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La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]
MessageSujet: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptyJeu 13 Mar - 14:51


Torben avait disparu dans la nuit, et je demeurais là, un long moment, dans le silence, si près de la vie, séparé seulement par les hautes grilles du Parc, et si proche des profondes ténèbres du bois où j'avais failli disparaître.

* J'aurai dû me laisser tuer... *

D'un bond, je me trouvais près des corps de mes agresseurs : je devais me débarrasser d'eux... La colère, sourde, menaçait de tout emporter, mais je fis tout pour ne pas y céder. Trente minutes plus tard, il ne restait plus rien de la scène de chasse dont j'avais fait l'objet. Les brûlures des mailles du filet d'argent me taraudaient, et grâce à elles, je ne perdis pas les pédales : je me raccrochais désespérément à la douleur. Et au souvenir que la douleur m'avait empêché de céder à la tentation, tout à l'heure, avec le chien de la Reine.

* Il en sait, des choses... *

Torben semblait si sûr de lui. Je me souvenais de cet homme, obéissant aux ordres si cruels de Krystel, jetant dehors le Prince, mon Prince,...

* William !!!!! *

La poignée de feuilles mortes que je tenais en main, je la lançais sur la terre fraichement remise en place par mes soins. Plus une trace de sang, plus un grain de poussière qui n'ait été remis là où il était avant l'attaque suicide de ces fous. Car nul doute que, pour s'en prendre à un vampire, il fallait être complètement déphasé. Debout, là, dans le bosquet, mon travail de nettoyeur achevé, il ne me restait plus que la vérité révélée... Lentement, la haine montait, dévorante, douce, si... agréable. Oui... je la laissais m'envahir, se répandre, faire bouillir mon sang glacé par... Tout m'apparaissait si nettement à présent ! Julien avait tout prévu. Dans les moindres détails. Il aurait fait n'importe quoi pour assurer sa promotion au sein de la hiérarchie vampire. Le dégoût rendait un goût âcre dans ma bouche. Je savais que Torben n'avait pas menti. Je savais que je m'étais interdit de deviner ce qui se passait autour de moi jusqu'à présent. Mais là, je ne pouvais plus l'ignorer.

Au volant de ma voiture, je regardais la ville s'écouler autour de moi, me garais sur un arrêt minute, le temps d'acheter deux packs de six True, que je bus les uns à la suite des autres, une main sur le volant, les doigts jouant un air dangereusement silencieux sur le cuir du cerceau. Mon regard était mort. J'ouvrais les bouteilles avec les dents, crachant la capsule au pied du siège passager. Il y en avait huit, maintenant. Les forces me revenaient, m'enivraient, tandis que les paroles de Torben revenaient par saccades, hanter le peu d'esprit qui me restait. Pourquoi n'avais-je pas eu de réponse quand j'avais hurlé, à l'homme qui disparaissait : "Où est le Prince ? Où est-il ?!!!!", certain qu'il savait, ce Bardenov.

Lentement, je remontais l'avenue menant à l'immeuble de la Reed Security. Aller trouver la Reine ne servirait à rien : pour elle, je n'étais que le serviteur d'un traitre, et lui prouver par A + B que son fils avait été l'objet d'un complot ne servirait à rien. D'ailleurs, je n'avais aucune preuve de cela, alors... Mais tuer ce salopard de Guillemaud, ça, je le pouvais.

As tu vu l'information qui était sous ton nez ? Ton ancien chef adoré... C'est le général Guillemaud, qui l'a trahi et dénoncé au Roi.

Je grimaçais en finissant mon True. Une femme me regarda, à travers le pare-brise, surprise, un peu effrayée, mais surtout curieuse de me voir comme ça. Par ma vitre baissée de moitié, je l'entendis me dire gentiment :

- Vous ne devriez pas boire en conduisant, monsieur...

J'eus envie de la boire, là, une envie impétueuse et soudaine, mais tout en reconnaissant que l'humaine avait raison, et en me demandant pourquoi elle était si prévenante avec moi... L'envie de vivre en paix ?

Qu'est ce que cela fait de servir un homme qui trahi son presque-frère pour avancer sur l'échelle de l'avancement ?

* Oh William ! jamais je n'ai voulu tout cela... *

J'étais trop jeune quand tout c'était passé, si vite, parmi les vampires de plusieurs siècles. J'aspirais à vivre parmi les humains, maintenant. Dès que j'aurai fait la peau de ce salaud, je partirai pour Londres, et je me noierai dans la foule des mortels, pour vivre comme eux. Respecter l'honneur et la justice, mots parfaitement étrangers aux vampires que je fréquentais ici, et pour qui "vérité" n'avait aucun sens. Ou bien alors trop de sens différents. Je voulais redevenir ce commissaire intègre que j'étais avant mon Etreinte. Pourquoi ne pas offrir mes services à Interpol ? ils comprendraient, là-bas...

Cela ne te fait peut être rien. Je sais que tu servais le prince, mais je ne sais pas s'il était bon avec toi.

J'ai eu si souvent l'impression d'avoir été trahi par lui, mais peut-être était-ce parce que lui même se sentait en danger et tentait de se mettre à l'abri, comme il pouvait... Je ne voulais plus jouer à ce jeu, car à bien y regarder, je ressemblais bien trop à un Stark de GOT pour survivre au jeu. Mieux valait pour moi m'en éloigner...

* Aller au Nord ?... *

C'était tentant. Habiter un vieux château hanté, loin de tout, loin de la cour décadente de la Reine Krystel... qui ressemblait de plus en plus à la reine Cersei. Je n'aurai rien, ni alliés, ni refuge, la vie serait plus dure que tout ce que je pouvais imaginer. J'entendais encore Julien me parler de ses projets, tout collait si bien à ce qu'avait révélé Torben...

Avec le temps, le général s'est taillé la place de William. Et en se préparant à épouser l'une des filles de la Reine, il s'arroge définitivement la place de celui que tu servais auparavant.

Sourire carnassier en garant la voiture dans les sous-sols de la Reed. Je balançais ma dernière bouteille de True contre le mur, juste avant de prendre l'ascenseur. J'avais l'autorisation pour me faire déposer directement au bureau de Julien, et pris l'ascenseur privé du boss, certain de ce que j'avais à faire. "Ding" fit-il en ouvrant ses portes sans bruit, offrant à ma vue le splendide bureau du Général. Il était là... Je sortis, deux pas, avant de me jeter sur lui, toutes dents dehors, de toutes mes forces. Seul l'effet de surprise pouvait m'assurer la victoire sur ce vieux !





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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptyJeu 13 Mar - 16:41


Ce soir j’étais las, profondément. Si certaines choses que j’entreprenais se passaient plutôt bien ou se mettant en stand-by, d’autres prenaient une tournure des plus désagréables. La principale étant Shane, qui au lieu de tenir son rang et son statut ne faisait que commettre impair sur impair, allant même jusqu’à commettre l’affront royal envers Jana. M’étais-je fourvoyé à son sujet, symbole de mon inexpérience en la matière ? Probablement à en juger par son attitude et mon incapacité à la contrôler. Son cas venait s’ajouter sur la liste de mes échecs récents et je devais réagir et redresser le tir.

*Agir dans l’intérêt de mon espèce, dans l’intérêt de mes Maîtres. * pensais-je pour reprendre les instructions de la Reine. Il fallait que je m’oublie, que j’oublie mes intérêts propres pour les passer au second plan. Mes choix notamment au sujet de ma Pomme ainsi que mes échecs faisaient s’éloigner la perspective de mon mariage avec Jana. Si sa mère n’était déjà pas d’accord pour cette union, je redoutais à présent que sa pupille même en vienne à renoncer à cette alliance. Il me fallait prendre des mesures radicales, des choix inéluctables et stricts.

Une alarme discrète mais présente à mes oreilles de vampire se fit entendre et me tira de mes réflexions. J’appuyai sur un bouton du clavier de mon ordinateur pour l’éteindre, tout en regardant la fenêtre qui venait de s’ouvrir sur l’écran de la machine. Ce dispositif se déclenchait toujours en cas d’utilisation de l’ascenseur privé qui menait directement à mon bureau, me permettant d’être informé de l’identité de mes visiteurs inattendus.

Que venait faire Leslie dans mon bureau ? Nous n’avions aucun entretien de prévu et il ne m’avait pas averti de sa venue. Avait-il une information importante à m’apporter ? Son visage inexpressif ne put m’en apprendre davantage quant à ses intentions, du moins sur l’écran de mon ordinateur. Car lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et qu’il fit deux pas avant de s’arrêter une seconde, son regard suffit à me faire comprendre.


*Il sait.* pensai-je juste avant qu’il ne se jette sur moi, ses crocs sortis et son visage déformé par la haine.

Tout comme moi face à Krystel il y a quelques temps, Leslie ne pourrait pas prendre le dessus sur moi, notre différence d’âge étant trop importante. Pour autant je ne le sous-estimais pas car je m’obligeais constamment à considérer chacun de mes ennemis comme des plus compétents. Leslie venait de commettre une erreur ce soir, celle de m’attaquer. Il n’en sortirait pas indemne et serait ce soir l’exutoire de mes déceptions et de ma colère.

Lorsqu’il s’élança dont à ma rencontre, je sautai de mon fauteuil d’un bond puissant en attrapant lui assenant un violent coup de poing dans le foie, usant de ma force de vampire de trois siècles. Comme Shane face à Jana, Leslie manquait maintenant à son statut. Lui aussi devrait en payer le prix. Je n’allai pas me retenir et comptai bien lui infliger milles douleurs.

Probablement poussé par la haine de la découverte que je supposais être sienne, il ne s’effondra pas au sol lorsque son corps fut projeté contre le mur en face de mon bureau et tint sur ses jambes malgré le coup puissant que je venais de lui infliger. De ma position, à quelques mètres de lui, je le toisai et m’adressai à lui d’un ton froid, dur et implacable.


Je ne suis donc entouré que d’incompétents, incapables de contrôler leurs émotions. dis-je alors qu’il revint à la charge. Cette fois j’accompagnai sa charge et d’un mouvement de karaté, le fis basculer contre ma hanche avant de le faire s’écraser violemment sur mon bureau, détruisant au passage le meuble en bois massif. Qu’importe le mobilier, la sentence devait être appliquée. En dépit de la douleur qu’il devait connaître il se jeta une nouvelle fois sur moi, irrémédiablement décidé à m’affronter.

Il me fallait donc passer au stade supérieur, aussi sortant à mon tour mes crocs je me jetai sur lui moi aussi, et en dépit de sa haine et de son mépris je le laissai me toucher de ses premiers coups jusqu’à trouver le moment adéquat à mon attaque sans tenir compte des quelques maigres dégâts qu’il m’infligeait. Je lui luxai l’épaule gauche et lui déboîtai la droite avant de planter mes crocs dans son cou et de boire avidement son sang sans aucune précaution afin que cela lui soit des plus douloureux. Il avait beau se débattre en me rouant de coup, je tenais bon ma prise et était résolu à le vider de son sang, jusqu’à ce qu’il soit au bord de la mort. A cet instant précis, j’étais résolu à le tuer. Il me décevait par son comportement, comme Shane. L’heure du grand ménage avait-elle sonné ?


Hrp:
Spoiler:
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptyJeu 13 Mar - 21:18

J'ai bondi. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois... je suis retourné à l'attaque, malgré les coups reçus. En fait, plus j'en recevais, plus ma détermination augmentait, plus mes attaques décuplaient, mais Julien était plus fort que moi, je le savais. Ma seule chance avait été la surprise, mais c'était rapé. Inutile de m'arrêter maintenant, je devais aller jusqu'au bout. Je serrais les dents et retournais à l'attaque immédiatement, encore et encore. J'avais vu dans ses yeux que le Général avait deviné le pourquoi de ma visite impromptue. J'allais mourir. Je m'en fichais.

Je ne suis donc entouré que d’incompétents, incapables de contrôler leurs émotions.

* Ben voyons !... *

C'était facile de dire ça ! et lui, il faisait quoi dans son bureau ? à part trahir son meilleur ami ? J'enrageais. La douleur de mes épaules, de la morsure, du sang qui s'enfuyait s'estompait peu à peu. J'avais donné toute ma mesure avec Guillemaud, et c'était pas encore assez. Et ben... quel remerciement.

* Qu'il aille se faire foutre ! *

C'était marrant de penser un truc pareil, au moment de mourir... Je me demandais si j'aurais une stèle, et si dessus, ces mots seraient gravés. C'était idiot, mais bien qu'en ayant conscience, je ne pus qu'en sourire. Enfin, je mourais, mais pas avant de casser quelques côtes à ce traitre ! Une autre question me vint à l'esprit, alors que mon immortalité se faisait la malle : aurais-je un fantôme ? et si oui, irait-il hanté ma famille humaine ? pourrait-il se transporté là où se trouvait William, le Prince, le fils de Krystel Raybrandt ? C'était sous mon nez, et je ne l'avais pas vu... Guillemaud avait-eu un sacré culot de me prendre à son service. Restait à savoir, maintenant, à quel dessein... Mais je ne le saurais jamais. Mes coups se firent plus mous, puis s'arrêtèrent, mes membres s'alourdirent jusqu'à pendre lamentablement de mon corps, sans mouvements.

* Tu parles d'une immortalité : treize ans ! j'aurai fait mieux en tant qu'humain, c'est sûr ! *

Au fait, j'ai pas vu ma vie défiler. C'était donc des mensonges quand on prétendait revoir sa vie avant de mourir ? Je ressentis un curieux sentiment, comme si quelqu'un d'étranger percevait ma perte. Inconsciemment, je sus que c'était ma Sire. Si j'avais pu, j'aurais haussé les épaules : qu'est-ce-que ça pouvait faire, maintenant ? elle devait être bien contente de sa vengeance, non ? le "meurtrier" de l'amour de sa non-vie crevait enfin... Si seulement Evey Mc Intyre était là... Qu'aurait-elle pu faire contre Julien ?

Puis les ténèbres m'envahir, et je n'eus pas froid. J'étais un macchabée depuis plus de dix ans... c'était certainement pour ça.
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptySam 15 Mar - 1:23


Leslie était-il un échec ? Un simple outil entre mes mains avant et après que je ne dénonce son ancien maître, il était devenu un subordonné compétent la majeure partie du temps, en apprentissage mais qui semblait dévoué. Seulement ce soir j’avais à faire avec la pire de ses faiblesses, l’impulsivité. En ce sens Leslie ne valait guère mieux qu’un nouveau-né, mais peut-être que tout espoir n’était pas perdu à son sujet.

Je le laissai tomber au sol comme un cadavre sans aucune douceur et m’approchai des débris de mon bureau, ramassant le combiné de mon téléphone fixe. Après avoir vérifié qu’il fonctionnait encore, j’en pressai un bouton et m’adressai à mon assistante vampire qui devait toujours être assise derrière son bureau dans le couloir devant la porte de mon bureau.


Que l’on ne me dérange sous aucun prétexte. dis-je d’un ton inexpressif. Elle saurait agir en conséquence et qu’il était inutile de me demander l’origine des bruits de lutte qu’elle avait assurément entendu depuis son poste. Refaisant face à un Leslie sans force, je me tins devant lui et patientai, jusqu’à ce qu’il plonge son regard dans le mien, m’affichant tout son mépris avant de perdre connaissance à nouveau. Aucune reconnaissance, toujours aveuglé par son amour pour son maître déchu. Malgré les espoirs que j’avais placés en lui, Leslie était à ce jour bien incapable d’oublier ce traître. Peut-être aurait-il dû subir le même sort, comme les suivants de Nikos en son temps.

