La nuit avait été longue, les journées étaient courtes désormais, c'était l'avantage du mois de novembre. Là où les humains détestaient cette période de l'année, parce que les journées raccourcissaient moi je les aimais, car enfin je pouvais profiter à fond de faire pleins de choses. Sans avoir la peur du lever du soleil qui n'arrivait pas avant 8heures du matin généralement. Que d'avantage. Ce soir-là, j'avais rendez vous au palais de justice pour une histoire de crimes commis contre des vampires pendant la guerre. Je devais attester quelque chose, un fait, un événement. Il s'était passé tellement de choses, je ne savais pas trop ce qu'il en était non plus. Le chauffeur m'emmenait jusqu'à Edimbourg, dans la voiture je restais plongée dans mes esprits, les événements au musée me semblaient bien loin, je reprenais du poil de la bête. Le deuil ? Toujours présent sur mes habits comme il était coutume, mais sur mon visage on ne lisait plus les traits du manque ou de la tristesse. Le manque était certes présent, mais j'avais appris à le combler grâce à de nouvelles activités. Le 2 novembre nous étions, il était minuit. Ironie du sort ? Je vais au palais de justice pour des crimes commis pendant la guerre, le jour de la fête païenne de la fête des morts. Ironie du sort je vous le dis. Mais ce n'était pas plus mal après tout. Au moins c'était fait, je n'avais aucune envie de faire courir ces genres de rendez vous encore plus longtemps, nous aurions rapidement d'autres choses à faire.

La séance dura une bonne heure, il était deux heures du matin quand je descendais dans le hall du Palais de Justice. Dix minutes, je restais seule, avant de voir, Badenov, qui était si je ne me trompe encore le serviteur de ma mère. J'avais du mal à suivre les événements par contre de ce côté là. Je savais qu'il avait un rôle quand même important. C'était déjà ça, mais je m'étais un peu désintéressée de ce côté là depuis quelques mois. "Badenov... Que faites-vous donc à Edimbourg en ce soir de novembre ?" demandai-je une fois qu'il passait près de moi.

J'étais sur Edimbourg depuis trois jours. Cela faisait du bien d'ailleurs de changer un peu d'air ; la dernière fois que j'étais venu ici était un souvenir qui m'occupait l'esprit depuis bien longtemps. Notre meilleur et ultime rapprochement avec Krystel. J'étais parti, ayant ressenti le besoin de changer d'air et de prendre mes distances après un ultime rejet suite à une succession d'évènements calculés qui pourtant avaient échappé à mon contrôle. La Reine Rouge m'avait retrouvé pour pouvoir me ramener dans son giron, et mieux, de me ramener avec elle. L'échange avait été vif. Un vampire avait été tué. Nous avions joué ensuite à des jeux interdits par la morale et l'éthique, mais nous avions appris à mieux nous connaître et je pouvais affirmer aujourd'hui être la personne la plus proche de Krystel tandis qu'elle même n'aurait plus jamais de serviteur plus proche et dévoué que moi. Cette nuit brutale et passionnelle avait laissé des marques sur mon corps et dans mon esprit, je les affichais au grand jour, fier d'être celui qu'elle avait choisi pour partager son existence. Je n'étais pas un mari ni un amant, je n'étais pas un simple serviteur. J'étais son compagnon, aussi bien choisi par sa raison que par son cœur. Il n'y avait pas d'amour au sens romantique du terme, mais un amour qui allait bien au delà de cela. J'avais toujours eu ses intérêts à cœur ; j'avais déjà beaucoup tué en son nom, beaucoup manipulé et comploté aussi. Mais j'avais parfois pris des initiatives qui nous avaient été préjudiciables avec le temps. Aujourd'hui, je me devais d'être bien plus prudent. Je devais consolider notre pouvoir ; de grandes avancées étaient à portée de main et la légitimité de Krystel allait enfin s'afficher au grand jour. Tous mes mouvements étaient tournés dans l'unique but de pouvoir éliminer ses dissidents et renforcer ses alliances.


Ce soir, cétait encore le cas.


Je savais que sa fille naturelle et vampirique, Morgane Raybrandt d'Aubusson, avait repris le travail après une période de deuil. Son époux, un amant de Krystel, avait été abattu au cours d'un attentat brutal et meurtrier l'été passé. Le général d'Aubusson n'avait rien pu faire et moi non plus. Personne n'est assez rapide en ce monde pour éviter un tir d'arme à feu à bout portant. Ce soir j'étais venu après en avoir parlé avec Krystel. La Reine avait sa fille qui lui manquait ; elle désirait la revoir même si le temps et le loisir ne lui en étaient pas laissés pour le moment. Je devais aussi prendre la mesure de la princesse, après ne pas l'avoir vue pendant des mois. Nous ne nous étions d'ailleurs parlé en face à face qu'à une seule reprise, sept ans plus tôt. Les années suivantes nous avaient vus nous côtoyer aux conseils sanglants ou ce genre d'évènements, mais sans que nous ne soyons confrontés l'un à l'autre. Il faut dire que notre travail à tous deux était vraiment aux antipodes l'un de l'autre. M'infiltrer dans le palais de justice n'avait demandé aucun effort particulier ; mes papiers étaient tous en règle. Merci les complicités au ministère de la défense... Et la beauté blonde descendit bientôt les marches, habillée sobrement. Son regard croisa le mien et je la laissais venir à ma rencontre, inclinant la tête à son approche en signe de respect et de déférence pour son rang et pour sa nature. Ce n'était pas parce que j'étais le compagnon de sa mère que Morgane et moi partagions un quelconque lien.


