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Un monde monochrome. (Livre III - terminé)
MessageSujet: Un monde monochrome. (Livre III - terminé)   Un monde monochrome. (Livre III - terminé) EmptyDim 18 Oct - 10:37

Le bitume était encore mouillé de la fine bruine qui avait humidifié l’air une heure plus tôt. Une brume légère flottait dans l’air, discrète, elle n’entravait pas l’horizon d’un filtre cotonneux. Pourtant, j’avais l’impression d’évoluer dans un monde de nuages, feutrés.
Maussade.
Sans trop savoir pourquoi, j’avais le cœur lourd. Tournant en rond dans mon appartement, affligé par mon incapacité à trouver un boulot, par ma nouvelle capacité à faire les pires rencontres qui soit, j’avais finalement claqué la porte pour aller prendre l’air. Cela faisait bien une heure que je déambulais dans les rues, prenant toujours garde à être dans les artères principales, ou tout du moins assez peuplé. L’après –midi était encore jeune et je ne risquais pas de tomber sur les monstres de placards. Enfin, je voulais m’en persuader, je me défendais de penser à ces choses pour être exacte.

J’avais l’impression que ma vie était en train de prendre une pente dont je ne contrôlais pas la glissade. Tout ce qui n’était pas contrôlable était, par définition, dangereux et je craignais de finir par m’y perdre. C’était perturbant que de voir sa vie filer dans un chemin que vous ne vouliez pas emprunter, comme un animal stupide.
Mes mains s’enfoncent dans mes poches à la recherche d’un peu de chaleur, le nez caché dans une écharpe de laine. Je ruminais en jouant avec les quelques piécettes qui trainaient dans mon jean. L’enseigne d’une boulangerie attire mon attention. Perdu pour perdu, autant noyer sa déprime dans la nourriture. En règle générale, je préférais les plats salés, avec un bon repas, les desserts n’étaient plus intéressants. Mais voilà, j’avais une furieuse envie de crème pâtissière, d’avoir le ventre plein. Je ne versais que rarement dans ce genre d’envie et d’excès, mais j’avais un peu de sous, il faisait froid et mon vague à l’âme ne voulait pas passer.

Un tintement résonna dans la rue, étrange écho dans un monde qui semblait résolument gris. La porte de l’établissement se referma sans autre bruit. Un sac pendait dans une de mes mains, une boisson chaude réchauffait l’autre. J’allais rentrer chez moi quand une vision m’interpella. Comme un miroir à ce que je ressentais, une demoiselle était assise sur un banc, immobile, les yeux tristes et les cheveux humides.
Seule.
Désespérément seule.

Je n’étais pas une bonne samaritaine, mais elle me rappelait mon ressentie du moment, mon mal aise. Alors sans rien dire, sans même que je ne m’en rende vraiment compte, je m’étais rapprochée et je m’étais assise à côté d’elle. Ma boisson posée à coté de moi, je fouillais mon sac sans un mot. J’avais un peu exagéré sur les doses, comptant sur une journée à me nourrir exclusivement de ces conneries. Je lui tendis un petit gâteau fourré à la crème. Sans même la regarder. Je n’étais pas sure de vouloir entamer une quelconque conversation, je sentais simplement que je devais le faire, peut-être pour réussir à me sentir mieux moi-même.

Gabriel Hudson

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MessageSujet: Re: Un monde monochrome. (Livre III - terminé)   Un monde monochrome. (Livre III - terminé) EmptyMer 4 Nov - 20:53

Je tente un énième fois de replacer mes cheveux, avant de retirer brutalement le chouchou et de râler de frustration. Quelle journée de merde qui commence. Ça irait mieux si je me coupais les cheveux ? Au moins, je ne passerais plus des heures à essayer de leur donner un aspect potable quand je les attache. Je tourne la tête, essayant de m’imaginer avec les cheveux au carré. Ca fait tellement longtemps que je les laisse pousser… Quoique d’habitude, je n’ai pas tant de mal. C’est à cause de ce temps pourri. Je soupire et me force à sourire. Tout va bien.
Maman, Hayden et les jumeaux sont revenus. Et franchement, c’est super. C’est vraiment super cool de pouvoir à nouveau dîner avec eux tous les soirs. De passer du temps avec maman. D’entendre Kean et Niahm rire et raconter leurs journées. Même si je ne peux plus faire ce que je veux. Même si je ne peux plus passer des heures sous la douche. Même si je ne peux plus me coucher au milieu de la nuit. J’en suis heureuse. Ça fait du bien. Vraiment.

Pourtant, j’ai toujours ce poids sur la poitrine. Que j’arrive à occulter en leur présence, mais qui réapparait bien trop vite. Et j’ai beau rejeter l’idée de toutes mes forces, je ne sais plus comment faire. Darren me manque. Et je refuse d’accepter l’idée qu’il serait peut-être mort. Même si… Même si…J’attrape mon sac. Et puis… J’ai tellement peur que ça recommence. Pas tant ce qu’il s’est passé en février. Mais avec maman et Hayden. Qu’ils partent encore. Que ça empire au lycée. Que je perde encore quelqu’un. C’est une horrible pensée qui refuse de quitter mon esprit.
Et d’un point de vue totalement égoïste, combien pourrais-je encore supporter avant de craquer à mon tour ?
Je chasse résolument tout ça, souriant avant de descendre et d’embrasser tout le monde, croquant dans une tartine de Niamh et me sauvant avant que maman ne puisse râler parce que je n’ai pas pris de petit déjeuner en règle. Mais j’ai mis un peu trop de temps à me réveiller, je n’ai pas le temps.

Je me rends au lycée, juste pour apprendre que la prof est absente. Youpi. C’pas genre comme si j’avais 2h30 avec elle à la suite hein… Je soupire et reste un instant indécise. Je pourrais essayer de trouver Lexie ou Leah… même si elles, elles ont sûrement cours… Sérieux, j’avais tout mon temps en fait ce matin…
Bon, autant allez faire un tour. Ouais… sauf qu’il fait un temps pourri… Bon, ok, il pleut plus, c’est déjà ça. Mais ça change pas grand-chose, tout est trempé et il fait froid. Je remets mon écharpe et me dirige vers le centre-ville, avant de bifurquer. Ouais, bon, je ne sais pas où aller. Je finis par m’assoir sur un banc, un peu abrité et donc à peu près sec, une jambe repliée sous moi, les yeux errants à droite à gauche.
Tout va bien. Mise à part le temps. Et … Je secoue la tête. Ça va aller.

