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[Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]
MessageSujet: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyMer 16 Oct - 19:17




 On ressemble à ceux que l'on fréquente




Alan n’avait pas vraiment passé une bonne journée, c’était le moins que l’on pouvait dire à ce sujet. Déjà, il faisait particulièrement chaud, lourd, même pour une matinée de juin, et il n’aimait pas la chaleur lorsqu’elle était excessive. Et lorsqu’elle ne s’accompagnait pas de soleil. Ensuite, il avait été contacté par le Gouvernement pour analyser des échantillons sanguins d’une race visiblement humanoïde mais qui était disjointe de la si-connue et attestée race humaine. Bon certes, il avait été contacté il y avait de cela plusieurs semaines, et analysait ces échantillons depuis plus de dix jours, mais le problème ce jour là, c’était que les premiers résultats avaient été formulés. Ecrits. Prononcés. Ce n’était pas du sang humain – la certitude était donc énoncée officiellement – et c’était du sang ayant une particularité de métamorphose jamais vue jusque là. Comme si des gênes de mutation accélérée et de mémoire de forme avaient été ajoutés au caryotype humain sans le dérégler totalement. Impossible. Improbable. Un prodige scientifique assurément qui séduisait le groupe de chercher presque autant que la possibilité qu’une espèce similaire à l’homme ait jusque là vécu cachée de tous au sein de l’humanité.

Le petit groupe de chercheurs rassemblés par le Gouvernement s’était rassemblé à l’Université de Glasgow cet après-midi-là, et Alan avait choisi de faire la moitié du chemin à pied pour se dégourdir les jambes et évacuer par la course un peu de la tension accumulée pendant toute la réunion. Il n’avait pas spécialement envie d’être sur les nerfs lorsqu’il allait retrouver sa femme, sa si charmante femme qui avait, tout comme lui, le don d’exploser pour un rien. Ils avaient beau n’être mariés que depuis une trentaine de mois maintenant, leurs disputes, aussi fréquentes que leur amour l’un pour l’autre était fort, rythmaient déjà leur quotidien. Alan se faisait parfois la remarque que le jour où ils cesseraient de se prendre la tête pour des détails sans importance, il s’inquièterait pour eux deux. C’était comme un indice de la santé de leur couple, et on pouvait dire qu’il n’avait jamais été aussi solide. Donc, Alan courrait tranquillement sur la route qui menait à Edimbourg, étant descendu du transport qui ralliait les deux villes une petite demi-heure plus tôt. Le berger allemand était un animal qui n’aimait rien autant que courir librement, et ce sentiment de liberté avait déteint aux fils des années sur Alan qui avait pour solution première lorsque le travail le rendait soucieux d’aller courir, que ce fusse sous sa forme humaine ou animale.

Ses pensées dérivèrent sur les derniers évènements qu’avait connus l’Ecosse, et sur l’impact qu’ils pouvaient avoir sur sa petite vie tranquille, sur leur petite vie très précisément, à lui et à Kate. Ce qui était certain, c’était qu’à présent plus les jours passaient, plus les mailles se resserraient autour d’eux deux, puisqu’il ne pouvait plus quitter discrètement le pays sans attirer sur eux les yeux des services secrets, et que s’il restait, et qu’il leur venait étrangement à l’esprit de tester les échantillons sanguins de tous les chercheurs, il était ferré comme un rat. Ou comme un berger allemand qui se serait pris la patte dans un piège à ours ; le piège ne lui était pas destiné, mais il fonctionnait tout de même extrêmement bien, voire trop bien au goût du Métamorphe. Et que le sang trouvé par les services secrets soit celui d’un autre type de changeur ne changeait rien au fait que l’on cherchait à déterminer les individus qui n’étaient pas humains. Joie.

Alan, même s’il n’avait pas vraiment l’habitude de frayer avec les membres de son espèce, savait reconnaître entre mille cette odeur. Plus encore : il avait le réflexe de l’éviter le plus possible, la seule exception ayant été Kate qui, loin de le révulser, l’avait attiré comme personne auparavant. Mais c’était une autre histoire, et Alan se reconcentra sur les informations que lui envoyaient ses papilles olfactives. Intrus métamorphe à quelques mètres. Intrus métamorphe connu, intrus métamorphe reconnu. Alan se tendit imperceptiblement, se décalant pour quitter la chaussée et se mettre sur la bande d’arrêt d’urgence, pour éviter les voitures. Il hésita entre ignorer l’odeur, ou devancer l’apparition de la jeune femme qui l’avait surpris quelques jours plus tôt. Ignorer, snober, surprendre ? Alan ne savait pas trop. Son instinct lui criait de se transformer et de partir à quatre pattes, mais il avait tout de même sur lui toutes ses affaires, et son ordinateur portable. La curiosité – et un peu la raison – finit par prendre le pas, et Alan fit un tour sur lui-même, humant l’air discrètement.

« Je t’ai sentie, tu peux te montrer. »




Dernière édition par Alan Dougal le Ven 18 Oct - 13:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyVen 18 Oct - 1:37




 On ressemble à ceux que l'on fréquente




Cela faisait maintenant presque une semaine que la jeune métamorphe ne l’avait pas revu.

La solitude commençait à peser à la petite voleuse, qui cherchait depuis quelques temps à rencontrer les autres membres de son espèce. Elle avait cherché longtemps en vain d’autres gens comme elle. Elle savait qu’ils existaient, elle en était certaine. Ses parents étaient eux aussi métamorphes, et ils lui avaient déjà parlé de ce qu’elle était. Elle savait qu’elle n’était pas seule, du moins en théorie. Et elle savait aussi que leur existence devait rester secrète. Elle prenait donc garde à ne pas montrer sa vraie nature, ce qui revenait à rester seule, car elle avait encore du mal à réfréner ses pulsions animales. Elle n’en avait surtout pas l’envie.

