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Escapism
MessageSujet: Escapism   Escapism EmptyJeu 24 Sep - 0:57

12 avril 2018

Reprendre le dessus.
Reprendre les rênes.
Reprendre le cours de sa vie alors qu’elle avait été en suspend pendant un moment.
Trop longtemps.

Je soupire, pose ma tête contre le froid de la vitre. Dehors, le paysage défile sous mes yeux, comme une vidéo dont on aurait coupé le son. Loin du centre-ville de Glasgow, les stigmates de l’attaque de février se font moindres. Les murs sont moins criblés de balles. La chaussée est moins déformés. Les regards des passants sont moins meurtris. Moins, moins, moins – lente diminution des dégâts, pas des êtres surnaturels. J’en soupire une nouvelle fois. Agacement. Enervement. Exaspération. Les créatures épuisent mon quotidien, même lorsqu’elles ne sont pas là. Pendant un mois, elles ont bouffé mes pensées, me laissant paralysée à zoner dans mon atelier. Pendant un mois, elles m’ont laissée du temps pour panser mes blessures et pour réfléchir. L’heure de la contre-attaque allait sonner, même si ce n’allait être qu’une vendetta personnelle.

Un grésillement dans le micro indique que je suis à destination. D’un ton las et ennuyé, entrecoupé par une quinte de toux, le chauffeur annonce « Edinbourg, tout le monde descend ». Aussitôt dit, aussitôt fait : j’empoigne ma veste avant de sortir, cueillie par la pluie. Par cette putain de pluie qui ne veut cesser depuis plusieurs mois – à croire que, la pluie, c’est les larmes de tous ceux qui ont perdu un proche en février. Et avant, pendant les années sanglantes. Et avant encore, pendant toutes ces guerres. Ce n’est qu’un surplus, une déversement soudain : le réservoir de peine qui se libérerait, bouchon enlevé et trou impossible à colmater. J’en râle, j’en divague. Divague. Un piéton me regarde de travers, à moitié inquiet, à moitié effrayé. Je lui jette un regard déplaisant avant de passer mon chemin, me maudissant d’avoir pris le bus sur un coup de tête.

La transmission s’est interrompue la veille, par intermittence, avant de lâcher complétement. Depuis mon atelier, rien à faire. Faut dire que McBorough m’avait prévenu, à l’époque : il voulait une modification physique, pas un programme informatique (tant mieux, ce n’est pas mon domaine). Il voulait avoir accès aux caméras de la PES afin de surveiller son remplaçant (remplaçante, apparemment) lorsqu’il prendrait éventuellement (il l’avait pris) la tête du pays. Curieuse, j’avais accepté. Doublement curieuse, j’en avais profité pour installer un câble supplémentaire afin d’avoir accès moi-même à quelques caméras. Mais la transmissions s’est interrompue. D’ici, je ne vois qu’une raison : j’ai été découverte. Quelqu’un avait dû ouvrir la gaine avant de demander pourquoi il y avait cinq fils au lieu de trois. Quelqu’un avait dû voir une image sauter trop fréquemment pour aller vérifier la raison. Quelqu’un – ou quelque chose – devait avoir mis la main sur quelque chose. Il faut que je cache mes traces.

J’ai gardé le badge que McBorough m’avait donné début février lors de l’opération « maintenance », hésite à m’en servir. Dois-je rentrer dans la gueule du loup, sans plan de sortie, prétextant une autre maintenance à peine deux mois après la première ? J’en doute. Dois-je pour autant attendre d’être découverte ? Certainement pas. Là encore, j’en souffle, me demande si je ne dois pas faire une virée discrètement à l’accueil. Si Carl s’y trouve, c’est dans la poche – il m’avait vu, m’avait montré les locaux sous ordre de McBorough. Mais s’il ne s’y trouve pas, la situation est autre. Je finis par dépasser le bâtiment, accélère le pas, n’ose même pas jeter un œil à l’intérieur. J’accélère le pas tandis que mon palpitant s’emballe : il me faut un plan.

Plan. Planifier. Se fier. Se fier à son instinct. Réveiller son instinct. Se réveiller. Café.

Mes réflexions n’ont aucun sens. Je crois que je n’ai pas que perdu du sang dans les évènements de février, j’ai aussi perdu ma faculté à raisonner. Pourtant, pourtant, je finis par débarquer dans le Starbucks du coin, au bout de la rue de la PES. Je commande un « soya latte avec une touche de cannelle, merci » d’une traite avant de lâcher les pièces sur le rebord du comptoir. Déterminée. Proactive. Menée par un esprit de vengeance. Je ne reconnais pas la « nouvelle-moi », prétendument dangereuse, ayant laissé l’ancienne version au placard. Une version plus timide, rongée par la haine, une haine timide et contenue. Récupérant le latte au bout de la file, je m’assieds à une des tables libres, sors un livre de mon sac. La couverture est ancienne, rapiécée, laisse croire que je tiens en main l’œuvre de Lewis Carroll. S’ils savaient, si seulement ils savaient… Les pages ne racontent pas l’histoire de l’Alice, ne racontent pas ses aventures. Au contraire, la plupart sont griffonnées, les autres sont vierges – mais plus pour longtemps. La plupart sont codées, les autres représentent un dessin : le mécanisme d’une montre à gousset, la sortie d’eau d’une machine à laver, les cinq fils cachés dans une gaine plastique.
Sorcha McCabe

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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptyLun 28 Sep - 19:27


"Elle est au Starbucks patronne. Elle a pris le bus ce matin et elle vient de débarquer. Daniel l'a à l'œil."

J'arquais un sourcil, laissant tomber mon crayon alors que j'étais en train de griffonner un dossier au lieu de le lire, la mine passablement perplexe. Là, j'avais comme l'impression d'avoir raté un épisode. Depuis notre descente chez la petite informaticienne, les gars avaient bossé d'arrache-pied pour remonter à la source de la fuite. Et ils avaient été diablement efficaces, autant être honnête. Peut-être que, comme moi, l'idée même qu'on puisse nous espionner de la sorte sans qu'on sache le pourquoi ou le comment, les avait tellement mis sur les nerfs qu'il était hors de question de lâcher le morceau sans savoir qui était derrière tout ça.

Alors hier, ils avaient trouvé la source et, après être remontés à la responsable par je ne sais quel miracle technologique qui ne m'importait guère, ils avaient tout coupé, assez brutalement, à ma demande. Je voulais savoir comment réagirait la personne qui s'était chargée de pirater la PES, voir si elle irait voir son commanditaire ou quelque chose dans le même genre. Bien évidemment, j'avais mis une équipe sur le coup, ils étaient chargés de surveiller le moindre de ses mouvements et, quand elle avait débarqué en ville, j'avais été alertée dans l'instant. Le fait qu'elle soit au coin de la rue m'avait par contre particulièrement surprise, il y avait visiblement quelque chose qui m'échappait et c'était presque plus agaçant que de savoir qu'on avait pu m'espionner sans même que je sache pendant combien de temps ni dans quel but.

Sans réfléchir, j'avais lâché mon crayon et j'avais alpagué les hommes chargés de cette mission et nous étions descendus rapidement, alors que j'essayais de songer à un plan plus ou moins potable. Les bribes en étaient dessinées alors que nous nous arrêtions à la devanture du café et je jetais un bref regards aux hommes. Pas besoin de leur dire grand-chose, ils savaient déjà probablement ce qu'ils auraient à faire en toute logique.

Prenant une profonde inspiration, j'appuyai sur la poignée de la porte, restant quelques secondes interdite devant l'agitation de la boutique. Elle était pleine à craquer, encore plus que d'habitude et surveiller le tout risquerait d'être assez compliqué mais bon, ils savaient bien ce qu'ils avaient à faire. Deux des hommes s'éloignaient, probablement pour surveiller la sortie de secours ou encore celle des employés alors que l'un des deux restants se penchait dans ma direction, soufflant, d'un ton à peine audible.

"La petite brune toute seule au fond, à droite du comptoir à pâtisseries."

Après lui avoir adressé un vague hochement de tête, je continuai à l'intérieur tandis qu'ils restaient dehors, n'essayant même pas de prendre la peine d'être discrets. Après tout, ce n'était pas le but, autant qu'elle sache qu'ils étaient là et qu'elle n'avait pas intérêt à essayer de jouer à la plus fine avec moi.

Je m'approchai du comptoir, faisant tranquillement la queue alors que je jetais quelques regards en direction de la jeune femme qu'on venait de me désigner. Elle avait l'air des plus normales, plutôt jolie mais plutôt dans le genre discrète et, si je n'avais pas su qui elle était, je serais probablement passée à coté d'elle sans même la remarquer.

"Salut ma belle. Comme d'habitude ?"

Esquissant un sourire à l'attention de la vendeuse, j'hochai la tête avant d'ajouter, après un regard en direction du comptoir.

"Et un muffin. C'est jour de fête aujourd'hui. Merci."

Il ne fallut que quelques minutes avant que je ne récupère ma commande et, les deux mains prises, je m'avançai d'un bon pas en direction de la jeune femme, m'installant sans même lui demander son avis. Je laissais filer quelques secondes, observant le livre qu'elle tenait avant de toussoter et de souffler, comme si je parlais de la pluie et du beau temps.

"Je ne sais pas vous, mais s'il y a bien un truc qui m'insupporte c'est qu'on regarde ce que je fais sans que je sois au courant."