| Je suis venu vous rejoindre, Princesse. Mais parlons ailleurs, ici les murs ont des oreilles et il serait bien mal avisé que mon identité ne soit entendue par un tiers. Connaissez vous un endroit à proximité où nous pourrons discuter discrètement? Nous avons pas mal de sujets à aborder. |

Je ne m'attendais pas à croiser le serviteur de ma mère dans les couloirs du palais de justice, bien au contraire. Je m'apprêtais à rentrer après le travail effectué. Le témoignage fait, la signature posée attestant que je disais la vérité et point barre. Plus vite je rentrais à Glasgow mieux je me portais pour être honnête. Même si ce changement d'air me faisait le plus grand bien, pour une fois que je n'étais pas dans les affaires d'Etat pour une fois. L'air grave de Torben, comme je le perçus en tout cas, me donnait donc bien attention qu'il était bien mieux que nous allions nous isoler dans une pièce pour ne pas que les oreilles des murs nous entendent de trop. Il était beaucoup plus prudent que des conversations avec la famille royale ne s'ébruite pas et apparemment il avait plusieurs choses à me raconter. "Suivez moi, nous ne serons pas dérangé là-bas" dis-je en indiquant une porte un peu plus loin. Je savais que cette salle était inoccupée et que personne ne viendrait nous déranger dans les prochaines heures au moins. Du moins, j'allais m'en assurer. Appelant un de mes gardes, je lui remis des documents qu'il devait aller déposer à l'accueil et je lui demandais de garder de manière discrète la porte de manière à ce que sans aucune raison suffisante quelqu'un ne vienne nous déranger. J'avais pour habitude d'être particulièrement claire avec eux depuis les années sanglantes. Le conduisant jusqu'à la fameuse salle, où nous attendait une table avec des chaises, ce n'était pas très cosy mais bon au moins j'étais persuadée que personne ne viendrait nous embêter ici. "Je suis désolée pour ce lieu pour le moins pas très sympathique je suppose. Mais au moins nous ne serons pas dérangé." Je m'assis, l'invitant à faire de même. "Je vous écoute du coup, qu'avez vous à aborder avec moi?"

Beaucoup de choses étaient en jeu ces derniers temps, pour la monarchie vampirique, pour Krystel, pour moi. Pour nous pourrais je presque dire, mais cela comptait moins que le reste pour le moment. Je faisais ressentir à la Reine que je prenais contact avec sa fille, pour mettre les choses au clair et pour la prévenir de tout ce qu'il se passait autour d'elle. Morgane avait été volontairement laissée dans le flou et dans une certaine solitude pour pouvoir faire le point très concrètement sur la réalité de sa situation. Son veuvage avait été brutal. Je ne savais pas s'il y avait jamais eu de l'amour entre elle et son époux. Connaissant le genre volage de son mari, j'en doutais quelque peu. Mais qui ne dit pas amour ne veut forcément masquer l'affection. Depuis le temps, même si ce n'était qu'un battement de cœur dans leur longue existence, les deux vampires avaient tout de même vécu ensemble près d'une bonne demie douzaine d'années. Ce n'était pas rien ; moi même avais je connu ce genre d'idylle avec Jana avant que tout ne soit bouleversé par sa prise de la part d'un vampire. Quoiqu'il en soit, Krystel avait souhaité laisser sa fille se remettre de son côté. Cela aurait pu me sembler étrange, mais je savais que les vampires ne vivaient pas les choses de la même manière que nous autres humains. Les Raybrandt formant qui plus est une catégorie toute particulière de la population, une catégorie qui faisait les choses à sa manière. Je compris d'un regard échangé avec la princesse que celle ci comprit les impératifs de mon retour auprès d'elle et qu'un minimum d'isolement était requis. Je lui répondis brièvement lorsqu'elle me convia à la suivre.


| Je suis juste derrière vous, altesse. |


Nous n'allons quand même pas laisser de côté le protocole, n'est ce pas ? Cela semblerait plus suspect encore, ce que je tenais à éviter en toutes circonstances. La vampire qu'autrefois j'avais fait l'erreur de qualifier de « jeune » se dirigea vers une salle. Je ne savais pas si l'endroit était sûr mais je choisis de lui faire confiance. Elle même était bien plus habituée à ces lieux que je ne l'étais moi même. La belle appela l'un de ses hommes de mains, lui remis une pochette de documents et lui dis de regarder si la salle était libre en s rendant à l'accueil. J'étais frappé par les changements que j'observais chez Morgane. Je ne l'avais vue depuis longtemps, et avec les Années Sanglantes et son veuvage, la jolie blonde avait gagné en assurance. Finie l'apparence hésitante et le sourire sans cesse sur son visage, quand bien même son attitude passait pour douce et rassurante. Maintenant, son visage reflétait son intelligence et une confiance en elle même nouvelle, cette assurance se traduisant jusque dans son port altier. Nous entrons dans la salle, et je m'asseois en face d'elle. Je suis frappé de sa toute nouvelle ressemblance avec sa mère ; directe, elle a l'attitude d'une dirigeante et plus d'une simple porte parole.


| Ne vous en faites pas, ce sera parfait. Tout d'abord je venais pour prendre de vos nouvelles. Etant comme vous le savez le servant humain de votre mère, je suis sa voix en quelque sorte, et je sais que celle si s'inquiète pour vous. Vous ne vous êtes pas vues depuis longtemps et depuis... Votre mari n'est plus. Je voulais voir comment vous tenez le choc, et si je pouvais vous être d'une aide quelconque... |


Ce n'était bien entendu pas juste pour cela que j'étais venu, mais le dire ne m'engageait à rien.