Ton apprentissage va prendre un nouveau tournant ce soir Leslie, en dépit de ta nouvelle erreur. lui dis-je d’un ton dur mais pas en colère. Je pouvais comprendre sa haine, mais ne saurait l’accepter et encore moins la tolérer. Si je venais de renoncer à le tuer malgré son action de ce soir, j’allai le punir en conséquence, bien plus qu’il n’avait pu souffrir jusqu’alors.

Que sais-tu à propos de ton ancien maître ? Réfléchis bien avant de parler. Je veux que tu me parles de faits et non d’hypothèses ou de rumeurs. Quel fait connais-tu de ce qu’il s’est passé il y a maintenant plusieurs années à son sujet. lui ordonnai-je d’un ton sec mais neutre. Parle-moi de toute cette affaire qui le concerne et qui fait de toi aujourd’hui un misérable avorton incapable d’ouvrir les yeux.

Je prononçai cette dernière injonction d’un ton plus dur encore avant de me taire. Oh oui il allait souffrir, bien plus que lorsque je lui avais posé le bracelet d’argent. Mais avant il me fallait lui ouvrir les yeux, même si cela le rendrait définitivement fou et qu’il me faille l’exécuter peut-être même ensuite. Cela allait dépendre de lui, uniquement de lui.

J’avais commis une erreur avec Shane, me laissant aveuglé peut-être par une trop grande confiance en moi et une miséricorde trop grande. J’avais commis une erreur avec ma Pomme, je ne ferai pas de même avec Leslie. Soit il s’adapterait et s’acquitterait de son devoir soit il mourrait. Il avait le choix de servir ou de mourir. Aucun autre. Et s’il en venait à se rêver félon dans mon entourage, son avenir serait d’autant plus bref. S’il représentait un risque, il sera destitué de tous ses avantages et rejoindra le commun des vampires qui composaient la Garde Royale.

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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptySam 15 Mar - 22:10

Quel effet ça fait d'être mort ? Ca fait mal.

* Super mal ! *

Bizarre, je pensais qu'on ne sentais rien. C'est fou tous les a priori qu'on se trimbale. Si j'ouvrais les yeux... je verrais que du blanc, une lumière blanche au bout d'un tunnel, des flammes ou rien du tout ? et s'il n'y avait rien après la mort ? Prudent, je reniflais... est-ce que mort, on sentait encore quelque chose ? Là... ça sentait le bois, le whisky, l'encre. A croire que le bon dieu (ou le diable) tenait ses comptes en buvant un verre et en écrivant à la plume... J'ouvris un oeil (l'autre était trop enflé pour faire mieux !) et je vis le tapis du bureau de Julien.

* M*rde alors ! c'est pas encore fini ?!!!! *

Donc, c'était pour ça que j'avais mal... Impossible que le Général se soit raté... Deux pieds chaussés de cuir noir, des pompes italiennes hors de prix. Je m'étais raté. Je ne ressentais plus rien, ni haine, ni ressentiment.

* Mon apprentissage ?... non mais il y tenait ! il ne comprenait pas que plus jamais je n'aurais affaire à lui ?!!! que c'était fini ! que j'aurai sa peau ?!!! ou lui la mienne... *

La voix était dure et sans appel. Je refermais les yeux. Au diable tout ça ! Pourquoi Julien n'en finissait-il pas ? pourquoi tant d'obstination ? Guillemaud m'interrogea à propos de William d'une voix sèche, de ce que je savais sur lui. Devais-je rappeler qu'il était prince ? fils de Krystl herself ? beau ? élégant ? classe ? J'avais pas envie de répondre. Pourtant, à travers ma bouche ensanglantée, je balbutiais d'une voix trahissant le rappel de mémoire et ce que ça me coûtait.

- J'étais seul, et j'errais, incertain, tout nouveau dans une non-vie dont je ne voulais pas, et dont je ne savais comment la prendre...

Bon, d'accord, je parlais pas du prince... Je m'attendais à me prendre un super coup de pied dans le bide, ou pire... mais quoi ?

- Evey Mc Intyre m'a appris l'essentiel. Tout ce que je savais des vampires, c'était ce que j'avais tiré des romans, des films à l'eau de rose que mes soeurs se passaient en boucle, des cours à l'école de police et du terrain, jour après nuit.

Je déglutis, avalant plus de sang que de salive, toussotant en me fracassant un peu plus les côtes, au risque de me noyer dans ma propre hémoglobine.

* Tant pis pour le super tapis du Général ! *

Voilà qu'il voulait prendre son pied en me pourrissant ma non-vie ! Y changeait pas.

- Et puis, après, elle m'a confié à William Raybrandt. Parce que personne d'autre n'aurait voulu de moi. Je... j'étais commissaire de police, j'avais poursuivi les vampires avec succès, au point de m'attirer la haine de ma Sire.

Je croisais lentement mes bras autour de mon ventre, la douleur... arrgh.... Quelques secondes, encore d'autres... j'ouvris les yeux :

- Et lui m'a accueilli, simplement, m'offrant un poste de videur dans sa boîte, me payant comme un videur, puis comme un responsable de sécurité. Peu à peu, il m'a appris ce que j'étais.

Je refermais les paupières, voyant du rouge, du noir, et des étincelles qui suivaient mes pupilles sous la peau fine qui cachait mes yeux. Je me tus un long moment, revivant cette période d'acclimatation, et après :

- Je louais un studio pas trop loin, buvais du True, bossais, peinais à payer mon loyer. Mais Raybrandt n'a rien fait pour m'aider. Sans doute pour m'apprendre que la vie de vampire ne différait pas tant de celle des humains. Je savais qu'il était prince, mais je le trouvais accessible. Tout se passait bien jusqu'à ce que sa Pomme prenne trop de place. Elle m'a pourri la vie, et la distance entre mon boss et moi s'est accrue, jusqu'à ce qu'on ne se parle plus, sauf quant il s'agissait de me critiquer. Moi, je tentais de lui exposer mon point de vue... mais bof... sans succès.

Bon, j'avais toujours pas parlé de William... Pas sûr que Guillemaud soit content de la digression.
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptyMar 18 Mar - 16:45


En dépit de mon désir de le broyer sous ma main, de la colère qui grondait en moi-même si je n’en laissai rien paraître plus que de raison, j’écoutai les paroles de Leslie. Il me fournit quelques données qui désormais n’avait plus d’importance mais qui s’avérait intéressante. Ainsi donc Evey lui avait fourni un apprentissage à notre sujet ? Je n’en savais rien mais me demandai quelle en était la teneur si cela ne lui avait pas permis de tenir sa place. Celle qui avait dirigé Edimbourg avec moi, en tant que co-shérif après mon erreur de jugement face à Augustus, avait péri au cours des Années Sanglantes. Le malheur des uns…

Il me parla ensuite de sa créatrice, stupide créature qui n’avait pas réalisé l’atout de créer un nouveau-né et l’avait laissé à son sort. Pour ma part je m’étais abstenu de toute création de vampire, voulant la perle rare, et quelque peu refroidit par mon échec avec Shane. Si je n’étais pas foutu de contrôler une simple Pomme, il était trop tôt pour moi de créer un vampire. Quoi qu’il en soit Leslie me racontait davantage sa vie que de répondre à mon ordre, aussi lui fis-je un rappel à l’ordre brutal.


Présentement je me fous de ta vie passée, dis-je en le relevant d’une main avant de serrer mes doigts sur son cou. Je t’ai donné un ordre, obéis. lui dis-je d’un ton dur, froid et assuré, avant de le renvoyer au sol violemment.

Que connais-tu de lui, de ses désirs de complots ? Que sais-tu de ses agissement avec la traître ? lui demandai-je à nouveau, lui jetant un regard méprisant et dur.

Rien j’en suis certain. Tu ne connaissais rien du véritable William Raybrandt. Nous étions comme des frères lui et moi, je serais mort pour sauver sa vie s’il l’avait fallu. Mais il en a décidé autrement en rejoignant la dissidence, en complotant contre nos souverains Augustus et Krystel. Alors j’ai agi comme nous l’impose notre engagement envers nos Maîtres. Comme toi tu devrais le faire Leslie, en étant loyal et en tenant ta place ! dis-je d’une voix forte, laissant transpirer une parcelle de ma colère, avant de me taire un instant et de reprendre la parole peu après d’une voix de nouveau neutre.

Qu’aurais-tu fais à ma place Leslie, toi qui semble si avisé ? Toi qui est si naïf que maintenant encore tu le vois comme un bon vampire victime d’une machination de ma part pour lui voler ses titres. Oui j’ai acquis un statut en dénonçant son infâme traîtrise, oui j’ai pour projet d’épouser son ex-femme et alors ? Dois-je renoncer à tout cela parce qu’il a choisi sa voie, celle de la félonie, et moi la mienne par mon engagement et ma loyauté envers mes Maîtres ? dis-je avec le goût du sang dans ma bouche, n’ayant toujours pas digéré sa traîtrise.

Je ne crois pas non. J’ai agis par loyauté et le ferais-je autant qu’il m’en sera permis. Je ne sers que nos souverains, et ai toujours agi de la sorte en respectant la hiérarchie de notre espèce. Il serait temps que tu apprennes à en faire autant Leslie. dis-je encore d’un ton las. Que tu tiennes enfin ton rôle et que tu apprennes à réfléchir au lieu de laisser ton impulsivité te mener par le bout des crocs.
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptyMer 19 Mar - 11:10

Présentement je me fous de ta vie passée Je t’ai donné un ordre, obéis.

Pas de coup de pied dans les côtes, donc, mais ses doigts sur ma gorge. Pourquoi ? il ne pouvait pas m'étrangler, alors ?... Sa colère était devenue glaciale, plus dangereuse, sans doute, que la première, mais cela m'indifférait. Là où je me trouvais, je ne craignais plus rien (pensais-je !). Et puis, il est reparti dans ses délires de complots... je le laissais faire. Ma chute au sol m'abrutis un peu plus, et à défaut de voir les étoiles, je ne vis plus rien du tout. J'avais mal partout, et dix fois plus qu'humain, à croire que tout était décuplé une fois vampire... ou c'était le manque de boisson saine, ce maudit True devait m'affaiblir.

* Et d'ailleurs, pourquoi j'obéis toujours ? *

Comme si l'élite de notre race se pliait à ces "obligations"... mon oeil, oui ! il n'y avait qu'à voir la force de Julien pour s'en assurer. Je ne répondis pas à ses questions, d'ailleurs, et ne repris la parole qu'une fois que je pus me remettre sur pied, m'appuyant sur un fauteuil près de moi, titubant un instant avant de me redresser. Là, l'oeil dans les yeux, je dis :

- LOYAL ? c'est toi qui me parles de loyauté ? toi qui a vendu ton meilleur ami ?

Je me fis mielleux pour ajouter :

- ... à moins qu'il n'est été qu'un barreau de l'échelle sociale, sur lequel tu t'es appuyé avant de le briser et prendre sa place,

(ton sec et méprisant) : - y compris dans son lit.

Là, il allait me tuer. Le seul oeil qui me restait fouillait dans les pupilles de Guillemaud. Non, je ne baisserait pas "les yeux". Non. J'étais dans mon bon droit : il m'avait berné !!! Je ne l'avais pas ajouté dans la liste de ce qu'avait pris le Général à son meilleur ami, mais n'empêche que, grâce à moi, à ma participation aux Années Sanglantes, il s'était taillé une belle réputation de solidité auprès de la famille royale.

* Salaud ! *

Et moi ! quel pauvre con j'étais ! m'être fait berné ainsi !!! En fait, je ne devais m'en prendre qu'à moi. Avec un nouvel effort, je me redressais encore un peu plus, comme pour gagner quelques centimètres : si je devais mourir, je ne voulais pas le faire en suppliant. Il dit encore bien des choses, et à la fin de sa tirade, je lâchais, visiblement dégoûté, après un petit ricanement sardonique "hunnnn..."

- TA loyauté. Que sais-tu, toi qui sais tout, de ce qui a conduit le Prince sur cette voie. Peut-être qu'il avait ses raisons. Mais tout ce que tu as vu, c'est la possibilité incroyable de prendre sa place. Peut t'importait la vie de ton ami.

Mon corps se rebellait contre mon attitude fière et défiante. Il hurlait de douleur et les traits figés de mon visage ne trahissaient rien, que la raideur de mon corps.

- Peut-être bien que le danger venait d'Augustus, de ses manoeuvres pour se saisir de la Reine. Tous les malheurs viennent de lui, si tu regardes bien. Avant, tout allait bien.

Un très court silence, pour ne pas lui laisser le temps de répondre à ça, et :

- D'ailleurs, toi qui sais tout, tu sais où se trouve le Prince, n'est-ce-pas ?...

Cette dernière phrase, dite sur un ton mi-perfide, mi-défiant, je savais qu'elle déclencherait un ouragan contre moi. Peu importait. Je ne craignais pas la mort, et malgré les faiblesses actuelles de mon corps, je me tenais prêt pour un nouveau corps à corps. Je ricanais en disant :

- Et au fait, ton garde du corps, le petit Russe de service, parti ? déjà ? tu l'as tué ou il a fait la valise ? Tu vois pas le vide autour de toi ?... c'est le pouvoir... à moins que ce ne soit l'annonce prochaine de ta chute à toi.

Je me souvenais très bien des paroles de Torben. Julien n'était plus en odeur de sainteté. Je devais enfoncer le clou.

* C'est comme ça qu'ils ont fait tombé William... *

Restait à savoir pourquoi... moi, les complots, c'était pas mon truc, mais c'était le sien, à lui, à Julien...
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptyMer 19 Mar - 14:43


La seule chose que je pouvais reconnaître à Leslie c’était sa ténacité malgré la douleur. En dehors de cela il n’était qu’un ridicule jouvenceau encore bercé par d’illusoires sentiments humains. Si la colère grondait en moi qu’il ose ainsi braver mon autorité, mon esprit rationnel me préservait des erreurs qu’il était en train de commettre. Une fois débarrassé de ce travers il serait un Second digne de ce nom. J’étais résolu à lui prodiguer la suite de son apprentissage quand bien même il était encore trop stupide pour comprendre la réalité des choses.

Lorsqu’il reprit la parole pour me juger je n’en fus nullement blessé tant j’avais l’habitude que chacun ne pense connaître mes motivations. Aux yeux de tous je n’étais qu’un intriguant mue par le goût du pouvoir prêt à écraser tous ceux qui se trouvaient entre moi et le dit pouvoir. Nul ne comprenait que je ne voulais pas du trône, me sachant totalement incapable d’en tenir les rênes. J’étais conscient de cela. Pour autant oui j’aimais le pouvoir que me procurait ma position et mon statut, oui je savais pouvoir encore viser plus loin. Pour autant je ne désirais pas prendre la place de mes Maîtres. Augustus et Krystel était ceux-là, je ne servais qu’eux. Pour autant je n’avais pas l’hypocrisie de refuser les récompenses qu’ils m’avaient octroyées. Qu’importe l’incompréhension méprisante que cela m’attirait de la part de mes pairs.