Je tourne légèrement la tête alors que quelqu’un vient s’assoir à côté de moi. J’aurais dû rentrer. J’aurais été tranquille au moins. C’est pas comme si y avait pas d’autre banc. Bon, ok, les autres sont mouillés, mais quand même… et je vois atterrir sous mon nez une pâtisserie. Je la regarde en clignant des yeux quelques secondes, avant de regarder celle qui me la tend sans un mot ni même un regard. Sérieux, j’ai l’air si mal que ça ? Genre je fais pitié ? N’empêche que ok, ça a l’air bon… et j’ai pas déjeuner… Je m’en empare, après une dernière hésitation.

« Merci. »

Je me mordille la lèvre, sans oser entamer le truc. Je me tourne un peu vers elle. Elle a pas l’air au top de sa forme non plus…

« C’est gentil à vous. »

Et là, l’avertissement typique de tous les parents me revient en tête : ne pas accepter un truc venant d’un étranger. Même si je l’ai vu sortir de la boulangerie… J’esquisse un sourire.

« J’ai l’air si malheureuse que ça que vous cherchiez à me remonter le moral comme ça ? »

Je la regarde et lui souris plus franchement.
Et je prends une bouchée du gâteau à la crème.
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MessageSujet: Re: Un monde monochrome. (Livre III - terminé)   Un monde monochrome. (Livre III - terminé) EmptyDim 8 Nov - 10:45

Un pas en avant, puis un autre en arrière. Tel un animal effarouché, la demoiselle hésite, avance la main et l’arrête. Je sens ses prunelles se poser sur moi, je ne la regarde pas, il n’en faudrait pas plus pour la faire fuir. Nous n’étions pas si différents de pauvres chatons abandonnés finalement. L’attrait de la nourriture fini par prendre le dessus et ma main est de nouveau vide. J’essuie le sucre qu’il y avait dessus et je reporte mon attention sur ma boisson chaude. La chaleur réchauffe ma peau, il fait toujours un peu frais à cette période de l’année.

Une voix carillonne timidement à mon oreille, Je me contente de sourire. Je n’avais, à vrai dire, pas vraiment envie d’engager une quelconque conversation. Je m’étais simplement dit qu’ainsi, peut-être, à mettre du baume au cœur à quelqu’un, le mien s’en porterait mieux. A défaut de marcher, au moins avais-je une distraction. Le chaton a encore un peu peur, mais sa voix s’affirme. Je ne sais pas si elle est timide ou si je lui fais peur, mais c’est assez mignon.

Je pensais à l’appeler clochette. Elle était encore frêle et son timbre était tellement hésitant. Oui, je n’avais aucune honte à comparer une ado déprimée à un chat. C’était beaucoup plus amusant ainsi, et elle en avait vraiment l’air et même l’attitude si je poussais l’analogie un peu plus loin. Bref, elle ressemblait à un chaton, point barre.
Sa question me force à la regarder plus franchement et je tombe sur un joli sourire. Mes lèvres s’étirent, amusée d’une telle enfant. Clochette aimait l’offrande, elle avait surement croqué dedans avec entrain, car de la crème s’était déposée sur une de ces joues.

-Oui.


Je n’avais pas l’intention de la ménager. Dans le fond, je me disais qu’il aurait peut-être fallu tourner autour du pot comme tant d’autres le faisait en présence de jeune. Je n’étais pas diplomate, pas dans ce genre de cas du moins. Pourquoi ménager des gens parfaitement capables de comprendre le monde qui les entourait ? A trop les protéger, on en venait simplement à les étouffer.
Elle n’avait pas l’air fragile, mais je me sentais quand même obliger de rajouter.

-Il faut dire que le look chien mouillé n’aide pas vraiment.

Déambulée, les cheveux trempés, la mine maussade, la dépression sur le banc public. Il faut dire quand même que c’était cliché au possible. Difficile de ne pas avoir cette impression là. Sa solitude transpirait de partout, enfin de loin, maintenant qu’elle souriait, c’était moins le cas. Mais les sourires c’étaient faciles et rapidement trompeurs.
La situation pouvait être étrange, Aurais-je été un mec qu’elle aurait surement courut se mettre à l’abri quelque part. De nos jours les actes de bontés étaient souvent vus comme un moyen d’arriver à des fins beaucoup plus malsaines et pour cause… Pour préciser, je n’avais aucun penchant pour les demoiselles en détresses. C’était simplement que la laisser seule comme ça, je ne sais pas, ça aurait été dommage que l’histoire s’arrête là, qu’il n’y ait rien de plus. C’était…ennuyant comme péripétie non ?
Même si j’aimais mon intimité et ma petite vie tranquille. Se savoir parfaitement seule, sans aucune chance que qui que ce soit n’ose tendre la main à travers les barreaux d’une cage dorée avait ce petit quelque chose de terrifiant. Alors, si personne n’osait, moi je le ferais. Je pouvais être ingrate, sacrément chiante, une vraie peste pour résumer, mais je n’étais pas que ça. Avoir l’impression d’étouffer au milieu de personnes qui faisait semblant de ne rien voir, j’avais déjà trinqué. Je ne voulais pas être comme eux. Alors, parfois, j’aimais bien être cette main que j’aimerais voir tendu le jour où j’en aurais moi-même besoin. Bien que la demoiselle ne semblait pas non plus au bord du gouffre, sinon elle aurait choisi un endroit plus en hauteur. Sauter du haut d’un banc n’avait rien de très … extrême ? Enfin bon je m’égarais un peu.
Gabriel Hudson

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MessageSujet: Re: Un monde monochrome. (Livre III - terminé)   Un monde monochrome. (Livre III - terminé) EmptyLun 16 Nov - 14:32

Errer plutôt que d’aller en cours, j’avais l’habitude. Sauf que là je ne séchais pas pour le coup. Heureusement, vu qu’en plus maman est rentrée à la maison. Et puis, quand je le faisais, même si ça m’arrivait de vouloir être seule, je pouvais appeler quelqu’un pour ne pas l’être. Mais là, la seule personne que je pouvais avoir envie de voir, que j’aimerais voir n’était pas là. Je passe une main dans mes cheveux, remettant quelques mèches en arrière. Et voilà comment je me retrouve seule, à moitié trempée, au milieu de nulle part. Enfin seule pas vraiment. Vu qu’elle s’est assise à côté de moi. Et il faut croire que je fais encore plus pitié que je ne le pensais vu qu’elle me propose même une pâtisserie. Je pourrais dire non et m’en aller. Je pourrais m’en aller et trouver un coin à l’écart, loin de tout, pour être seule. Même si mon ventre gargouille déjà d’impatience.
J’accepte et la remercie, un peu timidement. Oui, ça arrive même aux meilleurs de pas trop savoir quoi dire. En même temps, elle ne parle pas, ça n’aide pas, même pour moi.