Le protocole, parfois j'avais l'impression qu'il n'était qu'une formalité, mais il était vraiment important pour tous ceux qui nous entouraient. Le protocole était ce qui maintenait les relations de la hiérarchie telle qu'elles étaient. C'est ainsi que je ne dis rien une fois qu'il m'annonçait qu'il était derrière moi. Je le guidais gardant ma posture d'assurance que j'avais endossée depuis quelques temps désormais. J'étais beaucoup plus sure de moi, je savais donner les sourires quand il fallait, ne pas prendre à la légère j'avais beaucoup à gérer tout comme ma soeur et ma mère et il fallait toujours montrer sous notre meilleur jour. C'était ainsi que nous pouvions le mieux obtenir ce que nous voulions c'était ainsi que je prenais les choses. Je maintenais toujours les bonnes relations sans hypnotiser les humains, ne serait-ce que par un ou deux sourires, deux trois mots bien choisi et c'était bon. C'était à ça que j'étais en train de penser, pendant que je conduisais Torben jusqu'à la salle que j'avais déterminé comme sure. Je m'installai tranquillement à la place en face de la porte l'invitant à faire de même ce qu'il fit également.

A cette suite, je l'écoutais du coup. J'étais persuadée que nous étions bien tranquille dans cette salle et je savais que la sécurité ne serait-ce que par mes gardes. Ils avaient une mission bien claire, et je comptais bien à ce qu'ils l'exécutent à merveille, ce que je ne doutais pas. Depuis le coup du musée ils obéissaient au doigt et à l'oeil. Tant mieux pour nous. Je lui adressai un sourire quand il me demanda de mes nouvelles. Je voulais m'assurer qu'il n'irait pas à dire à ma mère que j'étais en train de morfondre sur mon sort. Ce qui était faux, surtout avec le message que j'avais reçu de sa part. Je remontai la pente depuis quelques semaines, je reprenais mes activités comme il se devait. "Je vais mieux. C'est aimable à vous de prendre de mes nouvelles. Je reprends mes activités peu à peu, comme n'importe laquelle des Raybrandt le ferait. Ma mère va bien ? Il est vrai qu'il serait temps que j'aille la voir moi aussi mais je sais qu'elle est beaucoup occupée ces derniers temps, enfin qu'elle a beaucoup d'autres choses."

Non, je ne cherchais pas à noyer le poisson, mais il fallait quand même bien dire que je ne pouvais pas me présenter à la princesse du plus grand royaume terrestre sans prendre de ses nouvelles et de faire preuve de la plus élémentaire courtoisie. De plus, elle était quand même la fille de Krystel. Nous nous étions déjà rencontrés autrefois. Rien de bien particulier, sinon que je crois qu'à l'époque elle était déjà quelque peu sous le charme de d'Aubusson, ce vil personnage qui n'avait de cesse de comploter contre la Reine et pour elle, sans que l'on sache très bien où allait véritablement son allégeance. Je crois même qu'à ce moment là, la belle vampire était en couple avec un humain. Ce qui n'était pas sans approfondir la tranchée déjà bien large qui existait entre elle même et sa mère, de cela je ne pouvais que me douter. Pour autant, il fallait quand même bien préciser que les deux femmes n'avaient jamais été très proches. Comme une mère et une fille oui, mais pendant des siècles et des siècles tout les avait opposées. L'une était brune et grande, l'autre était blonde et légèrement plus petite. Toutes deux étaient cependant belles à tomber. L'une aimait le pouvoir et était mûe par une grande ambition, tandis que l'autre ne pensait qu'à la paix et au progrès. L'une s'entraînait sans cesse pour élargir ses compétences et devenir une véritable guerrière, quand l'autre préférait la joie des relations sociales et son goût pour les choses de la culture était renommé. Pourtant, toutes deux avaient fini par se rapprocher. La première, la plus forte, avait fait l'épreuve de la faiblesse après une cruelle et amère défaite à l'issue des Années Sanglantes, après avoir dû exiler son fils et perdre en quelque sorte son époux. La seconde avait dû s'endurcir, et avait elle aussi perdu son mari. Pour de bon, cette fois ci. Il était dans mes objectifs de les rapprocher plus encore. Pas par bonté d'âme ou par amour des relations familiales, mais parce que Krystel avait besoin de ses filles plus que jamais. Et les choses avec Jana étaient bien trop compliquées pour compter dessus avant un moment.


Morgane était importante pour Krystel. J'osais espérer que des siècles de conflits n'avait rendu la réciproque impossible.