Il n’y avait qu’avec les loups qu’elle pouvait être elle-même. Bien sûr elle ne s’y sentait pas chez elle. En dehors de leur meute, rien ou presque ne leur importait. Et ils ne manquaient pas une occasion de lui faire remarquer qu’elle n’était pas des leurs, avec plus ou moins de tact et de délicatesse. Mais ils la laissaient en général se mêler à eux, et elle s’entendait bien avec certains des membres de la meute. Ces moments passés à Wolfheaven lui faisaient en tous cas un bien fou. Le compromis idéal entre sa solitude qui lui pesait et ses pulsions animales qui empêchaient toute sociabilisation avec des humains.

La jeune voleuse avait donc décidé depuis quelques mois de chercher plus activement les autres membres de son espèce. Elle avait eu du mal à en dénicher. Ils savaient se fondre dans la masse, Edimbourg était une grande ville, et elle n’était pas tellement habituée à les repérer. Les derniers métamorphes qu’elle avait eus en face d’elle étaient ses parents, lors de cet accident qui l’avait laissé orpheline.

Mais après des mois de recherche elle avait fini par en repérer un. Un trentenaire qui vivait à Edimbourg. Elle l’avait observé de loin pendant longtemps, essayant de savoir s’ils pourraient se comprendre, et peut-être même s’apprécier. Sous sa forme renard, elle l’avait suivi à quelques reprises, à l’abri du vent, comme elle traquait ses proies lors de ses chasses. Jusqu’à ce qu’elle décide qu’il était temps qu’elle se dévoile.

Elle l’avait attendu sur la route qu’il prenait régulièrement pour rentrer du travail, et elle s’était transformée devant ses yeux, prenant aussitôt la fuite sans lui laisser le temps de réagir. L’émotion avait été trop forte. L’idée d’entrer en contact avec un autre membre de son espèce l’avait soudainement effrayée, elle qui avait tant cherché ce moment. La peur du rejet sans doute. La renarde n’avait écouté que son instinct cette nuit-là, et elle s’était enfuie. Depuis elle était revenue régulièrement rôder dans cette zone, attendant de le recroiser. Elle avait cessé de l’espionner. Elle savait qu’il repasserait. Il suffisait d’être patiente.


Cela faisait maintenant presque une semaine que la jeune métamorphe ne l’avait pas revu.

Après une journée passée à Wolfheaven en compagnie de Mary, la lupa de la meute avec qui Roxane s’entend plutôt bien, la jeune femme se décide à rentrer dans le petit studio miteux qu’elle a déniché à Edimbourg. Après avoir remercié celle qu’elle ne considère pas encore tout à fait comme une amie, elle reprend une fois de plus sa forme favorite. Un dernier regard vers Wolfheaven et tu prends ton rythme de course, celui qui te permet de parcourir sans te fatiguer de longues distances.

Le trajet entre le refuge des loups et la ville d’Edimbourg est long, mais tu y es habituée. Tes pattes avalent les kilomètres sans problème, et tu profites du vent qui t’apporte les odeurs si agréables de la forêt à cette période. Afin de raccourcir le trajet tu t’approches de la grande route qui relie Glasgow à Edimbourg, restant toutefois à bonne distance. Quand tu sens une odeur familière. La sienne. Celle de celui que ton côté humain a tant cherché à retrouver ces derniers jours.

Intriguée et excitée à l’idée d’une deuxième rencontre tu changes de direction pour te rapprocher de cette odeur complexe que tu as reconnue. La peur et l’appréhension qui t’ont fait fuir la dernière fois sont enfouies, recouverte par le bien-être que t’a procuré cet après-midi de chasse en compagnie de la jeune louve. Tu t’approches, ne cherchant pas à masquer ton odeur. Tu sais qu’il va te sentir, te reconnaitre. Tu t’y attends. Et tu le souhaites.

Arrivée à sa hauteur, tu te dissimules derrière un buisson et tu attends. Tu attends qu’il réagisse. Tu sais qu’il t’a repérée. Il a arrêtée sa course pour ça, tu le sais. Son cœur est en train de reprendre son rythme normal. Il fait demi-tour, te faisant face, sans pour autant te voir.


« Je t’ai sentie, tu peux te montrer. »

La bonne humeur de ton côté humain se traduit par une humeur joueuse, réveillant en toi le renardeau qui n’est pas si lointain. Tu bondis hors de ta cachette, et arrache des mains du métamorphe sa veste, qu’il avait retirée afin d’être à l’aise pour courir. En quelques secondes tu repars vers la forêt pour t’arrêter à 50 mètres de là, regardant le propriétaire de ton butin avec des yeux de défi, déposant du bout des dents la veste sur le sol, avant de reculer de quelques pas.

Roxane Emerson

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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyVen 18 Oct - 13:54




 On ressemble à ceux que l'on fréquente




Il l’avait rencontrée pour la première fois sept jours plus tôt. Si rencontrer étant le verbe adéquat pour décrire la vision fugitive d’un membre de son espèce qui s’était transformé juste devant lui. Il l’avait rencontrée une semaine plus tôt, et la rapidité de cette rencontre avait marqué sa journée qu’il avait fini songeur. Heureusement, dans un sens, que ladite journée allait sur sa fin, mais c’était aussi malheureux, puis qu’il était arrivé perturbé à son appartement, et avait regardé, songeur, l’autre métamorphe qu’il connaissait. En général, il se tenait loin de ceux qui sentaient comme lui. En général, d’ailleurs, Alan préférait ne pas se faire remarquer et pour cela, il s’obstinait à se mêler aux autres le plus naturellement du monde. Il n’était pas particulièrement sociable, mais il faisait des efforts pour le paraître et ne pas détoner en société. D’autant plus qu’il avait obtenu maintenant un bon poste dans les laboratoires de recherche d’Edimbourg, et qu’il avait même été décrit comme particulièrement compétant dans son domaine d’expertise. Oui, ce n’était pas le moment de tout gâcher. Bon, d’accord, il fallait bien se le dire : la dernière fois qu’il avait frayé avec un membre de son espèce, il ne l’avait pas regretté et ne le regrettait toujours pas. Alan espérait aussi n’avoir jamais à le regretter d’ailleurs, parce que le métamorphe, ou plutôt la, qui avait constitué l’exception à la règle de la fuite était à présent sa femme.