Elle se tourne vers moi alors que je lui parle. Elle me sourit en retour avant de me répondre. Ah. Mon sourire ne se fane pas, mais il se fait un peu plus triste. Oui, bon, elle est franche, c’est déjà ça. Mon sourire s’agrandit à nouveau un peu.

« Oui, sans doute. » Je replace quelques mèches de cheveux derrière mes oreilles, comme pour démentir le fait. « Et traîner seule sur un banc par ce temps doit pas aider non plus à améliorer l’image… »

Ni le fait d’être effectivement quelque peu malheureuse et esseulée. Pourtant, je sais que j’aurais pu rentrer, peut-être que maman était encore à la maison, même si j’en doute. Ou voir avec Lexie ou Leah. Je suis sûre qu’elles m’auraient accompagnée volontiers l’une comme l’autre. Je n’étais pas seule. Mais cette inquiétude, cette douleur sourde et cette peur profonde ne me quittaient plus. Elles s’étaient quelque peu allégées avec le retour de la famille, mais… je suppose qu’il allait falloir plus que ça. Ou plus de temps pour que j’accepte que tout aille bien. A peu près bien… Je crois…

Je regarde autour de nous, croquant une nouvelle fois dans le gâteau. Je m’essuie la bouche avant de me lécher les doigts. Et de stopper. Ouais, pas très classe ça. Je me mordille la lèvre et fais la moue. J’arrête et me tourne à moitié vers elle en la fixant.

« Ça n’a pas l’air d’aller super fort non plus. »

Je détourne le regard, me concentrant une seconde sur la pâtisserie, arrachant des doigts un petit bout de pâte feuilletée. Bah, elle a été carrément directe elle aussi hein… Oui, sauf qu’elle, elle a rien demandé. Ouais… mais elle est venue s’assoir à côté de moi.

« Enfin, je veux dire... vous faites souvent euh… l’aumône ? Ou c’est juste pour moi ? » Je mâche le morceau en esquissant un sourire. « Ou vous vouliez de la compagnie ? »

Je la regarde plus franchement et souris.

« Parce que si c’est pas le cas, faut me dire, j’ai tendance à parler un peu trop… comme vous pouvez le voir. L’entendre. Enfin bref. »

J’inspire. Ouais, trop forte. Mais, c’est elle qui est venue. Elle peut partir aussi. Quoique non. Si elle s’est installée, c’est bien qu’elle voulait pas être seule non ? Je lui souris encore.

« Je m’appelle Sav. Savannah. Mais vous pouvez m’appeler Sav, tout le monde m’appelle Sav. »
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MessageSujet: Re: Un monde monochrome. (Livre III - terminé)   Un monde monochrome. (Livre III - terminé) EmptyMar 17 Nov - 11:31

Son sourire se fane. Quel dommage, l’ombre qui recouvre son visage la fait paraitre un peu plus vieille. N’était-elle pas jeune pour avoir une telle expression sur le visage ? Je fais semblant de ne rien remarquer, d’ailleurs la voilà qui enchaîne. La gamine retrouve son âge et ne perd pas en répartie. Il semblerait que mon abord abrupt ne l’a pas trop démonté. Je crois que je l’aime bien, si elle avait éclaté en sanglots, je l’aurais surement laissé en plan. Je n’avais pas de temps à perdre avec ce genre de sottises et je n’étais pas la personne appropriée pour s’occuper de la peine des autres. J’avais suffisamment de mal à gérer ma personne pour devoir m’occuper des autres.

-Disons que si ton copain débarque avec un bouquet de fleur en hurlant qu’il est désolé, je pense que nous aurons tous les clichés possibles et imaginables sur le thème.


Je m’adosse contre le dossier du banc, il est trempé, mais cela ne me dérange pas. La tête tournée vers le ciel, je regarde le voile blanc qui le cache. Ma compagne s’est reprise. Je ne sais pas si c’est la nourriture qui lui fait cet effet-là, mais elle enchaîne avec une indiscrétion presque égale à la mienne. Les gosses… Ils avaient encore assez de jugeotes pour réussir à avoir exactement le même comportement que vous, juste pour le plaisir de vous remettre à votre place. Je la regarde du coin de l’œil, hésitant à lui répondre.
Je n’ai pas vraiment le temps de m’appesantir sur la question. Une vanne c’est ouverte et un flot de paroles ininterrompu se déverse de sa bouche. Incontrôlable, insolente. Je fronce les sourcils, presque fâché de l’idée qu’elle semble avoir de moi. Voilà ce qu’on récoltait à vouloir être gentille. Pourtant, la lueur malicieuse qui danse dans ses yeux m’empêchait, étrangement, d’être réellement vexée. J’attends qu’elle se calme pour réussir à en placer une.

-Ce n’est pas ma meilleure journée. Je ne fais pas l’aumône, c’est juste pour toi ma jolie et dans pas longtemps, je te demanderais de monter dans une camionnette noire avec moi et des types louches. Plus sérieusement, je ne cherche pas particulièrement de compagnie. Mais…

Mais quoi ? Comment expliquer à une gamine que ce n’était qu’un geste égoïste, une tentative vaine pour que je me sente mieux ? Si elle paraissait pathétique et en manque d’affection, si je devais avouer ça, je pense que je serais bien pire.

-C’est juste que c’était une bonne excuse pour me changer les idées.