La vampire me sourit. Difficile quand on la voit, si mince et si belle, de penser qu'elle a près d'un millénaire et qu'elle fait partie des plus vieux vampires encore en vie, et donc des plus puissants. Elle me confirma aller mieux et me remercia. Me demandant des nouvelles de sa mère, je choisissais de lui dire la vérité.


| Elle a été durement éprouvée ces derniers temps. Les vampires subissent d'importantes pressions internes et externes, que j'essaie de juguler. Je l'en décharge comme je le peux ; comme vous savez je suis devenu son servant humain. C'est donc à moi que revient la tâche de lui faire passer ces épreuves. Mais c'est de vous dont il est question. Vous avez perdu votre mari. Si vous avez besoin de plus de temps ou de quoi que ce soit, n'importe quoi, vous pouvez compter sur moi. Et sur votre mère. |


Je la regardais un peu plus intensément.


| J'imagine que vous n'êtes pas sans savoir que votre sœur a évoqué l'ambition d'épouser le général Guillemaud. J'aurais voulu avoir votre avis sur la question? |

Je ne prenais pas mal le fait que Torben prenne de mes nouvelles, ça me rassurait d'une certaine manière et je me disais que parallèlement si je lui rassurai mon état, il rassurerait ma mère dans la foulée ce qui ne serait que bénéfique pour nous tous. J'étais consciente que ma mère n'était pas très friande du "se laisser aller" j'aurai très bien pu tout laisser tomber, mais elle aurait vite fait envoyer l'ensemble de la garde venir me chercher. Et puis ce n'était en aucun cas dans mon intérêt. Je ne pouvais pas tout abandonner comme cela. Mon but était de maintenir mon rôle de princesse comme j'en avais toujours l'habitude, et ce même dans cette condition. J'avais beau avoir perdu mon mari, ce n'était pas une raison pour rendre coupable le monde entier, et je m'assurerai personnellement que dès que les coupables seraient trouvés, je me ferai un plaisir de leur faire comprendre que l'on ne s'attaque pas non plus impunément à la famille royale. Bien au contraire. Pourquoi ? On ne pouvait pas laisser ce crime impuni et j'avais mes informations pour bien comprendre qu'il ne le resterait pas. Il suffisait d'avoir plusieurs informations, les réunir et enquêter un petit peu, mais je finirai par savoir qui était à l'origine de cette idée de s'attaquer à la famille royale. Et puis Julien m'avait pourtant bien aiguiller sur cette relève de rebellion qui était en train de prendre forme, ma mère voyait bien les semi démons prendre main, je n'étais pas totalement naïve pour me dire qu'à mon avis, il y avait une part des deux qui avait du se mêler à cela. Je voulais juste mettre un nom dessus pour pouvoir me dire, à qui j'en voudrai et à qui je pourrais faire payer ce crime, non pas seulement en tant que femme et épouse, mais aussi au nom de la famille et de la royauté.

Il confirmait les dires que j'avais déjà entendu via Jana, elle était éprouvée, je me doutais qu'avec ce qu'il se passait ces derniers temps et les soucis de notre Roi, enfin les soucis euphémismes quand on parlait de sa condition actuelle... N'étaient pas innocents quant à la condition de ma mère actuellement. Eprouvée ? Cela ne m'étonnait pas, elle devait donner toute son énergie pour résoudre cette dernière donnée. Mais il n'en était pas question, j'étais rassurée que Torben en savait quand même sur son état, et je pouvais me dire sereine de savoir qu'elle avait quelqu'un "auprès d'elle". Je fus surprise par contre de la précaution qu'il prenait, je le rassurai avec ma voix douce "Ne vous inquiètez pas, je préfère être au courant de ce qui se passe dans le royaume, tout comme avoir des choses à faire pour m'occuper l'esprit, ce n'est que comme ça que j'avancerai sereinement." Et ce n'était pas inconsciemment que je disais ça, en effet, si je faisais voir une faiblesse apparente, on ne me mettrait plus en avant sur les affaires d'Etat, or j'avais besoin de ces informations et continuer comme avant. "Oui en effet, Julien et Jana m'en ont fait part. Je ne suis pas opposée à cette union, je la vois plutôt d'un bon oeil, un peu de jeunesse dans la famille royale et puis ça permettrait d'occuper les esprits des gens pendant un temps cette union. Ca reste une alliance mais pas malsaine bien au contraire, elle ne peut nous être que bénéfique."