Pourquoi penser à tout cela ? parce que pour la deuxième fois en une semaine, un autre métamorphe venait à sa rencontre. L’odeur avait quelque chose d’entêtant mais Alan ne savait pas si c’était du fait de la similitude entre son odeur à lui et son odeur à elle, ou juste du fait de son odeur à elle. Il ne lui avait pas adressé la parole, la fois dernière, parce qu’elle s’était transformée pour prendre la fuite en un soupir, et qu’il n’avait pas eu le réflexe de la suivre. Ni l’envie d’ailleurs. Cette fois, en revanche, il avait pris le parti de l’interpeller pour lui montrer qu’il n’était pas aussi naif que la fois dernière, histoire d’orgueil personnel, histoire de lui dire cette fois, tu ne m’auras pas eu par surprise, je suis de la même espèce que toi, moi aussi j’ai un flair plus prononcer que les humains habituels. Il y avait un mélange entre Alan et le berger allemand à cet instant, qui accentuait l’orgueil du chercheur, et son côté joueur. Les deux cumulés l’avaient poussé, associés à la curiosité, à parler le premier.

Un mouvement dans les buissons, et Alan perçut par le flair avant la vue ou l’ouïe le déplacement qui sauta pour lui arracher sa veste des mains. Il fronça les sourcils en réagissant, à nouveau, un temps trop tard et en râlant tout aussi décalé dans le temps, alors que sa veste était déjà loin de lui : « He ! C’est à moi ça ! ». Son réflexe premier fut de se transformer pour rejoindre le brouillard roux qui lui avait volé sa veste, mais Alan réprima rapidement la montée animale pour rester un être humain. Ce n’était pas prudent de se transformer ainsi sur un lieu aussi ouvert, aussi dégagé. Ce n’était vraiment pas prudent. Alan contracta les muscles et inspira profondément pour totalement contrer sa volonté inconsciente de se transformer, et, un peu raide, croisa les bras pour chercher du regard le renard. C’était stupide, nous étions bien d’accord, de simuler ainsi une recherche parce qu’il avait suivi par l’ouïe et l’odorat le déplacement de l’animal – le vent était idéal pour cela à cet instant – mais… c’était étrange. Alan n’arrivait pas vraiment à justifier son comportement. Un peu plus tôt, il avait clairement affiché son appartenance à l’espèce des métamorphes en arguant qu’il avait senti la renarde avant qu’elle ne daigne se montrer, et à présent il simulait une appartenance complète à l’humanité en jouant à l’aveugle et au sourd. Le généticien observa le chemin – ou l’absence de chemin – entre lui et le forêt, et ainsi entre lui et sa veste. Et la renarde. Elle voulait jouer ? Il fallait reconnaître au chien un grand esprit joueur, et cette envie de la rejoindre pour jouer aussi faisait pression sur la volonté de ne pas se transformer qu’Alan concentrait sur ses pulsions. Ne pas céder, ne pas céder, ne pas… Alan soupira, haussa les épaules, et rejoignit tranquillement, à pied et non à pattes, l’orée de la forêt. Arrivé, il croisa les bras à nouveau et considéra la renarde.

« Tu me rends ma veste ? Je n’ai pas le temps de jouer. »

Je n’ai pas le temps. Alan avait hésité entre le temps et l’envie, mais il n’avait pas pu s’abaisser à mentir. Parce que pourquoi se mentir ? Alan tenta d’étirer un rictus sérieux sur ses lèvres, mais malgré tous ses efforts, un fin sourire commençait à naître. Il devait être ridicule à parler à une renarde. Si l’un de ces humains auxquels il voulait absolument se mêler passait par ici, il allait très certainement le prendre pour un fou.

« Allez, qu’est ce que tu me veux ? Tu es bien la même que la semaine dernière ? »

Qu’est-ce qu’elle lui voulait, voilà une bonne question. Deux fois, ce n’était plus du hasard. Deux fois, c’était le fruit de la volonté, soit de l’un, soit de l’autre, de se revoir et Alan savait parfaitement que cette volonté ne provenait pas de lui, ah non ! Certes, il y avait pensé la moitié de la semaine, mais c’était légitime. Et normal. Il y avait un mélange entre une certaine curiosité, une angoisse et de multiples interrogations qui se chevauchaient dans sa tête. Parce qu’Alan se posait en temps normal une dizaine de questions en même temps et ne trouvait que rarement les réponses de suite. Et la question, qu’est ce que tu me veux, il la lui avait posée une bonne centaine de fois depuis la semaine dernière, sans obtenir de réponse.

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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyJeu 24 Oct - 0:55




 On ressemble à ceux que l'on fréquente




Tu le vois hésiter. Tu sens son envie de te rejoindre, de passer à quatre pattes et de venir jouer avec toi. Tu l’attends. Tu l’observes te chercher des yeux à travers les branches. Tu t’en étonnes. Pourquoi ne pas utiliser son flair ? Tu détecte pourtant une odeur canine associée à celle de l’homme. Tu sais que ton odorat est plus fin que ceux des autres humains, et tu pensais que ce serait le cas pour lui aussi. D’ailleurs il t’a sentie arriver. Il devrait pouvoir te trouver rapidement. Tu ne comprends pas son petit manège, et tu décides rapidement que tu t’en fiches. Ce que tu veux toi c’est jouer. Tu as trouvé un compagnon, toi qui te sens si seule depuis ta première transformation, tu ne vas pas faire la difficile.

Tu t’impatientes, et commences à tourner en rond, formant un huit poussiéreux sur le sol sec de la forêt. Tu dresses les oreilles pour écouter les pas de l’homme qui s’approche enfin. Tu l’entends s’immobiliser et tu sens son regard. Tu t’arrêtes et t’assois, la queue ramenée devant tes petites pattes noires. Il est planté à quelques mètres, les bras croisés, et il te regarde. La veste est posée sur le sol poussiéreux, à quelques centimètres à peine de tes pattes. Tu attends qu’il fasse quelque chose, ou qu’il dise quelque chose.


