Le 25 février avait détruit la ville de Glasgow, au point que j’étais contente de vivre à Edimbourg. J’avais envoyé plusieurs messages à mes amis. Alors que certains ont répondus, d’autres n’ont pas daignés me donner des nouvelles. J’étais inquiète, terriblement inquiète. Dans le lot, il y avait des amis que j’aimais plus que tout. Depuis plusieurs jours, j’essaye d’avoir Tomás, mais il ne répond pas à son portable. Je ne supporte pas de le savoir en danger, ou même songé qu’il soit mort. Notre amitié ne date pas d’hier, et beaucoup m’ont dissuadé de m’approcher de lui. Trop dangereux de fréquenter un loup-garou. Trop stupide, trop téméraire. Peu importe la raison, je n’ai pas peur de lui. Il connait mes origines, ce que ça fait d’être perçu comme un paria par son propre sang. Il était mon ami.

J’étais chez moi, Dafné avait quittée mon appartement depuis quelques semaines maintenant. Les jours passent et toujours pas nouvelles de Tomás. Je tourne dans mon appartement, règle mes problèmes et pourtant j’ai toujours se sentiment que quelque chose me manque. Andrew m’a confirmé qu’il était toujours vivant. Je passe souvent devant son appartement, monte les étages et frappe à sa porte. Tout ça pour quoi ? Aucune réponse. Je n’ai pas eu beaucoup de chance. Il était absent à chacun de mes passages. L’un de ses voisins de palier m’a même proposé de resté chez lui, le temps qu’il revienne. J’ai refusé. L’homme était petit, dégarni avec un regard vicieux. Je ne perdais pas espoir de revoir Tomás. C'était décidé. Ce soir, je passerais la soirée à chercher Tomás. Mais avant toute chose une douche. J’enfile des fringues plutôt classiques, un jean, un haut noir au col tunisien.

J’attrape mes clés de voiture, enfile ma veste militaire et enroule mon écharpe bleue à mon cou. En entrant dans ma voiture, je pris un temps de réflexion. J’allais commencer mes recherches. Par où commencer ? Son appartement. Je démarre ma voiture et prend la direction de Newtown. On était en milieu de semaine, et il y avait peu de gens dans les rues. En entrant dans l’immeuble, je croise quelques paumés qui me sifflent et me propose une tournante dans les caves. Je décline l’offre sur un ton sec et monte rapidement les escaliers jusqu’à me retrouver devant la porte de Tomás.

Toc, Toc

Des pas s’approchent derrière la porte. Il y avait quelqu’un derrière cette fichue porte, et mon cœur s’affole. Je me sentais nerveuse, et en colère. La porte s’ouvre, et mon regard se fixe dans ses yeux bleus. Tout mon corps tremble. Je le prends dans mes bras, mon visage dans son cou et lui murmure comme une naufragé au bord de la noyade. – J’ai cru que tu étais mort. Que jamais je ne te reverrais !

Mes pieds touchent à peine le sol. Je reste dans ses bras, le visage toujours enfouie dans son cou. Je n’avais pas envie de le lâcher. Je me rends compte combien il m’avait manqué. Depuis la fin février, j’étais resté avec Dafné à l’appartement. Il était impossible pour nous deux de sortir. On a toutes les deux été blessés, et les rues étaient restées dangereuses. J’avais beau essayé d’appeler Tomás, je tombais toujours sur son répondeur. Autant dire, que mon inquiétude n’avait fait que grandir. On peut dire merci à Andrew qui a eu la gentillesse de m’avertir que mon ami était vivant et sur ses pieds. Voilà que je sens une nouvelle émotion me prendre aux corps. Celle de la colère. J’ai été soulagé de l’apprendre, et en colère de ne pas avoir plus de nouvelle de sa part. J’avais ravalé mon orgueil, en me disant qu’il viendrait bien vers moi. J’ai pris sur moi de régler mes propres problèmes, et puis vient le moment où j’en avais marre d’attendre. Au vu de mon attitude, on pourrait croire que je nourrissais des sentiments bien plus forts qu’il ne faudrait pour Tomás. Cela n’avait rien avoir avec des sentiments amoureux. Mon amitié avec lui était essentielle à mon équilibre. Etrange. Incompréhensible. Pas vraiment.