J'étais venu pour tester et pour jauger. Comme le voulait mon habitude. Ce n'était pas quelque chose que j'admettrais facilement devant quelqu'un, mais dont j'étais persuadé depuis longtemps. On ne garde le pouvoir qu'en en sachant toujours plus et mieux que les autres. Quantité d'informations et fiabilité de celles ci déterminent assez sûrement la puissance et l'importance dont on pouvait se targuer en toutes occasions. Morgane n'était pas une ennemie. Je savais même que malgré notre absence de liens et de proximité, elle était sans doute l'une de mes meilleures alliées. Bien plus fiable que Jana, bien plus pertinente que Julien. Elle était à tous points de vue la personne parfaite sur laquelle s'appuyer dans la course aux pouvoirs. De fait, elle faisait partie de ces personnes immensément rares qui étaient totalement désintéressées par le pouvoir. Espèce en voie de disparition, espèce précieuse. Elle était de la stature des leaders de ce monde, elle en avait le pouvoir et la capacité, mais la jolie blonde se bornait à servir sa mère. Je savais que leurs relations n'avaient jamais été au beau fixe. Cela ne voulait pas dire qu'il n'y avait pas de marge de manœuvre, et que cela resterait à jamais en l'état. Je ne croyais pas aux improbabilités, et encore moins aux impossibilités. Ce n'était pas dans la nouvelle nature que l'on m'avait forgée. J'étais un guerrier. Un guerrier ne croit qu'en la seule vérité de la guerre et de la mort. Retournements de situations, combats à répétition. Conflit éternel... Etaient autant de choses auxquelles j'étais préparé psychologiquement. Parce qu'elle m'avait détruit pour mieux me reconstruire. Un handicapé de la vie, et un expert de la mort. Je n'étais pas le meilleur ; j'étais le seul dans ce genre là. Aucune raison d'en être fier. Je fais ce pourquoi je suis fait, et cela ne va pas plus loin. Comme ici, comme maintenant. Morgane est un rouage qui s'est arrêté et que je vais remettre en marche. Un rouage essentiel qui pourtant s'ignore. Je ne vais pas laisser passer cette occasion.


La vampire reste avenante ; elle ne repousse pas mon approche pour essayer d'établir un dialogue. Elle est plus intelligente que cela. Elle sait où se trouve son propre intérêt. Il n'y a pas à la pousser très longtemps pour qu'elle me donne ce que je veux. Une ouverture, une simple ouverture. Je vais la pousser en avant. Plus efficacement que Krystel, parce que ma relation avec sa fille est vierge : nous ne nous sommes parlés qu'à une seule reprise. La princesse avance, elle aussi. Plus que ne veut le voir sa mère, elle est une battante. Je lui dévoile un sourire de comploteur.


| Et si je vous tenais occupée par une activité nouvelle et peu ordinaire pour vous, ce dont votre mère vous a toujours écartée pour vous préserver ? Je n'ai qu'une autre aide de camp de la Reine pour m'aider, et une poignée d'hommes rescapés des Années Sanglantes. Nous avons des dizaines de vampires à retrouver, à interroger. Et à démolir avant de les tuer. Je sais que cela n'a jamais été votre genre. Mais vous êtes Sa fille. Et vous êtes intelligente. Vous pourriez les interroger. Et aider à préserver le trône de votre mère. |


Je continue de lui sourire.


| Je suis étonné de vous savoir si sereine face à cette union. Vous êtes la plus loyale de Ses filles. Pourtant, c'est l'autre qui se salie les mains, qui consolide son pouvoir et qui dirige une partie de l'armée. Elle va épouser une autre partie de l'armée. Que vous restera t'il ? Je sais que votre mère n'a plus de loyal soutien que de votre part. Mais ne pensez vous pas que vous écarter de son héritage vous porte préjudice autant qu'à elle? |[/justify][/list]

Torben ne m'était pas inconnu et pourtant ce n'était pas l'homme que je connaissais le mieux non plus. Il était le serviteur premier de ma mère, du moins, je le voyais comme ça. Alors forcément depuis un peu moins de dix ans, j'avais eu l'occasion de le croiser plusieurs fois, mais sans vraiment engager la conversation. Par manque de temps à la fois mais aussi le manque d'intérêt, j'avais eu beaucoup d'autres choses à gérer qui faisait que je n'étais pas en tête d'avoir ça en tête. Bien au contraire, même si je savais qu'aujourd'hui j'allais avoir une discussion avec lui. Il semblait être envoyé par ma mère une nouvelle fois, ce qui me rassurait aussi sur ses intentions, j'étais bien consciente qu'il en allait pour la santé de la monarchie forcément que l'on s'entende sur ça. Peut-être ce serait l'horizon d'aller au delà de ma situation actuelle. Tant mieux très certainement. Enfin bon je l'écoutais avec attention, mon sourire était toujours le même rassurant, et je l'écoutais parler d'une éventuelle proposition pour que je me trouve une toute nouvelle occupation. Tiens donc entre Julien et lui? Avaient-ils décidé de dynamiser ma vie ? Je n'en avais pas la moindre idée bien au contraire, mais je prenais un peu de tout pour m'occuper l'esprit et ce qui pour le moment marchait très bien.

Me concernant, j'avais le pouvoir mais ce qui me différenciait de beaucoup de personnes qui avaient un nouvel accès au pouvoir, c'était que je n'avais pas la soif de pouvoir. Bien au contraire. J'avais tout ce que je voulais, je n'avais pas besoin de beaucoup plus de choses. Alors la course au succès très peu pour moi "Très bien, je suis ouverte à toute proposition vous savez, du moment que c'est pour le bien de la monarchie, j'écoute. Si vous pensez d'autant plus que je serai d'une aide nécessaire à cette mission. Ma mère a cherché à me tenir écarter de beaucoup d'affaires d'état dans le but de me préserver parce que je n'étais pas assez forte à ce moment-là. Aujourd'hui ma vision des choses a beaucoup changé sur notre place dans la société, et dans ma place aussi à tenir." dis-je avec sérieux, l'invitant à continuer dans sa lancée. Parallèlement, il me parlait de la futur union de ma soeur avec Julien Guillemaud "Il me restera ma place, j'ai ma place dans la hiérarchie, et je ne pense pas que la Reine me laissera sans union très longtemps, s'il y a une alliance à faire, alors je serai libre à ce moment-là. Je ne me fais pas de souci de me mettre à l'écart, bien au contraire, ils ont besoin de cette union et Jana est la meilleure personne pour jouer ce rôle."