« Tu me rends ma veste ? Je n’ai pas le temps de jouer. »

Tu es déçue. Tes oreilles jusqu’alors dressées fièrement retombent légèrement, et tu le regardes avec des yeux un peu tristes. Tu attrapes la veste délicatement et t’approches de lui pour la lui rendre. Une fois ton butin restitué tu recules en le fixant des yeux, et vois un sourire percer sur le visage de ton compagnon. Ce sourire timide te redonne espoir. Il n’est pas si fermé que ça finalement, et tu n’as pas l’air de l’ennuyer tant que ça.


« Allez, qu’est ce que tu me veux ? Tu es bien la même que la semaine dernière ? »

A contre-cœur tu te fais à l’idée qu’il n’est pas d’humeur à jouer, et qu’il ne te rejoindra pas pour courir dans les bois. Tu fermes les yeux pour profiter une dernière fois à fond de tes autres sens. Ceux qui se font légèrement moins aiguisés lorsque tu es sur deux jambes. Et tu changes. Les pattes s’allongent pour devenir jambes et bras, et des doigts se dessinent. La fourrure se fait peau, mais sa teinte se loge sur le crâne de la métamorphe en une chevelure flamboyante. Elle est jeune, à peine une vingtaine d’années. La nudité ne la dérange pas. Elle ne la cache pas. Ses yeux sont plantés dans ceux du métamorphe qu’elle rencontre pour la deuxième fois, celui qu’elle a suivi sans se faire repérer pendant plusieurs semaines. Cette fois elle ne fuira pas. Elle voulait le rencontrer, lui, le premier métamorphe qu’elle croise depuis la mort de ses parents. Elle ne fuira pas cette fois.

Roxane. Je cherchais des gens comme moi et je vous ai trouvé. C’était moi la semaine dernière.

La belle rouquine n’a jamais été douée pour les conversations. Elle ne sait pas de quoi deux métamorphes sont sensés parler lorsqu’ils se rencontrent, c’est le premier qu’elle croise. Son regard commence à papillonner pour évacuer son léger malaise et se pose sur la veste dans les mains de l’autre métamorphe, tachée de terre et maculée de poils roux.


Je suis désolée pour la veste, je sais pas trop ce qui m’a pris, c’était débile. J’espère que vous ne m’en voulez pas trop.

La jeune métamorphe ne sait pas où se mettre. Ses sentiments humains ont repris le dessus, et elle se rend maintenant compte de la rudesse de son comportement. Elle relève finalement un peu la tête et observe le brun qui lui fait face, cachée derrière une mèche de cheveux roux lui tombant sur le visage.

Roxane Emerson

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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyDim 27 Oct - 19:30




 On ressemble à ceux que l'on fréquente




En voyant les oreilles du renard retomber légèrement, Alan comprit qu’il n’avait pas été très sympa, pas été très agréable avec elle. En même temps, elle l’avait eu par surprise, et elle faisait partie d’un secret qu’il tenait à garder secret. Lorsqu’on se transformait, comme ça, sans crier gare, devant lui, et bien il estimait normal et concevable de mal le prendre. Surtout lorsqu’on lui volait sa veste pour l’embêter. Et pour jouer.Car Alan n’était pas stupide, et il tenait bien trop du berger allemand pour ne pas avoir senti l’envie de jouer de la renarde – et pour ne pas avoir eu lui aussi envie d’y succomber –. Ca expliquait peut être son ton un peu sec lorsqu’il lui avait posé toutes ces questions.  L’avait-il blessée ? L’avait-il vexée ? Oh, la question, en réalité, n’avait pas à se poser… parce que c’était oui, bien sûr. Alan récupéra d’un mouvement sec sa veste, en l’époussetant tout en observant les taches, les marques de terre et la légère déchirure là où les crocs avait mordu le tissu. Bon, et bien, il n’y avait plus grand-chose à récupérer. Alan fronça les sourcils en sentant un léger changement d’odeur et leva les yeux vers la renarde qui, déjà, changer de forme pour se mettre à quatre pattes. Elle était identique à la semaine passée – bien moins vêtue cependant puisque la métamorphose s’effectuait cette fois dans l’autre sens.

Roxane. Je cherchais des gens comme moi et je vous ai trouvé. C’était moi la semaine dernière.

Alan papillonna des yeux et ne put s’empêcher de laisser couler son regard sur les courbes de la renarde, de la femme. Avant de se reprendre. Bon sang, il était marié, il était marié avec Kate et il était très heureux. Mais bon. La renarde était devant lui, là, et il ne pouvait pas non plus fermer les yeux. En tant que métamorphe, il avait l’habitude plus ou moins de se retrouver dénudé assez souvent dans des endroits incongrus lorsqu’il n’avait rien prévu comme habit pour l’attendre à son point de transformation. C’était qu’il avait souvent du fuir des situations désagréables de manière imprévue…

Il était sensé dire quelque chose, là, non ? Alan n’était pas très doué pour les conservations, il ne l’avait jamais été et ça n’allait pas en s’arrangeant malgré les efforts de Kate et ses efforts à lui.
Je suis désolée pour la veste, je sais pas trop ce qui m’a pris, c’était débile. J’espère que vous ne m’en voulez pas trop.

Alan se passa une main dans les cheveux, un peu gêné. Visiblement, ils étaient deux mal à l’aise, là. Et à cause de qui ?. Le métamorphe se rendait bien compte qu’il avait loin été aimable. Très loin même. Il tenta de rassurer la métamorphe, avant que ses yeux ne s’égarent à nouveau légèrement, et de se justifier :

« Oh, ce n’est pas grave, ce n’est qu’une veste après tout. Je… Je ne vous en veux pas. Je crois. »

Bravo. Voilà qui était bien dit… Alan se sentait maladroit et ridicule. Bon.