Comment oses-tu misérable avorton ?! dis-je d’un ton brutal en me jetant contre lui, l’attrapant dans mon élan pour l’écraser contre le mur derrière lui dans un choc violent lorsqu’il se mit à médire sur notre Roi. De mes doigts je pressai sa mâchoire tout en lui assenant de forts coups dans les côtes.

Augustus est notre Roi, de ce fait nul ne peut le juger. Il est le créateur de la Reine et de ce fait il n’a qu’à ordonner le moindre de ses désirs à la Reine et elle ne pourra faire que lui obéir. dis-je en serrant les dents tant je ne supportais pas qu’il médise sur mon Roi, quand bien même il n’était pour l’heure plus sur le trône de manière effective. J’avais prêté un double serment d’allégeance envers lui et Krystel comme ordonné de sa part lors de mon accession au rang de Maître vampire, pour autant je le servais avant tout lui. S’il fallait un jour choisir, mon choix était déjà fait. Je servais avant nul autre Augustus, quitte à en mourir.

Je vais répondre à tes paroles ridicules, pour que tu ouvres enfin les yeux sur celui à qui tu voues une si grande admiration qu’elle t’aveugle aujourd’hui encore. lui dis-je en le jetant au sol une nouvelle fois sur le ventre, l’écrasant de mon pied sur son dos d’une poigne dont il ne pourrait se libérer du haut de son jeune âge. Qu’il souffre donc pour avoir voulu juger un roi, notre Roi.

Aucune raison n’a de valeur si elle pousse à trahir nos Maîtres. Seule la loyauté envers eux compte, le reste n’est rien. Tout ce que ton maître adoré a fait c’est de vouloir prendre la place du Roi aux côtés de sa mère, sur le trône et dans son lit. Il n’a pas réglé son Œdipe et c’est à moi que tu reproches quelque chose ?

Pitoyable.
dis-je d’un ton de nouveau froid comme un pieu d’argent dans le cœur d’un vampire.

Notre Roi régnait sur cette Terre avant même que nous voyions le jour, la Reine est sienne depuis qu’il l’a lui-même engendré. Ne te berce pas d’illusion au sujet de William, il n’était qu’un enfant capricieux incapable d’être loyal envers nos Maîtres. Lorsqu’il m’a annoncé son complot, nous étions égaux en dehors de son titre de Prince, tous deux shérifs au nom d’Augustus et Krystel. dis-je pour lui apprendre les réalités de notre situation d’alors.

Nul sentiment ne pourra jamais m’empêcher de tenir mon engagement envers mes Maîtres. Je te sacrifierai sans scrupule s’ils me le demandaient, tout comme n’importe lequel de mes subalternes ou encore ma Pomme de sang. Ils commandent, j’obéis. Et tu devrais en faire autant en tenant ton rôle à mes ordres. Il est temps que tu quittes le monde humain dans lequel ton esprit se perd encore et que tu apprennes enfin la réalité des choses. lui dis-je d’un ton toujours dur mais cette fois presque compatissant, comme si j’étais touché par sa naïveté.

La trahison fait disparaître tout statut, titre ou rang. Un félon n’est rien d’autre qu’un ennemi de nos Maîtres, qu’il soit simple soldat de la Garde ou membre de la famille royale. C’est ceci que tu dois comprendre et admettre Leslie. dis-je encore avant de me taire.

Il m’avait demandé où se trouvait son ancien maître, ainsi que des nouvelles de mon exécuteur. Il n’avait pas à connaître les détails, il le saurait bien rapidement. Autant que la rumeur se charge de lui apprendre ce qu’il en coûtait de braver mon autorité et d’offenser nos Maîtres.


Il a commis lui aussi une erreur et en a payé le prix, tu sauras bien vite de quelle manière. William quant à lui gît quelque part au fond d’un océan, là où nul ne pourra jamais trouver le cercueil en argent dans lequel il repose. Veux-tu commettre le même sort ? lui dis-demandai-je plus sérieux que jamais avant de réagir à ses dernières paroles.

La solitude ne m’effraie pas, contrairement à toi. Mon engagement et ma loyauté envers mes Maîtres sont mes seuls compagnons véritables et qui eux ne me décevront jamais. Quant à ma chute… Chaque empire aussi puissant qu’il ait été fini par sombrer un jour ou l’autre, comme chaque Roi, chaque général. Je n’échapperai probablement pas à cette loi immuable mais cela ne m’effraie pas.

Ne prend pas cet air avec moi Leslie. La mort ne t’effraie peut-être pas mais la solitude si, au point de ne pas pouvoir accepter que William ait trahi nos Maîtres et a été jugé pour cela. Je t’ai offert une opportunité que nul ne t’a donnée jusqu’à présent. Au lieu de te laisser dans ta vie misérable je t’ai pris sous mon aile pour te former en dépit de tes nombreuses erreurs. Et c’est ainsi que tu me remercies ? Qui est le plus fautif de nous deux, je te le demande.
dis-je enfin avant de me taire, lui laissant le temps de digérer mes nombreuses paroles. Ce n’était pas moi qui avait à me reprocher mon comportement, mais bien lui.
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptySam 22 Mar - 6:33

Comment oses-tu misérable avorton ?!

poursuivit Julien en m'envoyant valser contre le mur avant de m'immobiliser et de m'enfoncer les côtes. A ce moment précis, je ne pensais plus du tout, incapable aussi de réagir à cette attaque fulgurante et enragée. Pourtant, je sus que j'avais touché un point sensible en lui ! mais lequel : l'attaque contre le roi ? mes soupçons quant à ses réelles raisons d'agir ?

* Le roi... *

J'en appris plus sur lui, qu'il avait créé Chrystel... avant de l'épouser. C'était donc une longue histoire d'amour entre eux deux ?... je demeurais sceptique, pour autant qu'on pouvait l'être dans mon état. Cette fois, l'ancien shérif allait me tuer, aucun doute. En tout cas, le roi était un sujet délicat à aborder devant Julien. Le Général l'aimait ? le craignait ? quels étaient leurs liens ? en avaient-ils seulement ? Et pourquoi Torben avait dit :

(...) je ne suis pas en guerre avec Julien.

Comment le servant de la reine -un humain !!! au mieux, une pomme de sang-, pouvait-il dire une chose pareille. Mes pensées confuses m'emmenaient au delà de toutes frontières installées par mon "éducation". Etait-il possible qu'on envoie Torben contre des vampires, avec le droit de les descendre ? et dans ce cas, comment s'y prenait-il, lui, simple mortel ?

* Il tire sa force de la reine ?... * comment était-ce possible ? !et Julien connaissait-il le pouvoir de cet homme ? ses limites, s'il en avait ? Il avait aussi dit :

Tu as bien des ordres à recevoir de moi, vampire.

C'était pour me nourrir, mais... jusqu'où allait ses pouvoirs ? et si un jour il me demandait d'espionner Julien ? ou de le tuer ? ou d'agir contre lui ? à qui devrais-je obéir ? serai-je à jamais ce vampire gentil et dévoué à celui qui me protégeait, qu'il s'agisse de William ou de Julien, ou choisirai-je aussi, une nuit, de suivre ma propre route, pour peu que l'un de nos souverains me le demande ? même par l'intermédiaire de Torben ? Je n'opposais plus aucune résistance à celui qui me battait comme plâtre : que pensait-il obtenir ainsi ? ma reconnaissance éternelle ? il s'y prenait si mal. En attendant, Torben me paraissait de plus en plus énigmatique... il était quelqu'un de patient et avait dit : "pas encore...".

En tout cas, si on me posait la question, je pourrai dire sans mentir que Julien était tout dévoué à ses maîtres, un vrai chien. J'ignorais encore si ce constat devait me rassurer ou me dégoûter. A plat ventre sur le sol froid, le pied du général m'écrasant le dos, je ne sentais plus grand chose, mais ses paroles me résonnaient dans la tête. Il me trouvait pitoyable. En fait, sa rage l'était, comme s'il n'était pas sûr de son pouvoir, comme si la remise en cause de celui-ci pouvait lui faire perdre toute mesure. Etrangement, je le trouvais si fragile, tout à coup... William avait-il ressenti cela, lui aussi, face à la puissance de sa mère ? et du roi ? la peur, l'effroi, c'était alors ce qui l'avait conduit à chercher refuge ailleurs, dans d'autres croyances, quitte à suivre Renard... je pouvais comprendre cela. Mon corps gémissait mais pas moi. La douleur avait envahi chaque atome de mon être physique, mais mon âme tendait vers William, comme si un lien nous unissait encore. Le pied appuya encore plus contre mon dos et la corde se rompit.

* Je dois vivre ma propre non-vie ! *

Oui... assez de suivre les uns et les autres ! j'avais l'immortalité pour moi. Jusqu'à présent, je m'étais montré coopératif, j'avais cherché à me faire aimer, en me dévouant corps et âme au prince, puis au général, et pour quel résultat ?!!! être traiter moins bien qu'un chien errant ! J'enrageais maintenant, et cette rage fit reculer la douleur. Guillemaud parla de William, mais sans aucun accent fraternel, pas même un doute, un regret, rien. N'avait-il donc aucun souvenir de bons moments avec lui ? je devais faire comme lui : tout effacer de ce jeune passé de vampire en moi, et me créer un nouveau moi. Mais le pourrais-je ? j'avais toujours obéi : à mes parents, mes professeurs, ma hiérarchie, la loi, le prince, et lui, maintenant... Saurais-je un jour voler de mes propres ailes ? ou n'étais-je que l'éternel second ? Eternel prenait tout son sens, vu mon état...

* Il a raison... la solitude m'effraie... * constatais-je, amer.

L'image de William, enfermé dans un cercueil d'argent, au fond de la mer, me fit mal. Même la corde coupée entre nous, j'avais envie de le secourir.

* Non. Je n'en ferai rien. *

Et d'ailleurs, les océans couvraient 80 % de la planète, alors... où chercher ? oh ! la bonne excuse... Mon corps n'offrait plus aucune résistance à la colère de Julien. Sans doute avait-il relâcher sa pression sur moi, car j'en profitais brutalement pour me retourner, saisir sa jambe, la tordre en m'en prenant au genou, et étaler par terre celui qui se prenait pour mon maître.

- Je t'ai rien demandé ! lui criais-je. TU es venu me chercher. TU t'es servi de moi. TU avais des idées en tête en me prenant "sous ton aile". J'hurlais, hors de moi : TU ME PRENDS VRAIMENT POUR UN C*N ?!!!

Je reculais de deux pas, lessivé par ce dernier effort, les yeux lavés par la déception :

- Oui. Oui, j'aime encore William, parce qu'il m'a aidé. J'étais un chien perdu, sans collier, et lui, le prince, a bien voulu de moi, quand tous les autres vampires me voyaient comme un BATARD ! mais avec lui près de moi, les regards ont changé, les langues se sont tues.

J'esquisçais un geste d'abandon :

- Tu pensais me manipuler, hein ?... et c'est ce que t'as fait tout ce temps... Douze ans...

Je reculais encore d'un pas, titubant vers l'ascenseur.

- VAS-T-EN !!!! sors de ma vie !

Plus de guerres, plus d'ordres intempestifs, plus... mes doigts tâtonnaient pour trouver le bouton. Les portes s'ouvrirent en laissant échapper un "ting !" pour signaler leur mouvement. Seul... pour la première fois de ma vie -et de ma non-vie !-. Les premiers instants de celle-ci me revinrent d'un coup : le désarrois, la peur, les questions par milliers, mais j'affronterai tout ça. Julien l'avait dit : il était prêt à me sacrifier. C'était la deuxième fois qu'il me le disait. En face. Et je savais qu'il le ferait.

* Cet idiot ignore que jusqu'ici, j'étais prêt à me sacrifier pour lui, tout seul. Mais c'est fini : je veux vivre ! faire mes propres choix. Et en récolter le fruit. *

Cette fois, pas de bracelet d'argent. Pas de punition librement acceptée, avec l'espoir de progresser. Non ! Mon regard se fit dur malgré ma faiblesse...

* Fini le True, aussi. *

Comme ça, s'ils doivent me tuer, ils le feront avec une raison ! Une haine inconnue jusqu'alors m'emplit, qui englobait tout sans distinction : William, Julien, les vampires, les humains (qui me haïssaient), tous.
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptyJeu 27 Mar - 12:51


Tandis que je malmenais Leslie j’attendais qu’il réagisse, laissant ma colère s’exprimer en partie sur lui. Je voulais qu’il ne soit plus un mouton aveugle mais un vampire décidé à agir par lui-même. Je voulais qu’il grandisse et n’agisse plus par passion mais par conviction. La passion n’est rien qu’un sentiment qui affaiblie, faisant de l’individu un être incontrôlable. Je voulais au contraire qu’il soit capable de se contenir en chaque instant, qu’il n’agisse pas aveuglément mais par choix tout comme je le faisais moi-même. En tait-il seulement possible ? Peut-être si j’en croyais ce qu’il venait de faire.

Car il était à présent en train de m’hurler dessus après m’avoir fait basculer au sol, se servant de sa colère comme d’un puissant levier pour reprendre la main l’espace d’une fraction de seconde. Il m’hurlait sa blessure d’avoir été manipulé, et son amour pour William, du moins les raisons qui l’avaient poussé à le servir. Malgré son état il avait encore la force de s’exprimer avec force et faisait preuve d’une volonté puissante. Le vampire qu’il était, celui-là même qui était resté caché derrière son humanité depuis tant d’années, prenait enfin sa place. Son apprentissage portait enfin ses fruits.

Je le laissai alors s’éloigner en direction de l’ascenseur, me relevant et regardant les portes de la cabine se refermer sur lui. Je fis signe de la main à Alfred qui venait d’arriver dans la pièce sans un bruit de ranger les débris de ma discussion avec Leslie tandis que je sortais sur ma terrasse. Fermant les yeux un instant, je respirai les odeurs de la ville et étendis mon ouïe autant que me le permettait ma nature de vampire. Puis après une minute, le temps qu’il fallait à l’ascenseur emprunté par Leslie pour arriver au rez-de-chaussée de l’immeuble, je montai sur le bord du toit qui surplombait l’entrée du bâtiment, plusieurs dizaines de mètres en contrebas. Grâce à mon ouïe je sus quand sauter dans le vide pour atterrir sur mon Second lorsqu’il sortirait par l’entrée principale de l’immeuble. Un tel saut serait douloureux pour nous deux, bien que moindre pour moi mais tout aussi rude.


Leslie. murmurai-je juste avant l’impact afin qu’il me voit arriver sur lui mais qu’il ne puisse m’éviter.

Lorsque j’atterris sur son dos le choc me fit tomber au sol et il nous fallut tous deux une bonne minute avant de pouvoir esquisser le moindre geste. La porte vitrée du bâtiment ainsi que le bruit du choc avait attiré les gardes postés dans l’entrée et d’un geste douloureux de la main je leur indiquai de surveiller les alentours le temps que je puisse me relever et combattre si nécessaire. Je ne dus qu’à mon âge et de ce fait de ma constitution de ne pas être totalement immobile à cause de la douleur. Leslie lui étant plus jeune, ajouté à cela le traitement que je lui avais infligé plus tôt, était en piteux état. Me relevant non sans peine, je m’ouvris le poignet avant de faire couler un peu de mon sang dans sa bouche. Cela lui permettrait de tenir jusqu’à ce que je le porte dans mes appartements où nous allions reprendre notre discussion.