J'avalais une gorgée de mon latte avant de le reposer tranquillement, fixant longuement la jeune femme avec cette mine impassible qui m'était habituelle lorsque j'étais particulièrement agacée.

"Je suppose que je n'ai pas besoin de me présenter si ? Dans le doute… Sasha Oppenheimer, directrice de la PES."

D'un mouvement de la tête, je désignais les deux hommes qui étaient restés stationnés à l'entrée.

"N'essayez même pas de prendre la fuite, ce serait gênant, surtout pour vous. Et cette petite conversation parfaitement civilisée se ferait dans une salle d'interrogatoire. Sans café. En tout cas pour vous."

Je me calais un peu plus dans mon siège, attendant de voir ce qu'elle aurait à répondre alors que je commençais tranquillement à décortiquer mon muffin. De la myrtille, parfait.


Dernière édition par Sasha Oppenheimer le Mer 24 Fév - 23:02, édité 1 fois
Sasha Oppenheimer

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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptyLun 18 Jan - 18:47

Stratégie 2.0 : se jeter dans la gueule du loup sans avoir peur de se faire coincer. Stratégie brillante, 90% de réussite pour 5% d’échec. Les 5% restants, c’est l’incertitude qui enrobe le dénouement, le moment de free-style, le moment de folie. Et là, la question : qu’est-ce qu’il m’a pris ? Je secoue la tête, rumine contre ma décision, tourne la page de mon bouquin. Le plus simple, c’est de s’y rendre directement (à la PES), d’espérer que Carl se trouve à l’entrée, de nettoyer derrière moi et de récupérer le premier bus pour Glasgow. Le plus simple, en soit, c’est d’être suicidaire sur les bords. J’en souffle, en souffle un peu plus lorsque quelqu’un vient s’installer mollement à ma table avant de toussoter pour attirer mon attention. Je relève la tête, m’apprête à répondre ; les mots se perdent dans ma gorge, mon palpitant manque un battement.

Stratégie 3.0 : maintenant qu’on est venu me cueillir sur mon lieu de réflexion, j’ai tout intérêt à changer de plan. Et alors que la directrice de la PES me traduit son énervement, je ferme lentement mon bouquin avant de l’enfoncer dans mon sac à bandoulière. Réfléchis, réfléchis, me dis-je, consciente que je n’ai jamais été bonne sous la pression. M’enfonçant dans le siège, je laisse traîner un petit rire (nerveux), comme pour lui dire que je comprends. J’opte pour la vérité, au final, au lieu de m’embourber dans un mensonge. Même si le mensonge n’est pas si loin…

« Sorcha McCabe », commencé-je, sans avoir de titre à mettre en valeur. « J’imagine que j’n’ai pas besoin de me présenter non plus, hein ? », finis-je sur un ton assez familier.

Stratégie 4.0 (autant que ça, vraiment) : se la jouer cool. A voir la directrice de la PES, comme ça, devant moi, me donne l’impression d’avoir fait quelque chose de mal. Alors que : pas du tout. Pas tellement. C’est à cause de McBorough dans tous les cas ; et c’est lui que j’irai accuser. J’en souffle, suis du regard le mouvement de tête de Sasha pour découvrir deux colosses près de la porte d’entrée. Je m’étonne d’avoir tout ça pour moi, me sens gênée, aimerais retourner dans mon atelier. Je ne suis pas faite pour le monde des « Grands », pas faite pour tenir tête à Sasha ; c’est à peine si je garde mon palpitant sous contrôle et un ton de voix plat.

« Si tu ne veux pas te sentir surveillée, demande à ton ancien patron. Je suis juste venue réparer la panne qu’il a constatée hier. »

Il ne m’a pas appelé pour la constater, non. Mais je reste persuadée que les images ont dû se couper chez lui aussi. Après tout, on est branché sur le même réseau… De ma poche, je finis par sortir le badge qu’il m’a remis en février, le lâche sur la table, le désigne d’un coup de tête. Ma gueule est en premier plan, la date de la mission est inscrite, le but aussi : maintenance. A bien y réfléchir, même le numéro de série y était inscrit. Comme ça, tout paraissait dans les normes, à une exception près : Philip n’avait jamais validé la « mission » car il ne voulait pas que cela se sache. Il ne voulait pas que la relève (elle, Sasha) ne le sache. Too bad.

« Et si ça peut te rassurer, il m’a aussi mise sous surveillance, » continué-je par lui avouer, haussant les épaules, avisant la sortie d’un coup d’œil. A surveiller McBorough, j’avais rapidement remarqué qu’il m’avait aussi fait suivre, ce con, parce qu’il n’appréciait pas mon ressentiment envers les créatures surnaturelles. « J’crois qu’il a un peu tourné parano dernièrement, » achevé-je en dégustant une gorgée de mon latte. En attendant, je n’ai qu’une pensée : ça passe. Ou ça casse.

Prions pour que ça passe.
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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptyMer 24 Fév - 23:18

Dire que j'étais agacée était un doux euphémisme. D'aussi loin que je me souvienne, j'avais toujours joué le jeu dans les règles, je ne mentais jamais ou presque, je n'avais jamais eu à trahir mes collègues ou mes supérieurs et je n'avais jamais songé à espionner mes subordonnés. Tout ce que j'apprenais, je le faisais sans planter de couteau dans le dos de quiconque mais, plus le temps passait, plus j'avais l'impression que j'étais bien la seule à agir ainsi. Et maintenant, j'apprenais que les gens ne se privaient même pas pour apprendre de façon totalement détournée et illégale ce qui se tramait à la PES. Enfin, surtout, dans mon propre bureau.

J'essayais pourtant de rester aussi cordiale que possible. M'énerver ne servait à rien, je voulais avant tout des réponses à mes interrogations et seule la jeune femme qui me faisait face était vraisemblablement capable de me les fournir.
Je laissais échapper un bref haussement d'épaules à sa présentation et je rétorquais, le plus sérieusement du monde.

"Un peu de politesse n'a jamais tué personne. Mais non, en effet, pas besoin de vous présenter. Rassurez-vous, je ne vais pas sortir un énorme dossier vous concernant sur la table, ce serait du plus mauvais effet n'est ce pas ?"

Elle était tendue, c'était une évidence mais elle semblait surtout loin d'être stupide et ne perdait pas ses moyens. Pas encore en tout cas. Ne sachant pas trop si c'était une bonne ou une mauvaise chose, je me contentais d'avaler une nouvelle gorgée de café, grimaçant alors que le liquide chaud me brûlait la langue. Voilà ce qui donnait lorsque j'étais trop empressée.
Ne voulant pas y voir un signe du destin je reportais mon attention sur la jeune femme et j'arrivais miraculeusement à rester de marbre lorsqu'elle évoqua Mc Borough. Bien, au moins, j'avais la confirmation du commanditaire. J'aurais du être surprise mais il était affreux de me dire qu'en fait non, que j'aurais du m'en rendre compte avant.

Quelle sale petite pute. Il allait payer. Je ne savais pas comment mais c'était encore un coup de plus porté contre moi alors que j'avais encore à l'esprit le moment où il me confiait les rênes de la PES, sous-entendant la fleur qu'il me faisait et que malgré mon jeune âge, mon inexpérience à la tête de ce genre de brigade, il me faisait confiance. Quelle connerie. Je le savais, je n'aurais jamais du le croire. Ni accepter ce poste d'ailleurs mais ça, c'était une autre histoire et ce n'était pas le moment de m'y pencher. Je déposais mon latte, le visage fixé sur la jeune femme avant de souffler, d'un ton naturel qui m'étonnait moi-même.

"Mon ancien patron est aussi notre premier ministre à tous. Et je ne sais pas vous mais je n'aime pas l'idée qu'il puisse demander ce genre de choses et qu'il puisse espionner n'importe qui d'un claquement de doigts."

J'étais encore sous le choc, si on pouvait dire ça comme ça mais, surtout, mon cerveau commençait à cogiter sur ce que cela pouvait impliquer et, surtout, sur ce que j'allais bien pouvoir faire avec cette nouvelle carte en main. Je n'allais pas la laisser s'échapper, c'était hors de question mais j'allais devoir la jouer serrer. Et, quand elle évoqua le fait d'avoir été mise sous surveillance, la parano du patron, je laissais filer un sourire. Vérité ou mensonge, ce qu'elle disait n'avait pour le coup pas la moindre importance. C'était clairement un appel du pied pour que se mettre de mon coté.

Et bien soit, qu'elle vienne.

Je me penchais alors vers elle, la fixant longuement avant de souffler, dans un murmure.

"Vous allez tout me raconter. Pourquoi il vous a embauchée, ce qu'il vous a demandé, ce qu'il vous a promis. Et surtout, ce que vous risquez si vous vous ratez."