« Je suis moi aussi désolé d’avoir été aussi… peu aimable. C’est que, je n’ai pas du tout l’habitude de rencontrer… vous comprenez. Et je déteste être surpris alors généralement ça ne fait pas bon ménage. , il lui tendit la veste, incertain et obligeant son regard à se fixer dans les yeux de la rouquine. Tenez, mettez-la. Ce sera hum… mieux comme ça je présume. »

Et maintenant, il s’agit de te présenter correctement, Alan. Déjà que ta dernière phrase sonnait comme un ordre, il serait de bon goût de ne pas se montrer encore plus désobligeant en s’octroyant le droit de ne pas du tout se présenter. Elle est de la même espèce que toi, gros bêta, vas-y, présente toi. Et poliment : tu n’es pas un animal après tout, juste la moitié d’un.

Alan esquissa un petit sourire. Histoire de reprendre bien au début.

« Je m’appelle Alan. Bonjour Roxane, dans ce cas… Tu cherchais des gens… comme nous ? Pourquoi ? Personnellement, je préfère nous fuir, je n’aime pas que quelqu’un sache ce que je suis. Je préfère sembler… normal. Pas toi ? »

Sembler normal, se fondre dans la population, c’était ce qu’il avait voulu faire en montant en Ecosse et en fuyant Londres où il était poursuivi pour homicide – involontaire ou non, la justice de son gang s’en fichait totalement – et pour vol avec violence. Sembler normal, se fondre dans la population, c’était son objectif depuis un certain nombre d’années maintenant et il y était plus ou moins parvenu, si on oubliait qu’il était marié à une métamorphe et qu’il travaillait pour le gouvernement sur des dossiers extrêmement confidentiels à propos d’espèces inconnues. Le regard brun d’Alan se posa sur les épaules de Roxane, se ferma, et remonta dans les cheveux roux de la jeune femme, qui lui faisait bien évidemment penser à sa forme animale. Et à ce qu’il s’était produit un peu avant.

« Je suis encore désolé pour tout à l’heure. J’imagine que tu, enfin le renard, enfin vous… vous ne vouliez que jouer, non ? »

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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyLun 4 Nov - 1:29




 On ressemble à ceux que l'on fréquente




La jeune rouquine le voit se dandiner. Il a l’air soudain mal à l’aise, et elle ne comprend pas pourquoi. Il avait pourtant l’air sûr de lui quelques instants auparavant. Elle surprend ses yeux qui glissent vers le bas et remontent brusquement vers son visage avec un air coupable. Est-ce sa nudité qui le dérange ? Elle n’avait pas pensé à ça. Après quelques secondes qui semblent durer des heures il lui répond, avec hésitations et en butant sur certains mots, l’assurant qu’il ne lui en veut pas pour la veste. Un peu rassurée par ses mots, elle reprend un peu confiance. Peut-être n’a-t-elle pas entièrement raté leur rencontre après tout ?

Il profite de l’occasion pour s’excuser lui aussi. La métamorphe ne s’ôtera pas de l’idée que c’est elle qui a provoqué cette réaction. Elle n’aurait pas dû se laisser ainsi aller. Elle s’en rend bien compte. Son comportement était complètement inapproprié. D’ailleurs il semble qu’avoir repris forme humaine l’était également. Il lui tend sa veste, lui proposant de se couvrir. Sa nudité le gêne. Elle n’en était pas certaine. Maintenant c’est sûr. Elle n’avait pas du tout pensé à ce détail. Les animaux n’ont pas cette notion, et elle pense parfois un peu trop à leur manière.

Docile, elle prend la veste. Elle ne veut pas le contrarier. Si ça le rend mal à l’aise de la voir nue, elle ne l’y forcera pas. Elle lui impose déjà sa présence, elle lui épargnera son corps dénudé si il préfère ne pas l’avoir sous les yeux.

J’essaierai de ne pas l’abîmer cette fois


La réplique taquine a échappé à la rouquine. Son envie de jouer est encore là en fond. Son côté renard jamais très loin, surtout lorsqu’elle vient de reprendre forme humaine. Elle ne peut réprimer un petit sourire tandis qu’elle enfile la veste. Un peu trop grande pour lui servir de veste, mais trop petite pour la masquer entièrement. Elle lui arrive environ au milieu des fesses, laissant donc une bonne partie de son corps à découvert. Enfin s’il pense que c’est mieux, c’est que ça l’est. Après tout elle, elle ne voit pas le problème.

Sembler normal ? Roxane n’a jamais réussi à sembler normal. Depuis sa première transformation elle ne compte plus les fois où elle s’est fait chasser parce qu’elle avait l’air bizarre. Les humains l’ont toujours repoussée. Ce qui fait qu’elle a tendance à les éviter. Les seuls contacts qu’elle a volontiers avec eux c’est pour leur voler de l’argent ou de la nourriture.


Je … Je n’arrive pas à avoir l’air normal. Du coup j’ai toujours été très seule. Les seuls avec qui je peux être moi-même ce sont les loups. Mais même avec eux, je ne me sens pas chez moi. Je ne fais pas partie de leur meute.


Pourquoi elle lui racontait tout ça ? Elle n’en savait rien. L’impression que peut-être il la comprendrait. Après tout ils étaient de la même espèce, dans la même galère. A qui pouvait-elle confier ce genre de choses si ce n’est à quelqu’un qui pouvait avoir eu les mêmes problèmes ?

La métamorphe se rend soudain compte de ce qu’elle vient de dire. Etait-il au courant de l’existence des lycans ? Elle avait promis à Mary qu’elle ne révèlerait pas leur existence, qu’elle garderait leur secret avec le sien. Et voilà qu’elle vient d’en parler à un inconnu, tout métamorphe qu’il est. Soudain paniquée elle relève les yeux pour regarder sa réaction, cherchant un moyen de rattraper sa bourde, si bourde il y a. Elle tente de changer de sujet en rebondissant sur ses paroles.

Tu préfères fuir les autres métamorphes ? Ca t’ennuie que je sois là ? Je … Je peux partir si tu préfères.


Pas qu’elle en ait vraiment envie. Surtout qu’avec ce qu’elle vient de lui dire, elle doit s’assurer qu’il n’aille pas crier ça sur tous les toits. D’une part ce serait un gros souci pour la meute, et d’autre part si Mary découvrait d’où venait la fuite, elle ne serait sans doute pas aussi bienveillante à son égard. Elle ne l’avait encore jamais vue se mettre en colère, mais elle n’avait pas envie de découvrir cette facette de la Lupa.