Je lève mon visage, les yeux humides. Hors de question de pleurer devant lui. Je ne voulais pas qu’il me prenne pour une fleur fragile. Pourtant, je sens les prémices d’une avalanche de larme. Du coup, je fais appel à ma colère, à ma frustration de ne pas avoir eu de ses nouvelles. – Bon sang Tomás, pourquoi tu ne m’as pas appelé ? – Je le lâche, le regard sombre, le cœur toujours aussi serré. Je lui donne une tape sur l’épaule. – J’ai cru qu’un ces tarés de démon ou ces fichus militaires t’avais tirés dessus, … - Ma voix s’emballait. Je sentais mes émotions m’échapper totalement. – Je suis passé chez Andrew … il m’a dit que tu allais bien. Enfin ! Que tu étais VIVANT ! – M’exclamais-je en lui redonnant une tape sur l’épaule. Je regarde Tomás droit dans les yeux, et je sens ma colère s’estomper doucement. Comment je pouvais m’énerver ainsi ? Je me frotte le visage pour m’adoucir. Il était vivant s’était l’essentiel.

Je m’étais écarté du trentenaire, reculant de sorte à laisser un mètre de distance entre nous. Ce qui me permettait d’observer Tomas et de me rendre compte qu’il avait vraiment une sale tête. Je ne savais pas ce qu’il lui était arrivé le 25 février, mais je me doutais que ce ne devait pas être très joli, joli. Moi-même, j’avais du faire face à une démone psychopathe qui à bien faillit me tuer. J’avais eu de la chance sur ce coup. La sonnerie de son micro-onde me fit sursauter. Je me tourne vers l’appareil dont une odeur de pizza me parvient au nez. Les bruits soudains m’angoissent toujours autant. Mon corps tout entier à tendance à se crisper, et mon esprit à bloquer sur le moindre danger. Prise d’un frisson, je serre ma veste et refait face à Tomas qui s’avance vers moi. Je sentais à nouveau les larmes me monter. Par chance il s’arrête à mi-chemin. J’étais en colère contre Tomas mais également contre moi d’être aussi faible. De ne pas savoir contenir mes émotions. Je me sentais ridicule.

J’écoute Tomas m’expliquer que son loup avait pris le pas. Qu’il avait du mal à revenir à la civilisation. Je ne pouvais pas comprendre, je n’étais pas une louve. En plongeant mon regard dans le sien, je pouvais juste y voir toute sa détresse, et vlan … mes larmes coulent sur mes joues. Il avait réussit à me faire pleurer. Je resserre une nouvelle ma veste pour faire un bouclier anti-tristesse, mais ça ne marche pas.

J’efface mes larmes avec ma main. – Tu fais bien de t’excuser … - dis-je d’une voix étranglée. – … J’étais inquiète … tu ne peux pas savoir … - reniflant un instant comme une gourde. - … tu es … important pour moi. Tu es mon ami … - Je replace une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, et soupire. Pendant que lui courrait les bois, moi j’essayais de sauver ma boutique. Je me sentais terriblement fatigué d’un seul coup, et me précipite dans ses bras, si réconfortant, sécurisant. – Ne crois pas que je vais te pardonner aussi facilement… Je veux que tu me raconte ce qui t’es arrivé ce jour-là ? J’imagine que si tu t’es transformé c'est que tu étais en danger ? – lui demandais-je. – et je veux bien une bière, s’il te plaît ! – Je lève mon regard noisette, rougis par mes larmes et lui fis un petit sourire pour détendre cette atmosphère que je trouvais trop pesante.