Quelle esquive pourrie, m’enfin, on va s’en contenter pour le moment. Je sors une des pâtisseries du sac pour la manger à mon tour. L’oisillon babille, pressé et affamé, la voix lui donne un nouveau souffle. Retenait-elle sa respiration lorsqu’elle ne parlait pas pour avoir ce besoin farouche de parler à cette vitesse comme si sa vie en dépendait ?
Je prends le temps de savourer la crème presque trop sucrée qui envahit mon palais. Ecoutant distraitement la demoiselle et son fond sonore incessant.

-Gabriel.

Au moins avait-elle trouvé de quoi s’occuper l’esprit et m’offrait une distraction. Je n’avais pas si mal joué mon coup finalement.

-C’est vrai que tu parle beaucoup. Mais, ça ne me dérange pas.

Disons… Tant que ce genre de babillage était occasionnel. Si je devais supporter ça constamment, je lui aurais offert un bâillon plutôt que des pâtisseries. Quoi que… Pendant qu’elle mâchait, elle ne parlait pas, ou presque. La demoiselle semblait tellement pressée d’évacuer son trop plein de mots que j’avais l’impression qu’elle allait s’étouffer d’un moment à l’autre. Ca me foutrait mal d’être la cause de la mort d’une gamine étranglée avec des gâteaux…

-Tu peux prendre le temps de respirer aussi, je ne vais pas m’envoler… Laisse-moi deviner, tu t’es faîte virée de cours parce que tu parlais trop ?

Je restais parfaitement sérieuse, mais je pense que je n’avais pas réussi à empêcher une pointe d’humour de se glisser dans ma voix. C ‘était amusement de déstabiliser les gens, surtout quand ils étaient jeunes. Je doutais fortement d’y arriver avec celle-là. Elle avait trop de répondant pour laisser cette expression d’incrédule débilité arrondir ces jolis yeux.
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MessageSujet: Re: Un monde monochrome. (Livre III - terminé)   Un monde monochrome. (Livre III - terminé) EmptyLun 23 Nov - 21:06

Tomber sur quelqu’un qui se montre à la fois si prévenant et si franc, voir froid, c’est quand même rare non ? Je pensais même pas que les adultes pouvaient se montrer si directs. C’est vrai, la plupart, la majorité aurait esquivé la question, aurait dit « oui, mais non, c’est juste que, peut-être que, … » … Et j’aime bien. Même si ça fait pas forcément super plaisir de savoir qu’effectivement on ressemble à un chien mouillé abandonné c’est clair.
Je cligne des yeux, et mon sourire se transforme légèrement en grimace.

« J’aimerais bien mais… » Je rougis légèrement. Je secoue la tête et fronce légèrement les sourcils, détournant le regard. « Mais c’est pas mon petit copain… Même si j’aimerais bien qu’il débarque… » Et qu’il me dise qu’il va bien. Sans bouquet. Ce serait chelou sinon. Mais…

Mais ce n’est pas à l’ordre du jour, pas vrai ? Je secoue la tête et observe ma nouvelle voisine. Elle a pas l’air super top non plus. Ou c’est juste une impression ? Je lui souris en me montrant un peu trop curieuse, pour changer, un peu trop bavarde, pour changer aussi, et aussi directe qu’elle.
Je continue de croquer lentement dans la pâtisserie, mon regard posé sur elle. Je vois bien qu’elle sait pas trop comment réagir. Je fais souvent cet effet aux gens. Sans doute parce que je parle trop. Ou que je m’encombre pas trop de simagrées inutiles. Je sais pas. Mais en même temps, si j’ai des trucs à dire autant que je le fasse non ? C’est comme ça qu’on a des regrets après. Ou des remords. Je sais plus lequel est quoi. Mais bref. Si ça plait pas, en général, c’est pareil.
Je fais mine de réfléchir.

« Y a trop de monde qui nous a vu ensemble, on finirait par vous reconnaitre. Et les camionnettes noires, ça fait vraiment cliché… Sans parler que je suis pas forcément la cible idéale… »

Oui, bon, ça, fallait le savoir. Mais avoir une Meute de lycanthropes aux fesses, ça devait pas être très sympa. Même si effectivement, j’étais un peu le point faible dans le truc. Bon, on va éviter de s’appesantir sur les raisons qui pourraient ou non conduire à mon enlèvement hein.

« C’était votre BA de la journée c’est ça ? Et ça va mieux ? Maintenant que vous m’avez nourri ? »

Toujours en souriant évidemment. Si ça la faisait se sentir mieux, j’allais pas me plaindre, il est super bon en plus ce truc. D’une pierre deux coups non ?
Je souris, et reprends la parole, sans réellement tenir compte du fait qu’elle ait dit ne pas forcément vouloir de compagnie. Mais elle me répond. Même si elle semble à moitié regretter et se demander ce qu’elle fait là.

« Tant mieux. » Je fronce les sourcils, avant d’être à nouveau amusée. « C’est un don en fait. Même les gens que ça saoule, ça les dérange pas quand c’est moi. »

Sans déc, Un immense sourire au visage, je croque dans la pâtisserie et secoue la tête.

« Non. Je suis sage en cours. En général. Et même la plupart du temps, c’est pas ma faute, ce sont les autres qui commencent… » Et c’est pas parce que je parle trop que je me fais virer…
Je lèche de la crème sur mon pouce et hausse les épaules. « Ma prof était absente. Et je savais pas trop quoi faire. Ni où aller. A force de tourner, je me suis retrouvée là.
Et j’ai bien fait, j’ai gagné un ti dej.

Et je ne parle pas si vite. Je parle beaucoup, mais je ne parle pas si vite… »


Ouais…. Je hausse les épaules.
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MessageSujet: Re: Un monde monochrome. (Livre III - terminé)   Un monde monochrome. (Livre III - terminé) EmptyLun 30 Nov - 15:43

Ça rougit et ça s’agite. Elle était presque mignonne ainsi, même si j’avais un peu du mal à voir ou elle voulait en venir. Je hausse les épaules, cela ne me concernait pas vraiment en fait. J’aimerais juste éviter de me retrouver en pleine amourette adolescente sortie d’un film à trois sous. A ces dires, ça ne risquait pas, j’espérais. De toute façon, j’avais décidé que si un jeun, bouquet en main et l’œil brillant, devait se rapprocher d’ici, je m’en irais sans sommation. Manquait plus qu’à rajouter un monstre hurlant et bouffant tout sur son passage et on sera dans la situation la plus ridicule qui soit. Bref, je m’égarais.