Mon majordome nous y attendait déjà, nous ouvrant la porte de mon logement. J’esquissai un sourire à son attention, satisfait de voir qu’il comprenait mes attentes sans que je n’aie besoin de lui parler, avant de lâcher Leslie dans mon canapé. Sur la table basse se trouvait une vingtaine de poches de sang et deux seaux à champagne. Si prévenant Alfred. Je vidai une poche d’un trait avant d’user de ma vitesse vampirique pour remplir les deux seaux avec les poches restantes sauf une que je portais à la bouche de Leslie.


Reste calme et écoute-moi Leslie, je dois te parler. Mais avant bois, tu en as bien besoin. Et moi aussi. lui dis-je d’un ton posé, presque paternel en affichant un léger sourire.

J’ai dû employer les grands moyens pour te calmer et te ramener ici mais je suis prêt à cela pour te garder auprès de moi. lui dis-je dans un premier temps en émettant un bref rire car il pourrait sans mal voir que je n’étais pas non plus dans un état des plus reluisants bien que meilleur que le sien.

Commences-tu à comprendre la raison de tout cela Leslie ? lui demandai-je avant de poursuivre devant son silence. Je n’attends pas de toi que tu me suives aveuglément, sans comprendre et analyser mes paroles et actions. Ce n’est pas moi que tu sers Leslie, mais nos Maîtres Augustus et Krystel. Tu les sers en me servant, en appliquant mes ordres et mes sentences. N’agis pas par passion ou par amour mais par conviction. Tu es ton propre maître Leslie, et il te revient de choisir ta voie tout comme j’ai choisi la mienne, tout comme William a choisi la sienne. dis-je avant de me taire un instant pour vider la moitié de mon seau en un instant avant de poursuivre, apaisant de ce fait un peu ma douleur.

Je ne sers pas nos souverains parce que « c’est comme ça », parce que « c’est la loi ». Je les sers parce que je crois en eux, je crois en leur capacité à gouverner notre espèce et à long terme à assoir notre pouvoir sur le reste de ce monde. William lui a cru qu’une autre voie était possible, il a cru pouvoir prendre leur place et faire mieux mais il a échoué dans sa tentative, tout comme Renard. Et toi Leslie, quelle sera ta voie ?

Je ne condamne pas William pour son choix, mais parce que ce choix l’a amené à devenir un ennemi de mes Maîtres. Je n’ai pas oublié que lui et moi avons été amis avant cela, mais nous avons chacun choisi notre propre voie en ayant conscience des conséquences que cela aurait.
lui dis-je d’une voie assurée qui ne laissait aucun doute quant à la sincérité de mes paroles, quand bien même il pourrait prendre cela pour une tentative de manipulation.

Quand je te dis attendre de toi que tu deviennes un vampire digne de ce nom c’est de cela que je te parle Leslie. Ne sois plus guidé par ta passion, prend ta vie en main et agis par conviction. Qu’importe où cela te mènera au final, c’est ainsi seulement que tu seras celui que tu es au fond de toi. Prend conscience du monde qui t’entoure, interroge-toi sur le pourquoi de chaque chose et décide-toi. Pour la première fois de ta vie Leslie, je te laisse choisir en toute connaissance de cause.

Choisi la loyauté véritable, l’engagement. Choisie de servir Augustus et Krystel en assurant ton poste à mes ordres en tant que Bras droit du Général de la Garde Royale. Pour l’heure nos souverains t’ordonnent, comme à chaque soldat de la Garde, de suivre mes ordres, car ces derniers découlent des ordres qu’ils m’ont donnés. Et si un jour ils t’ordonnent de m’espionner ou même de me tuer alors tu devras agir selon ta conviction d’alors, comme je l’ai fait avec William, en dépit de tout sentiment, par conviction.
dis-je avant de faire une brève pause et de lui présenter l’autre possibilité qui s’offrait à lui, par souci de transparence.

Mais tu peux aussi choisir une autre voie. Celle de la sédition, de la trahison envers Augustus et Krystel, et des conséquences d’un tel choix. Le statut de traître, la peine de mort dont tu seras la cible, la traque et l’infamie. Tu peux choisir cette voie si telle est ta conviction, mais prend conscience de ce qui t’attendra alors.

Voilà les choix qui s’offrent à présent à toi, ici et maintenant. Tu n’es pas obligé de me répondre maintenant, tu peux partir dès à présent si tel est ton souhait. Tu sais ce qui t’attend et ne peux t’y soustraire, il te faut choisir.

Sois loyal, sers nos Maîtres et tu pourras vivre comme un véritable vampire et appréhender notre espèce et le monde tels qu’ils sont. Ou trahis-les et je te traquerai pour te tuer comme tout ennemi de mes Maîtres, car telle est ma conviction. Comprends-tu maintenant tout ceci Leslie ?
lui demandai-je une nouvelle fois d’un ton solennel, vidant ensuite la moitié restante de mon seau avant de le poser sur la table basse.

Hrp:
Spoiler:
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptySam 29 Mar - 13:44

*Il m'a laissé partir... *

C'était si inattendu ! je pensais réellement qu'il me tuerait pour ce que j'avais dit. Mais non. La réaction du Julien me laissait perplexe. J'avais oublié de lui demander si ma Sire avait été punie pour son acte. J'avais lu quelque part que d'après les lois vampires, il arrivait qu'on tue et le Sire et le Néonatus en cas de violation d'une règle sacrée. J'ignorais laquelle, il y en avait plusieurs, suivant les sources. Mais moi... on m'avait laissé vivre. Je haussais les épaules et la douleur me traversa. Le Général m'avait durement rossé, la vache ! En plissant le nez, j'observais un court instant la cabine qui descendait toujours. Guillemaud ne cherchait pas à me retenir non plus ?

* Piège ? *

Je le voyais mal se laisser traiter ainsi, admettre d'être attaqué comme je venais de le faire, et pourtant... L'impensable se produisait.

* Il va lâcher sa meute sur moi ?... *

Possibilité parmi tant d'autres... Je me sentais LIBRE ! pour la première fois depuis quinze ans. J'allais boire à la veine d'humains, traîner mes guêtres un peu partout dans le vaste monde qui s'ouvrait à moi, goûter à tout, toucher à tout : l'immortalité m'appartenait enfin. Pourquoi n'avais-je pas ouvert les yeux avant ? Par quoi allais-je commencer ? Les hypothèses les plus folles défilaient : le tour du monde, devenir écrivain, chroniqueur ? non ! chasseur de prime !!! ouais ! c'était une bonne idée. Je pourrais bien gagner ma vie... aux US. J'étais un bon flic, et j'avais du flair. Quelques mois avec Evey, trois ans avec le Prince, et le reste avec Julien. Il était temps de s'affranchir de tout ça.

La cabine s'arrêta et s'ouvrit sur le hall. Pas de comité d'accueil ? Prudent, j'avançais en m'attendant à tout, mais le type de l'entrée me salua comme d'hab'... Je demeurais sur mes gardes, la porte d'entrée s'ouvrit devant moi et je demeurais un instant là, dehors, à humer l'air froid et humide. Un crachin s'échinait à me gâcher la soirée :

- Comme s'il fallait pleurer sur ma liberté... murmurais-je.

J'entendis murmurer mon nom, et reconnus la voix de Julien : allons bon ! il commence déjà à me hanter ? Mais mon instinct hurla et tentais d'éviter l'impact. En vain ! Guillemaud me tomba sur le dos, au sens propre, et tous les deux, avons roulé sur le trottoir, étourdis par le choc. Ce fut bref, intense, et tellement fort.

* Je savais qu'il me lâcherait pas comme çà... * eus-je le temps de penser dans le chaos de nos membres emmêlés. Autant dire que j'étais complètement sonné. Et la douleur !!!! Je ne bougeais plus, attendant la suite. J'entendis des pas se précipiter vers nous, puis refluer. Julien voulait m'achever seul. Il devait être furieux... au milieu de mon calvaire, je tentais un sourire ridicule et dégoulinant de sang, avant de sentir le sien. Pas la force d'ouvrir les yeux, je bus, sans me faire prier, et sans états d'âme : il me devait bien çà ! Le reste, je ne m'en souvins pas... mais la voix de mon boss me parvint de très loin :

Reste calme et écoute-moi Leslie, je dois te parler. Mais avant bois, tu en as bien besoin. Et moi aussi.

* A quoi joue-t-il avec moi ? *

S'il me tue, personne ne lui posera de question, trouvant même son geste tout à fait normal. Alors pourquoi s'acharner à vouloir me garder près de lui, et à risquer le froncement de sourcil de Krystel ? Alors là... mystère ! A l'intonation de sa voix (je n'ouvrais pas encore les yeux), je le devinais pourtant de bonne humeur, ce qui me donnait une raison supplémentaire de me méfier. Il avait sauté du dernier étage, et là, il plaisantait ? Foutu vampire ! il avait une force insoupçonnable, bien plus puissant que ce que j'avais pu imaginer jusqu'à présent.

Commences-tu à comprendre la raison de tout cela Leslie ?


Autant le casser tout de suite :

- Non, lâchais-je entre mes dents brisées, mes lèvres éclatées, et mes cheveux poisseux de sang.

* Prends ça dans les dents ! * Cela me fit du bien de le prendre de haut comme ça. Finit de jouer les larbins. S'il venait me ramasser dans la rue, il avait une raison, et je voulais connaître laquelle. Il s'expliqua, je répondis :

- Je ne veux pas les servir. Ils ont tué William. Et toi, tu l'as trahi. Comment réagirais-tu si je servais le traitre qui t'a livré ?

Il était visible que je demeurais persuadé de l'innocence du Prince, et attaché à l'idée du coup monté contre lui. Epuisé, j'arrêtais de parler, et écoutais en buvant avidement le sang offert.

- Ma voie ? Celle du Prince. Je crois aussi à une autre non-vie.

Après tout, les humains s'étaient bien débarrassés de souverains, pourquoi pas nous : et là, c'était trop ! Rien ne semblait limiter la puissance de Krystel et de son roi, aucune loi, aucun dieu, aucun démon, rien. Aucune borne à leurs desiderata... Ma franchise me coûterait la vie, sans doute.

Je ne condamne pas William pour son choix, mais parce que ce choix l’a amené à devenir un ennemi de mes Maîtres. Je n’ai pas oublié que lui et moi avons été amis avant cela, mais nous avons chacun choisi notre propre voie en ayant conscience des conséquences que cela aurait.

Là, j'ouvris un oeil pour voir s'il ne se fichait pas de moi... Julien avait l'air mal en point... Je n'en revenais pas...

- Tu ne condamnes pas ton Prince et Ami ? hummmm.... Bonne nouvelle alors !, commentais-je, sarcastique.

Un tel aveu faisait de belles jambes à William, mais quand même... Si Krystel apprenait çà, elle obtiendrait la tête de celui que, visiblement, elle faisait surveiller de près, si j'en croyais les non-dits de Torben quelques heures plus tôt. Les paroles qui suivirent me touchèrent au plus profond de moi :

Ne sois plus guidé par ta passion, prend ta vie en main et agis par conviction. Qu’importe où cela te mènera au final, c’est ainsi seulement que tu seras celui que tu es au fond de toi. Prend conscience du monde qui t’entoure, interroge-toi sur le pourquoi de chaque chose et décide-toi. Pour la première fois de ta vie Leslie, je te laisse choisir en toute connaissance de cause.

Il avait fallu cette terrible dispute entre nous pour qu'il se décide enfin à me parler comme j'espérais depuis si longtemps qu'on me parle... oui... mais il avait trahit le Prince ! Cette idée ne me quittait pas et empêchait tout bénéfice que j'aurai pu en tirer. A la suite, je répondis en silence par un signe négatif de la tête, refusant toute compromission avec ces maudits souverains. William avait représenté un obstacle pour eux, et ils l'avaient éliminés. Je leur en voulais.

(...) Et si un jour ils t’ordonnent de m’espionner ou même de me tuer alors tu devras agir selon ta conviction d’alors, comme je l’ai fait avec William, en dépit de tout sentiment, par conviction.

J'ouvris brusquement les yeux (douloureux !), plantais mon regard dans celui de Julien et répondis sèchement :

- J'adorerai l'ordre de te buter, traitre.

Ah ? obéir à Krystel pourrait me plaire ?... je refermais les yeux, surpris et réticent. Julien me manipulait encore ? Il avait fait une pause... avant de m'offrir une vision apocalyptique de ma liberté toute neuve et une ultime mise en garde :

(...) mais prend conscience de ce qui t’attendra alors.

Je le regardais à nouveau, incapable de bouger. Mes os brisés se remettraient d'autant plus vite que j'avalerais plus de litres de sang. Je souris, emplis de désillusion.

- Humain, on est plus libre que çà. Tout ce que tu m'offres, c'est une éternité d'esclavage au service de tyrans aveuglés par leur propre décadence.

Mon regard soutint le sien, provocateur :

- Ben quoi ? tu n'imaginais tout de même pas que je te sauterai dans les bras en criant ma reconnaissance devant ta grande générosité, non ?

Silence. Lourd. Sourd.

- Humain, j'étais libre, et je servais le pouvoir. Le pouvoir de chacun d'entre nous comme représentant d'un peuple. Le Roi d'Angleterre ? une guigne dont il fallait financer les extravagances, mais qui nous rapportait de l'argent par l'afflux de touristes. Croyaient en eux qui le voulait. Les autres étaient libres. Et c'était pareil pour Dieu. Et même le Diable ! Et on était mortels !

Je bus encore, sans vergogne.

- Ma réalité n'est pas la tienne. Tu t'aveugles toi-même.

Je ris.

- Sais-tu que tu es dans le colimateur de tes très chers maîtres ? ajoutais-je, goguenard.
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptySam 29 Mar - 15:28


Malgré son état Leslie avait encore la force de se montrer cinglant, ce qui pouvait être un atout si cela il n’était pas simplement mue par ses sentiments. Au moins son mauvais état l’obligerait à discuter avec moi sans pouvoir partir. J’espérais qu’il prendrait conscience de ce dont je lui parlais mais avec lui il était difficile de prévoir sa réaction tant il se laisser aller. Bien qu’il soit encore dans l’erreur je décidais de répondre à sa première question.

Si je venais à trahir Augustus et Krystel, il serait normal que je sois dénoncé, telles sont les règles du jeu et je les accepte car telle est ma conviction. C’est bien cela que j’essaie de te faire comprendre Leslie. La conviction supplante tout le reste, elle te permettra de réagir avec sang-froid et d’être maître de toi-même.

Malgré mon envie de l’élever et de faire de lui un vampire puissant, Leslie semblait incapable de se départir de ses sentiments, que ce soit au sujet de William ou même de manière générale. Il était trop impulsif et incapable d’ouvrir les yeux. Etait-ce là un fait immuable ? J’espérais que non car il était un second que je ne voulais pas remplacer. Pour autant s’il faisait le mauvais choix il périrait comme je venais de lui expliquer quelques instants plus tôt.

Tu penses encore de la mauvaise manière Leslie. Que tu aimes ou non devoir me tuer sur l’ordre de nos souverains n’entre pas en ligne de compte si tu as choisis de les servir. Si ta conviction te pousse à suivre leurs ordres, la mienne m’imposera de ne pas m’y soustraire, quand bien même ils t’ordonneront de m’exécuter. En revanche si tu choisis la voie de la dissidence, tu le paieras de ta vie car telle est ma voie. Les sentiments n’ont pas leur place au sein de notre espèce, seules les convictions te permettront de vivre pleinement ta vie. lui dis-je avant de me taire un instant, le temps pour lui de digérer mes paroles et moi de réfléchir à un point qu’il avait sous-entendu à plusieurs reprises.