Sinon, rien de ce que je pouvais imaginer ne passerait. Et je n'avais pas l'intention de me rater sur ce coup.
Sasha Oppenheimer

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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptyMer 9 Mar - 16:34

Elle me regarde, Sasha, les lèvres pincées en un sourire qui n’a rien de rassurant. Sourire figé et tiré – sans aucun doute, elle est agacée par la situation. Je détourne le regard, quitte ses lèvres des yeux pour porter mon intérêt sur le latte déposé sur la table. Avec elle, je ne sais pas sur quel pied danser. Ne sais pas comment opérer. Et si la franchise semble être le moyen le plus sûr, j’ai la vague impression que la blonde va tenter de décortiquer chaque mot et intonation. J’en souffle tandis qu’elle hausse les épaules. Si elle savait : je n’ai jamais été doué pour les mots. Les beaux et grands discours, ils sont aux politiciens. Pas à une horlogère qui a passé son enfance sur une île perdue avant de migrer sur Glasgow sans pour autant suivre de grandes études. Ou d’études, tout simplement. Nerveuse, je laisse échapper un petit rire alors qu’elle parle de déposer un dossier. Je penche la tête sur le côté, en sa direction, cherche du regard où elle pourrait le cacher. Le dossier. Son sac n’est pas assez grand, pour ce que je peux voir – elle n’a pas l’air d’être en sa possession. Et puis : sérieusement ?

« Oé, ça serait mal vu, » commençé-je en désignant les clients du Starbucks. Sans aucun doute, ça me ferait de la mauvaise publicité. Et à elle aussi. « Même si, entre nous, je me demande ce que vous pouvez bien avoir trouvé. Un dessin … » de maternelle, m’interrompé-je, consciente de ce que j’allais lâcher. Consciente que ça n’allait l’énerver qu’un peu plus. Elle tente de se montrer calme mais, je le sens, ce n’est qu’une façade.

Oppenheimer n’est pas McBorough ; je me répète la phrase pour l’incruster dans mon esprit. S’il n’avait pas de problème avec mon ton souvent familier, je sens que ce n’est pas la même chose avec elle. A-t-elle besoin de se montrer condescendante et forte, parce que femme, pour affirmer ses fonctions ? L’idée me traverse l’esprit et me fait presque rire. Presque. Au lieu de quoi, les yeux grands ouverts, je me contente de la dévisager comme une gamine qu’on aurait prise la main dans le sac de sucreries. La demoiselle grimace en buvant sa boisson ; j’ose à peine ciller, me contente de hocher la tête lorsqu’elle m’annonce qu’elle n’aime pas être espionnée.

« Flash news. Personne n’aime être sous surveillance. Mais ça n’empêche pas de l’être. Ni de mettre quelqu’un sous écoute. Paraît que c’est pour maintenir le pouvoir. »

Elle ne va pas apprécier, je le sais. Encore une fois, je me dis que j’aurais mieux fait de tenir ma langue. Mais c’est une constante McCabéenne de lancer ce genre de réflexion. Je n’ai pas envie de marquer un point, de me montrer condescendante ou même de me moquer d’elle – non. Ce genre de phrase, c’est juste une mauvaise habitude ; celle de dire ce que je pense. Aonghas, avant de disparaître, m’avait fait la remarque plus d’une fois. Je me souviens de son sourire inquiet, lorsqu’il me le rappelait. Je me souviens de ses yeux en amande, lorsqu’il me faisait la leçon. Si seulement il était encore là pour me le rappeler.

Sasha se penche en avant – triste miroir, j’en fais autant. Elle me fixe, j’hésite à détourner le regard. Elle me fixe toujours, finit par m’annoncer ce qu’elle veut savoir. Ou peut-être ce qu’elle veut entendre, qui sait ?

« Ici ? Sérieusement ? »

Je jette un coup d’œil aux tables voisines. Le café est bondé, plongé dans un murmure qui peut couvrir notre discussion. Le bruit des rires, insouciant, me parvient aux oreilles tout autant que le percolateur. Je soupire, hésite, soupire encore.

« Tu vas rire. » Pause. Penchée vers elle, je poursuis à demi mots. « Il ne m’a rien promis de plus qu’un logement où dormir le soir de la maintenance et un bon repas chaud. Je l’ai connu […] » à l’HCV. Je tais le mot, me dis qu’elle n’a pas besoin de connaître cette partie-là. « […] il y a quelques années. Il m’a sauvée la mise, une fois. Ce n’était qu’un simple retour. » J’hausse les épaules histoire de dire que ça découlait du bon sens. Ancienne amitié. Quelque chose de redevable. Tout a du sens. La raison pour laquelle j’ai accepté : la curiosité. Et l’opportunité d’avoir des oreilles dans un lieu où je ne suis pas censée mettre le pied. « J’crois que c’est pour ça qu’il a pensé à moi. Et aussi parce que, je cite, il ne voulait pas quelqu’un d’interne. »

Je me redresse, appuie de nouveau mon dos contre le dossier de la chaise. En signe de bonne foi – à moitié – j’ouvre de nouveau le calepin que j’ai fermé à son arrivée. Je tourne les pages, une à une, avant de retourner sur celle où se trouve le dessin des fils espions. Je pousse le livre sous son nez, tapote contre le papier de l’index.

« Schéma de ce qui se cachait dans tes locaux. » Pause, de nouveau. « La seule chose que je risquais, c’était de me faire prendre. C’est fait. McBorough doit savoir que son plan a une faille. Il a dû remarquer les images noires. La question, maintenant […] » J’hésite, je joue avec le feu, me lance. « […] est de savoir si tu veux remettre, ou pas, les caméras en route afin de lui laisser l’illusion de connaître ce qui se déroule sous ton règne. »

Au final, on en revient toujours à la même chose : savoir qui a le pouvoir.
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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptyLun 14 Mar - 21:45

Agacée. Voilà un terme qui m'était devenue plus que familier ces derniers temps. J'avais l'impression de toujours trouver quelque chose qui allait encore m'énerver un peu plus. Aujourd'hui, cette histoire d'espionnage et demain ? J'allais apprendre quoi ? Qu'un de mes agents bossait pour Maryana ? Le pire, c'est que je me doutais que la chose était possible. C'était même certain, c'est que j'aurais fait sa place. Et puis, elle trouvait comment me narguer avec trop de facilité pour ne pas avoir une taupe dans mes services.

J'allais vraiment virer parano à ce rythme-là, c'était une certitude. Mais chaque problème en son temps. Pour l'heure, je devais éviter de la mettre au trou, Mc Borough en serait informé trop rapidement pour que ça me soit vraiment utile.
Alors, il me suffisait de prendre une profonde inspiration et je continuais, d'un ton aussi tranquille que possible, quand bien même elle pouvait sentir que j'arrivais doucement mais surement aux limites de ma patience. Je lâchais alors, d'un ton un peu sec en haussant les épaules.

"S'il n'y avait que ça qui pourrait être mal vu je saurais m'en contenter. Enfin, je serais pas venue ici si j'étais les mains vides vous ne pensez pas ?"

Je n'aimais pas son ton. Mais alors pas du tout. Jouer à la plus fine alors que j'étais agacée prouvait que soit elle ne me connaissait pas, soit elle pensait que j'étais trop conne pour vraiment lui faire payer. Dans les deux cas, autant dire que ce n'était pas bon pour son matricule. Et là, après avoir sagement hoché la tête, voilà qu'elle se permet une petite blague. Bien, bien, bien.

"Flash news. Votre sarcasme vous pouvez vous le garder. Vous êtes déjà sur la sellette, j'éviterais d'en rajouter une couche à votre place en énonçant ce genre d'évidences."

En temps normal j'aurais apprécié la façon dont elle avait de garder son sens de la répartie alors que je la fusillais du regard. Et peut-être que, plus tard, je trouverais ça amusant. Mais, pour le moment, ce n'était que rajouter un peu plus de grain à moudre à un moulin qui n'en avait franchement pas besoin. En la voyant se pencher en écho à mon mouvement et, en violent contraste avec mon attitude, je laissais filer un sourire.

"Sérieusement. Petite leçon, plus il y a de monde, moins il y a de risque qu'on nous entende. Et puis, j'aimerais autant éviter que certains sachent trop vite que je vous ai retrouvée."

J'allais rire ? Vraiment ? J'étais franchement moyennement convaincue. Et effectivement, j'arquais un sourcil à ses propos et je soupirais longuement, me pinçant l'arrête du nez avant de secouer la tête.

"Donc, je suis espionnée, mon ancien patron surveille mes moindres faits et gestes parce qu'il n'a aucune confiance en moi pour un foutu diner ? Merveilleux. Tout simplement merveilleux."

Evidemment qu'il voulait quelqu'un qui ne soit pas de l'équipe. Au moins, là-dessus, je pouvais m'estimer heureuse qu'il n'ait pas demandé à un de mes propres agents de le faire. C'était déjà mieux que rien. Je repoussais mon muffin à peine entamé sur le coté avant de reprendre, toujours à mi-voix.

"Vous l'avez rencontré où ?"

Qu'elle n'essaie pas de me leurrer, je voyais bien qu'il y avait un truc qui clochait là. Et, quand elle me mit le calepin sous le nez, je fronçais les sourcils, un rien frustrée. Evidemment, je ne comprenais rien à ce que j'avais sous les yeux, le contraire aurait été étonnant. Comment savoir si elle n'était pas en train de me mener en bateau ? Je n'avais aucun moyen de le prouver alors, malgré mon instinct qui me soufflait le contraire, je décidais de la croire. En partie en tout cas.

La jeune femme n'avait pas tort, son risque était minime et Mc Borough était de toute façon assez mégalo pour être persuadé de s'en sortir sans avoir à payer les conséquences de ses actes. Après tout, ça avait toujours marché, pourquoi ça changerait ? Tapotant la table du bout des doigts, je me figeais brusquement au reste de ses propos, la fixant avec une curiosité nouvelle.

"Et vous pouvez garantir qu'il ne saura pas que je sais ? Je suppose qu'il doit être en contact régulier avec vous, pour savoir au moins si je ne vous ai pas arrêtée en tout cas."