La gamine a de la répartie, je fais une moue déçue. J’aurai telleeeement aimé l’embarquer pour l’entendre piailler ad vitam eternam dans le placard de mon appartement. Peut-être était-ce pour ça qu’elle me mettait en garde, je deviendrais folle avec ce bavardage incessant. C’était une technique redoutable.
J’aurais presque été tentée de lui demander en quoi elle n’était pas une victime idéale, cependant cela aurait demandé au préalable de lui faire remarquer que son argumentation n’était pas terrible. D’éventuellement lui montrer qu’est ce qu’elle aurait pu dire à la place, avec exemple à la clé. Bref, une entreprise que j’estimais trop laborieuse pour cette matinée si peu engageante.

Un sourcil se lève, je la regarde oscillant entre agacement et amusement. Décidément, la gosse avait de quoi surprendre. J’avais du franc parler, je rencontrais rarement des gens pouvant m’égaler, voir me surpasser. Elle, semblait dénudée de toute entrave, son cerveau n’émettait aucune barrière, aucun filtre devant ses phrases, les sortants aussi brutement que crue.

-Non, ce n’est vraiment pas une question de se sentir bien. Je n’ai pas l’âme aussi stupidement naïve. En l’occurrence tu m’occupe plus l’esprit qu’autre chose. C’est une façon comme une autre d’agir.

Je lui souris. Attendrissante, c’était comme un chaton en fait. On avait beau être énervée contre eux, on ne pouvait que fondre devant leur fragilité. Qu’elle s’amuse à vouloir me griffer, sans défense ou pas, elle entendra tout de même parler de moi. Pour le moment, c’est une compagnie… non dérangeante disons.

-Ou alors c’est que personne n’ose pas te contrarier. Ou encore, ils ne réussissent pas à en placer une pour te le faire remarquer ?

Elle sourit et engouffre la nourriture, cela semble lui faire plaisir. Quelle enfant étrange.

-Ba voyons. Même moi, j’arrive à voir à quel point tu es bavarde. Tes profs doivent en baver. Qui sait, peut-être n’était-elle pas là pour éviter de te croiser.
Ma voix se fait taquine. L’idée me plaisait assez, la gamine avait l’air d’une terreur en puissance. Qui s’ignore, certes, mais un trouble fête innocent tout de même.

-Si, tu parles vite, beaucoup et vite. D’ailleurs, je n’ai rien à te dire sur la façon dont tu dois te conduire, mais tu devrais faire attention. Se balader seule dans les rues, ce n’est pas ce qui a de plus sur par les temps qui courent. Même en pleine journée, quand on est encore au lycée, tout ça.

Faut dire, une lycéenne qui traine dans les rues ça fait un peu tache. Dans une rue presque vide. Enfin bon, la sécurité n’était clairement pas au gout du jour.

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MessageSujet: Re: Un monde monochrome. (Livre III - terminé)   Un monde monochrome. (Livre III - terminé) EmptyVen 4 Déc - 14:22

Je souris. Bon, oui, je devrais être plus…pondérée. Et elle, comme d’autres, ne sait visiblement pas trop quelle attitude adoptée avec moi. Irritation ou distraction, c’est à voir. Après, je me dis que j’ai réussi à amadouer Malcom, et c’était pas gagné, alors maintenant, les autres… D’un autre côté, contrairement à Malcom qui fait partie de la Meute et donc partie intégrante de ma vie si je puis dire, elle ce n’est pas le cas. Donc, je m’en fous un peu dans le fond de bien m’entendre ou pas avec. Ouais… ça c’est ce qu’on dit.

« Naïve ? C’est pas question d’être naïve. Quand on offre des trucs, c’est aussi pour soi, pour se sentir bien, pour faire plaisir… c’est aussi égoïste que généreux… » Je crois. « Mais tant mieux si je vous change les idées. Ce sera ma BA à moi de la journée du coup. »

Je souris à nouveau. Avant de rire légèrement et de hausser les épaules.

« Peut-être effectivement. Mais je pense pas. J’ai comme un doute concernant le fait de ne pas m’envoyer bouler si besoin. Je crois qu’ils ne se gêneraient pas pour certains. Et avec le sourire.
Et je laisse parler. Je ne fais pas non plus la conversation toute seule… en général. »
Je la désigne vaguement, les sourcils levés, toujours amusée, avec un sourire angélique. « Vous arrivez à parler, vous pouvez donc me dire d’arrêter… et j’essayerais. C’est promis. »

Si, j’y arrive parfois. Quand il faut. Je sais quand même me taire quand c’est nécessaire. Ou quand je sens que j’agace vraiment les gens. Pour le moment, elle a l’air de supporter, donc, c’est pas supra gênant.
Je la regarde, ouvre la bouche pour répondre avant de la refermer. Je secoue la tête.

« Non. C’est de l’anglais, c’est un des seuls cours sympas, parce que la prof est cool. Donc j’écoute vraiment. Et j’ai de pas trop sales notes, donc elle m’aime bien. Je crois. » Je hausse légèrement les épaules. « Et je me suis pris assez d’observ y a un moment pour pas tenter à nouveau avec mes parents… »

Pas forcément à cause des bavardages encore une fois, mais elle n’avait pas besoin de le savoir ça. Parce que à la limite, le bavardage, c’est pas si grave. Les observations, voir exclusions, pour coups ou autres, par contre… Mais, je répète, c’était pas de ma faute !

« Je vais donc tâcher de parler plus lentement. »

Et j’articule avec insistance, avant de sourire. Ouais, non, j’y arriverais pas, une phrase me saoule déjà. Je la regarde, et me mordille la lèvre.