Oui j’avais juste envie de jouer. Je n’ai pas réfléchi, j’étais sous le contrôle de mes pulsions de renard. Si j’avais réfléchi un peu je n’aurai sans doute pas fait ça… Vous reveniez du travail, non ? Sans doute pas le moment pour se changer et courir dans les bois…


La métamorphe a des milliards de questions à lui poser, et elle est là à ne pas savoir quoi dire. Elle l’a pourtant répétée cette rencontre, dans son imagination. Mais elle ne se souvient plus de ses répliques, et pas de souffleur dans les coulisses pour les lui rappeler. Elle va devoir improviser.

Comment fais-tu pour avoir l’air normal ?


La question lui semble nulle ainsi formulée. Elle a l’impression d’être une enfant qui pose des questions idiotes. En fait c’est un peu ce qu’elle est, là. Une enfant. Une métamorphe qui n’a pas eu la chance d’être éduquée depuis sa première transformation. Une jeune adulte qui n’a pas eu de réponses à ses questions, et qui s’est construite sur des interrogations, des hésitations, des balbutiements, et surtout une grande solitude. Plus qu'une enfant, une orpheline.

Roxane Emerson

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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyMer 6 Nov - 16:41




 On ressemble à ceux que l'on fréquente




J’essaierai de ne pas l’abîmer cette fois

Elle semblait un peu gênée, mais sa remarque taquine fit sourire Alan. Lui en voulait elle ? Sûrement. Peut être. Il avait toujours eu un contact maladroit avec les autres – qu’ils soient humains ou non – pour la simple raison qu’il ne savait pas se modérer. Lorsqu’il devait communiquer avec d’autres, Alan ne savait pas trouver le juste milieu, et malheureusement il tombait souvent dans le contact direct et brutal. Il arrivait, il lâchait son message violemment et repartait tout aussi rapidement. Il n’y avait eu que quelques exceptions qui l’avaient fait pencher dans l’autre extrême, celui qui le faisait bégayer et jongler très maladroitement avec les mots et les phrases dans l’idée de ne pas écraser les œufs qui supportaient son poids. Une de ces exceptions était Kate. Et Roxane semblait devenir une nouvelle exception – fort peu comparable bien sûr, parce qu’il ne connaissait pas Roxane comme il connaissait Kate, et qu’il y avait un coup de foudre de différence – et ça le perturbait un peu. Alan préférait ne pas avoir à communiquer, ne pas avoir à parler, et qu’on ne lui demande que des présentations de l’avancée de ses travaux, des comptes rendus écrits et parfois des exposés sur certains points évidents pour que le Gouvernement – ou d’autres professeurs en génétique – comprennent ce qu’il était en train de prouver. Et dans ces cas là, on ne lui demandait pas forcément d’être… sociable. Juste clair et concis. Il fallait cependant bien s’excuser, essayer de relancer la conversation. La curiosité se mêlait au malaise, et Alan était partagé entre l’envie de partir, vite, et l’envie de discuter avec Roxane. Une curiosité à laquelle il ne laissait que rarement cours, en temps normal, comme pour sa partie animale qu’il s’évertuait à bâillonner la plupart du temps. Tout cela, pour paraître normal.

Je … Je n’arrive pas à avoir l’air normal. Du coup j’ai toujours été très seule. Les seuls avec qui je peux être moi-même ce sont les loups. Mais même avec eux, je ne me sens pas chez moi. Je ne fais pas partie de leur meute.

Loup ? Loup ? Meute ? Alan avait conscience depuis plusieurs années maintenant que les loups garous existaient autant que les vampires – l’un n’allait pas sans l’autre, il était étonnant d’ailleurs que les humains ne se soient pas déjà aperçus de cela. Alan avait conscience, donc, de l’existence des loups-garous – Il avait même passé au moins cinq ans de sa vie à être persuadé d’en être un, ou presque – mais jamais jusque là on n’y avait fait une allusion aussi directe devant lui. Chose liée, très certainement, au fait que le métamorphe fuyait les espèces surnaturelles comme la peste systématiquement. Son air troublé se vit sur son visage et Roxane rebondit sur un autre sujet, en reprenant ce qu’Alan avait dit un peu plus tôt et en faisant écho, d’ailleurs, à ses pensées actuelles.
Tu préfères fuir les autres métamorphes ? Ca t’ennuie que je sois là ? Je … Je peux partir si tu préfères.[…] Oui j’avais juste envie de jouer. Je n’ai pas réfléchi, j’étais sous le contrôle de mes pulsions de renard. Si j’avais réfléchi un peu je n’aurai sans doute pas fait ça… Vous reveniez du travail, non ? Sans doute pas le moment pour se changer et courir dans les bois…

Des questions beaucoup de questions, encore des questions. Alan était effaré par la différence existante entre lui et Roxane. Il était d’un naturel réservé, à garder ses idées pour lui – ou à les exposer avec virulence lorsqu’il était dans son bon droit – et préférait fuir plutôt que rester et satisfaire sa curiosité. Elle, elle posait une flopée de questions, rebondissant sur ses propos comme le renardeau pouvait sautiller pour attraper un papillon. Alan essaya de bâillonner son malaise, et de montrer que non elle ne le dérangeait pas tant que ça. « Oui, je les évite, mais… mais ce n’est pas grave. Ce n’est pas parce que je nous évite que je ne connais personne comme nous. Reste, reste donc, maintenant qu’on en est là., bien bien Alan, continue ainsi. Le métamorphe dévia le regard, gêné d’être aussi… maladroit – encore une fois ce mot ! – avec elle. Enfin, je veux dire… »
Comment fais-tu pour avoir l’air normal ?