J'ai beaucoup de pions à placer dans cette conversation. Je sais que Morgane est peut être moins avilie par la politique au sens large, et qu'elle est encore relativement néophyte de ce point de vue là. A mon sens, la manière de faire de Krystel avec elle, si elle était mûe par leur très vieille relation, laissait gâcher un peu du potentiel de la vampire. Après Krystel, Morgane était peut être l'une des plus vieilles nocturnes rouges encore de ce monde. Les Années Sanglantes avaient prélevé un lourd tribut. Augustus, Belle Renard... Nombreux étaient les anciens qui étaient morts au beau milieu du carnage, assassinés par des concurrents ou punis par traîtrise. Morgane était une force et une ressource inexploitées. Je savais également qu'elle n'était pas stupide. Vivre dans le giron de sa mère et perdre son mari l'avait endurcie, elle qui avait pour autant vécu des siècles dans le cocon protecteur de la famille loyale, dynastie du grand Roi vampire Augustus King en personne. Morgane avait beaucoup à gagner à sortir de l'ombre dans laquelle sa mère l'avait placée faute de confiance. Et elle avait aussi beaucoup à prouver. Tacticien plutôt que stratège j'essaie depuis toujours de pousser mon pragmatisme à l'extrême en trouvant les meilleurs outils pour chaque tâche. Je posais des questions intéressantes à la princesse, m'efforçant de ne pas me leurrer devant sa beauté jeune et fragile, à jamais figée. Je savais bien que ce n'était qu'une façade, et qu'à l'intérieur se cachait l'une des plus anciennes et des plus dangereuses vampires. Quelle honte qu'elle semblait l'ignorer elle même...



J'essayais de la jauger, de prendre sa mesure et celle de l'utilité qu'elle pouvait revêtir pour notre cause. La jolie blonde acquiesce à mes paroles. Elle me dit de manière détournée qu'elle était plus forte que ne le pensait sa propre mère, ce qui me poussait forcément à aller un peu plus loin dans mon analyse de ses capacités...


| J'ai démasqué avec l'aide d'autres serviteurs de votre Reine un groupuscule répondant au nom de « sanguinistes », des vampires dépravés qui répandent le sang au nom d'une déité antique, Lamia. Ils veulent briser les chaînes du peuple vampire et plonger l'humanité dans un bain de sang. Inutile de vous préciser quel est le point de vue de votre mère à ce sujet. Seulement je n'ai pas assez d'hommes pour tous les arrêter en une nuit. Vous avez une vaste garde rapprochée, et accès à des pans entiers de l'armée Royale. J'ai besoin de tous vos hommes de confiance. Et plus encore, j'ai besoin de vous. Pour montrer à tous que l'action vient de la Reine elle même. Je suis son agent, mais vous êtes son visage public. Si vous montrez de la force, vous affermissez le pouvoir de votre famille. A quoi bon s'élever contre la lignée du Roi si vous affichez une figure unie, là où régnait autrefois la désunion ? |


Je savais que la vieille vampire n'était peut être pas accoutumée aux exécutions brutales. Ce que nous nous apprétions à faire n'était ni plus ni moins qu'une seconde St Barthelemy. L'assassinat en une nuit de tous nos opposants. Il allait falloir mener ce combat avec intelligence et brutalité. En était elle capable ? J'hochais la tête à ses paroles suivantes.


| Vous parlez d'une union à venir. Vous n'y seriez pas opposée ? |

Les pions qu'il avançait n'étaient pas sans me rappeler la conversation que j'avais eu quelques jours avant avec Julien et ce qui allait m'engager à prendre contact avec Constance dans les heures à venir. Apparemment, ce groupuscule ou cette nouvelle dissidence n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Et il était même remonté jusqu'à la reine apparemment. Je ne savais pas si cette idée venait directement de la Reine, mais chose de sure c'était que l'idée n'était pas totalement stupide pour que nous pouvions montrer où était la hiérarchie et ce qui était important à respecter. Nous ne pouvions laisser un groupuscule tenter comme ça de prendre la main sur nous. Bien au contraire, ce serait la fin dans ce cas là. Torben faisait donc le parallèle entre la Reine et moi, pour que je puisse dire mon avis. D'où le lieu neutre ? Je supposais relativement bien. Croisant les jambes et réfléchissant quelques instants pour pouvoir analyser ce qu'il était en train de me dire ce qui n'était forcément chose aisée non plus. "J'ai entendu parler de cette nouvelle dissidence. Disons que j'en ai eu vent, et il est vrai que nous devons montrer qui sont ceux qui régissent. En savez vous plus sur le nom du meneur de ce groupe ? En attendant, si cet ordre vient de la Reine, alors je ne vois pas pourquoi je ne vous donnerai pas la présence de mes hommes ainsi que la mienne. Il va de soit que l'image de l'union est plus importante au delà des pertes que cela peut causer dans ce cas là." Il était de mon devoir d'assumer mon rôle.

