L’édifice devant lequel je me trouvais était un chef-d’œuvre architectural pour la plupart des individus s’arrêtant un instant pour en admirer l’architecture. Pour moi il avait eu plusieurs aspects : simple bâtiment avant que je ne trouve la foi, puis maison de Dieu une fois au sein de l’HCV et désormais ne restait plus que le statut de boite aux lettres secrètes qui était déjà alors que je combattais pour l’Eglise. Mais depuis que je m’étais émancipé de la religion, la Cathédrale Saint-Gilles n’avait plus aucun statut spirituel pour moi bien que je n’en respectais pas moins sa nature de lieu de culte pour ses croyants.

Ce soir j’étais donc venu pour relever mon « courrier » échangé avec mon cabinet de quatre agents, les vestiges du groupe fantôme les Gardiens. Cette idée n’avait pas fait son chemin en revanche mes agents et leur loyauté sans faille demeuraient à mon service et partageaient mes idées autant que mes projets.

Entrant dans les locaux par une porte située sur un côté du bâtiment, plus discrète que la grande porte, je me faufilais sans un bruit jusqu’à l’endroit secret où je savais trouver un message. Les structures architecturales aussi anciennes contenaient en leur sein de nombreuses caches pour qui était malin. Une fois mon message en poche j’allais partir lorsque j’aperçu un homme prendre place sur un siège, pour se recueillir ou simplement s’abriter avec la pluie qui tombait dehors. J’allais poursuivre mon chemin discret lorsque je reconnus l’individu pour avoir vu à plusieurs reprises son visage et son nom dans plusieurs rapports de surveillance de l’HCV danoise lors de mes séjours au Vatican. Joakim Steen le pasteur au grand cœur.

J’ignorais qu’il était en Ecosse tout comme s’il se savait surveillé à l’époque où il tenait son centre d’accueil pour humains et créatures surnaturelles mais j’avais un peu de temps aussi allai-je à sa rencontre.

Bonjour pasteur Steen. dis-je en prenant place à sa droite, laissant un siège libre entre nous.

Il se pouvait qu’il me connaisse, du moins l’image publique et son lot de questions qui suivaient parfois. Lui peut-être saurait poser les bonnes notamment au sujet de l’HCV. Mais peut-être ne voudrait-il pas aborder ce sujet.

Ses mots pour me saluer me renvoyèrent à un pan de ma vie sur lequel j’avais tiré un trait bien que je ne l’a reniait pas. Elle était ce qui m’avait construit, ce qui avait fait de moi l’homme que l’on avait réclamé à la fin des Années Sanglantes. Le premier à m’avoir appelé ainsi avec la même connotation que mon interlocuteur actuel était ce messager de l’Eglise qui était venu à ma rencontre alors que j’étais en prison.

Le pasteur ne sembla pas me reconnaître, du moins pas au point de m’identifier mais après tout qu’importe car au final cela viendra bien assez tôt. Il me parla en des termes qui ne m’émouvait plus.

Il pourra remplir ce rôle pour qui croit en un Dieu qu’il pourra y reconnaître. Cela fait quelques temps que ce n’est plus le cas pour moi, ce qui ne m’empêche pas d’agi désormais pour la paix, moi l’ancien fou de Dieu. llui dis-je en me dévoilant un peu à lui, peut-être l’image pastorale.

Comment se passe votre arrivée en Ecosse ? Vous comptez ouvrir un nouveau centre d’accueil ? Contrairement à l’époque de l’HCV, je vous encourage aujourd’hui à agir en ce sens.

Là encore j’en dévoile un peu plus mais aussi que les choses avaient changé. Si à l’époque il avait été envisagé par l’antenne danoise de l’HCV de mener une action contre le pasteur et son centre d’accueil, désormais cette idée pouvait connaître un tout autre avenir.

Je peux vous fournir les autorisations nécessaires à ouvrir un nouveau centre si vous le souhaitez. ajoutai-je à son attention. Ouvrir un tel centre en Ecosse ne ferait pas que des heureux mais ceci pourrait être une bonne chose pour montrer que tous les humains ne redoutaient pas les créatures surnaturelles, que certains même pensaient au bien commun et non pas à s’isoler par crainte.