Je laissais filer un silence avant de reprendre, d'un ton neutre.

"Vous pourriez faire quoi d'autre ?"

Elle allait surement me demander ce que j'entendais par là ou, au contraire, essayer de se vendre. A voir ce qu'elle me répondrait et, surtout, la façon dont elle le ferait.
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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptyMar 15 Mar - 23:58

Elle ne perd pas patience, la directrice de la PES. Ou du moins, elle ne la perd par encore – elle tente de rester à la surface et de ravaler son agacement. Assise devant elle, je commence à ne plus savoir où me mettre. Il faut dire qu’elle impressionne par sa position et par son comportement. Qu’elle doit avoir l’habitude des interrogatoires là où j’ai n’ai que ma solitude à combler. Pour autant, pour le moment, je cache mon malaise derrière un sourire débonnaire et des mots bien placés. Une fois encore, Sasha se penche en avant et continue d’un ton tranquille mais sec.

Elle hausse les épaules, j’en fais tout autant. Je me doute bien qu’elle n’est pas venue les mains vides pour la simple raison que je ne le ferai pas. De venir les mains vides, bien entendu, afin de coincer quelqu’un. Ce qui m’étonne, c’est qu’elle fasse autant d’efforts pour moi, une simple horlogère-réparatrice qui ne fait pas grand-chose de sa vie. A part avoir aidé McBorough à l’espionner, je n’ai rien fait. Mais je comprends le malaise. Et mon sarcasme ne semble pas la détendre. Au contraire, la blonde montre les dents et sort les griffes. J’effectue une moue boudeuse pour l’occasion et détourne le regard vers le centre du Starbuck. C’est amusant de voir le contraste entre eux, insouciants et nous, tendues.

Qu’est-ce qu’il m’a pris de venir me jeter dans la gueule du loup ? Avec les temps qui courent, pas besoin d’être suicidaire.

Sous la pression, je tente de garder la tête haute. Je sens pourtant les défenses s’affaisser une à une. Le sourire est là, toujours accroché au bout des lèvres. Un brin moqueur, un brin perdu ; il se balade entre deux eaux sans vraiment savoir sur quel pied danser. Et alors qu’elle me m’indique qu’elle est espionnée, je hoche la tête pour confirmer ses dires. Faits. Gestes. Paroles. Les paroles, surtout – c’était son point principal, le premier. Pour le reste, je ne connais pas ses motivations : manque de confiance ou envie malsaine, ça ne regarde que lui. Je lui devais un service, en juste retour, j’avais juste exécuté sans y réfléchir plus. Et m’étais fait prendre par la même occasion. Allait-il me demander à son bureau, comme la première fois ? Allait-il en rire ou carrément m’incendier ? J’en sais trop rien. Pour le moment, je veux seulement me sortir de cette embrouille. Et si, cette fois, je ne peux pas donner au plus offrant ; je peux au moins donner au plus pressant.

Elle.

« En cellule, » lâché-je dans un soupire. Je fronce les sourcils, me redresse contre le siège. « Cellule HCV,» m’empressé-je d’ajouter, me rendant compte que me limiter au mot « cellule » ne va pas en ma faveur. Sourire timide, j’hausse les épaules comme si cela coule de source. Je n’ai pas cherché à lui mentir, ni à lui cacher la vérité. Après tout, dans mon champ de vision, je vois encore les mecs dont elle m’a parlé qui montent la garde.

Je pousse le carnet de notes sous son nez – elle jette un coup d’œil, semble ne pas comprendre mais décide pourtant de me croire. Apparemment. Je n’en suis pas encore certaine. A vouloir jouer avec le feu, il me semble que j’ai réussi à gagner son attention. La quête pour le pouvoir (surtout sous son règne), ça a l’air de la motiver. Elle poursuit ; j’en souffle. Je sais que je n’ai pas le droit à l’erreur.

« Il saura ce qui se passe dans ton bureau et quelques couloirs. » Je me penche en avant, réduis la distance entre nous. Dans un murmure, je reprends : « Si tu changes le lieu des réunions les plus importantes mais en gardes dans ton bureau, ça peut continuer à maintenir l’illusion. Au contraire, si t’arrêtes de te montrer … » Parano mais pas con, le premier ministre : il finira par mettre le doigt dessus.

« Il ne me contacte que lorsqu’il y a un soucis, » laissé-je traîner dans les airs, sous entendant qu’il ne devrait pas tarder à reprendre contact. Après tout, les caméras ont été coupées la veille. Pour le reste, je ne pense pas que ça l’intéresse que je sois arrêtée. Après tout, la seule chose qu’il m’a promis pour le travail, c’était un logement et un restaurant pour le temps de la maintenance. Argent, aide, protection : ces mots n’ont jamais été au cœur de la conversation.

Et ensuite, c’est le silence. Comme un temps de latence, de battement, afin de jauger son adversaire. J’en profite pour récupérer mon bouquin et siroter mon latte. Qu’est-ce que je pourrais faire d’autre ? Tant de choses ; il suffit de bien savoir demander. Au lieu de quoi, fidèle avec moi-même, je me contente de hausse les épaules et de désigner sa montre.

« J’peux lui donner un coup de neuf. » Après tout, à la base, c’est ma spécialité. « J’peux retirer le fil qui transmet la connexion chez moi. Tu serais tranquille de ce côté-là. » Sans aucun doute, c’est même sa première requête. « T’as besoin de quoi ? De jouer au même jeu et de lui rendre la pareille ? Ca, j’te préviens, j’peux pas. »
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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptyLun 21 Mar - 22:43

Elle continuait de tenir bon malgré la pression que je continuais d'exercer sur elle, doucement mais surement. Je me demandais jusqu'où elle était capable d'aller alors qu'elle se faisait de plus en plus bravache, me faisant perdre un peu mon sang-froid. Enfin, le peu de sang-froid qu'il me restait. Pour autant, je continuais à lui parler, à guetter ses réactions alors que dans mon esprit, les différentes possibilités se dessinaient. J'avais pas mal d'options mais il allait falloir que je me décide rapidement.

A l'évocation de sa rencontre avec Mc Borough, je la fixais, curieuse, laissant filer quelques instants de silence avant de reprendre, à mi-voix.

"Je vous demande comment vous avez atterri là-bas ou j'essaie de deviner et d'envisager le pire ?"

Je ne jetai qu'un bref regard à son carnet avant de l'écouter me parler de ce que voit concrètement Mc Borough. Il savait donc beaucoup. Bien trop à mon goût mais ça expliquait sa réactivité dans certaines situations.

"Il ne saura donc que ce que j'ai envie de lui montrer. Il faudra me dire précisément à quels lieux il a accès… et peut-être lui proposer d'autres lieux, ça pourrait être intéressant."

Maintenir l'illusion était important, elle avait raison. Je ne voulais pas m'avouer vaincue aussi vite ni débarquer en furie dans son bureau. Si l'idée avait quelque chose de séduisant, ça ne me servirait à rien d'autre qu'à me décrédibiliser alors que là, je pouvais avancer comme je l'entendais. Jusqu'à ce qu'il découvre le pot-aux-roses évidemment.

Je ne relevais pas immédiatement son allusion sur le fait qu'il allait bientôt la contacter. C'était évident et c'était pour ça que je voulais lui parler avant qu'il ne soit trop tard. Heureusement, j'avais bien calculé mon coup. Ou j'avais de la chance, tout bêtement. Pourvu que ça dure.

Je soufflais alors, d'un ton un peu sec.

"Je ne veux pas jouer au même jeu que lui. Mais vous avez des compétences. Et je compte m'en servir. Sauf si vous voulez visiter d'autres cellules. Et ne rêvez pas, il ne viendra pas vous chercher. Vous entendez quoi par un coup de neuf au juste ?"

Je laissais filer un temps de silence, me décidant à manger mon muffin avant de reprendre, d'un ton plus léger.

"Et jusqu'où vous pouvez aller ? Si je vous demander de surveiller des gens, qu'est ce que vous pouvez me donner ?"

Je la fixai, guettant la moindre de ses réactions, le moindre tressaillement et je laissais le silence s'installer un moment avant de continuer.

"Je ne veux pas qu'il sache qu'il a pu avoir le moindre souci. On est d'accord ?"

Bien. Maintenant, restait à voir ce qu'elle allait dire et comment elle allait réagir. La balle était dans son camp et je n'avais rien à perdre dans l'histoire. Après tout, la supercherie était dévoilée et, dans le fond, je me doutais bien que Mc Borough n'allait pas me laisser en paix. Et je commençais doucement mais surement à me demander à quel point il me surveillait et contrôlait encore la PES. Voilà qui était pour le moins agaçant.
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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptyLun 18 Avr - 11:18

Sueurs froides. Si la directrice de la PES continue à maintenir une telle pression, je ne suis pas certaine de pouvoir continuer. De continuer à agir ainsi. Je sens que mes pâles sourires n’ont plus d’effet sur Sasha – si jamais ils en ont eu un jour. Je sens que j’ai trop éludé, trop tenté de rester dans le vague. Sans aucun doute, j’ai dû élimer ses dernières onces de sang-froid. J’en grimace presque, me contente de serrer les dents. Aujourd’hui n’est certainement pas le meilleur moment pour prendre la fuite.