L’espace d’un instant laisse de côté tes sentiments pour William et analyse la situation de manière objective Leslie pour répondre à la question suivante. dis-je un brin solennel avant de poursuivre.

Tu es persuadé que William était un obstacle pour Augustus et Krystel. Mais un obstacle à quoi ? Que pouvait-il donc les empêcher de faire compte tenu de leur puissance respective et plus encore depuis qu’ils incarnent le couple royal régnant sur notre espèce ? lui demandai-je donc avant de me taire.

J’étais curieux à ce sujet, qu’il me fasse part des idées fumeuses qui pouvaient embrumer à ce point son esprit. Il avait tellement peur d’être manipulé qu’il ne se rendait même pas compte qu’il se trompait lui-même, idolâtrant son ancien maître en dépit de ses agissements. S’il voulait s’élever contre Augustus et Krystel, qu’il le dise dès maintenant et je l’exécuterai, mais au moins il cesserait de se mentir aveuglément.

Quelques minutes plus tard je repris ensuite la parole après qu’il eut exprimé un point de vue sur sa condition en la comparant avec celle qu’il avait en tant qu’humain.


C’est un point de vue intéressant Leslie mais de mon propre avis l’Humanité n’est pas libre, l’Homme est esclave de lui-même et de ses pairs. En quoi étais-tu libre autrefois Leslie ? Libre de travailler pour pouvoir répondre à tout un tas de corvées, imposées par d’autres ou que tu t’infligeais probablement toi-même. Alors quelle différence avec ta condition actuelle au final ? Tu es tout aussi libre de choisir ta voie, par conviction.

Mortel ? Mais tu peux tout aussi bien disparaître dans l’instant, ta non-vie comme tu dis peut s’arrêter dans une seconde. Qu’est-ce que cela t’apporterait ? Quel est ce manque qui t’amène à regretter d’être immortel ?
lui demandai-je sincèrement. Nous étions certes immortels mais l’on pouvait mourir définitivement alors je ne comprenais véritablement pas ses regrets à ce sujet.

Ma réalité n’était pas la sienne et je m’aveuglais moi-même ? Curieuse position car évidemment je n’étais pas le moins du monde d’accord avec lui. La réalité n’est qu’un concept subjectif correspondant à une vision toute personnelle du monde qui entoure chaque individu. Pour ma part j’exprimais ma manière de voir les choses et ce qui était à mon sens la meilleure manière d’appréhender le monde. Je ne voulais pas d’une vie à me laisser porter par des inepties telles que les sentiments. Mes convictions me permettaient de rester maître de moi-même, en décidant de servir Augustus et Krystel. J’étais un subalterne, un pion entre leurs mains et n’avais aucun problème avec cela car j’en avais conscience. Et je l’acceptais car telle était ma conviction. C’était là ce que Leslie ne pouvait comprendre à ce jour.


Parce que tu crois que je l’ignore ? lui dis-je en esquissant un léger sourire. Mes convictions me font agir d’une certaine manière, que peu de personnes comprennent. Pour certains je ne suis qu’un opportuniste, pour d’autres un traître, dis-je tendant un doigt dans sa direction. Certains me considèrent comme un ambitieux qui cherche le pouvoir afin de monter sur le trône de notre espèce quand d’autres encore ne voient qu’un lèche-bottes. dis-je en affirmant mon sourire à son attention.

Mes Maîtres se doivent de surveiller ceux qui les servent et je n’échappe pas à la règle. Quel mal y a-t-il à cela ? Leur position leur impose de se tenir au courant, d’anticiper et de veiller. Tout comme je le fais avec ceux qui me servent. Mon projet d’union avec Jana les inquiètent car ils sont incapables de comprendre que je ne veux pas du trône mais simplement les servir, quand bien même je ne renie pas les avantages gagnés. Je suis pour l’heure l’unique Général de la Garde Royale et j’ai affiché mon envie de rejoindre la famille royale par le mariage. Je suis probablement à leurs yeux un élément à risque, à moi de leur montrer qu’il n’en est rien. lui dis-je sans aucun agacement tant j’avais conscience de ma position auprès de Krystel, Augustus ne pouvant s’exprimer sur le sujet actuellement.

Je suis en tout cas ravi de voir que tu es bien informé Leslie, je n’en attends pas moins de mon Second. lui dis-je sans moquerie aucune.
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptyMer 2 Avr - 5:35

* Et allez ! ça recommence !!! *

Il y tenait à ce que je "garde mon sang-froid" et à la "maîtrise de mes émotions" ! Si j'avais pu j'aurais longuement soupiré pour lui faire entendre la fatigue éprouvée à toujours entendre la même chose. Mes côtes brisées me faisaient un mal de chien, et de toute manière, mes poumons ne me servaient plus à rien, alors... Je me laissais aller dans le canapé où je me trouvais, bien décidé à laisser passer la tempête, avec l'impression tenace que Julien me prenait pour un enfant révolté qu'il fallait remettre sur le droit chemin. Mon père... les souvenirs me revenaient en pleine figure. Quand il entrait à la maison, son aura de défenseur de l'ordre semblait le précéder et tout filait droit. Mes soeurs cessaient leurs disputes, et minaudaient devant lui, ma mère, toujours très amoureuse, le couvait discrètement du regard, et lui admettait tout cela comme naturel. Moi, je ne pensais qu'à une chose : lui ressembler. Je devinais la fierté éprouvée à voir ainsi sa famille l'admirer et tout faire pour lui plaire. Je savais qu'il était fier de ma réussite professionnelle, des études de mes soeurs, de la beauté et de l'amour que lui portait son épouse. Pourtant, une fois Etreint, il m'avait rejeté, durement, et je m'étais retrouvé seul. Le visage d'Evey s'imposa de nouveau. Que serais-je devenu sans elle ? Je trouvais assez de forces pour me rebiffer :

- Je ne suis pas un dissident. Je ne veux pas servir le couple royal.

Bon, asséné comme ça... Evidemment, je ne paraissais pas sous ma meilleure nuit... Je sentais bien l'agacement de Guillemaud. Je mettais ses nerfs à rude épreuve, et pourtant, pourtant... il ne me tuait pas. Il ne s'excusait toujours pas de son attitude envers moi : me manipuler ainsi ?!!! et il croyait que j'allais encore le suivre ?!!!

* Ah çà, non !!! *

Le ressort qui me motivait à le servir, qu'il était le meilleur ami de William et l'avait aidé et aimé jusqu'au bout (!), était brisé. Alors, que restait-il ? un ambitieux prêt à tout pour se trouver en haut de l'échelle sociale vampirique, dur, insensible, impitoyable, au point d'éveiller les soupçons de ceux qu'il servait. Quand à laisser de côté mes sentiments pour le Prince :

- Non, lâchais-je, boudeur.

Mais je sentais bien que je cherchais à me raccrocher à une bouée, et que William n'en était plus une. L'impression de vide me mit l'estomac au bord des lèvres, et je dus fermer les yeux pour ne pas vomir -d'ailleurs, je pouvais vomir ? moi ?-.

- J'en sais rien. C'était son problème, pas le mien.

Réponse lapidaire, soufflée dans la souffrance et la désillusion. Il ne me restait plus rien. Jusqu'à présent, je m'étais bercé de l'illusion de retrouver un jour William. Mais maintenant, je devinais confusément que je ne le retrouverai jamais. Devenu inutile... je me sentais si seul. Même cette agaçante Hannah avait disparue. Oh ! elle ne me manquait pas, mais... comme William, pfuiiiit ! évaporée. Et moi, j'étais toujours là. Je souris crânement quand Julien parla de ma seconde mort. Elle était diablement attirante, à portée de main...

* La main de Julien... *

Il venait de poser LA question, et je répondis dans un souffle :

- Je n'ai pas choisi.

C'était lapidaire. Trop ? Cette impression persistante que personne ne m'avait rendu justice en punissant ma Créatrice, me laissait un mauvais goût dans la bouche. Mais il y avait d'autres choses derrière cela. Je n'avais pas VOULU cette vie, donc, jamais je ne m'y étais projeté, jamais je ne l'avais rêvé. Tout c'était résumé à un cauchemar s'étalant de nuit en nuit, recouvrant jusqu'à la faire disparaître, ma vie d'avant. La chute de commissaire à videur, ce n'est pas exactement ce qu'on attend de l'immortalité. Jamais je n'avais été imbu de moi-même, humain, et je ne le serai probablement pas comme vampire. Mais quand même, cette chute m'avait profondément blessé. Des types étaient propulsés shérif sans avoir fait d'école, ni passé de concours, seulement parce qu'ils étaient princes ou ambitieux. Les plus aptes à ce travail, écartés du seul fait de leur manque de carriérisme. Et enfin, enfin (!!!), Julien parla de lui, assurant ne pas s'outrager du fait d'être surveillé, trouvant même cela normal... c'était bien ce Julien là que j'avais suivi au début. Pourquoi son image s'était-elle brouillée à ce point ?

* Parce qu'il a TRAHI William. Son "meilleur ami"... Tu parles ! *

Ma voix, ténue, demanda :

- Quand tu es allé voir William, ton ami, que t'a-t-il répondu ?

Je voulais savoir. Après tout, maintenant, le Général ne semblait plus trop m'en vouloir, allant jusqu'à me féliciter. Alors, je poussais mon avantage. Normal, non ?
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptyMer 2 Avr - 15:00


La colère qu’avait fait naître en moi le comportement de Leslie n’avait pas disparue, pour autant elle était à présent passée au second plan. Contrairement à lui j’étais capable de contrôler mes émotions, ne les laissant s’exprimer contre ma volonté qu’en de très rares occasions comme tout à l’heure lorsqu’il avait médit à propos d’Augustus. Pour autant cela ne se reproduirait plus ce soir, car à sa manière il m’avait permis d’évacuer mon trop plein de déception et de colère.

Parce que tu crois que j’ai choisi de devenir vampire ? dis-je sans véritablement attendre de réponse de sa part ?

A mon époque les vampires étaient loin d’être une réalité officielle et mon étreinte m’est tombée dessus à un moment où j’avais l’esprit occupé à mes affaires. J’étais en plein combat à mains nues avec mon ennemi et venais de le tuer lorsque mon créateur s’est jeté sur moi. A mon éveil il m’a expliqué les règles qui régissent notre espèce et j’en ai tout de suite compris les avantages.

Humain je n’avais pas choisi la vie miséreuse qui était la mienne, tout comme celle de la majorité de la population à l’époque. Pour autant comme je viens de te le dire je n’ai pas non plus choisi de devenir vampire. En revanche ce que j’ai choisi, c’est de survivre et pour cela il m’a fallu apprendre les codes de notre espèce, connus ou secrets, comme ceux que j’essaie de t’apprendre depuis un moment maintenant.
lui dis-je sans reproche. Lui n’avait pas eu de créateur pour lui apprendre à survivre parmi les nôtres et je conservais cette donnée à l’esprit. Je lui proposais de tenir ce rôle avec lui mais lui ne voyait que la manipulation que j’avais appliqué sur lui au début du croisement de nos vies. De pion il était devenu mon second, inconscient de la chance que lui avais offerte à cette occasion.

D’accord tu n’as pas choisi ta nouvelle vie mais tu dois choisir de vivre ou de mourir. De ce choix crucial dépendront le reste de tes décisions Leslie. dis-je pour revenir à lui. Oui tu as été un pion entre mes mains lors de nos premières rencontres, mais ton statut a changé lorsque j’ai fait de toi mon Second.

Pour la première fois j’affirmai ouvertement l’avoir utilisé et ceci ne lui plairait peut-être pas mais au moins pourrait-il y voir la sincérité de mes paroles. Pour autant avec Leslie rien n’était joué d’avance, voilà bien le seul avantage que l’on pouvait tirer de son attitude impulsive. Lorsque sa question se fit entendre, je plongeai mon regard dans le sien et lui répondis sans sourciller.

Il collaborait avec Renard pour capturer Maryana Watheerey et voulait que j’en fasse de même. J’ai accepté son offre en lui exprimant toute ma réticence à travailler de concert avec la vampire âgée, mes contacts de l’époque m’ayant alors permis d’obtenir des informations au sujet des sombres projets de Belle Angeline Renard. lui dis-je en commençant mon récit. Mais au fil de nos rencontres à trois, j’ai pu me rendre compte de ce que projetait en réalité la vampire : un coup d’état. J’ai tenté de prévenir William mais il n’a pas voulu ouvrir les yeux et s’est entêté à suivre Renard, répétant inlassablement qu’elle n’était qu’une victime de nos souverains. C’est ainsi qu’il a maintenu sa course vers sa chute en dépit de mes recommandations. dis-je encore avant de me taire.

Leslie comprendrait-il qu’il suivait les traces de son ancien maître et qu’elles le mèneraient exactement au même destin funeste ? Peut-être pas, mais mon envie de le faire progresser espérait que si en dépit de tous les signaux négatifs que son attitude affichait. Que devais-ej faire pour lui ouvrir les yeux ?

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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptySam 5 Avr - 5:07

A la réflexion, depuis toujours, j'avais appris à obéir à un supérieur : mes parents, mes profs, le superviseur (de police)... et ma vie immortelle s'était poursuivie ainsi. Le prince, le shérif... alors pourquoi pas la reine et son p... de roi ? Crise adolescente ? Derrière mes paupières fermées, mes yeux voyaient danser des lumières blanches sur fond écarlate. Mon bras gauche me faisait tellement mal que je bougeais légèrement pour le soulager. J'en appris plus que jamais espéré sur Julien. Venant d'un milieu misérable et pourtant choisi, élu, par un vampire appréciant visiblement ses capacités à se battre, sauf que lui avait saisi l'occasion offerte pour se sortir de sa crasse.

- Ce n'était pas de la haine, mais de l'intérêt, qui ont conduit ton Sire à te créer.

Evidemment, tout n'était pas là, mais quand même...

- Et puis, il est resté avec toi ? non ?

Je ne cherchais pas d'excuses, juste à comprendre. Personnellement, quand tout cela m'était arrivé, je n'avais pas trouvé avantage à ma carrière. Lui n'avait rien. J'avais "tout" : métier, famille... apprécié, suivi, peut-être bien admiré, même, je m'étais retrouvé rejeté de tous, ravalé au rang de videur. Moi... le plus jeune commissaire d'Ecosse ! Plus le temps passait, plus je me posais de question sur ma Sire. Au début, j'aurai voulu la fuir. Durant les Années Sanglantes, je rêvais de la trucider, et je l'avais activement recherchée... Un rictus déforma mes lèvres, mais mes souvenirs se fermèrent pour ne pas dévoiler mon secret. Je savais que le tabou était puissant chez les Nocturnes. Une nuit, j'étais tombé sur elle... Effrayée par les Lupins, la garce s'était réfugiée tout près de moi. M'ayant reconnu, ma Sire avait tenté de faire bonne figure, alors qu'elle transpirait la terreur et que ses yeux creusés hurlaient sa faiblesse. Depuis combien de temps ne s'était-elle pas nourrie ? peu importait... ou plutôt, si. La vampire avait tenté de me séduire : "elle avait fait ça pour mon bien...", "j'avais bien grandit"..., "je fréquentais du beau monde"...., "puissant comme j'étais, j'étais bien d'elle", et autres fariboles. Moi, je l'avais regardé, glacial... La tuer, c'était me condamner. Alors... J'ai trouvé le moyen de me libérer de sa tutelle : je suis un vampire LIBRE !!! personne ne le sait. Surtout pas Guillemaud !