Steen m’avait écouté sans prononcer un mot pour tant ma proposition semblait ranimer une flamme en lui, peut-être la passion de ce en quoi il croyait, cette foi qui l’animait au point d’avoir créé ce fameux centre. Mais parfois la foi ne suffisait pas et ses paroles suivantes semblaient le prouver. Il ne devait pas s’arrêter à ses échecs, il devait passer outre sa culpabilité alors qu’il n’était en définitive pas responsable de Bloody Valentine.

Cette expérience ne s’est pas terminée de votre fait monsieur Steen. N’endossez pas la responsabilité de Bloody Valentine à la place des véritables responsables. lui dis-je d’un ton calme sans pour autant devenir niais. Vous êtes un homme de paix et l’avez toujours été, aussi ne fléchissez pas. Le bien commun ne doit pas être gangréné à cause du passé.

Je suis loin d’être un exemple, mon propre passé étant dès plus sanglant que ce fut au nom de Dieu ou non. Pour autant depuis un moment maintenant je me bats pour l’intérêt général, au-delà de mes goûts ou aspirations. Je suis à la recherche de personne comme vous que l’on ne peut accuser d’agir par cupidité ou d’avoir un passé sanglant. dis-je encore avant de me taire un instant, le temps pour moi de me rappeler brièvement l’ensemble de mon passé.

J’avais changé sur la forme mais dans le fond j’étais resté le même, lorsque j’avais un but j’employais toute ma détermination pour l’atteindre, ne reculant devant rien. Et mon objectif était la paix, véritable et pour tous. Que je sois élu ou non il fallait encourager les initiatives bénéfiques pour tous, tant pis pour les contestataires.

Quels sont vos projets dans l’immédiat si vous souhaitez attendre avant de réfléchir à l’ouverture d’un nouveau centre ? lui demandai-je, décidé à en apprendre davantage à son sujet afin de savoir où le rencontrer lorsqu’il serait décidé à abandonner sa culpabilité infondée.

Je ne prétends pas vous connaître plus que ce qu’en disaient les rapports à votre sujet, vous et votre centre. En revanche n’hésitez pas à me contacter au siège de la Brigade PES lorsque vous aurez vaincu votre culpabilité, demandez Mc Borough. lui dis-je en lui tendant une carte de visite.

Le padre avait besoin de réconfort et semblait désabusé. A l’écouter j’estimais qu’il n’avait pas digéré son passé et notamment la fin tragique de son centre. Tout au long de son monologue je l’écoutai avec attention car peut-être que j’aurais besoin de lui et de son centre dans les prochains temps, même s’il ne semblait pas encore prêt à reprendre « les armes ».

Ne regrettez pas le passé, acceptez le, faites-en le deuil et allez de l’avant. lui dis-je d’abord avant de poursuivre.

Toutes les espèces je ne puis l’assurer, pour le moment tâchons déjà d’assurer une véritable paix entre humains, lycans et vampires. Pour le reste je ne suis pas certain que les semi-démons soient capables de concevoir la paix.

Pour avoir tenté de trouver d’éventuels semi-démons ne serait-ce que désireux de s’affranchir de leur côté démoniaque, il m’est apparu qu’aucun ne pouvait se prémunir de l’appel du chaos. Il suffit d’une frustration, d’une peine ou de la colère pour que leur humanité disparaisse en un instant. Les leaders semi-démons rassemblent leurs troupes, à n’en pas douter ils vont passer à l’attaque lors des élections à venir.

A une époque j’étais parvenu à nouer quelques contacts avec deux-trois semi-démons prêts à infiltrer les rangs de ceux qui voulaient répandre le chaos. Seulement cela faisait maintenant quelques temps que je n’avais plus aucun signe de leur part. J’en avais conclu que soit ils avaient succombé à leur penchant démoniaque soit ils étaient morts. Dans tous les cas ils étaient désormais inutiles et ne pourraient plus servir dans la lutte contre les forces démoniaques.

Il se pourrait que les choses changent prochainement, il se pourrait que j’ai besoin de vous d’ici quelques temps. Pourrai-je alors compter sur vous ? lui demandai-je donc afin de connaître son avis sur la question.