« Envisage le pire si ça te tente, » repris-je en haussant les épaules. Il faut croire qu’être au pied du mur me rend un peu plus téméraire que d’ordinaire. « C’est une histoire banale. Pas mal de pub sur les ondes et dans le journal de leur part. Je n’ai pas pu m’empêcher d’aller jeter un coup d’œil. Mais prendre les armes, très peu pour moi. »

Je lève mes deux paumes, comme pour appuyer mes faits. Se battre : ce n’est décidément pas dans mes cordes. Et loin de moi l’envie de vouloir la confronter. Je connais mes limites et sais parfaitement qu’elle doit en avoir en réserve pour avoir pris la tête de la PES. Et puis, entre nous, je l’ai aussi observée pendant mon temps libre – je sais qu’il ne faut pas la chercher.

Elle a parfaitement compris, en attendant. Si elle maintient l’illusion, elle peut choisir ce qu’elle veut montrer et ce qu’elle veut cacher. Et, de facto, elle peut tourner les choses à son avantage, ne lui offrir qu’une main tronquée dans cette nouvelle partie entre deux titans. Dans le meilleur des cas, je peux avancer dans l’ombre du vainqueur. Dans le pire, n’être qu’un dommage collatéral. Je retiens la menace, l’enregistre, et fais de mon mieux pour ne pas perdre contenance. Si je peux éviter la case « cellule », ça m’arrangerait.

« Rien. Enfin … un coup de dépoussiérage. Un peu d’huile. Vérifier le niveau d’oxydation. Elle tiendra plus longtemps. »

Remarque en passant à propos de la montre. J’en profite pour souffler un peu, espérant que le plus gros de la tempête soit passé. Mauvaise pioche. Plus légère, Sasha tente de ... me recruter ? J’arque un sourcil, sous le coup de la surprise, peu certaine de là où elle veut en venir. Elle est horlogère de formation (et bidouilleuse à ses heures perdues), pas la nouvelle « Big Sister » qui peut permettre à quiconque de surveiller leur sœur, leur chien ou leur voisin. J’arrive à contenir un soupir, avale une gorgée de mon latte. Pour le moment, j’ai seulement besoin de garder mon self-control et de ralentir la cadence. En auquel cas, je me connais : je vais dire n’importe quoi.

« Je t’ai dit que je ne pouvais pas te rendre la pareille et faire la même chose chez lui. Je suis réparatrice, pas agent secret. »

Mauvaise approche. Je m’en mords la langue et sens immédiatement le besoin de reprendre.

« Je veux dire … » que je te dois bien ça, non ? « Tant que ça ne touche pas de programmation, ne m’éloigne pas de mon atelier et ne me fou pas en cellule, je peux surveiller. »

Bien malgré moi, je n’ai pu m’empêcher d’afficher un vague sourire fier. Je suis une manuelle, pas une intellectuelle – bien que j’ai toujours aimé craquer les mécanismes en tout genre. Qu’elle me donne sur le champ sa cible, je peux commencer à y réfléchir.

« Pour ce que ça vaut, t’as ma parole qu’il n’en saura rien. Et je ne veux pas qu’il sache qu’on ait parlé ensemble. Ni même que je t’ai croisé. Mettons notre relation sur une base de confiance, tiens. Ca changera de toutes ces politiques… »

Mais n’est-ce pas ce qu’elle me demande de faire, d’entrer dans le mode fonctionnement des politiques sans toutefois en faire partie ? Timidement, j’affiche un rapide sourire avant d’aviser la sortie d’un coup d’œil. Le coéquipier de la directrice n’a tioujours pas bougé – et j’ai vraiment besoin d’air.

« Qu’est-ce que tu veux exactement ? »

Retour vers le passé. Retour vers le jour où j’ai mis les pieds dans le bureau de McBorough. Retour vers le jour où je lui ai posé la même question, après avoir tiré une latte dans son atelier, après qu’il m’ait fait comprendre qu’il ne me faisait pas si confiance que ça. Mon ressentiment envers les créatures naturelles, qu’il disait, n’était pas de son goût. Comme si cela m’avait empêché de faire mon boulot.

Sorcha McCabe

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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptyJeu 21 Avr - 23:18

Si je gardais cette mine presque impassible, il était difficile de croire qu'elle ne comprenait pas à quel point cette affaire pouvait m'agacer. Mais je savais encore me tenir, même si j'aurais aimé pouvoir lui en coller une et surtout, débouler dans le bureau de Mc Borough en lui demandant de se mêler de ses fesses, en version nettement moins polie à n'en pas douter. Mais je préférais réfléchir aux opportunités que pouvait m'apporter cette histoire, quand bien même j'étais plus qu'agacée.

A ses propos, je me contentai d'un haussement d'épaules avant de souffler, la mine impassible.

"J'envisage toujours le pire, c'est pour ça qu'on me paie. Vous préférez travailler dans l'ombre et sans arme, ma foi c'est un choix."

Qui n'était plus le mien depuis longtemps mais le sujet n'était pas là. Il était vrai qu'elle n'avait pas vraiment la carrure d'une combattante. Je ne devais certes pas vraiment payer de mine avec mon gros manteau et mes cheveux blonds mais c'était bien pire pour elle. Mais elle continuait de tenter le coup, de chercher des failles ou tout simplement de paraitre plus influente qu'elle ne l'était, difficile à dire. Je hochais la tête à ses propos, me demandant si elle était sérieuse ou si elle me menait en bateau.

"Tant que ça tient, c'est tout ce qui m'intéresse."

Je pourrais peut-être leurrer notre cher premier ministre quelques temps encore. Il finirait forcément par s'apercevoir de l'arnaque, il devait bien avoir des hommes sur place ravis de lui raconter mes déboires alors qu'il lui suffisait d'un coup de fil pour que je lui gueule dessus et que je lui raconte ce qui se passe. Mais c'était visiblement tellement mieux d'espionner les gens et d'apprendre les choses en douce. Il voulait jouer à ce jeu-là ? Et bien ok, on jouerait. Que ça me plaise ou non.

A sa remarque je levai une main dans sa direction en secouant la tête.

"Je ne veux pas que vous l'espionniez chez lui. Ce serait aussi dangereux que suicidaire. Si je veux savoir ce qui se passe, je le ferais autrement ne vous en faites pas pour ça. Et sans vouloir vous offenser, vous tenez plus de l'agent que de la réparatrice, même s'il faut revoir un peu votre capacité à gérer votre stress."

Elle hésitait, cherchait une porte de sortie mais je ne comptais pas la laisser se dérober. Alors je continuais, imperturbable.

"Vous ne finirez pas en cellule. Si vous faites ce que je dis. Sans vous sentir le besoin de trop en faire. C'est de la surveillance que je veux justement. Et les caméras sont déjà installées dans les locaux de la PES pour ça. Il suffira de détourner le système je suppose. A vous de voir ce qui peut être fait ou pas."

C'était de la fierté que je voyais là ? Amusant de voir qu'elle arrivait tout de même à tirer son épingle du jeu et à se mettre en valeur malgré la position peu enviable qui était la sienne. Et j'allais donc m'en servir sans scrupule, hochant la tête au reste de ses propos.

"Je prends votre parole. Ne me le faites pas regretter. Je ne veux pas non plus qu'il ait vent de quoi que ce soit en tout cas. Je ne suis pas une politique et je ne compte pas le devenir."

Impossible de ne pas voir qu'elle lorgnait sur la sortie. C'était déjà pas mal qu'elle n'ait pas essayé de me gruger et de fuir, au moins je pouvais lui accorder ça.

"Je veux connaitre les mouvements louches au sein de ma brigade. Mc Borough a des taupes chez moi et il ne doit pas être le seul. Et je déteste être prise pour une conne. Vous pouvez m'aider pour ça ou pas ?"

Je croisais les bras, adossée à mon siège et guettant sa réaction. Si elle me plaisait, cet entretien pourrait se finir de façon agréable pour nous deux. Sinon, je n'avais pas la moindre idée de ce que je pourrais faire d'elle. La laisser partir, probablement, ce serait le plus intelligent. Mais l'idée m'agaçait et pas qu'un peu.
Sasha Oppenheimer

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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptyVen 27 Mai - 14:31

Telle une gamine qui aurait oublié de grandir, je m’émerveille un instant à la vue de la montre de la Directrice de la PES ; émerveillement passager, juste assez pour m’extirper de l’atmosphère tendue, avant que la réalité de la situation ne vienne me rattraper. Je m’enfonce un peu plus dans mon siège et hausse à peine les épaules lorsqu’elle met en avant – encore – les divergences qui nous séparent. Qu’elle pense ce qu’elle veut, aussi haut placée soit-elle, mais travailler dans l’ombre et sans arme peut se trouver être aussi difficile qu’être au centre de tous les projecteurs, de toutes les discussions ou bien de tous les complots. Certes, je ne travaille pas tellement dans ce domaine, ce « domaine de l’ombre », bien trop occupée à gérer un atelier qui bat de l’aile en fonction de mes humeurs … mais l’idée est là.