La question fit rire Alan, ou du moins sourire sincèrement. Comment faire pour avoir l’air normal ? Le Métamorphe haussa les épaules. « Hum… dur à dire… je… » Alan fit glisser son sac le long de son épaule pour le laisser glisser doucement jusqu’au sol. Il rendait les armes, dans un sens, contre sa méfiance naturelle et sa lâcheté coutumière dans ce genre de situation, et le fait de déposer son sac pouvait s’assimiler à un dépôt des armes affirmant sa reddition. Alan avait beau avoir trente-cinq ans, il restait allergique à la socialisation et semblait le plus souvent être bien plus jeune lorsqu’il commençait à parler, puisque ses hésitations étaient systématiques dans ces cas là, lorsqu’il n’était pas en mode « professeur ». Lorsqu’il n’était pas totalement sûr de lui, en résumé. Dans un petit mouvement, Alan posa son sac contre l’arbre le plus proche, et s’y adossa, après avoir un peu desserré sa cravate.

« J’imagine qu’être normal, ça s’apprend et ça demande une véritable volonté et des sacrifices… Personnellement, je n’ai jamais demandé à être un métamorphe, et j’ai fait des choses que je ne veux plus jamais refaire. Être un simple… humain dans un sens, peut me permettre de ne pas… recommencer. Tout simplement. » Ses yeux chocolat dérivèrent à nouveau sur ses cheveux roux, pour se perdre dans le bois juste derrière, le champ et la route. La campagne. D’un ton dégagé, il reprit, sans la regarder. « Et donc, toi, tu vis avec des loups ? Et ils t’acceptent comme tu es où tu te fonds dans leur… masse ? »

La question d’Alan était bien plus intéressée que ce qu’on pouvait croire en apparence. Les loups-garous. Leur existence était une certitude pour lui, surtout depuis qu’il étudiait un échantillon de leur sang, et il ne pouvait pas s’empêcher de se demander s’ils étaient au courant de l’épée de Damoclès qui oscillait au dessus de leur anonymat ; la même épée se balançait au-dessus de l’anonymat des mtamorphes, mais comme ils n’étaient en aucun cas rassemblés dans des meutes ou ce genre de structure, Alan percevait bien moins fortement l’impact que pouvait avoir une révélation de leur existence, à eux. Alors que pour les loups… ils ne les avaient pas côtoyés – il les avait évités – et n’avait qu’une connaissance lacunaire de leur fonctionnement, mais il savait déjà qu’ils n’allaient pas résister à une recherche approfondie si les humains venaient à comprendre quelle race ils venaient de découvrir. Alan desserra un peu plus sa cravate – il avait toujours la désagréable impression d’être tenue en laisse et malgré l’habitude cette impression ne disparaissait pas – pour finir par l’enlever tout à fait et la ranger dans son sac. « Tu imagines bien, je pense, que si j’évite en général les gens comme… comme nous, je fuis les autres espèces surnaturelles, même si elles nous sont… cousines. » Ce n’était pas une excuse, non, c’était un… complément d’explication. Et puis, Alan avait lui aussi ses questions. « Le renard, tu te transformes toujours ainsi ? » Curiosité naturelle à propos de la métamorphose. Curiosité qu'Alan n'avait pas tenté de réprimer, étrangement. Le chien se faisait pressant, le berger allemand lui intimait de respirer l'air, de chercher des réponses, puisqu'il lui avait empêcher de jouer avec la renarde. Le berger allemand était triste de ne pas avoir joué, alors qu'il faisait jour, il faisait chaud, et qu'ils étaient dans la nature. Le berger allemand lui en voulait, et compensait en lui demandant des réponses.


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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyVen 8 Nov - 2:12




 On ressemble à ceux que l'on fréquente



La jeune métamorphe est un peu rassurée en voyant qu’il accepte de changer de sujet. Cependant il n’a pas manqué l’information qu’elle a lâchée sans réfléchir. Elle a vu le doute et les questions qui sont passés dans ses yeux. Enfin s’il ne lui en demande pas plus, elle ne devrait pas avoir trop d’ennuis.

Elle s’amuse un peu des balbutiements de son compagnon, tout en ayant conscience qu’elle n’en mène pas beaucoup plus large. Ces excuses répétées sont entrecoupées de phrases qui semblent vouloir dire qu’elle l’embête. Ses mots sont maladroits et parfois mal choisis, mais elle voit bien qu’il ne souhaite pas vraiment qu’elle le laisse seul. Malgré son apparition éclair de la semaine dernière et son comportement puéril, il l’apprécie un minimum. Elle ne lui laisse pas le temps de renchérir sur des excuses interminables. Sa question, qu’elle aurait préféré tourner autrement, le coupe dans son élan.

Elle se sent vraiment idiote. Enfin ça aura au moins eu le mérite de le faire rire. Il a l’air de réfléchir vraiment à la réponse en tous cas. Roxane en est rassurée. Car la réponse l’intéresse. Beaucoup. Son attention est entièrement tournée vers lui. Si elle avait gardé sa forme animale ses oreilles seraient dressées en ce moment, dirigées droit sur ce métamorphe dont elle attend les réponses. Les yeux verts de la rouquine le suivent lorsqu’il dépose son sac, encore une preuve qu’elle ne le dérange pas. Il compte rester, elle s’en doutait, elle en est maintenant certaine.

Elle l’observe desserrer sa cravate avec amusement. Il n’avait qu’à pas s’encombrer de tous ces vêtements. Il devait mourir de chaud. Ses transformations n’étaient pas toujours agréables. En plein hiver le retour dans la peau humaine si sensible au froid était parfois douloureux, surtout lorsqu’elle n’avait rien prévu pour se couvrir rapidement. Mais dans la douceur de ce mois de Juin, n’avoir qu’une veste sur le dos ne la dérangeait pas le moins du monde.

Des sacrifices ?

La métamorphe se stoppe à peine les mots prononcés, se mordillant la lèvre pour s’empêcher de continuer.

Pardon je ne voulais pas te couper, continue.

Si elle veut des réponses il s’agit de ne pas l’interrompre toutes les 3 secondes. Elle se promet intérieurement de ne pas le faire, et déjà l’envie la prend. Des choses qu’il ne veut plus jamais refaire ? De quoi parle-t-il ? La métamorphe ouvre la bouche avant de se souvenir de la promesse qu’elle s’est faite quelques instants plus tôt. Elle renonce donc à poser la question qui lui brûle les lèvres. Elle n’a pas l’impression qu’il ait envie de parler de son passé, elle l’aurait sans doute mis mal à l’aise (enfin si il était possible de le mettre plus mal à l’aise) si elle lui avait demandé des éclaircissements sur ses allusions.

