'appeler, enfin, je crois... de toute façon, il n'aurait pas eu le temps et le savait.


- C'est quoi, "ystavani" ?

Pas sûr que j'ai bien saisi et encore moins, bien prononcé ce surnom, car visiblement, c'en était un. Ma voix, rauque et sourde, n'était pourtant pas menaçante, juste sous le coup du stress. Il serait difficile, désormais, de reprendre une conversation normale avec l'humain. Et moi, je me rendis compte de mon instabilité. Qu'est-ce-qui m'avait pris ? tout allait bien ? sauf... ces... je regardais les restes du cahier, allais vers eux, les ramassais, et les jetais dans la poubelle toute proche, avant de m'asseoir lourdement sur le banc, regardant droit devant moi. Je ne cherchais pas d'excuses.

- Pas sûr que le dessin soit bon pour moi... Mes souvenirs s'y invitent et au-lieu de parvenir à éviter mes cauchemars, ces derniers s'incrustent dans la réalité du papier.

J'aurai pu aussi me dire que ça exorcisait toute cette merd*...  L'air froid de la nuit et la douceur de ses ombres semblèrent m'accueillir, me disant que là était ma place, dans cette sérénité toujours renouvelée, pas dans des dessins ou de la musique, ou le brouhaha d'un bar, l'esprit feutré d'un musée... mais en pleine nature. La poubelle était toujours là et m'attirait à présent, comme s'il s'y trouvait une part de moi. Joona avait-il vu mon croquis ou pas ? de toute manière, maintenant, tout était réduit en charpie. Je levais les yeux sur lui, regard apaisé, presque calme :

- Joona...

Je plissais les yeux, me demandant comment j'allais poser la question, avant de me lancer :

- vous savez, je... je suis calme maintenant.

Voulais-je le rassurer ? mais ce n'était pas pour cela que je reprenais la parole. Parce que quelque chose m'intriguait :

- Quand vous peignez un truc abstrait, ça représente bien quelque chose, le fond de votre pensée, ou un thème que vous avez en tête, non ?

Je repensais à mon dessin, qui bien que très enfantin était d'un cruel réalisme, et avait provoqué, de ce fait, ma réaction en le regardant :

- Que ressentez-vous après l'avoir achevé ? de la colère ? de la satisfaction ? du soulagement ?

Parce qu'après tout, le réalisme d'un dessin pouvait déclencher une véritable folie, je l'avais vérifié cette nuit. Peut-être aussi que la mise en couleur de lignes pouvait exprimer quelque chose... Si je ne posais pas toutes ces questions maintenant à Joona, je savais ne pouvoir le faire à nouveau que dans très, très longtemps, et encore, seulement si je croisais un artiste humain capable de parler calmement à un vampire. Et à ne pas s'enfuir en hurlant en en voyant un. Et à ne pas me dénoncer à la PES à la première occasion.
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MessageSujet: Re: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptyLun 19 Aoû - 19:21



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La dernière chose dont Joona avait envie, c’était bien de mourir à l’âge de 34 ans dans un parc, la nuit, bouffé par un vampire. En même temps, qui pourrait avoir envie d’une fin pareil ? C’est pourquoi il se tenait prêt à déguerpir à toute vitesse, quitte à devoir se transformer en mouche insaisissable dans ce but. Heureusement, il n’eu pas besoin d’en arriver là, et donc de dévoiler sa nature pour sauver sa peau, car le vampire sembla reprendre le dessus.

Hein ?, demanda-t-il très intelligemment en guise de réponse à Leslie. Sous le coup du stress, Joona n’avait même pas réalisé qu’il s’était exprimé dans sa langue maternelle et fut donc surprit d’entendre le vampire prononcer ce mot. Il lui fallut une bonne seconde pour réaliser.

Ça veut dire mon ami, lui expliqua-t-il en haussant vaguement des épaules. On s’appel souvent comme ça dans mon pays.

Même si la crise semblait passée, Joona restait un peu sur ses gardes, peu désireux de finir en casse-croûte mais quand le vampire lui assura que les choses allaient bien désormais, il eut un petit soupire de soulagement malgré lui. Les vampires étaient décidemment trop imprévisibles pour lui.

Je… Vois ça, répondit-il en toussotant doucement pour dissiper le léger tremblement dans sa voix, vestige de l’intense nervosité qu’il venait de ressentir. Et Leslie n’avait pas fini de le surprendre.

Tout en réfléchissant à sa réponse, Joona se laissa tomber sur un banc faisant fasse à celui du vampire, se prit une cigarette qu’il alluma et tira longuement dessus avant de chercher ses mots.