Et cette fois-ci, je souffle d’aise lorsque Sasha m’apprend que je n’aurais pas à l’espionner chez lui. Je souffle d’aise et me détends un peu – autant que la situation me le permet. A la recherche de distraction – et d’une voie de sortie, toujours – j’avale une gorgée de mon latté tandis que l’autre blonde lève sa main en ma direction. Rictus de ma part, à la commissure de mes lèvres : je l’imagine d’ici vêtue d’une toge, prête à donner le coup final, je vis ou je meurs et Ave Cesar ! Rictus de ma part, encore une fois, lorsqu’elle fait mention de mon attitude. Je tique un instant, souffle dans les airs, et marmonne plus pour moi que pour elle :

« J’sais gérer mon stress, que tu crois… »

Aussi bien qu’une opportuniste qui, sous pression adéquate, n’hésite pas à vendre mari, femme et enfants pour se sortir d’un mauvais pas. Aussi bien qu’une personne qui, sans aucune préparation, se retrouve au grand jour, prête à déblatérer sur tout et n’importe quoi (n’importe quoi surtout), quitte à donner la recette de la tarte aux pommes de ma grand-mère alors qu’on lui demanderait les études qui l’ont mené là. Stress – Sorcha : 1 pour le stress, 0 pour moi.

Bien lancée, la Directrice continue son baratin et, lentement, je comprends toute l’étendue de son pouvoir. Du pourquoi elle est arrivée là, à la tête de la PES. En plus d’avoir du flair, comme souvent indiqué dans les journaux, elle impose ses idées sans ciller. Les intime, aussi, donnant l’impression qu’elle n’impose pas – alors que, soyons honnête, elle a réussi à m’agripper ; et ce, depuis le moment où elle est venue poser son royal postérieur à ma table. Un vague sourire apparaît sur mes lèvres lorsque je comprends qu’elle veut utiliser le système mis en place par son prédécesseur pour l’utiliser contre lui ; lui et ses sbires.

« Je ne serai à l’origine d’aucune fuite, n’ait pas de crainte de ce côté-là. »

D’aucune fuite ; pour autant qu’on ne me mette pas devant le fait accompli, comme elle vient de faire. Après tout, c’est si facile de changer sa cape d’épaule lorsque la situation ne va pas dans notre sens. Mais tant qu’à avoir une personne sur le dos, préférence pour McBorough. Parce que vu la situation, si je change encore d’opinion, je risque d’avoir les deux sur le dos… Je déglutis avec difficulté à l’idée, sens mes mains devenir lentement moites à mesure que la conversation avance. A mesure que je comprends l’étendue de sa demande.

Assise devant moi, elle croise les bras dans l’attente. Je ferme les yeux un instant, viens m’adosser contre le dossier de ma chaise pour reprendre mes idées, tenter de faire la part des choses. Je récupère mon livre, le fait glisser sur toute la surface de la table avant de le fourrer dans mon sac. J’ose espérer prendre ce moment de répit pour me donner un peu de recul … mais au final, c’est la même franchise qui surgit de mes lèvres.

« J’ai le droit de prendre un ou deux jours pour réfléchir … ou c’est plutôt le genre d’offres posées sur la table qui ne se refuse pas ? »

Question légitime dont je connais la réponse. Avant d’avoir l’occasion de l’agacer un peu plus, je poursuis.

« Le système étant en place, ça ne coûte rien de le modifier. » Haussement d’épaule et voix rauque – j’ai l’impression d’avoir du mal à parler, à présent. « Par contre… par contre… Si McBorough a des taupes, je me doute qu’elles connaissent l’emplacement des caméras. J’imagine qu’ils ne vont pas discuter ouvertement de … de ce qu’ils veulent … au sein de ta brigade. Et encore moins à la vue de tous, enfin, à celle de McBorough. M’est avis, qu’au mieux, ils ont trouvé un angle mort. »

Une espèce de no man ’ s land où échanges et discussions n’ont pas lieu dans l’hypothèse – à présent vérifiée – que quelque chose arrive. Je m’apprête à récupérer mon carnet, mis dans mon sac quelques instants auparavant, me ravise au passage.

« Je peux modifier quelques caméras ... celles posées par ta propre équipe de sécurité. J’veux dire, je n’ai fait que de dérouter le système … ultra performant. Aussi, je peux jeter un coup d’œil au plan du QG et te dire les zones d’ombres, celles qui ne font objet d’aucune surveillance. »

Parce que, si j’étais à la place du premier ministre, j’aurais été au courant de ce genre de faiblesse et, de facto, aurait tout fait pour les exploiter à leur maximum. Et à moi, encore une fois, de lâcher entre mes deux :

« ‘Tain, j’suis réparatrice de base. »

Sorcha McCabe

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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptyDim 29 Mai - 19:15

Je fronce les sourcils en voyant son regard se perdre je ne sais où. Sur ma montre ? Possible même si je vois pas trop pourquoi. Une vieille babiole, rare cadeau de ma mère que je porte constamment. Le reste est bien trop élaboré pour moi et pour la pour la vie que je mène. Mais j'y suis attachée, parait que c'est un héritage et tout. Enfin, peu importe. Je vais éviter de m'égarer alors qu'elle a déjà l'air particulièrement peu à son aise.

J'avoue, je ne sais pas trop quoi attendre de la jeune femme, enfin j'ai une idée qui se dessine petit à petit mais, dans le fond, je ne connais pas vraiment ses compétences et si elle ne va pas se carapater dès qu'elle en aura l'occasion. A sa place, c'est peut-être ce que je ferais. Enfin, on continue quand même de parler et, visiblement, quand je lui dis qu'elle n'aura pas à espionner Mc Borough, elle a l'air soulagée. Mais l'idée reste, que je le veuille ou non. C'est un coup à prendre cher si je me fais prendre mais je suis persuadée que je pourrais trouver des gens discrets, capables de le faire. Quitte à ce qu'ils soient directement au ministère ou quelque chose dans le genre. J'ai une moue, me perdant un instant dans mes pensées avant de laisser filer un sourire à sa répartie.

"Je vois ça. Vous ne vous êtes pas encore liquéfiée sur place ni fait une crise de nerfs. Ca m'arrange, j'avoue, je ne sais pas quoi faire des pleureuses et je n'ai pas de kleenex sur moi de toute façon. Mais évitez de me filer votre groupe sanguin, il me servira pas à grand-chose."

Bon, je vais éviter de sombrer dans le sarcasme, ça n'avancera pas à grand-chose, même si j'essaie vaguement de l'imaginer dans une réelle situation stressante avec une réussite toute relative pour ne pas dire inexistantes. Enfin, on sait jamais, l'adrénaline, tout ça. Mais je vais éviter de le lui dire à voix haute, pas maintenant qu'elle a l'air un peu plus à l'aise.

Je réussis à capter son attention. Ou alors, elle fait très bien semblant. Peu m'importe en réalité, tant qu'elle écoute ce que je raconte et que, surtout, elle suit ce que je lui demande de faire. Et c'est plutôt bien parti pour on dirait.

"Comme pour cette fois. C'est comme ça que je ne me suis pas retrouvée installée dans ce café à savourer mon muffin. D'ailleurs, je me demande. Pourquoi vous êtes venue ici ? Si près du … lieu du crime ?"

Le mot est un peu fort mais j'ai envie de voir sa réaction. Enfin, comme si elle n'était déjà pas dans ses petits souliers. J'en fait peut-être un peu trop mais, si je suis toujours aussi agacée à l'idée qu'on m'espionne, le fait d'avoir repris les rênes me détend plus que je ne l'aurais cru. Sa question s'avère purement rhétorique, je l'espère pour elle en tout cas. Et de toute, elle ne me laisse pas le temps de répondre qu'elle enchaine, réfléchissant déjà à voix haute quant aux modifications possibles.

J'ai un bref sourire avant de souffler, d'un ton tranquille.

"Bien, je vois qu'on est sur la même longueur d'ondes. Il a des taupes, forcément. A sa place j'en aurais vu qu'il n'a aucune confiance en moi. Donc on va tabler sur le fait qu'ils connaissent bien le système de surveillance. Donc les zones d'ombre, je veux. Et si vous pouvez me trouver les gens qui vont souvent dans ces coins-là, ce serait la cerise sur le gâteau."

Je toussote avant de reprendre, me faisant plus sérieuse.

"Je vous donnerais accès aux infos qui vous manquent. Et je ne suis pas mon prédécesseur. Vous serez payée pour ça. Je préfère ça au chantage. Enfin, on peut rester sur la deuxième option si vous le souhaitez mais je n'en vois guère l'intérêt. Pas vous ?"

Au moins, elle ne me cramera peut-être pas au premier venu ou à la première menace. On peut toujours rêver non ? Et, au reste de ses propos, j'ai un rire avant de boire une gorgée de mon gobelet de souffler, le plus naturellement du monde.

"Et moi danseuse professionnelle avant d'étudier la psycho. Alors tu sais…"
Sasha Oppenheimer

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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptyVen 17 Juin - 23:44

Elle laisse filer un sourire assuré, presque en délicatesse, s’imposant comme l’héritière naturelle au trône – si jamais la PES a soudain des aspects de monarchie. Elle laisse filer un sourire assuré, décontractée, sirotant son latte comme si la discussion n’a pas d’importance ; pas tant que ça, juste les retrouvailles de deux amies qui se sont perdues de longues dates, cherchant à se retrouver autour d’un café, gênées d’avoir laissé le temps filer. La blague. Sa blague, surtout, lorsqu’elle lâche dans les airs une allusion quant aux Nocturnes. J’en grimacerai presque.