Bien sûr, il semblait vouloir mon bien. Mais si j'avais appris une seule chose à son contact : c'est qu'un non-mort ne fait jamais rien par altruisme. Mes traits se durcirent alors que je tentais de changer de position. Nul ne pouvait savoir si cela venait de mes douleurs ou de mes pensées... La voix du Général s'était apaisée, comme si toute colère s'était évanouie, mais je ne m'y laissais pas prendre et demeurais sur mes gardes. Avec le recul, le Prince semblait dénué de cette sorte d'esprit et m'apparaissait de plus en plus comme une sorte de Robin des Bois. Julien n'aurait pas pu comprendre. Sous le coup de cette "révélation", mon visage marqua de la surprise et j'ouvris à demi les yeux, le regrettant aussitôt, tant la lumière me blessa. Mes pupilles avaient dû s'agrandir démesurément ! Julien aurait-il eu le temps de saisir cela ? sur quel compte le mettrait-il ? Je devais être plus prudent et aller dans son sens ? ou devais-je choisir l'opposition franche et risquer la mort tout de suite ? Le "vieux" avait avoué m'avoir utilisé comme un pion et je me crispais un instant, la rage prenant le dessus. Ce moment terrible de faiblesse, suite au relâchement de mes liens avec William, voilà sur quoi il avait débouché ! Cela éclairait d'un jour nouveau ma rencontre avec Torben... lui aussi m'utiliserait sans vergogne contre Julien. Mes doigts s'attardèrent à détailler la matière du canapé sur lequel je reposais, m'accordant ainsi un répit relatif au milieu de toutes ces pensées qui me brûlaient le cerveau et même l'esprit. Finalement, je répondis, sarcastique :

- A ouais ?... vraiment ?...

Il y avait de quoi douter qu'il voulut vraiment faire de moi son "Second", mais j'y avais cru si longtemps que je peinais, au fond, à croire le contraire.

* Me manipule-t-il encore ?!!! *

La leçon de la nuit se résumait-elle à "il n'y a pas d'amis dans la vie éternelle" ? Je fronçais à peine les sourcils en me demandant si l'amitié pouvait l'être, éternelle ? Mais entre Julien et moi, c'était plutôt une relation d'affaires, non ? Rien d'amical entre nous, simple relation de travail : je l'aidais et il m'aidait. Quand nos intérêts divergeraient, on se séparerait. D'une manière ou d'une autre. Mon esprit s'insurgeait contre une telle vision des faits. D'un naturel entier et sans demi-mesure, je ne pouvais accepter les clairs-obscurs qui pourtant semblaient s'imposer à moi. Devais-je, moi aussi, être tout en demi-teintes ? Mon âme s'y refusait, mon esprit luttait. Et moi ? je n'avais pas envie de mourir, finalement. Mais pourrais-je vivre contre mon âme et mon esprit ? Une douleur fulgurante dans l'abdomen me crispa, au point que je dus mettre mes deux avant-bras autour de lui, comme si cela pouvait suffire contre le mal. C'était idiot, à la réflexion, mais pourtant, en serrant mes bras autour de mon ventre, je me sentis un peu mieux et me détendis. J'avais soif. Terriblement soif ! j'aurai bu n'importe quoi ! même du vampire ! mais c'était tabou... non. J'avais déjà bu ma Créatrice. Mais chuuut ! personne ne devais jamais savoir d'où me venais cette force que tous pensaient acquises durant mes combats des Années Sanglantes. Et d'ailleurs, je n'en avais montré qu'une partie, ne me battant à fond que lorsque j'étais seul, sans témoin.

* On a tous nos petits secrets, bien noirs, bien sombres.*

Pudiquement, on appelle çà "jardin secret"... * Tu parles ! *. J'avais posé la question clef à Julien. Les derniers mots recueillis de la bouche même du Prince lors de leur dernière rencontre. Et voilà que j'avais enfin la réponse. Celle que j'attendais depuis des années, sans trop le savoir, mais qui me rongeait. Connaître enfin ce qui avait poussé William à la rébellion. Je bus littéralement les paroles de Guillemaud, les retenant, les berçant, les savourant. C'était comme si mon Prince me parlait, là, maintenant. Alors, religieusement, j'écoutais, tendu comme un arc. Quand ce fut fini, je retombais sur les coussins, vidé.

* Alors ainsi... *

- Que venais faire Maryana Watheerey là dedans ?

Je ne voyais pas en quoi sa capture pouvait gêner les souverains... Mon ignorance était telle que je passais, à n'en pas douter, pour le dernier des vampires. Peu importait : mieux vaux être bête un instant que toute sa vie ! Je tenais à avoir une réponse. Et quand il eut répondu, je poursuivis :

- Et puis, tu as parlé des sombres projets de Renard. Elle avait peut-être ses raisons pour oser se soulever contre une reine et un roi bien plus vieux qu'elle. Et y aller avec quelques vampires trop jeunes, comme ceux qu'elle avait réussi à réunir autour d'elle... c'était soit un suicide, soit de l'inconscience, mais en tout cas, une telle décision ne relève pas d'une lubie.

Je grimaçais de douleur en serrant mes bras autour de moi, avant de continuer :

- Tu ne peux pas lui enlever ça.

J'ignore pourquoi, mais je ne pouvais l'imaginer vouloir devenir reine...



Dernière édition par Leslie Ryan Anderson le Jeu 10 Avr - 9:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptySam 5 Avr - 9:51


L’avantage de notre discussion, faisant fi des règles de convenances élémentaires, était que nous en apprenions l’un sur l’autre plus que jamais auparavant. Je ne savais si cela serait véritablement bénéfique pour Leslie mais après tout ainsi il trouverait peut-être un certain apaisement. J’écoutais ses remarques au sujet de mon créateur. Il était indéniable que j’avais bénéficié d’un apprentissage complet quant aux us et coutumes de notre espèce ça je ne le niais pas, pour autant mon expérience était toute personnelle et ne résultait que de mon propre travail.

Effectivement. En comparaison j’ai eu la « chance » d’être tombé sur un créateur compétent, contrairement à toi. Pour autant s’il m’a apporté les bases, l’essentielle de mon expérience propre résulte de mon cheminement personnel. Quoi que tu en penses Leslie, ceux sont ces bases que j’essaie de t’apporter. lui dis-je avant de faire une brève pause. Comme tu le sais maintenant rien n’est gratuit chez les vampires et si je te forme c’est parce que j’ai besoin d’un Second compétent, avec un regard pragmatique sur le monde, voilà le pourquoi de toute ceci.

Les paroles suivantes de Leslie étaient à son image : utopiques et naïve. Sa vision du monde était encore celle d’un enfant humain, tout le monde il est beau tout le monde il est gentil. C’en était presque agaçant, et franchement consternant. Comme s’il pouvait y avoir des raisons valables à une trahison. C’était justement cette conception des choses ridicule dont je voulais le débarrasser.

Elle est à l’origine de l’attentat de 2010 et la débauche de pouvoir dont elle est à l’origine pouvait représenter un danger pour notre espèce, comme les démons l’ont montré au cours des Années Sanglantes. dis-je au sujet de la semi-démone avant de répondre à la suite de sa question.

Ne sois pas ridicule Leslie, aucune raison ne peut être valable à la trahison, ceux ne sont que des prétextes pour justifier l’ambition du pouvoir. « Avoir ses raisons » ne justifie en rien le fait de trahir nos souverains. J’espère sincèrement que tu ouvriras les yeux sur la réalité du monde qui t’entoure, sinon tu cours à ta perte Leslie.

Elle s’est simplement rendu compte de son échec et s’est jetée dans une tentative vaine et sans issue. Avec son expérience elle aurait pu s’élever parmi les nôtres, rejoindre la famille royale mais au lieu de cela elle a encouragé William dans sa quête de trahison, comme lui t’a poussé à détester Augustus et le voir comme le vilain désireux d’éliminer son épouse alors qu'il lui suffit d'un mot pour qu'elle ne puisse le contrarier étant donné qu'il est son créateur.
dis-je encore avant de me taire un instant. J’appelai mon majordome pour qu’il nous resserve deux seaux de sang, sentant encore la douleur de mon saut de tout à l’heure et voyant Leslie se tordre sur place.
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptyJeu 10 Avr - 9:30

Je me surpris à chercher des réponses, moi qui, une heure avant ne songeait qu'à tuer le Général, voilà que... Une rage sombre m'embrasa : il me manipulait ! encore !!! Le regard mauvais, je fouaillais ses pupilles, mais sans qu'il put dire si c'était ma rage ou la douleur qui me fouillait le corps. A rebours, je pourrais songer que c'était là une sacrée chance... En tout cas, cet épisode me permit de me détacher du contexte et de voir tout cela de plus loin. Enfin, je crois... Lui semblait plus calme, comme s'il pensait avoir le dessus, à nouveau. Il se trompait, bien sûr. Mais je l'écoutais sagement -pas moyen de faire autrement dans mon état-. Je me serai bien jeté sur le nouveau seau de sang, mais sut me tenir : surtout, ne pas me montrer en état de faiblesse. Je le pris, ce qui me coûta, tant le poids me parut déraisonnable, et but à petites gorgées précieuses. Des réponses que m'apporta Julien, je tentais de tirer le maximum, sans bien savoir, au juste, ce que je devais chercher. Mais je devais m'en imprégner, des fois qu'il dise enfin la vérité...

Il reconnut tout d'abord avoir eu plus de chance que moi, bien que, doté de sa très célèbre vanité, il dit avoir appris seul ce qui devait l'être...

* Pas étonnant, venant de lui. Il a la science infuse ! *

Je conservais visiblement, une certaine réserve face à ce qu'il "m'avouait". Il apprend seul, tire les conclusions seul, et, bon prince, est prêt à les partager avec moi, gratuitement... ben tiens ! j'allais le croire ! Je reniflais bruyamment au-dessus de mon seau de sang, un mélange de mon propre sang, et peut-être bien de petits bouts d'os de mon nez. La douleur fulgurante provoquée failli me faire lâcher mon goûter, mais je réussis à le conserver. Heureusement que j'en avais vidé une bonne part, sinon, le tapis de "MONsieur" en aurait souffert. Mes côtes me faisaient l'effet d'un xylophone sur lequel carillonnait allègrement la douleur. Bref, j'étais pas dans mon assiette. Mais lui non plus, avec ses airs bravaches : Julien avait morflé. J'avais réussi à lui mettre le nez dans la boue, qu'il le veuille ou non. J'avais remarqué ses gestes moins fluides. Il cachait bien son jeu, donc, il devait avoir sacrément mal.

* A moins que ce ne fut que le résultat de son saut du dernier étage ?... *

Ben quoi ? j'étais quand même lucide, malgré mon état. Une chose était certaine : il avait besoin de moi. Jusqu'à quand ? peu importait, en fait. Je devais apprendre. Mais le voulais-je ? Visiblement, ni lui ni moi ne nous étions réellement posé la question. J'avais des envies de lui balancer de noms à la figure, des héros des temps passés :

* Robin des Bois ! Spartacus ! *

Ils s'étaient dressés contre l'oppression, eux, et tous les autres, les inconnus, les oubliés. Ils avaient eu raison, quand trop était trop ! non ? Mon regard se ficha dans l'hémoglobine un peu épaisse entre mes mains. Songeur, je continuais à penser que jamais William ne se serait embarqué dans une galère s'il n'était pas certain qu'elle aille à bon port. C'était forcément pour notre bien à tous qu'il avait tout risqué. Je tiquais, tirant un instant ma commissure vers la droite. Julien continuait à parler, sans que je réponde. Il tenait vraiment à me convaincre, je le sentais bien. Très calmement, je répondis :

- Eclaire-moi encore un peu, toi qui sais tant de choses. Quel échec a-t-elle entrevu ? Après tout, elle a peut-être rejeté la corruption du système...

Là, il allait me décapiter. Mais c'était aussi l'occasion ou jamais d'en savoir plus sur toute cette affaire. A l'époque, j'étais bien trop "petit", tant en âge qu'en condition sociale pour n'avoir ne fusse qu'un aperçu de ce qui s'était passé alors. Je devais me rattraper. Vite !
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptySam 12 Avr - 15:23


Leslie était le seul vampire pour lequel j’étais prêt à perdre de mon temps à le convaincre en dépit de son attitude déloyale. Etait-il prêt à me trahir lui aussi, à suivre les traces de William dans la dissidence et le complot vis-à-vis de nos dirigeants ? C’était là un risque que je ne pouvais négliger et dont il me fallait tenir compte. Car si dès lors il décidait de choisir le trahison, il savait à quoi s’attendre de ma part, je le lui avais déjà clairement expliqué, à plusieurs reprises.

Pourquoi devrais-je t’apporter toutes les réponses sans que tu n’aies à réfléchir ? Es-tu si perdu que tu veuilles passer tout apprentissage ? Donne-moi plutôt ta version Leslie, ce que toi tu en as compris à l’époque, ou même maintenant. lui dis-je d’un ton neutre, sans le moins du monde laisser transpirer le fait qu’il commençait à me fatiguer. Si je lui avais accorder de parler sans fard, il ne fallait pas pour autant qu’il dépasse certaines limites, quitte à ce que je l’enferme dans un cercueil en argent pour lui rappeler sa place.

Je suis curieux de savoir de quels fantasmes tu pares Renard, comme William tu dois la voir avec des yeux d’enfants. Les deux gentils héros qui ont voulu se lever contre le méchant roi et la méchante reine. Qu’est-ce que qui te pousse à les voir ainsi Leslie ? A quel besoin répond cette vision des choses ? lui demandai-je encore avant de me taire un instant pour boire du sang, j’en avais besoin pour finir de me remettre de mon saut de plusieurs étages.

Tout comme William Leslie n’agissait que par passion, cette passion même qui pouvait amener un individu à interpréter et à agir sur une impulsion, sans réfléchir ni chercher à en savoir davantage. Leslie était convaincue par les mêmes boniments que Renard avec servi à William. Cette idée ridicule qui voulait qu’Augustus en veuille à la vie de Krystel. Si tel avait été le cas, il n’aurait eu qu’à lui ordonner de se présenter au soleil qu’elle n’aurait pu faire autrement étant sa créature. Le Roi n’avait aucun intérêt à perdre son temps à comploter contre la Reine alors qu’il lui suffisait d’un claquement de doigt.