Oui en quelque sorte. En fait, quand je peins, je me coupe de tout et… J’y vais à l’instinct. C’est comme si je transposais mes sentiments du moment sur la toile. Gaieté, tristesse, colère, amour… Je ne réfléchis pas, je pense à rien. Je fais le vide si on veut bien.

Les toiles étaient ces défouloirs d’une certaine manière et, du coup, chacune de ses peintures étaient assez personnelles mais c’était le principe même de l’art abstrait après tout.

C’est difficile de dire comment je me sens après, ajouta-t-il après avoir tiré une nouvelle fois sur sa cigarette. Ça dépend de mon état d’esprit quand je commence je suppose. Mais en général je me sens… mieux. Plus euh… comment on dit… serein ?

C’était ainsi, il y avait des gens qui, pour se calmer, tapaient dans un sac ou couraient. Joona n’avait jamais été des plus sportifs, cela se voyait à sa silhouette mince mais pas vraiment du genre musclées. Lui, il se défoulait avec la peinture. Il lui arrivait de passer des nuits entières à peindre toiles sur toiles jusqu’à l’épuisement. C’était l’une des choses que son ex lui avait souvent reproché. Autant il acceptait d’être dérangé quand il dessinait les illustrations pour la maison d’édition qui l’employé ou autres contrats du genre, autant il ne supportait pas quand elle venait l’interrompre pendant qu’il peignait.



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MessageSujet: Re: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptyVen 23 Aoû - 8:49

J'avais répété les mots de l'artiste, à ma manière...

- "ystavani"

Nul doute que mon accent devait être très mauvais... durant mes études, j'avais appris le français et l'allemand... mais ce furent les Années Sanglantes qui m'apprirent vraiment ces langues. Pas l'éducation nationale... "Ystavani..." ça sonnait bien, ce mot... j'appellerai mon prochain animal de compagnie comme ça. "mon ami".

* Sauf que j'aurai plus jamais de chien ou de chat. En fait, j'en ai jamais eu... Et les Pommes sont interdites par la "trêve" signée par la Reine. Sinon, j'aurai bien pris ce Joona. Il pouvait m'apprendre plein de choses, et je l'aurai protégé. *

Sauf que là, j'avais visiblement effrayé mon bonhomme. Cà commençais mal. Mais il était courageux, ce petit humain. Il revint s'asseoir, s'alluma une clope, me fit face.

* Ou alors, je le fascine... *

Les mortels étaient souvent hypnotisés par les non-morts, irrésistiblement attirés. C'était peut-être le cas de Joo ? Mes émotions post dessein revinrent et je ne parvenais pas à les calmer cette fois. Mes mains tremblaient. En m'en apercevant, je les fourrais dans mes poches en serrant les poings. Je devais absolument me calmer. L'artiste m'exposait les états d'âmes qui lui permettaient de peindre... J'imaginais sans peine ce gars secoué d'émotion, donnant libre cours à son art, la palette à la main, le regard ailleurs, le cheveu fou, le geste sûr, la concentration vers un ailleurs où nul ne pouvait le suivre. C'était fascinant. Je découvrais avec lui une vie dont je n'avais jamais soupçonné la possible existence...

Sauf que lui en sortait serein ! Mes tremblements s'étaient arrêtés et je m'aperçus que j'avais fermé les yeux pour y parvenir. Je les rouvris. La nuit nous environnait, calme, accueillante : j'y voyais comme en plein jour, et je savais que ce n'était pas le cas du peintre. Pour lui, n'existait que ce qui se trouvait dans le halo du lampadaire, le reste demeurant inquiétant, inconnu, dangereux ou attirant. Une idée me vint :

- Dites... je pourrais vous regarder peindre un de ces quatre ?

Conscient que cela pourrait le gêner, j'ajoutais rapidement :

- Je me mettrais dans un coin, vous ne craindrez rien de ma part, je sais me tenir... et vous ne saurez même pas que je suis là.

Une légère brise nous apporta les sons étouffés et les odeurs édulcorées en provenance du musée. Sans doute des visiteurs venaient-ils de sortir... Je regardais la poubelle où gisait mon carnet réduit en charpie et sentait la fumée de cigarette de Joona. Je ris brièvement :

- Finalement, je crois qu'on s'impressionne l'un l'autre, vous ne croyez pas ? Vous, parce qu'étant artiste, vous attirez ma curiosité, et moi à cause de ma nature...