« Oh, la journée, ça craint trop rien encore. Et je suis rarement seule. Oui, bon, là j’étais seule. Mais c’est pas souvent le cas. Qu’on me fasse la remarque, de nuit, je comprends, mais là… je vais pas dans les endroits vides de monde non plus.
Et puis en général, comme dit, je suis avec des amis, ou une nounou, ou avec… ma famille. »


Des loups, avec des loups ou des métas la plupart du temps. Dans le genre protégée...
Et c’est pas comme si j’étais tombée sur un vampire en me baladant. Techniquement, c’est lui qui était venu de toute façon, dans mon jardin. Alors, bon…
Et en journée… Oui, okay, soit. La journée, c’est pas forcément mieux. Mais je vais pas m’empêcher de vivre non plus…

« Et vous êtes toute seule aussi. Peut-être que je sais me défendre mieux que vous… Et du coup, c’est pas plus prudent pour vous que pour moi… »

Oui, bon, j’en doute, je sais pas encore assez me protéger… Mais j’apprends.
Savannah Valentyne

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MessageSujet: Re: Un monde monochrome. (Livre III - terminé)   Un monde monochrome. (Livre III - terminé) EmptySam 5 Déc - 20:25

Nouveau sourire, bon dieu quel âge avait-elle pour parler ainsi. Ses propos sonnent un peu trop juste pour n’être qu’une simple répétition de propos entendu. Certains gosses grandissaient plus vite que d’autre, peut-être, avait elle quelques années de plus que ce que je lui donnais. Un mélange des deux certainement. Il faut dire qu’en ces temps incompréhensiblement sombres, les enfants devaient s’endurcir et grandir plus vite. C’était un peu ce qui m’était arrivée, entre la venue de ces stupides créatures, la guerre, mes parents devenant aussi docile que des nouveau-nés pour tomber dans le filet d’une secte aux desseins obscurs… Je secoue la tête pour me sortir ces idées de la tête, la gamine me donne une porte de sortie qui évitera certainement à ma journée de devenir encore plus foireuse.

-Et bien soit, je serais donc ta BA de la journée. Demain, tu donneras un sandwich à un sdf je parie. Tu m’as bien l’air d’en être capable. Entêtée, mais bienveillante. Ou juste stupide.

Ma voix s’adoucit sur le dernier mot pour bien lui faire comprendre que je la taquine. Elle n’a pas l’air d’avoir les nerfs fragiles, autant jouer franc-jeu jusqu'à la fin. Je pense qu’elle a encaissé le plus dur de ma part. Savannah était, donc, parfaitement capable de gérer mes boutades de mauvais goûts.

-C’est moi ou tu as une personne en tête en me disant cela ?

Ma langue siffle, pessimiste quand à mes chances de pouvoir arrêter un tel moulin à paroles. J’essuie mes mains du reste de sucre qui les rendent collantes.

-Sinon, je peux toujours t’offrir un collier électrique ton anniversaire. Je suis sure que certains en seront soulagés. Parait que ça marche pas trop mal.

Je pense qu’avant de faire un cadeau à une parfaite inconnu, je vais déjà tenter de trouver un boulot. M’appesantir sur le sujet aurait été compliqué avec la demoiselle qui répond à ma dernière remarque. Je le prends comme une tentative de se justifier, c’est mignon, même si je me dis que raconter ainsi sa vie à quelqu’un qu’elle ne connait pas n’était peut-être pas très judicieux. Je l’écoute à moitié tout en remettant mon écharpe autour du coup de sorte à ce qu’une partie de mon visage soit couvert. J’articule pour que le tissu ne rende pas mes paroles incompréhensibles.

- Ba, ils sont là pour s’assurer que tu suis bien les cours. C’est toujours peureux les parents quand ça concernent leurs gosses.

J’avais toujours été une bonne élève, c’était un problème que je ne connaissais pas. Mes parents n’avaient jamais eu à se plaindre de ma scolarité. Ils s’étaient plaints d’autre chose. La perfection est changeante d’un regard à l’autre, je n’étais pas celle de mes parents. Pas totalement. J’avais essayé étant petite pourtant, cela n’avait réussi qu’a me bouffer. Qu’à me faire faire ces rêves insupportables dont je n’arrivais pas à me défaire.

-C’est pas évident de trouver un équilibre dans une famille.

Moi, je n’avais pas trouvé le mien. Mais ce n’était pas à une gamine que j’allais parler de ce genre de problème. Dans un sens, ce n’en était pas vraiment un. Il n’y avait désormais plus grand-chose à faire. Chacun avait trouvé sa place dans cette histoire sordide. Mes parents étaient bien dans leur condition d’animaux domestiques crédules. Je ne faisais plus partie de l’équation car trop « grande ». Tout était à sa place, même si cela ne me plaisais guère.

-Étrangement, je ne te vois pas du tout avec une nounou.


Elle n’était donc pas si démunit que ça. Je lui aurais plutôt flanqué l’histoire de la gamine dont les parents se fichaient, qui errait dans les rues ne sachant trop comment attirer leur attention. J’avais eu tort. On ne fait pas en sorte que sa petite soit pratiquement constamment accompagnée si on se fichait de son sort. Dans ce cas, je pouvais aussi comprendre qu’elle recherchait la liberté et la solitude. Être constamment accompagné, surveillait, c’était étouffant.

J’éclate de rire à sa remarque. Elle avait décidément du répondant et pas la langue dans sa poche.


-Peut-être. Ce monde tourne à l’envers, alors pourquoi pas. Mais laisse-moi croire que le grand méchant loup en à la tête. Sinon, tu risquerais de me décevoir. Ca serait loupé pour ta BA du jour.

Gabriel Hudson

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MessageSujet: Re: Un monde monochrome. (Livre III - terminé)   Un monde monochrome. (Livre III - terminé) EmptyDim 13 Déc - 21:26

Mon sourire ne me quitte pas. Ou presque. J’ai décidé de profiter et d’essayer de chasser la morosité qui m’avait envahi ce matin. Etre positive était ce qui me réussissait le mieux. Je crois. Et puis, c’était amusant de trouver un adulte aussi franc. Oui, j’en avais pas mal finalement autour de moi…

« Oh, oui, j’en serais capable. Et je ne suis pas stupide. »
Je souris, parce que je sais bien qu’elle ne le disait pas sérieusement. « Entêtée oui. Bienveillante… Je sais pas trop… C’est pas parce que je souris ou que je parle beaucoup que je le suis. Mais peut-être bien oui… Je préfère m’occuper des autres que de prétendre qu’ils n’existent pas ou qu’ils ne sont pas importants… Si ça veut dire que je le suis, alors okay. »

J’acquiesce et mon sourire s’agrandit.