Et maintenant Leslie, que veux-tu ? Retourner à ta vie minable de portier, à trimer pour un salaire misérable pour payer un loyer d’un appartement lugubre sans but à ton existence ? Ou alors ouvrir les yeux sur ta nature et enfin agir en véritable vampire ? Tu peux faire quelque chose de ta vie, sortir de la masse grouillante et à t’élever pour un jour pouvoir décider par toi-même. Il te faut accepter de patienter, pour apprendre, pour devenir puissant et enfin être en mesure de te protéger de l’emprise d’autrui. lui dis-je avant de me taire en plongeant mon regard dans le sien. Si pour l’heure j’acceptais de converser avec lui, de prendre du temps pour lui expliquer les choses, c’était pour qu’il s’éveille et devienne enfin le Second que j’espérais pouvoir attendre de lui. Mais ma patience avait ses limites et s’il s’entêtait à suivre une mauvaise voie, j’offrirais cette opportunité à quelqu’un capable d’en comprendre tout l’intérêt et la rareté. Il n’y avait qu’une seule place de ce type parmi toute la Garde Royale, et c’était lui que j’avais choisis pour la tenir. Mais cette offre n’était pas éternelle. Je voulais quelqu’un de motivé, de compétent et partageant ma vision des choses. Pas un misérable résidu d’humain incapable de comprendre ma vision du monde.
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptyMar 15 Avr - 3:27

Vaguement, très vaguement, je prenais conscience du pouvoir tiré de l'information. Non que je veuille devenir comme les autres vampires assoiffés de ce fameux pouvoir après lequel ils couraient tous, mais pour me protéger d'eux. Ce n'était donc pas là une idée bien précise de ce que je devais faire, surtout que la douleur m'irisait le corps et semblait tout faire pour déconnecter le peu de neurones encore en activité dans ma pauvre cervelle. Le sang me faisait du bien, mais je me trouvais encore groggy.

* Allez voir comment vous vous sentez après une attaque "gentille" du Général, et on en reparlera ! *

Cà, c'était pour les moqueurs qui pourraient ne voir en moi qu'un faible. Et quand bien même ! Ma position était enviable, de cela j'étais conscient, mais aussi instable, dangereuse, périlleuse, du fait même de Julien, mais aussi de son entourage, plus ou moins bienveillant à son égard -sans parler d'à mon égard à moi : convoitise, jalousie...-. Je chassais brutalement tout cela : pour qui me prenais-je ?!!! J'étais là, affalé sur le sofa hors de prix de Guillemaud, à moitié mort, me gavant de bon sang frais (parfaitement interdit officiellement...), et je délirais.

* Oui... je nage en plein délire... *

- Je ne sais pas... commençais-je. William... je veux dire le prince, est devenu distant, sans doute à cause du comportement de sa pomme de sang d'alors, Hannah...

Jusque là, pas de problème. C'était après... Maintenant que j'en parlais, je me sentais parfaitement ridicule. J'en avais voulu au prince de son comportement avec moi, mais bon, j'avais secoué sa pomme -parce qu'elle m'avait bien cherchée !- : des histoires de gosses. Voilà ce qu'on avait laissé à William Raybrandt. Et pendant ce temps, lui se débattait avec les courants de pouvoirs qui nous passaient bien au-dessus de la tête. Mes muscles se relâchèrent d'un coup : j'étais sonné, éberlué par mon comportement d'alors.

- Il n'a jamais voulu me dire quoi que ce soit de ce qui le tracassait, mais je voyais bien qu'il... enfin, que... que quelque chose ne tournait pas rond.

Le prince allait tomber de son pied d'estale. Je le sentais. Je le refusais. Pour moi, il était tout. S'il chutait, tout ce que j'étais chutait avec lui. La panique me saisis et je me raccrochais aux branches :

- Il avait raison. C'est tout. Jamais il n'aurait pris un risque sans raison.

En m'entendant dire ça, je sus que j'étais un idiot et que je m'enfonçais tout seul.

* Tu parles d'un second ! *

Je me décrébilisais aux yeux de Guillemaud, je le savais, mais je m'en moquais. Et puis, je m'énervais et criais :

- Que veux-tu de moi, à la fin ?!!! tu ne vois pas que jamais je ne pourrais répondre à tes attentes ?

Le seau se retrouva au sol et le sang se répandit à regret, son odeur me submergea et je montrais les crocs :

- Rien à foutre ! je peux même essuyer les verres au fond d'un café ! mais au moins, au moins, je dormirais bien le jour, je vivrais tranquille, selon mes valeurs.

* Mais qu'est-ce-qui me prend ?... *

Je délirais ou quoi ? Je tentais maladroitement de me redresser, m'agrippant au dossier du canapé, y plantant mes ongles et tirant de toutes mes forces pour ne parvenir, finalement qu'à me caler misérablement, de guingois... tout tournait autour de moi. J'allais finir dans les pommes et fis tout mon possible pour que ça n'arrive pas. Je me défendis, comme un gosse :

- JE FANTASME PAS !

* Tu parles... *

Je m'étais agrippé à la figure du prince comme un naufragé à un radeau. J'avais échappé à la purge par je ne sais quel miracle...

* En fait, si... Guillemaud avait joué gros en me récupérant... et vu comme je lui rends, il a de quoi être furieux... *

Il y avait un mélange de prise de conscience et de parfaite inconscience en moi, qui se disputaient la dépouille de mes pensées... c'était très étrange... Etre totalement à la merci de la puissance de Julien, savoir qu'il allait me brûler, et pourtant jouer avec le feu, délibérément. J'étais fou ?... Un peu plus tôt dans cette soirée trop chargée, la rencontre avec Torben m'avait fortement ébranlé, et ensuite, les révélations du Général.

* Il va tomber. Comme William. *

Cette brutale prise de conscience me mit dans un véritable état de transe et je tremblais de tout mon corps. J'allais revivre ça ! encore une fois ?!!! NOOOOOOOOOOOOOOOn !!!! La peur, le doute, la terreur... je n'étais plus que cela. J'avais froid. Je voulais être ailleurs. Les Années Sanglantes, avec leur lot d'horreurs, me parurent si douces que j'aurai donné n'importe quoi pour y retourner. Pas de questions, de l'action. Pas de jeux de pouvoirs à la c*n, des combats dont ne se sortaient que les plus forts, les plus intelligents, les autres... les marionnettes de cours royales, n'avaient pas leur place. Ni leurs jeux de dupes.

- Je veux... je veux... rien.

L'attente que Guillemaud faisait peser sur moi m'écrasait. Il devrait se trouver un autre bras droit. Moi, je ne me sentais pas de naviguer dans les eaux troubles du pouvoir. Torben m'avait terrifié, même si je refusais de l'admettre. Et cette nouvelle instabilité dans ma non-vie suffisait à me mettre hors jeu. Tout le monde mentait à tout le monde. Je n'étais pas fait pour ça. Je finirais décapité, ou enfermé dans de l'argent, ou je ne sais pas, mais je n'y survivrais pas.

- Juste... mourir. Une bonne fois pour toute.

* QUOI ?!!!! *

Mon corps sembla réagir tout à coup, et protester : lui ne voulait pas. Mon regard plongea vers le sol. J'étais vaincu. La flaque de sang s'élargissait, assombrissant le tapis et je me dis que c'était là probablement la dernière chose que je verrais.

* L'instable... c'est comme ça qu'ils me voient tous. Et s'ils avaient raison ? alors... j'étais perdu. *


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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptyMar 15 Avr - 16:59


Tandis que mon échange avec Leslie faisait fi de toute étiquette ou règle de convenance de quelque sorte que ce fut, je refusais de laisser Leslie à sa propre déchéance. Je refusais qu’il se perde comme son ancien maître avant lui. Leslie n’était pas ma créature, il n’avait même été qu’un pion entre mes mains et pour la première fois aujourd’hui je venais de le lui dire sans artifice, ouvrant une brèche profonde dans la confiance qu’il pouvait me porter jusqu’à il y a peu. Il était instable aux yeux de certains tout comme aux miens, pour autant j’étais en mesure de voir quelque chose que nul autre ne percevait, pas même lui. Une fois sa prise de conscience effective et son apprentissage avancé, Leslie serait un vampire que nos pairs apprendraient à craindre ou à respecter. Peut-être pas dans l’immédiat certes, il allait devoir faire ses preuves, et il les ferait. Mais il fallait qu’il accepte de prendre le temps nécessaire à son évolution.

Ce que lui taisait, son corps l’exprimait et inversement. En dépit de ses quelques années d’expérience et même après la guerre des Années Sanglantes, Leslie demeurait un nouveau-né qui commençait seulement à grandit. Il avait passé l’étape de la marche à quatre pattes et commençait maladroitement à prendre une démarche adulte, sur ses deux jambes. Il lui faudrait peut-être du temps, certainement même, mais il n’en aurait jamais suffisamment car il allait devoir comprendre, assimiler et s’adapter rapidement.

Lorsqu’il répondit à ma demande et s’exprima pour répondre à ma demande, je demeurai silencieux et attentif à ses paroles. Comme à son habitude il parla mû par la passion qu’il éprouvait en son temps pour William, les quelques vestiges de cet amour encore présents en lui le consumant tel des braises brûlantes. Quand bien même ses mots ne reflétaient qu’un manque affectif d’attention et de reconnaissance, je me tus et ne dis mot. Si je souhaitais le faire progresser il était certaines choses qu’il se devait de comprendre par lui-même.

Je conservais la même attitude lorsqu’il se mit à vociférer, laissant transparaître le poids de mes attentes qui l’étouffaient. Je pouvais comprendre ses paroles, comprendre que cela faisait beaucoup pour lui, cela était normal en un sens mais dans le même temps je ne pouvais le laisser à sa médiocrité, je ne voulais pas lui faciliter le chemin de la compréhension. Comme moi il devait apprendre de ses erreurs, et ce même dans trois siècles.

Ses derniers mots me permirent de comprendre qu’il venait d’atteindre un nouveau stade dans son cheminement. Le découragement suite à la prise de conscience. Leslie ne s’estimait pas capable de supporter les espoirs que je fondais en lui. Il était temps pour moi de lui faire part d’un nouveau point de son apprentissage, lui montrer quel était le plus élémentaire de ses choix que nul ne pourrait jamais lui prendre, pas même nos souverains.


Ainsi donc tu penses souhaiter la mort ? lui dis-je en me levant, posant le second seau de sang – vide – au sol avant de poser mon regard sur lui alors que lui gardait le sien rivé au sol. Dans ce cas fais le seul choix que personne ne pourra jamais te prendre. Celui de vivre ou de mourir.

Telle est la seule liberté que chaque vampire possède et que nul ne pourra jamais te dérober. Celui de vivre ou de mourir. Chacune de tes décisions n’est en fait qu’une réponse à cette question. Ai-je envie de vivre ou de mourir ?
lui dis-je avant de faire une brève pause, le temps pour lui d’appréhender l’ensemble de mon monologue.

Si tu veux mourir tu iras à l’encontre de lois, que ce soit les nôtres ou non. Tu iras provoquer quelqu’un de plus puissant que toi pour qu’il mette fin à tes nuits ou alors tu iras contempler le dernier soleil de ta vie. Je dis bien de ta vie car même vampire, tu vis ta vie d’immortel et non une non-vie de mort-vivant. Je te sais en mesure de comprendre la nuance entre ces deux idées. dis-je avant de faire une nouvelle pause dans ma leçon.

Si en revanche tu veux vivre tu sauras quelle attitude adopter pour survivre sans risquer une exécution, par nos pairs ou nos ennemis. Tu seras alors en mesure de te poser les bonnes questions avant de prendre chacune de tes décisions, d’en estimer les conséquences et de faire ce qui doit être fait.

C’est en répondant à cette simple question que tu pourras vivre selon tes convictions, et non plus par passion et impulsivité. C’est ainsi que tu sauras te contrôler et devenir ce vampire que je vois en toi et dans ton avenir Leslie.
lui dis-je alors que la nuit entamait la fin de son cours, la lumière du jour ne devant plus tarder à poindre à l’horizon, et les baies vitrées de mon logement ainsi que le moindre espace vitré de l’appartement commençaient à se teindre peu à peu. Ce dispositif me permettait de pouvoir continuer à me mouvoir selon ma volonté dans l’ensemble de ma demeure et même des locaux de la Reds quelques étages plus bas même en plein jour.

Réfléchie et répond à cette question Leslie. Veux-tu vivre ou mourir ? lui dis-je d’un ton neutre, solennel mais sincère et de poursuivre.

Si tu veux mourir, présente-toi sur ma terrasse et laisse le soleil faire son œuvre. Si tu veux vivre, lève-toi et affirme-le-moi yeux dans les yeux et efface ces doutes qui te rongent. Nous pourrons alors poursuivre ton apprentissage pour te libérer de tes chaines. Ce sera alors en vampire libre que tu deviendras mon Second, non plus par obligation mais par conviction.
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptySam 19 Avr - 13:23

C'était curieux, cette brutale sensation d'abandon. Plus d'adrénaline, plus besoin de se battre, plus besoin de répondre. Attendre, seulement. Quelle douce perspective. Après tout, j'avais été ainsi toute ma vie, non ? Bien sûr, j'avais étudié comme un fou pour devenir commissaire ! mais j'avais réussi, on ne m'avait pas rejeté. Je m'étais démené comme un dingue sur les affaires incombant à mon secteur, à gérer le personnel, les emmerdeurs, les profiteurs et les bons flics qui en avaient marre. Je souris vaguement : je devais ressembler à ça en ce moment, et je voyais Julien endosser mon rôle avec patience. J'avais eu à faire ça, moi aussi. Y'a longtemps. Mon visage se plissa sous la douleur soudaine que lança mon ventre, mais aucun son ne franchit mes lèvres. Je n'avais plus qu'à me laisser glisser... Je revis le désarrois sur les traits d'un jeune flic en tenue, qui avait choisi le suicide, mais à mon arrivée, l'espoir, un instant, puis la mort. J'étais arrivé trop tard. Des histoires comme celle-là, j'en avais plein la mémoire. Trop, peut-être. Julien en avait aussi ? non. Lui était froid et impersonnel : il se foutait de la mort des autres. Tant que c'était pas la sienne... tout pouvait lui aller. Il supportait aisément le soupçon de ses maîtres, pourvu qu'il soit payé de retour. Pour moi, c'était insupportable." Tu m'aimes pas ? laisse-moi tranquille. Et surtout, viens rien me demander après !", avais-je coutume de penser. Le Général parla. Je trouvais amusant qu'il me laisse le choix. Comme ça, j'en serai seul responsable.

* Et ben, tant mieux ! *

Marre de toujours être le bon élève, de plaire à tout le monde, de me casser le c*l pour rien ! Je me fis l'effet d'un lâcheur, mais ravalais ma fierté. Un coup de honte n'a jamais tué personne. Je pouvais choisir de vivre ou de mourir à tout instant, proclamait-il comme un messie. Je lui jetais un coup d'oeil liquide, vide, tellement las qu'il pouvait passer pour celui d'un veau après la tétée... (je venais quand même de m'enfiler assez de sang pour çà !) L'idée de revoir le soleil me plut ! je ne l'avais vu qu'au ciné, en photo ou à la télé depuis trop d'années. Comment Julien pouvait-il ne pas en souffrir ? on s'habituait à cela ? je me posais sa question :

* Ai-je envie de vivre ou de mourir ? *

La bonne blague. Là, tout de suite ? de mourir, bien sûr ! En fait, pas avant d'avoir fait payé sa trahison à Guillemaud. Trahir un ami... Il aurait pu l'aider en l'enfermant quelques temps, le temps que l'autre retrouve sa lucidité -si toutefois l'histoire de haute-trahison était réelle, et pas un coup monté-, ou lui foutre son poing dans la gueule, se battre jusqu'à ce qu'il entende raison.

* Il avait peur. Peur de suivre William... *

Nouveau coup d'oeil à Julien, que j'avais lâché un instant pour regarder ma main gauche. Un regard soupçonneux, lourd de questions, mais je demeurais muet, bien entendu.