J'ignore ce qui me conduisait à ressentir cela à cet instant précis, mais... et s'il était possible de vivre aux côtés des humains, sans nous prendre pour des êtres supérieurs, sans qu'ils nous voient comme des dégénérés (ou des dangers potentiels !). Julien serait furieux s'il savait ! heureusement, il ne lisait pas dans les pensées... le temps passait... Je me levais :

- Joo, c'est pas que je m'ennuie avec vous... mais je vais devoir aller bosser...

Je souris, certain de l'avoir surpris par une telle déclaration. Sans doute pensait-il que les vampires vivait de sang et de rapines...

- Je vous raccompagne jusqu'à votre voiture ou jusqu'au bus.

Regardant autour de moi :

- c'est mieux...

Je ne voulais pas l'inquiéter, mais je sentais d'autres vampires autour de nous. Etant le bras droit du Général, ma position me permettait beaucoup, mais pas tout. Mais ils ne toucheraient pas l'humain se trouvant en ma compagnie... Nos Lois étaient très strictes, d'autant que maintenant, elles stipulaient "pas touche" concernant les boîtes à jus. J'espérais encore une petite conversation sur le "chemin du retour", bien que rien ne l'oblige à accepter mon escorte.
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MessageSujet: Re: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptyVen 6 Sep - 16:29



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Décidemment, Joona avait rencontré quelques vampires au cours de son existences mais aucun comme ce Leslie. En général, il évitait les sangsues comme la peste, voyant généralement en eux des espèces de morts-vivants buveurs de sang imbus d’eux même et rêvant de contrôler le monde.

Mais celui-ci lui semblait différent et, pire que tout, il lui était même sympathique ! Il lui donnait l’impression d’être au pauvre bourg n’ayant rien demandé et ayant été changé en monstre contre sa volonté. Joona ressentait presque une légère pointe de pitié pour lui. Ce pauvre gars était sûrement quelqu’un de très chouette mais il devait sûrement être automatiquement catalogué « vampire » et les humains, notamment, devaient sûrement l’éviter.

Chose qui pouvait très bien finir par lui arriver à lui aussi si on découvrait l’existence des métamorphes d’ailleurs. D’accord, Joona n’aimait pas la foule, était réservé et d’une timidité presque maladive mais il ne supporterait pas l’idée de voir les gens changer de trottoir en le croisant pour autant.

La question du vampire prit Joona de court et ce dernier se figea net en le regardant avec des yeux comme des soucoupes. C’était bien la première fois qu’on lui demandait une chose pareille.

Ce euh…, commença-t-il en cherchant ses mots. Non c’est pas que je m’inquiète c’est juste que… On m’a jamais demandé ça, finit-il par répondre très intelligemment.

Joona aurait adorer voir des peintres comme Dali ou Picasso à l’œuvre pour voir les émotions qui pouvaient les traverser pendant qu’ils peignaient leurs plus grandes œuvres mais lui, il n’était qu’un peintre très peu connu qui devait travailler comme illustrateur pour pouvoir payer ses factures malgré ses expositions où ses toiles se vendaient assez bien.

Le problème venait surtout du fait qu’à cause de sa réserve, Joona craignait de se sentir mal à l’aise avec un spectateur.

Et arrêtez de vous dire que vous vous tiendriez dans un coin et que vous avez-vous tenir, vous êtes pas un labrador enfin.

Cette remarque sortie tout naturellement de la part de Joona. Ok, il n’aimait pas les vampires mais, peu à peu, il arrivait à oublier le côté buveur de sang de Leslie pour voir le type en lui-même et l’entendre parler de lui de cette façon, le voir se rabaisser ainsi, c’était terrible.

Mais Leslie avait raison sur un point, ils s’impressionnaient l’un l’autre, c’était un fait.

Joona fit oui de la tête quand Leslie lui expliqua qu’il devait partir et ne refusa pas son escorte d’autant qu’il pouvait sentir des odeurs peu plaisantes au loin, chose que bien entendu il ne pouvait pas dire au vampire.

Je suis parqué à deux pâtés de maisons, dit-il tout simplement en se relevant avant d’écraser sa cigarette. Puis, se mettant en route, il sorti son porte-feuille de la poche arrière de son jean, en sorti une carte de visite décorée sur un bord dune partie d’une de ses toiles abstraite et la tendit à Leslie.

Tenez, comme ça vous pourrez me tenir au courant de vos progrès en dessin ou me poser d’autres questions sur la technique, dit-il et lui-même fut le premier surprit de proposer au vampire de garder contacte.