« Oui. Un en particulier en fait. Malcom… J’ai eu l’air de le saouler au début, mais au final, il a dit que ça l’emmerdait pas que je parle tant. Je crois qu’il m’aime bien… » Je hausse les épaules, souriant toujours. « Moi je l’aime bien en tout cas, il est marrant. »

Sans parler qu’il doit m’entraîner, avec la bénédiction de maman… et que j’ai une chance d’avoir mon violon si je le saoule assez… Ma mère est beaucoup plus cruelle qu’elle n’en a l’air en vrai.
Je plisse les yeux et lui tire la langue quand elle me parle de collier électrique.

« Je suis pas certaine d’apprécier l’intention. J’aime autant me passer de cadeau, mais c’est gentil quand même… »

Et non, personne n’apprécierait… Non, bien sûr que non. Même pour rire… je suis pas certaine que ça fasse rire les loups…
Mais bref. Je me retrouve à parler de mes cours et de mon comportement en classe, va savoir comment. Elle a peut-être raison au final, peut-être que je parle trop. Mais c’est pas vraiment grave ni important. Je la regarde s’emmitoufler et me demande si là sur le coup, elle a pas envie de se barrer se mettre au chaud, ne restant que pour mon inestimable compagnie. Non. C’est le même genre que Malcom, elle prendrait pas de gants si c’était le cas.

« Ouais. Même si c’est pas vraiment pour mes résultats qu’ils puissent se plaindre en général… »

Non moi, c’était plus le comportement. Et le comportement des autres abrutis surtout. Ça allait mieux depuis quelques temps, mais ils venaient tout juste de revenir à la maison, et ça n’allait peut-être pas durer. Pas après février. Enfin qui sait, peut-être… De toute manière, je ne leur dirais pas. Même si je doutais que maman reparte, je voulais pas tenter…

« Non en effet. Ce n’est jamais facile. Si encore ça dépendait que de nous… Mais il y a tellement de trucs ou de personnes externes qui peuvent intervenir… »

Je me mords la lèvre, pour me faire taire. Oui bon. C’est pas comme si j’avais eu une vie super difficile, j’avais toujours eu des parents aimants et…
Conneries. Si on regardait objectivement, j’avais de quoi faire un mélodrame autour de ma courte vie merde. Je le cachais super bien c’est tout, mais j’avais déjà eu assez de merdes et d’emmerdes pour les 30 ans à venir… Mais elle n’avait pas besoin de le savoir. Les gens qui comptent pour moi sont au courant et me soutiennent, et c’est tout ce qui compte.

« Oh, c’est pas une nounou au sens propre… Enfin… Disons simplement que… Je suis rarement seule. Mes parents sont super protecteurs dans le genre et… y a souvent, si ce n’est toujours, quelqu’un de la… du groupe qui est là. »

La Meute. Une belle et grande famille. Une belle grande envahissante et encombrante famille. Mais je les aimes.
Elle se met à rire, ce qui accentue mon propre sourire, alors qu’on parle de se défendre… ou dans le genre…

« Ce serait dommage… » Je hausse les épaules. « Mais au risque de gâcher ma BA… A quoi bon être dangereux si on en a l’air ? Autant avoir l’air normal… Le grand méchant loup peut sembler inoffensif… En général, il l’est même, gentil et inoffensif… tant qu’on ne l’embête pas. » Bon, d’accord, il n’est pas forcément gentil ou inoffensif… et quand on le chatouille un peu, ça devient méga dangereux… contrairement à moi…
« Et moi, j’ai peut-être juste appris me protéger. Pour que mes parents aient moins à s’inquiéter de mon sort… »
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MessageSujet: Re: Un monde monochrome. (Livre III - terminé)   Un monde monochrome. (Livre III - terminé) EmptySam 2 Jan - 17:58

La famille, vaste sujet, toujours délicat, jamais plaisant à aborder. La demoiselle semblait être entourée comme il fallait, les gens gravitaient autour d’elle dans des connexions complexes qui m’échappaient totalement. Il ne pouvait d’ailleurs pas en être autrement, les relations humaines étaient rarement simple à élucider, même lorsqu’on faisait partis de l’équation. C’était dire. Au moins avait- elle l’air en bonne compagnie, c’était déjà ça. J’aurais pu la prendre pour une fugueuse assise si piteusement sur son banc. Mais non, dans un sens, c’était plutôt réjouissant. Une enfant qui fuyait son foyer avait de grande chance d’être retrouvé inerte au matin. La mort n’était jamais festive, même lorsqu’on faisait tout pour ignorer la déchéance du monde.

Le sourire ne la quittait pas, de même que sa répartie. Finalement, nous avions réussis l’une et l’autre à nous occuper. Le temps était toujours aussi résolument gris, c’était à peine si un brouillard duveteux ne venait pas lécher les pieds. Pourtant, je réussissais à tenir le cafard à l’écart, peut-être était-ce grâce elle, peut-être n’était-ce qu’un leurre ?

-Être parent n’est pas facile, être un enfant non plus soit dit en passant. Tu auras toujours des choses à leur reprocher et vice versa. Si ce n’était pas tes résultats, ou ton attitude, il y aurait eu autre chose. La perfection n’est malheureusement pas de ce monde. Crois-moi, j’ai essayé.

La seule perfection que j’avais atteinte dans l’histoire n’avait été que de me vider totalement de toute substance. Quelle perfection misérable, avec ce sourire avenant, faux, inutile. Si je pouvais lui éviter le même genre d’expérience par ces mots, ca n’en serait pas plus mal. Il n’y en avait rien à retirer à ce genre d’expérience. A part, peut-être, que l’affection de s’achetait pas par l’hypocrisie ? Enfin, elle n’était pas aussi jeune que moi à l’époque. Elle devait déjà le savoir. Son tempérament était assez fort pour qu’elle ne tombe pas dans le piège.
Je crois que mes questions la gêne, son attitude change tandis qu’elle trébuche dans ces phrases. Elle n’était pas obligée de me répondre. Pourquoi cette attitude ? Je finis la dernière pâtisserie. Mes habits commencent à devenir humides. Le temps n’était vraiment pas clément.


-Je comprends mieux pourquoi tu sèche alors. Être entourée constamment peut-être sacrément étouffant.