Je n’aime pas me montrer sentimentale ou faible. Je n’aime pas être dépendante de quelqu’un. Je n’aime pas ressentir se sentiment de détresse, ou de tristesse. Bref tous ces mots qui finissent par « … esse ». J’étais bien dans ses bras musclés et chauds. Il rien de mieux que d’être dans les bras d’un homme dont vous avez confiance. On a toujours l’impression que rien ne pourrait nous arriver, même s’il s’agit d’une illusion. Avec tout ce qui se passe actuellement, un semi-démon pourrait surgir n’importe où, pour nous massacrer. Il n’y aurait pas de raison. Juste pour le plaisir de nous mettre en charpie. Je profite de ce moment pour plonger également mon visage dans son cou. Il m’en faut pas plus pour reprendre mon calme. Je ne chiale plus. Tomas m’embrasse sur la joue. Je sens ses lèvres douces sur ma peau, et sa barbe me pique légèrement. Je réponds à son étreinte en le serrant, les mains agrippant son haut. Il avait raison, nous étions vivants. Je m’apaise doucement en relâchant les muscles de mes bras et mes mains.

Je ne sais pas. On est passé au travers … - Murmurais-je dans un souffle las. Puis vient le vide. Il s’écarte de moi brutalement, et s’éloigne pour se diriger dans sa cuisine. Mon regard le fixe, cherchant à lire se qu’il pense. - … mais je doute que ce soit fini … - Vu qu’une démone traine dans les rues du pays. Elle s’attaque aux écoles, et elle semble impossible à arrêter. Qui pourrait arrêter un démon ? J’acquisse sur sa proposition de manger et boire. – Je ne dis pas non. Chialer donne faim et … surtout soif !! - fis-je d’une voix plus légère en me dirigeant vers le canapé. Mes yeux me piquent du fait d’avoir verser ma petite larme. J’enlève ma veste et la pose sur le rebord du canapé, avant de m’assoir. Je ne quitte pas Tomas des yeux. Hors de question de baisser la tête comme un chiot tout penaud. Je suis une Keane ! Chez nous, on garde la tête haute même lorsqu’on pleure comme une gonzesse. Bon ok, je suis une fille mais fière.

Alors que Tomas me rapporte ma boisson, je lui repose ma question.
Raconte-moi ce qui t’es arrivé ce soir-là ?
Je savais que ma question n’était pas facile. Moi-même, j’aurais du mal à y répondre.

Tomas me raconte son périple sans rentrer dans les détails. Ce qui ne m’étonne pas. Ce n’était pas le genre à déballer ses histoires, ou juste parler de ce qu’il ressent. D’ailleurs, je ne me permettrais pas d’inciter. Après tout je suis comme lui. Je garde pour moi pas mal de mes mésaventures, et lui raconte ce qui semble anodin. Je n’avais pas envie qu’il s’inquiète pour moi. Sauver sa peau ! J’ai voulu le faire aussi mais je n’ai pas pu rester sans me battre. Sans au moins essayer. Là chose que je regrette le plus c'est de pas avoir pu sauver ce gamin. Le visage de la vampire tourner en boucle dans ma tête, alors qu’elle prend dans ses bras frêle le corps. Les mots de Tomas font écho à mes propres souvenirs. Le bâtiment en feu, le corps calciné d’un homme tombant sur la voiture que j’avais décidé de prendre pour un bulldozer. Mes yeux passent de son visage à ses mains tremblantes. Il avait été affecté par ce qui c’était passé, comme nous tous. Je me rapproche de mon ami, ma main glissant vers la sienne qui tient sa bière.