* ... de se laisser convaincre. Donc, les arguments de Miss Renard n'étaient pas si infondés que cela... *

J'aurai donné beaucoup pour les connaître, là, maintenant ! Le fait de ne plus avoir la pression, parce qu'on a abandonné l'idée de se battre pour survivre, avait un effet libérateur et me permettait une fraicheur perdue depuis trop longtemps. Prudemment, sagement, Julien n'avait rien dit de ce qu'il savait sur ce que la rebelle préparait, ni des raisons qui la poussaient à risquer bien plus que la mort ultime, de s'élever contre le pouvoir royal : quand même, elle devait avoir une sacrée raison !!! on ne fait pas ça comme ça, juste pour le plaisir ou pour piquer le pouvoir ! Je me mordis la lèvre inférieure, comme un gosse qui pensait trop. Car telle était la question qui m'était à moi aussi posée :

* Quelle est ma motivation ? *

* Venger William ! et le trouver où qu'il soit !!! Le servir à nouveau. De toute mon âme ! * la réponse avait fusée, sans hésitation. Cela faisait-il de moi un traître au royaume que j'étais sensé servir ? après tout, le Prince était un Raybrandt, donc... légitime. Donc... si je voulais cela, je devais vivre. Mourir ne le servirait en rien. Apprendre. Si je me gourais, eh bien, j'en mourrais. Ce serait mieux que se faire bêtement griller au soleil, non ? J'avais fermé les yeux, par lassitude ? ou plutôt pour cacher le cheminement de mes pensées. Je soupirais doucement, visiblement éreinté. (çà, c'était vrai !) Julien semblait si persuadé que je saurai survivre à l'avenir, me poser les bonnes questions... William l'avait-il été, lui aussi ? Qui de ces deux vampires croyait véritablement en moi ? Le prince pensait-il à moi, dans son exil (il était vivant, c'était certain !). La passion, l'impulsivité, comme moteur de vie... c'était vivre comme un enfant, pour toujours. C'était çà, la vie. Par cette triste morosité adulte qui faisait agir par froid calcul, toujours. Je devais paraître ceci pour vivre cela ? sans jamais me trahir par un comportement, un mouvement, un sentiment. Le rôle serait dur à tenir. Le pouvais-je ?

Demeurer aux côtés de Julien, si proche du pouvoir... quelle meilleure place pour préparer le retour du prince ?!!! Je déglutis, péniblement. Mon corps tout entier supplia que cela cesse, puis se rendormis, jusqu'à ce que je réveille la douleur d'un geste, d'une pensée ou d'un soupir. Les conseils du Général étaient bons à suivre, j'en convenais. Pour servir le prince, je devais progresser, pas rester à jamais cet abrutis de videur de boîte de nuit !

* Second du Général ! *

Cà sonnait bien. Mais pas assez. Je devrais gravir d'autres échelons. Je vis par la baie vitrée que la nuit ne tarderait pas à mourir. Bientôt...

...C’est ainsi que tu sauras te contrôler et devenir ce vampire que je vois en toi et dans ton avenir Leslie.

Pour me convaincre, je me dis que lui aussi jouait le jeu. Le jeu de William ! mais il ne pouvait le dire ouvertement. Trop dangereux. Et puis, si tel n'était pas le cas, j'apprendrais tout de même tant de lui que je ne pouvais laisser passer l'opportunité.

* Me libérer de MES chaînes pour libérer le prince des siennes. * Voilà ce que j'entendais. Voilà ce qui me motivait. Le nouveau moteur de ma vie : grandir et préparer le retour du prince William Raybrandt ! maintenant, j'avais une raison de me lever et de me battre. Malgré la douleur, et sans grimace, juste un visage dur et marmoréen, je me soulevais sur la main gauche, m'assis sur le sofa, un court instant, puis, m'aidant de mes deux mains posées à plat de part et d'autres de mes cuisses, je me levais, me redressais, me plantais devant Julien, comme un défi, souris, caustique :

- Tu crois qu'il est si facile de m'abattre ?

Moi non plus, je ne répondais pas à sa question. J'apprenais vite, si je voulais. Et cela, je voulais qu'il le comprenne tout de suite. Je mourrais d'envie de savoir où se trouvais William, mais me tus. Au lieu de cela :

- Que vas-tu faire, pour Torben ?

Stratégie... C'était le point fort du Général. Il était temps pour moi (aussi !!!) de l'éprouver.
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptyLun 21 Avr - 1:47


T’abattre n’est pas mon objectif, sinon tu ne serais déjà plus. lui dis-je simplement sans sentiment, j’énonçai là un simple constat dont il devait avoir conscience.

Leslie était demeuré muet jusqu’à ce que je finisse de parler, et après encore alors je m’étais tu. Que pouvait donc signifier son silence ? Continuait-il encore à tout interpréter de travers ou à fantasmer une nouvelle fois au sujet des prétendues bonnes raisons de Renard et de William de trahir ? Aucune idée à vrai dire et c’était là bien le problème. Leslie restait au final prévisible juste dans son instabilité. Il était encore bien faible en définitive avant de pouvoir devenir mon véritable second.


Badenov n’est pas un problème, toutes mes actions ont été entreprises après en avoir informé la Reine, de ce fait je ne risque rien. lui dis-je après qu’il m’eut interrogé au sujet de mes plans à propos du servant de Krystel. S’il s’était montré à la hauteur je l’aurais informé de mes nombreux projets, seulement son instabilité était la preuve qu’il n’était pas digne de mes confidences pour le moment. J’avais bien assez des risques que représentait Shane. De plus il est son représentant officiel au sein de notre espèce Leslie, et a donc autorité sur n’importe quel vampire, moi y compris.

Leslie devait comprendre que l’humain de notre souveraine n’était pas un simple jouet entre ses royales mains. Il était l’extension de son pouvoir parmi les nôtres et de ce fait chacune de ses actions pouvaient être considérée comme une action de Krystel même et par conséquent ne pas être contestée. Si la plupart des nocturnes étaient capables de comprendre cela, je n’en étais pas sûr venant de Leslie.

J’aimerais être certain de t’avoir convaincu à présent Leslie, mais tu sais que la confiance se gagne et n’est jamais acquise. Malgré tes succès à mes ordres au cours des Années Sanglantes, tes récents échecs font pencher la balance en ta défaveur. lui dis-je dans un premier temps afin qu’il comprenne ma déception mais aussi mon désir de prudence.

Badenov n’est pas un ennemi à abattre mais un Servant royal, de ce fait ses actions doivent être observées avec prudence mais pas contrées.

Quant à toi Leslie tu dois faire tes preuves désormais, me prouver tes convictions quelles qu’elles soient désormais. Nous allons donc aborder la nouvelle étape de ton apprentissage.
lui dis-je d’un ton neutre mais affirmé.

Afin que tu prennes conscience de la chance que je t’offre en voulant faire de toi mon Second, afin que tu en comprennes le rôle mais aussi les responsabilités et impératifs, tu vas devoir retourner à la source, à te faire respecter car tu seras passé par la voie ouverte à tous afin de gagner cette légitimité qui te fait défaut auprès de nos semblables.

Dès à présent je te retire ton statut de Second, tu ne conserves donc que ton grade de membre de la Garde Royale comme tout vampire lambda. Tu bénéficieras de ton logement dans cet immeuble pour la journée et son accès t’en sera interdit durant ta mise à l’épreuve. Je t’ai promis une épreuve difficile lors de notre dernier échange – ton dernier échec – et l’épisode de ce soir m’impose d’en relever le niveau de rigueur.

Au cours de cette étape je te confie une mission : repère qui est influent parmi les simples soldats de la Garde, les sans grade comme toi désormais, vois ceux qui pourraient rassembler leurs pairs si un jour une dissension majeure surgit parmi les nôtres. Il nous faut savoir qui abattre ou qui encourager le moment venu. Tu devras être mes yeux et mes oreilles parmi la Garde Royale. La politique n’est pas à ton goût, tu seras donc à ton aise.
lui dis-je d’un ton neutre et froid. Oui son épreuve pourrait lui sembler une punition, mais tout comme j’avais fait mes preuves bien plus que lui pour devenir Général il devait à présent faire les siennes pour mériter sa place, ou périr pour son échec.
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MessageSujet: Re: La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]   La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé] EmptyJeu 24 Avr - 23:47

Il était vraiment sérieux quand il disait :

T’abattre n’est pas mon objectif, sinon tu ne serais déjà plus.

Je le savais. Surtout dit sur le ton badin de la conversation, ces mots prenaient tout leur sens. Je le savais. Confusément. Julien ne me voulait pas de mal. Il m'avait utilisé, mais après tout, pas plus que William avant lui. L'idée de faire cavalier seul, d'agir pour ma propre pomme s'imposa enfin à moi. En effet, plutôt que de tout attendre des autres, de leur offrir ma non-vie, mon expérience, mon soutien, pourquoi n'utiliserais-je pas tout cela à mes propres fins ?... D'où me venait ce besoin de servir ? La honte d'être un Infant de vengeance ? Moi, je ne pouvais me targuer de mes (hautes) origines. Je me sentais toujours aussi épuisé, vide. C'était physique, mais aussi, je le sentais, moral, ou psychologique, ou appelez çà comme vous voulez. Cet état me paraissait enviable et inquiétant à la fois. Je me sentais léger et prêt à tout, et en même temps si lourd que mon poids pouvait me faire traverser le canapé, le sol, et tous les étages en dessous de moi. Julien ne voyait vraiment pas de menace en Torben, mais la conversation avec cet humain de la reine, plus tôt dans la soirée, continuait à me perturber. Mal à l'aise avec ce que m'avait dit Bardenov, soupçonnant désormais Guillemaud de tous les maux, je me sentais perdre tout ce que je connaissais. Fini la zone de sécurité, celle où l'on se sent bien, parce qu'on croit en connaître les tenants et les aboutissants. C'était l'aventure, désormais, et je menais ma barque en eaux troubles. Ou tourbillonnantes...

- C'est fou, ça... murmurais-je, comme pour moi-même. Un humain peut être plus qu'un vampire ? et lui donner des ordres...

Voilà un nouvel aspect de ma non-vie que je découvrais en avançant dans ces ténèbres qui seraient miennes à tout jamais désormais. Il n'y avait pas vraiment de question dans cette formulation, plus une constatation trahissant la surprise. Les Pommes de Sang, je croyais qu'elles étaient sans pouvoir. Mais Torben en était-il une ? Et s'il était esclave, son rang se trouvait-il réellement au-dessus du nôtre ? Je grimaçais en changeant de position. Chaque geste me rappelant cruellement ma "rencontre" avec le Général. Lui demander maintenant où se trouvait le Prince serait inapproprié. Une autre occasion se présenterait-elle jamais ? là, j'étais parvenu à endormir sa méfiance : je devais poursuivre sur ce chemin. Je levais un sourcil, et un regard vaguement interrogateur quand il se demandait s'il m'avait vraiment convaincu, mais qui se baissa quand il me parla de mes échecs récents.

* Il est gonflé !!! quels échecs ?!!! *

Bon, d'accord, ce temps de paix ne m'allait vraiment pas. Ces histoires de donzelles, de... bref. Pétard ! j'avais vraiment mal partout, mais je cachais soigneusement ce qui apparaitrait comme des faiblesses, surtout qu'apparemment, Julien n'avait plus une bonne opinion de moi.

* La roue tourne... en haut un jour, en bas le suivant... *

Curieuse réflexion au milieu des affirmations du Général. Vaguement, je me demandais quand il chuterait, et s'il fallait vraiment que je me trouve à ses côtés si cela se produisait. On m'avait épargné une première fois (d'avoir été le vampire de confiance de William), qui sait si on le ferait une seconde... Peut-être devais-je changer de vampire ? Il en était à une nouvelle étape de mon apprentissage. Et non, je n'étais pas vraiment curieux ou pressé d'en savoir plus. L'apprentissage de Julien impliquait souvent de drôle de passages. Inutile de précipiter les choses, selon moi. Je le laissais parler, paupières mi-closes, bras croisés sur mes côtes brisées, comme pour éviter toute nouvelle douleur. "retourner à la source"... cela impliquait-il de retourner faire le videur dans une boite de nuit ? j'attendais, patient, la suite, qui ne tarderait pas.

Dès à présent je te retire ton statut de Second, tu ne conserves donc que ton grade de membre de la Garde Royale comme tout vampire lambda. Tu bénéficieras de ton logement dans cet immeuble pour la journée et son accès t’en sera interdit durant ta mise à l’épreuve.

Et si je vous disais que j'étais soulagé de ne plus être second !!! enfin, bras droit... bof, ça ne surprendrait personne, surtout après ma rencontre avec Torben. Il irait vite raconter tout ça à sa Reine, le gueux ! Tout ce qui m'arrivait était sa faute ! non... La suite me parut plus confuse : j'avais toujours mon appart' ou je devais me trouver un meublé ?

* Rohhhh ! la galère ! *

Cette perspective de devoir trouver une cave pour dormir ne m'enchantait guère... Et comment les autres gardes prendraient-ils ma rétrogradation ? j'allais m'en prendre plein la tête !

* Gé-nial ! *

La mission, elle, me parut plus claire :

(...) repère qui est influent parmi les simples soldats de la Garde, les sans grade comme toi désormais, vois ceux qui pourraient rassembler leurs pairs si un jour une dissension majeure surgit parmi les nôtres. Il nous faut savoir qui abattre ou qui encourager le moment venu. Tu devras être mes yeux et mes oreilles parmi la Garde Royale.


C'était là que je devais me lever, non ?... Je poussais donc sur mes pieds, pris la direction de la porte, me retournais :

- A vos ordres, Général.

J'ouvris la porte, la franchis sans un regard en arrière. J'hésitais entre le soulagement et l'étourdissement. Je n'étais plus rien. Enfin, si, simple garde. Ca voulait dire des gardes au palais... chose que je n'avais plus eu à faire depuis longtemps. Reverrais-je Hannah ? la soeur de Torben ? j'espérais que non, et confusément, que oui. Quelques pas dans l'ascenseur qui descendait à toute allure au sous-sol, et là, je marchais dans le vide du garage, mes pas résonnants comme une promesse de liberté. Loin, désormais, du regard inquisiteur de Guillemaud, je me sentirai mieux et serai plus libre de mes mouvements. Bien sûr, cacher mon jeu.

* Le jeu de William ? ou le mien ? ou celui de Julien ?... *

Je l'ignorais encore.

Dans la rue, j'inspirais le plus profondément que pouvaient me le permettre mes côtes cassées. C'était si bon d'être là, dehors et vivant et libre ! C'était la première fois depuis mon Etreinte. Je savourais un instant cet état de grâce, et me mis en route pour trouver un abri pour la journée à venir. Je n'avais même pas pris une veste dans mon ancien appartement de la tour. Le pas raccourcit par la douleur, me tenant toujours les côtes, je pris le parti de descendre la rue. A vue d'oeil, il me restait deux ou trois heures avant le lever du soleil. Ce soir, je devrais aller au siège de la garde pour trouver mon nouvel emploi du temps. Les halos des réverbères se succédaient lentement. Deux voitures passèrent près de moi, au ralentis. Le silence de la nuit avait quelque chose d'apaisant après tout ce que je venais de vivre.

* Une nouvelle vie commence pour moi... *

Enfin, pas vraiment, puisque j'étais toujours dans la garde royale...

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La nuit très profonde de l'argent, suite [Livre II - Terminé]
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