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MessageSujet: Re: Perspectives [Livre II - Terminé]   Perspectives [Livre II - Terminé] EmptyDim 8 Sep - 15:40

Les réponses de Joona me surprenaient. C'était bien la première fois qu'on me traitait comme ça. Et surtout, j'avais vu la progression de ses attitudes envers moi. Cela me mit du beaume au coeur : enfin, on ne me regardait plus comme un monstre. Là, tout de suite, avec mes envies de dessiner pour exorciser les horreurs de la guerre, et aussi celle de ma nouvelle nature -j'avais un de ces blues !!! cette nuit ! c'était terrible !-. Quand il parla de "Labrador", je souris tristement et commentais :

- Oui... vous avez sans doute raison...

d'une voix sourde et traînante. Je voulais le voir officier, sans l'impressionner, juste le voir travailler. Il avait de la peine à vendre ses toiles...

- Sans doute parce que l'on ne vous connait pas encore. Moi non plus, je n'ai jamais vu vos oeuvres.

Je m'arrêtais, alors que nous sortions du parc derrière le musée, faisant une pause, mettant tous mes sens en alerte le temps d'un souffle : personne, il n'y avait aucun vampire dans le coin, avant de reprendre ma progression et de poursuivre :

- Je pense qu'en vous regardant travailler, en vous écoutant m'expliquer ce que représentent vos toiles abstraites, ou je sais pas comment on doit dire, bref, je pourrais mieux comprendre, et donc apprécier. C'est d'ailleurs bizarre que dans les expos, on ne voit que les toiles ou les sculptures, mais sans jamais pouvoir observer l'artiste au travail... quand il est vivant, bien sûr ! ah ah ah !!!

Nos pas avaient quitté les graviers du parc et résonnaient à présent sur le bitume, nous portant d'un cercle de lumière à l'autre. Les réverbèrent semblaient nous observer, curieux, sans doute, de voir un non-mort et un mortel cheminer ensemble, devisant ainsi d'art. Ils étaient si perplexes, d'ailleurs, que leur lumière semblait clignoter, comme si leur oeil de cyclope n'en finissait pas de cligner. La petite bise fraiche de tout à l'heure s'était calmée et l'air immobile, lui aussi, paraissait lui aussi attendre un dénouement plus courant que celui qui se produisait en ce moment. Je regardais le bout de toile dans mes doigts, déchiffrais les numéros, les lettres...

- Même vos cartes sont une oeuvre... laissais-je échapper, pensif.

J'avançais comme un automate. Je n'avais pas de carte de visite propre, mais celle de la Red, si. Le premier pâté de maison longé sans rencontre autre que des visiteurs tardifs du musée rentrant chez eux, bavardant à propos de ce qu'ils avaient vu... Je m'arrêtais donc, tirais d'une poche intérieure de mon blouson, un porte carte dans lequel je glissais celle de Joona, en tirant une pour la lui donner. Mais avant, je refermais le porte carte, tirais un stylo d'une poche, et notais mon portable.

- Appelez ce numéro... l'autre, c'est mon boulot...

Je souris franchement :

- Besoin d'une entreprise de sécurité pour protéger vos biens ? devis gratuit, travail soigné...

Craignant de lui faire peur, j'ajoutais, un peu trop vite, sans doute :

- Je plaisante. Mais en cas de besoin, c'est une bonne boîte. On a des employés humains et non humains.

(ça voulait dire, vampire)

- Je vais attendre d'avoir envie de dessiner, et lorsque je tiendrais un thème, chercherais sur internet des conseils, et dans mon bouquin aussi... peut-être que je vous appellerais aussi, pour vous soumettre ce qui en sortira...

J'étais content à la perspective de soumettre le résultat de mes efforts à un pro qui ne me diminuerait pas, mais m'aiderait, comme il l'avait fait ce soir, (presque ?) sans a priori. Je regardais à gauche, puis à droite, avant de nous engager sur le passage piéton qui nous mènerait au deuxième pâté de maison. Bientôt, nous nous séparerions. C'était comme une nuit magique... Tellement étonnant... incroyable... pouvoir discuter ainsi avec un non vampire. Je me sentais plus léger, moins différent, plus acceptable.

* Que penserait Julien s'il m'observait, là, maintenant ? *

Un frisson me parcourut : je le décevrais ? le peinerais à dégringoler ainsi dans le mièvre ? Mais ces réflexions n'entamèrent en rien mon nouvel optimisme : je pouvais vivre "normalement" !!! çà voulait dire comme avant, avant la terrible vengeance de ma Sire.



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