Je la taquine, je la croyais quand elle me disait avoir un de ces professeurs absents. Je m’amusais juste à voir si elle allait piquer un fard et tomber dans mes jeux minables. Je m’amusais de peu de chose parfois.

-Tu marque un point.

Ma voix est moqueuse, la petite était pertinente.

-Au risque de te décevoir, ce sont des parents. Peut importe ce que tu fais, ils s’inquièteront toujours, à tort ou à raison. Alors vis et fais ce que bon te semble.


C’était une brave petite, mais j’avais l’impression qu’elle vivait beaucoup trop pour sa famille ou à travers eux. Tout ne semblait tourner qu’autour d’eux. A son âge, l’égoïsme allant de pair avec les hormones, elle aurait dû me parler de son copain, ou je ne savais quelle autre futilité. A la place je me retrouvais devant un adulte miniature. Encore trop naïvement immature pour que la copie se fondent parfaitement dans la masse. C’était un peu triste si on y réfléchissait.
Mon regard dérive vers une horloge murale, le temps filait à une vitesse phénoménal. Il était impossible de se caler sur le rythme des aiguilles et encore une fois je m’étais laissais prendre au jeu, distancée par une cadence que j’avais du mal à suivre. Il fallait que je me bouge pour revenir dans la danse, imprimer mon pas dans la mesure pour ne plus être déphasée. C’était comme tout, une place pour chaque chose, le mouvement était aussi important que le repos et j’en avais assez pris comme ça.

-Désolé demoiselle, mais je vais devoir mettre fin à cette rencontre. Il commence à se faire tard et j’ai encore beaucoup trop de chose à faire. Si je peux me permettre une dernière remarque, vit un peu pour toi-même. Tu m’as l’air coincé dans un monde beaucoup trop sérieux pour ton âge. Ca va finir par te bouffer. Ou peut-être suis-je complètement à coté de la plaque, et dans ce cas, ignore les propos d’une adulte désabusée.

Je me lève et chasse les gouttes d’humidités d’un mouvement de la main. Le brouillard ne s’est toujours pas levé, le monde baigne dans ces nuances de gris maussades. Pourtant une petite demoiselle illumine de son sourire ce banc solitaire. J’espère que ce sourire est vrai, s’il est feint alors mes paroles devaient toucher justes et… Je ne voulais pas franchement avoir raison sur ce coup là.

-Au revoir et bonne journée.

Gabriel Hudson

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MessageSujet: Re: Un monde monochrome. (Livre III - terminé)   Un monde monochrome. (Livre III - terminé) EmptyMar 23 Fév - 12:44

Spoiler:

Elle avait essayé ? D’être parfaite ? Quelle idée…
Quand j’étais petite, j’aurais dit que ma mère l’était, parfaite. Mais en grandissant, tu te rends compte que c’est loin d’être le cas. Ça n’avait jamais été le cas. Et heureusement. Vous imaginez la pression d’avoir une mère parfaite ? De devoir lui plaire et lui ressembler ? L’horreur sans déconner, ce serait un coup à vouloir se foutre en l’air.
Non mais sérieusement, maman ne l’était pas, elle avait eu assez de problèmes et de difficultés pour ne pas l’être de toute façon, ce qui ne l’empêchait absolument pas d’être une mère formidable. En dehors de ses petits problèmes de protectionnisme ouais…

« Oui, sans doute. Toute façon, quel que soit la personne, ou plutôt qui quelle soit, y aura toujours des trucs à dire. On aime trop râler et on veut toujours plus… » Je souris, avant de rire un peu. « Et je ne cherche pas à être parfaite. J’en suis trop loin. Et ce serait usant si on l’était, aucun intérêt. »

Il n’y avait que pour le violon que je cherchais à l’être, mais c’était juste une partie de ma vie. Une grande soit, mais c’était pas moi pour autant quoi. Moi, j’étais têtue et légèrement caractérielle, je parlais tout le temps et j’étais assez dissipée en général. Et encore, tout ça, ça devait pas être le pire. Mais bon, on s’en fout. Enfin, non, pas totalement. Genre là, alors que je commence à parler de la Meute. Oui, non, c’est pas grave en soi. Sauf que sur ce sujet, j’ai appris que ça se passait mieux en général quand les gens savaient pas que j’y étais liée. Oui, c’est moche, oui, c’est ridicule et ça me gave même souvent. Mais bon, ça m’évite quelques ennuis.

« Je ne sèche pas. » Je fronce les sourcils. Avant d’esquisser un nouveau sourire. « Pas ce matin en tout cas. Mais oui, c’est parfois étouffant. »


Je hausse les épaules, me léchant les doigts. Ouais, j’ai abandonné le savoir vivre pour le coup. Et elle avait sans doute raison. Les parents s’inquiètent toujours. Sauf que moi, mes parents sont sacrément plus chiants et plus protecteurs que la moyenne… Du coup, c’était parfois au-delà de la simple inquiétude. Quant à faire ce que bon me semblait… Je retiens une grimace, parce que non, elle ne les connait pas.
Je la vois jeter un coup d’œil à l’horloge. Mais c’est bon, je suis pas en retard, j’ai même encore un peu de temps. Mais il caille quand même à force de rester immobile. Je fronce les sourcils quand elle me dit de vivre pour moi. Elle croit que je fais quoi ? Oh… ouais, enfin, en même temps, le monde trop sérieux, trop adulte, m’a rapidement mis au pied du mur, donc bon… y a des trucs qui font sans doute murir plus vite qu’il ne le faudrait. Mais je m’en plains pas. Enfin… Pas vraiment. Je m’amuse et fais des conneries avec mes amis aussi, donc j’équilibre je pense. Mais elle se lève déjà, alors je vais pas me lancer dans une explication qui sonnerait comme une justification vaseuse. Parce que peut-être que l’un dans l’autre, elle a pas tort. Pas totalement.

« Ne vous inquiétez pas pour moi. J’ai plein de choses à moi, des trucs que j’aime ou que je ne fais que pour moi. » Je lui souris et me lève en récupérant mon sac. « Bonne journée aussi Gabriel.
Et merci encore pour le p’tit dej, c’était cool. »


Ouais, enfin bonne journée, c’est des cours quoi… et objectif dans l’immédiat, se réchauffer un peu.
Savannah Valentyne

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