J’en grimace réellement, me retiens seulement de ne pas rouler des yeux vers le plafond. Blague de merde et sujet tout autant emmerdant ; faut dire que je ne porte pas ces assoiffés dans mon cœur. Une longue histoire, entre éloignement d’Aonghas et disparition. Une disparition en douceur, dans les ténèbres du V avant de ne plus donner de nouvelles. Considéré comme mort, le frangin, je leur rejette la faute. Faute, fautive – il ne me faut pas attendre plus longtemps pour que Sasha me demande ce que je viens faire sur le lieu du crime. Nerveuse, je retiens un rire entre mes lèvres, me frotte les paumes des mains sans m’en rendre véritablement compte. Moites. Pour la gestion du stress, il faudra revoir et peut-être songer à suivre un cours à l’université : « cours 101 – maitriser ses pulsations et sa langue ». J’en souffle, hausse les épaules. Plus rien n’a d’importance, de toutes manières, ma couverture est grillée.

« Qu’est-ce que j’en sais ? », répondis-je finalement, avec un ton sonnant d’un peu trop près à « en quoi ça t’intéresse ? », sur la défensive malgré moi.

« J’suis venue pour couvrir mes traces. J’imagine que j’aurais dû agir un peu plus vite. » Ou réfléchir un peu plus, argumenté-je pour moi-même – l’évidence même.

Echec. Sur toute la ligne. Au lieu de couvrir mes traces, je me suis jetée dans la gueule du loup, tendant presque le bâton pour me faire battre. Faut dire que je n’ai pas l’habitude des grands – Grands de ce monde ou adultes – et ne suis même pas certaine de comprendre comment fonctionne les relations humaines ou le cerveau … humain. Manque de tact et détachement ne font pas ménage, que je ne m’étonne pas à vivre toute seule à mes 60 ans dans mon atelier. Si je suis encore en vie d’ici là.

La voix posée, l’autre blonde me confirme la présence de taupe sous ses ordres. J’hoche la tête à mesure qu’elle avance son discours, me remémore l’ancêtre lorsqu’il creusait les taupinières pour venir y mettre des boules de naphtaline. Mais si les taupes (l’animal) se jouaient de lui à sortir la tête de temps à autre de leur trou ; l’humain, quant à lui, sait ce qu’il risque et où se trouve les pièges. Le coincer – comme elle, elle la fait – n’est qu’un jeu d’apparence et d’illusions, de qui fera la faute en premier, de manque de vigilance, et de prise de risques – souvent – inutiles.

« Non, non, c’est bon. Autant éviter le chantage et les sous-entendus. Que ce soit en bien ou en mal, faire miroiter sanction ou promotion, c’est pas l’idéal. Mais, oé, ça roule. Zones d’ombre et tête de liste. Si j’trouve un truc … ou plutôt … dès que je trouve un truc … j’te contacte comment ? »

Parce que sans tomber dans le côté paranoïa, si McBorrough m’a demandé de jouer avec les caméras pour lui ; sans aucun doute, il a dû demander à quelqu’un de régler les lignes téléphoniques. Ou quelque chose de ce genre, peut-être les mails, peut-être ceci et peut-être cela. Finalement, trouver l’incertitude dans le lieu du travail – dans cette place, surtout – est tout aussi nuisible que la paix tangente et incertaine qui parcourt l’Ecosse.

Souffle. Moi dans les airs, elle sur son latte. Deux personnalités bien trop différentes.

« J’aurais bien voulu voir ça », lâché-je en serrant les dents, à demi-mots, imaginant la directrice de la PES à se balader avec un tutu, à faire des pointes en se regardant – narcissique – dans le miroir du studio.

« Ou alors, on peut se retrouver chaque semaine, rapidement, à déguster un latte et un muffin, » poursuivis-je finalement, donnant un coup de tête en sa direction, pour revenir sur le sujet de « comment on discute de tout ça ». Ca étant les découvertes ou, à l’opposé, le manque d’avancement.

« Sans aucun doute, ça nous rappellera les conditions qui nous ont amené à avancer … ensemble. » Moi à couvrir mes traces, elle à venir demander des explications et me prendre la main dans le sac. Paraît qu’on avance toujours mieux en gardant en tête les objectifs.
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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptySam 23 Juil - 19:02

J'ai comme l'impression que mon attitude ne lui plait guère. Cette pseudo désinvolture que je m'impose pour ne pas exploser et ne pas lui dire tout ce que je pense des gens qui espionnent les autres, que ce soit forcé ou non. Enfin, ce n'est pas qu'une impression. Je la sens se dérober, faire ce qu'elle peut pour ne pas que je puisse vraiment l'analyser comme je le voudrais ce qui, dans le fond, en dit encore plus que ce que je pourrais apprendre si elle me racontait sa vie comme ça, sans rien cacher. Enfin, elle en dit tout de même beaucoup, même si je sais que ça reste ce qu'elle veut que j'entende. Je secoue la tête, essayant de ne pas trop me perdre en conjectures, surtout qu'au final, j'ai comme l'impression d'arriver plus ou moins à mes fins. Oh, je n'ai pas de quoi aller en coller une à Mc Borough, quelle que soit l'envie que j'en ai, mais, au moins, j'ai presque des armes pour le contrer. Plus ou moins.

J'arque un sourcil à sa réponse, un peu trop brusque à mon goût, me demandant l'espace d'une seconde si je n'ai pas touché un point encore plus sensible que le reste. Il faut dire que sa venue a quelque chose de vraiment étrange, voilà bien quelque chose qui ne me serait jamais venu à l'esprit.

Je souffle alors, m'accordant le luxe d'un sourire tandis que je ne la quitte pas des yeux.

"Je ne vais pas le savoir à votre place, quand bien même le fait que vous vous soyez jetée dans la gueule du loup m'arrange fortement."

Voilà qui pourrait sembler être un jeu de mots des plus hasardeux, surtout après mon allusion vampirique. Mais, de toute façon, que ce soit volontaire ou non, mes piètres tentatives d'humour tombent tout le temps à coté de la plaque.

"Couvrir vos traces ? Et de quelle façon ? Vous allez me dire que vous pouvez rentrer comme vous voulez à la PES ?"

Voilà qui risque de m'agacer quelque peu. Enfin, ce ne sera pas vraiment une surprise. Il va falloir que je m'occupe de ça aussi. L'idée qu'on puisse s'introduire dans mon bureau comme dans un moulin m'énerve et pas qu'un peu. Je prends une profonde inspiration et une gorgée de latte histoire de reprendre un semblant de contenance avant de continuer, essayant de ne pas laisser entrevoir cette colère qui de toute façon n'a pas disparu, même si je me sens un peu plus maitresse de la situation qu'en arrivant dans ce café quelques instants plus tôt.

"Agir plus tôt aurait effectivement été pertinent oui. Pour vous en tout cas."

Point positif, on ne tourne pas vraiment autour du pot. Je n'ai pas particulièrement envie de la faire chanter, de la menacer ou autre, mais nous savons toutes les deux maintenant que si c'est une nécessité, je le ferais sans hésiter.

"Bien. Pas de menaces, pas de vaines promesses. Mais qui sait ce que peuvent donner les choses si tout se passe bien. Et que je vois que vous faites preuve de bonne volonté."

Enfin, si notre cher premier ministre ne fait pas tomber sa tête avant en tout cas. Ce qui arrivera fatalement, surtout qu'il est peu probable qu'il n'ait misé que sur un cheval, surtout aussi rétif que celui-là. A sa question, j'ai une grimace pensive, cherchant le meilleur moyen de ne pas attiser les soupçons et, surtout, d'avoir les infos qui m'intéressent dans un délai raisonnable. J'ai un bref haussement d'épaules à sa remarque, toujours plongée dans mes pensées alors que je rétorque, non sans ironie.

"A t'entendre on dirait que je ne suis pas crédible en danseuse avec des pointes. Enfin, peu importe."

Je balaie l'air d'un mouvement de la main. Effectivement, le sujet n'a pas vraiment d'intérêt dans l'immédiat. Surtout que le reste de ses propos est nettement plus intéressant.

"Un latté chaque semaine ? Ca me parait une bonne idée. Enfin pas le même jour où au même moment à chaque fois, trop de régularité nous fera forcément remarquer. Mais je viens assez souvent ici pour que ma venue n'étonne personne. J'espère qu'il en sera de même pour toi."

Et j'ai un sourire avant d'ajouter, tapotant du bout des ongles sur la table.

"Une rencontre qui sera, à n'en pas douter, inoubliable pour toi n'est ce pas ?"

Je lui tends cependant une carte de visite après avoir griffonné dessus.

"C'est mon numéro perso. Je suppose que notre ami commun doit le surveiller aussi mais je suis sure que tu dois trouver un moyen de coder un message si tu as un truc urgent à me faire passer. Et ce sera déjà mieux que le portable pro."

Et, une dernière bouchée pour faire disparaitre ce muffin. J'ai du boulot qui m'attend mais je guette tout de même encore et toujours ses réactions, cherchant à glaner encore quelques informations, sans savoir où tout ça va bien pouvoir nous mener.

"Bien. Je crois qu'on s'est comprises non ? Et que tu ne me feras pas de coup en douce. Le genre de trucs qui te ferait regretter, à coup sûr, d'être venue boire un café ici en tout cas."