Ce cauchemar est derrière nous … - mon pouce vient caresser sa peau chaude. Je ne savais pas faire autrement que d’être douce. Je voulais qu’il ressente toute ma tendresse pour lui. Qu’il ressente combien il n’était pas seul ! J’étais là ! Nous étions paumés, meurtris et vivant. Je voulais le réconforter, et en profiter du même coup pour panser mes propres angoisses. Je plonge mon regard noisette dans ses magnifiques yeux blues – … Je suis désolé de t’avoir posé cette question. Je pensais que ce serait bien de parler de cette soirée … Je me rends compte que je suis trop curieuse. C'était purement égoïste de ma part. Je … suis désolé ! – J’étais autant affecté que lui par cette sombre histoire mais le voir aussi mal me rendait triste. Assez pour mettre ces évènements de côté. Je glisse ma main vers son genou, avant de le laisser tranquille. Je voulais toujours que les gens me parlent alors que j’étais incapable de le faire moi-même. – Tu l’as dit toi-même c'est fini … - On n’avait plus que vivre avec, comme on la fait pour les années sanglantes. – Parlons d’autre chose après tout c'est nos retrouvailles ! – fis-je avec plus d’enthousiasme, avec en prime un sourire.

Je sais pas quel sorte de lien nous unis lui et moi, mais je sais que je ferrais n’importe quoi pour lui. Je crois que je le vois comme le grand frère que j’aurais aimé avoir. Bon, un grand frère super sexy, avec de magnifiques yeux bleus. Difficile de ne pas avoir eu au moins une fois envie de lui. Il semblait allait un peu mieux, j’ai droit à un sourire. Nous n’avions pas trop le choix que de penser à autre chose. Repenser aux évènements n’allaient pas nos aider, et ce soir ils s’agissaient de nous retrouver. Lui et moi. Je prends ma bière et bois une gorgée, ne le quittant pas des yeux. Il me questionna et je soupire. Par où commencer.

J’ai eu quelques déboires … financier … - avouais-je doucement.
Difficile de parler de mes problèmes d’argent. Être commerçante dans ce pays est une lutte de tous les jours. Les affaires ont du mal à suivre. Les gens ne sortent pas, où très peu. La population est encore traumatisée, et leur premier reflexe n’est pas vraiment de ce précipité dans une herboristerie pour acheter des plantes. Je repose ma bière sur la table basse. J’avais toujours mes clients habituels qui passaient de temps à autres mais ce n’est pas avec ça que mon chiffre d’affaire allait augmenter. Le pire c'est d’avouer à Tomas que j’avais pris un second boulot, mais dés qu’il allait savoir de quoi il s’agissait, il risquait de ne pas apprécier. Un second boulot que j’espérais vite arrêter. J’ouvre la bouche, puis la referme, gêné. Non, ce n’était pas le soir de lui dire que j’étais escorte-girl certain soir. Je reprends avec un sourire.

Les nouveaux clients sont assez rare … mais on m’a proposé de travailler pour un casino. Le gérant est près à m’acheter mes produits faits maison. Des savons, des lotions, pour ses clients qui restent pour la nuit dans son hôtel. Du coup c'est plutôt une bonne nouvelle.
Les huissiers sont des rats, des charognards qui n’attends qu’une chose que je m’écroule. Je ne m’écroulerais pas ! Avec ce nouveau client, j’allais pouvoir rembourser ma banque et m’en sortir. Je n’allais pas tout perdre, et rien que ça m’aidais à avancer.

Je n’ai pas encore signé les contrats mais dés que j’ai remplis les documents, je dois dîner avec l’avocat qui fait l’intermédiaire entre moi et le casino. Puis c'est parti …
J’étais plutôt heureuse de ce qui m’arrive. J’étais vraiment mal, et maître Black est arrivé à point. Je lui étais reconnaissante, mais d’un autre côté toute cette générosité m’inquiétait un peu. Même s’il m’a expliquait qu’il le faisait surtout pour lui. D’ailleurs, il ne fallait pas que j’oublie de lui remettre les documents à son cabinet. Je récupère à nouveau ma bière pour boire une longue gorgée.

Ce serait bien qu’on se face également un dîner ou n’importe quelle sortie ? Qu’on passe du temps ensemble. Boire une bière, … que je provoque une bagarre… - dis-je sur le ton de la plaisanterie. Faisant référence à l’altercation avec lui et Ian mon ex. – On pourrait même aller courir ensemble ? – lui proposais-je.