La discussion prenait ensuite une toute autre tournure concernant une future union possible. Je me moquais bien de qui, de quoi et de quand. Après tout pour le moment je n'avais aucune nouvelle. Une future union, non bien sur que je ne m'opposerai pas comme je vous ai dit je ne m'opposerai pas. Mais pour le moment, il y a l'union potentiel de Jana et Julien je pense qu'elle a à gérer et dont on ne sait pas encore la tournure et bien d'autres soucis.

Décidément... La princesse ne voyait elle pas que sa demie sœur était en train de remplacer William dans le cœur de sa mère et au sein du pouvoir monarchique ? Probablement que si ; comme je le disais je ne voulais en aucun cas faire l'erreur de la sous estimer. Pour autant, je notais que l'innocence supposée de la princesse semblait vraiment être une réalité tangible ; elle ne semblait pas penser que tout ceci était négatif ou en tous cas c'était le message qu'elle me faisait passer. Etait ce à dessein ou simplement sa nature ? Nul ne saurait sans doute le dire, à part peut être son défunt mari ou avant ça, le compagnon humain qu'elle avait eu à l'époque. Moi, je ne la connaissais tout simplement pas pour le savoir. Peu importe, au final. Je la laissais à ses affinités et à ses calculs, je ne voulais pas me mêler de toutes ces choses. Je notais non sans amusement que sous ses dehors indifférents et relativement innocentes, Morgane jouait des mêmes artifices de séduction que sa mère, croisant les jambes dans un geste naturel mais qui était pourtant emprunt d'une terrible sensualité, quand elle le faisait de cette manière précise. La vampire aux cheveux comme les blés me dit qu'elle avait eu connaissance de ce nouveau groupuscule formé contre le pouvoir central de la nation vampire. Je notais qu'elle attendait l'ordre de la Reine pour agir... Je lui souris


| J'agis de mon propre chef mais j'ai le soutien de votre mère. Elle n'a pas donné d'ordres si ce n'est celui de la débarrasser de ces cancrelats, ce que je compte faire. De fait, votre propre implication dans cette histoire ne dépend que de votre bon vouloir, mais je suis fort aise de vous entendre parler d'unité. C'est le principal souci que j'ai en tête. |


J'étais curieux pour la suite de son discours.


| Vous attendez cela comme un ordre. N'avez vous, vous même, aucune volonté dans ce domaine ? N'y a t'il aucun vampire qui ne soit à votre goût et qui pourrait convenir à votre mère? |

Si mes choix et mon caractère étaient ce qu'il était, je savais qu'il ne faisait pas non plus l'unanimité autour de moi. Bien au contraire, parfois, les gens ne comprenaient mes choix ou bien tout simplement pourquoi j'agissais de telle ou telle manière. En outre, j'avais décidé de ne plus me méprendre de l'avis d'autrui mais plutôt d'avancer comme je le voulais. Ainsi si ma soeur était décidée à épouser Julien et que je voyais ça de bonne augure, alors c'était ainsi. Torben tout comme aucune autre n'était en mesure de me dire comment je devais penser bien au contraire, autant qu'ils s'abstiennent. Ce n'était pas leur devoir et encore moins leurs rôles de faire cela. Au contraire, j'avais déjà bien nombre de conseillers pour pouvoir me conseiller comme c'était leur rôle aux niveaux des audiences que je pouvais donner, tout comme ma mère était la seule à pouvoir réellement me contrôler sur ce que je devais penser. Et encore, ce n'était pas toujours chose aisée pour elle. En sachant que pour le moment on évoluait de notre propre chef.

Mon bon vouloir est de suivre les ordres de ma mère, si vous avez son accord, alors dans ce cas là je serai présente et je vous soutiendrai dans vos initiatives. Il est important de faire valoir l'unité de toute manière.

La discussion en revient sur moi et mon futur "alliance" comme je ne pouvais pas traduire cela comme un futur amoureux. Il n'y aurait jamais de l'amour dans mes relations dès que celle ci seront ralliées à la Couronne.

Il n'y a en effet aucun vampire que je juge suffisamment digne de rejoindre la monarchie. Nous ne pouvons pas permettre n'importe qui, Torben. La trahison serait vite fait, il serait trop dangereux surtout qu'une nouvelle dissidence tend à se créer, il serait aisé de se servir de moi, en tant que veuve pour nous faire croire à une alliance et ainsi être au plus près de la famille royale. Cela remettrait tout en danger. Voilà comment je vois les choses. Les vampires actuellement que je connais ne correspondent pas au rôle qu'un Prince doit avoir, à moins que vous en voyez un particulier. dis-je froidement et clairement pour être au plus honnête avec Torben.