Hum… je crois que ça, c'est une menace. Tant pis.
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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptyDim 7 Aoû - 21:26

Tu parles trop - ça ou une rapide prise de conscience, fugace, aux antipodes d’un crédo souvent utilisé : déblatérer pour noyer le poisson. Faut croire que je n’ai pas été assez vague, un brin trop terre à terre, peut-être trop honnête : il ne faut pas attendre longtemps pour Oppenheimer ne mette le dos sur ce qui cloche, sur ce stupide « couvrir mes traces » qui s’est échappé d’entre mes lèvres. La trentenaire inspire fortement, prouvant son agacement latent – est-elle fin prête à imploser, exploser, montrer réellement ce qui se cache sous une carapace figée mais souriante ? M’est avis que je n’ai pas intérêt à la mener sur ce chemin-là, et à continuer de faire ce que je fais de mieux : amorcer ma fuite et couvrir mes traces. Je me pince l’arête du nez, me retiens seulement de jeter un rapide coup d’œil vers la porte de sortie.

« Hein ? », m’exclamé-je plus pour la forme qu’autre-chose, yeux écarquillés et tête dodelinant de droite à gauche. « Oé … non ! J’n’ai jamais dit que j’y mettais les pieds quand je voulais. Juste, j’aurais pu tenter et compter sur la chance des débutants, tu vois ? »

Voyait-elle ? Ne voyait-elle pas ? Le voyait-elle à présent, l’ancien badge de maintenance, déposé dans un claquement sec sur le contreplaqué de la table ? Badge qui, depuis le temps, ne devait plus avoir aucun accès – mais pourquoi pas, après tout, Aonghus m’a toujours dit « qui ne tente rien, n’a rien ». Ca doit être ça, le secret des politiciens : ils n’ont pas peur de tenter et d’échouer parce qu’ils ont déjà tout perdu, leur âme en premier.

« J’pense pas qu’il soit toujours … activé. Mais avec un peu de chance, j’aurais pu mettre les pieds à l’accueil et rencontrer la personne qui m’a fait visiter les locaux dans le passé. Carl. Rey. Raymon. Clayton ? »

L’un d’eux, sans aucun doute, aussi loin que mes souvenirs remontent.

Pour le reste, je laisse passer. Je n’affirme ni infirme les propos de Sasha, me contenant de me faire un mémo personnel : la prochaine fois (si jamais), agir plus tôt serait bien vu. Agir vite, agir proprement … sans forcément sauter dans le premier bus, après une nuit de repos car le sommeil porte conseil paraît-il, et avec un plan en tête. Plan A, plan B et cetera parce que la logique informe que quelque chose va toujours bloquer : entre un pneu qui éclate et une erreur d’appréciation, les raisons sont nombreuses.

Les bases posées avec la directrice de la PES me semblent plus saines que celles érigées avec McBorough. Pas de menaces, ni de promesses en l’air – bien qu’aucun des deux n’étaient en lice lors du pacte fait avec le premier ministre. Avec lui, c’était un prêté pour un rendu, tu m’aides pour ça, je t’aiderai plus tard, une relation de confiance – mais peut-on réellement compter sur un politicien, nouveau ou récent, qui n’hésite pas à faire suivre ses amis ou potentiels alliés ? La question serpentine lentement dans mon esprit alors que je n’ai qu’une envie : mettre les voiles, loin de toute cette histoire, avec l’envie de n’y jamais avoir été mêlée.

Trop tard.

« J’ai fait le trajet depuis Glasgow. J’m’arrangerai pour montrer ma tête plus souvent dans le coin. Faut dire qu’on peut facilement être relogé après avoir eu … quelques amis tués. Les gens apparaissent et disparaissent bien plus facilement qu’avant, du jour au lendemain. Pas d’attache pour ne pas être retrouvé, pas d’attache pour ne pas être pris pour cible. »

Haussement d’épaule de ma part alors que je jette ces mots entre nous, récitant avec exactitude les propos qui se tiennent souvent dans les rues. Je n’y crois pas forcément, à cette histoire de non-attache, mais les faits sont là : depuis les années Sanglantes, seul Dieu sait ce que l’avenir réserve. Après Nocturnes, Grandes-Dents et Esprits Démoniaques : quelle est la prochaine révélation ? L’idée me fait frissonner ; j’ai tôt fait de reprendre mes esprits. Et de récupérer la carte où y est inscrit son numéro perso. Je souris malgré moi – sourire perdu entre deux eaux, devant le ridicule de la situation. Et à moi de me demander comment une simple horlogère se retrouve à avoir dans ses contacts le premier ministre et la directrice de la PES.

A bien y réfléchir, c’en est presque hilarant. Je parie qu’Aonghus doit se marrer, devant la situation, peu importe là où il se trouve. A toujours vouloir rester en dehors de toutes ses histoires, je me retrouve coincée en plein milieu.

« Me reste plus qu’à développer mes talents de codage. Un peu de réflexion et de nuits blanches à venir, je n’aurais jamais pu espérer mieux. » Oh ! L’ironie naissante ! « En attendant … ça serait sympa de remettre un accès sur le badge, histoire que …

Tu sais… Elle sait… Elle doit bien savoir. Histoire que je remette les caméras en opération pour que McBorough ne se doute de rien. Pour un moment, un court moment. Je ne suis pas dupe : à un moment donné, à trop vouloir cacher et plier le réel, ça finit toujours par exploser. I dread this moment.

Dans une dernière bouchée, Oppenheimer termine son muffin – j’en profite pour siroter le fond de mon latte, ne m’accrochant pas plus que cela à la menace poudrée qu’elle ose lâcher. Elle avait promis, pourtant : pas de menaces ni de gratification à deux balles. Dommage pour elle, elle vient de perdre la confiance que je lui avais accordée, dans le bénéfice du doute.

Ironique, aussi, pour quelqu’un (moi) qui vient de changer son fusil d’épaule en un battement de cil. Ou presque.

« On s’est comprises. J’imagine qu’on peut considérer cette pause sucrée terminée. J’prendrai une part de carrot cake la prochaine fois, ils ont l’air à dévorer depuis la vitrine. »

Laissant le badge sur la table, j’enfourne la carte professionnelle dans ma poche et mes esquisses dans mon sac. Rapide coup d’œil vers ma montre : je n’ai pas envie de m’attarder au café. Si elle veut que je jette un coup d’œil aux caméras, c’est le moment où jamais. En auquel cas, j’ai un autre bus à prendre.
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MessageSujet: Re: Escapism   Escapism EmptyVen 19 Aoû - 18:44

J'arque un sourcil quand elle essaie tant bien que mal de me répondre. Dire que je ne suis pas convaincue est un doux euphémisme. La chance du débutant, et puis quoi encore ? Elle va me balancer qu'elle a tenté de connecter deux câbles au hasard et que ça a fonctionné ? Je me demande à quel point je dois avoir l'air naïve pour qu'elle tente ce coup-là. Pour la peine, je ne lui réponds pas, me contentant de secouer la tête dans un soupir. Je garderais mon calme jusqu'au bout, coûte que coûte. Ne serait-ce que pour satisfaire ce besoin de maitriser la situation qui n'est guère comblé ces derniers temps.

Je baisse les yeux vers le badge que j'avais remarqué depuis le début mais que j'ai préféré ignorer. Il sous-entend que n'importe qui peut entrer dans les locaux de la PES. Il suffit d'un peu de bagou, de chance, de je ne sais quoi et hop, Carl ou je ne sais qui de l'entretien les laisse entrer. Bien, je crois qu'il va falloir faire un sacré ménage dans tout ça. Je me pince l'arrête du nez à cette pensée, réprimant un soupir, avant de reporter mon attention sur Sorcha. Chaque problème en son temps et celui -là n'est pas des moindres.

Le reste se passe pas si mal au final. Elle a l'air d'intégrer ce que je lui raconte, les bases de notre collaboration. A savoir si elle m'écoutera ou pas, si elle s'y tiendra, ça, c'est une autre histoire. Et je hoche doucement la tête au reste de ses propos.

"Ouais, avec tout le bordel ambiant, impossible de suivre quelqu'un de près. Sauf si on est vraiment têtus et qu'on a les moyens. Ce qui n'est plus le cas de grand-monde. Pour qui veut changer de vie, c'est l'endroit et le moment idéal."

Je ne sais pas trop à quel point je réfléchis tout haut ou je lui parle. Ca n'a pas vraiment d'importance. Elle continue, se faisant plus pratique et je jette un nouveau regard au fameux badge, me contentant de hausser les épaules, pas tout à fait décidée à ce propos. Ce serait sympa ouais, effectivement. Mais ça me déplait. Normal en même temps.

"On s'est comprises effectivement. Et oui, la petite pause est terminée."

Je prends alors le badge qu'elle a laissé sur la table et je lui tends, sans la moindre hésitation.

"On verra si la chance des débutants est toujours avec toi. Je te laisse vérifier les caméras et faire ce que tu as à faire pour que tout continue de rouler comme d'habitude. Et me tenir au courant. Si le badge ne fonctionne plus, tu me le dis, je m'arrangerais pour que tu puisses passer sans problème."

Je me lève à mon tour, époussetant mon chemisier et dégageant les rares miettes de muffin qui ont osé se déposer par là.

"A bientôt Sorcha. Fais attention à toi."

Et je quitte le café, me contentant d'un geste du menton pour les hommes qui le gardaient, sans même un regard en arrière. Je m'en voudrais d'avoir à toquer chez Mc Borough pour lui dire ce qui se passe. Ce serait gâcher une carte des plus intéressantes. Mais si elle n'a pas envie de coopérer, m'est avis que je ne pourrais guère l'y forcer. Enfin… La balle est dans son camp maintenant.
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