On n'échappe pas à ce que nos parents ont voulu que nous soyons. C'était une règle invariable ou presque. Il n'y avait que les ruptures brutales qui l'évitaient, en fait. L'expérience me dictait bien ça. J'avais coupé les ponts avec mes parents à deux reprises. La première fois, c'était quand j'avais fait le choix de partir à l'armée, et en Tchétchénie. Il avait fallu beaucoup de temps pour qu'ils l'acceptent, quand bien même mon propre grand père était un ancien de l'armée rouge, de l'armée de la patrie qui nous avait libéré de l'ogre fasciste en 1944. C'était peut être quelque part un peu à cause de toutes ses vieilles histoires que j'ai décidé de prendre cette voie, la mort étant clairement omniprésente dans tous les récits qui ont peuplé mon enfance puis mon adolescence. Peut être, oui. Quoiqu'il en soit, j'avais renoué des liens avec ma famille une fois de retour de cette guerre terrible, et que je m'étais marié avec Jana. Là, forcément, en nous posant et en nous mettant à vivre ensemble, nous avions pas mal renoué... Des repas chez les uns, chez les autres... J'avais aussi beaucoup revu mes deux sœurs à l'époque, même si c'était un épisode de ma vie finalement très éphémère... le bonheur conjugal n'était visiblement pas à la portée de tous, sa démocratisation était en effet terriblement limitée. Les Années Sanglantes n'avaient rien arrangé par dessus le marché, cela aussi, c'était certain. Et la perspective d'une union prochaine avec Cora ne faisait pas grand chose pour adoucir ce tableau. Finalement, je me trouvais cet espèce de point commun avec la princesse, même si nos deux situations n'avaient finalement pas grand chose de comparable. Je méditais ses paroles. Elle ne bougerait rien sans l'aval express de Krystel, ce qui était fâcheux. L'avantage de la faire participer résidait dans la « surprise » que cela ferait à sa mère, surprise qui lui montrerait combien sa douce et délicate fille était forte, et capable de régner avec poigne sur une espèce indisciplinée.


| C'est exactement ce que je pense... Mais je ne dispose pas de son accord direct, si c'est ce qu'il vous faut. J'ai sa confiance et carte blanche de sa part pour réduire la menace. Vous savez comment fonctionne le lien entre un vampire et son servant... |


Bien sûr qu'elle savait, même si je ne savais pas de mon côté si elle en avait elle même fait l'expérience. Je n'en savais rien du tout... J'écoutais attentivement ce que me dit la princesse, et je notais qu'elle avait plus que conscience des enjeux qui étaient les siens du fait de sa naissance et de sa position. Au moins était elle informée de ce qu'il était possible de faire dans sa situation...


| Non, personne. Mais cela n'empeche pas que de vous savoir ouverte aux propositions est intéressant j'en ferais donc part à votre mère. |


J'écartais les mains, comme en conclusion de notre discussion.


| Je n'ai pas grand chose d'autre à ajouter. Peut être avez vous même des questions, ou besoin d'informations avant que je ne m'en aille ? |


[HJ : a toi de voir si on conclue ou si on continue ^^]

Les choix des parents sont toujours quelque chose auxquels on est soumis, mais cela n’est pas à défaut. Bien au contraire. Après j’avais été élevé dans cette mentalité, étant née à une époque où les filles avaient juste le droit de se la fermer et d’obéir, nous n’avions pas vraiment eu d’opinions. Si ma mère prenait rapidement position, je savais parfaitement qu’il fallait bien relativiser la chose. Aujourd’hui bien sur qu’avec l’émancipation j’aurai pu dire merde depuis un moment aux idées étranges que ma mère pouvait avoir pour avoir main mise sur le pouvoir. Mais tout cela nous avait mené au plus haut sommet, et quand je voyais ce qu’il était advenu de mon frère, à mon avis il n’était absolument pas tant que l’on se rebelle contre l’autorité établie. Nous avions chacun notre place, et ce n’était en aucun un moyen pour nous d’atteindre plus haut. Et si c’était le but caché de Julien ou de Jana par un mariage d’atteindre les plus hautes sphères, alors je ne doutais pas qu’il serait vite tant pour eux de cesser toute initiative, parce qu’elle était vouée à l’échec. Et même si pour moi l’occasion de prendre des initiatives sans l’aval de ma mère m’étaient offerte, je n’étais pas ce genre-là. Je ne voulais qu’elle pense que c’était pour moi une tentative de prendre sur elle du pouvoir, toute façon elle le savait jamais je n’aurai la carrure pour faire ne serait-ce que la moitié de ce qu’elle faisait. Bien au contraire. « Sans en avoir eu réellement, je connais bien ce lien. Alors vous avez l’ensemble de ma volonté avec vous, vous saurez bien me contacter en temps voulu. » Ce fut, la confiance et la carte blanche qui me donnait le dernier bout pour pouvoir lui donner ma sympathie. Ayant été un peu sur la défensive, ce n’était en rien contre lui, disons que c’était une sorte de… Je ne veux pas aller contre les volontés de ce que voulait ma mère. Ce n’était en rien mon but. Revenant rapidement sur mes futurs prétendants, il savait désormais que j’étais ouverte aux propositions, d’une certaine manière avais-je le choix ? Pas beaucoup plus que ça. J’approuvais d’un signe de tête, je n’étais pas naïve je savais que le mariage avec une personne pouvait être une occasion pour beaucoup d’obtenir une place privilégié alors avoir la princesse biologique, quoi de mieux ? Et quand elle est veuve, elle devient une proie facile devait-il penser. Mais je n’étais plus la même. J’avais bien changé. Le signe de conclusion me donnait le dong de fin. « Je n’en vois pas pour le moment mais je saurai bien vous recontacter, ou plutôt vous le saurez en temps voulu. Je n’en doute pas. » Sur ces dernières paroles je le congédiai. Il quittait la pièce j’y restais quelques instants avant de moi-même rejoindre mes gardes et ma voiture, pour faire route jusqu’à la demeure.