Alors qu’elle cherche quelles questions lui poser, sans avoir l’air de vouloir fouiller dans son passé, il la prend de court et revient sur son sujet tabou à elle. Celui qu’elle aurait aimé ne pas aborder. Les loups. Elle l’observe un instant avant de répondre. Il a l’air désintéressé, comme une simple curiosité. Pas vraiment la réaction de quelqu’un qui prend soudain conscience de l’existence de loups-garous dans la région. Il est sans doute déjà au courant. La jeune métamorphe hésite, ouvrant la bouche pour répondre puis la refermant, avant de la rouvrir.

Je m’entends bien avec eux. Surtout avec certains. La plupart me tolèrent plus qu’ils ne m’apprécient…
Sans la bienveillance affichée de Mary à son égard elle aurait prit quelques coups de dents par certains membres de la meute, mais elle bénéficie de la protection de la Lupa.
En tous cas je n’ai pas à cacher ma nature lorsque je suis avec eux. C’est tellement agréable de ne pas avoir à mentir, ou à souffrir des regards de jugement pour chaque petit écart de conduite…

Elle ne sait pas trop quoi dire. Elle est heureuse d’avoir un membre de son espèce à qui parler. Elle a confiance en ce Alan, alors qu’elle vient à peine de le rencontrer. Mais elle doit se méfier de ce qu’elle raconte sur la meute. Elle ne sait pas quoi dire et quoi cacher. Et alors qu’elle en est encore à démêler tout ça dans sa tête il change de sujet. Lui aussi a des questions à lui poser apparemment. A-t-il rencontré beaucoup d’autres métamorphes, ou est-il finalement tout aussi isolé qu’elle ?

Pas toujours. Je crois que c’est familial, ce renard. Mais je prends parfois d’autres formes, plus discrètes. Enfin c’est la forme que je maîtrise le mieux, et aussi celle dans laquelle je me sens bien.

Pour effectuer des vols et s’en sortir sans se faire prendre, mais ça il n’avait peut-être pas besoin de le savoir, enfin pas tout de suite. Il avait l’air de quelqu’un de respectable, qui gagne sa vie autrement qu’en piochant dans les biens des autres. Il ne serait peut-être pas aussi bienveillant envers elle lorsqu’il apprendrait qu’elle n’était rien d’autre qu’une petite voleuse. Etrangement elle ressent une petite pointe de culpabilité en prenant la décision de lui cacher ce pan de sa vie.

Et toi, tu as une forme fétiche ? J’ai senti une très légère odeur canine, mais je peux me tromper.

Son odeur animale est particulièrement faible en fait. Suffisante pour perturber l’odorat de Roxane lorsqu’elle était sous forme vulpine, mais maintenant qu’elle a pris forme humaine, elle doute presque de ce qu’elle a senti. Il sent le chien, mais pas plus que quelqu’un qui vient de passer quelques heures avec son chien sur les genoux. Ce qui l’amène à se poser une autre question, qu’elle ne retient pas cette fois. Les sujets à risque sont loin, la rouquine n’a plus besoin de faire attention.

Tu te transformes souvent ?

En fait Roxane ne savait absolument pas si la puissance de l’odeur était fonction de la fréquence de transformation. Elle ne pouvait pas se sentir elle-même, enfin pas d’un point de vue extérieur. Mais elle savait qu’elle sentait parfois le renard. Les humains, malgré leur odorat peu développé, s’en rendaient parfois compte, sans toutefois parvenir à identifier l’odeur. En tous cas leurs animaux de compagnie eux l’identifiaient. Elle avait eu quelques soucis avec ces derniers.

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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyVen 8 Nov - 12:26




 On ressemble à ceux que l'on fréquente




L’attitude, la gestuelle, les mouvements et les balbutiements d’Alan semblaient amuser Roxane. Cela vexa un peu le métamorphe qui était d’un naturel susceptible – voire très susceptible. Certes, il était stressé et mal à l’aise, mais ce n’était pas une raison pour en rire, en sourire, ou s’en amuser non ? Mais quel rabat-joie, celui là lui murmura le berger allemand qui ne comprenait pas vraiment l’agacement d’Alan. En même temps, il n’y avait rien à un comprendre.

Roxane tiqua sur le mot sacrifice, et coupa Alan dans son explication, avant de s’en excuser et de le laisser reprendre. C’était un réel exercice – et un exercice complexe – que de s’exprimer sur la métamorphose et sur ses efforts de se fondre dans la masse humaine parmi laquelle il était voué à vivre l’intégralité de sa vie – qu’il présumait déjà plus longue que la moyenne des humains. Après tout, il semblait tout à fait inconcevable de faire scission avec l’humanité si nombreuse lorsqu’on ne connaissait qu’une poignée de pairs et qu’on les évitait. La question concernant les loups sembla prendre Roxane au dépourvu et Alan en conçut une pointe de remords, d’avoir fait preuve, une nouvelle fois, d’une curiosité trop marquée avec l’incivilité du berger allemand. Qu’est ce qui lui avait pris de lui demander ça ? Sa voix détachée, sur le ton de la conversation, n’avait pas dupé la métamorphe, il… Je m’entends bien avec eux. Surtout avec certains. La plupart me tolèrent plus qu’ils ne m’apprécient… Elle lui avait répondu. Et elle semblait mal à l’aise, pas agressée sans son intimité, dans sa vie privée. Alan se détendit quelque peu, alors qu’elle poursuivait son explication. Sa réponse.En tous cas je n’ai pas à cacher ma nature lorsque je suis avec eux. C’est tellement agréable de ne pas avoir à mentir, ou à souffrir des regards de jugement pour chaque petit écart de conduite…

Alan ne savait pas trop quoi en penser. Pour lui, c’était inconcevable de ne pas avoir à mentir, de ne pas vivre dans dissimulation. Il avait l’impression d’avoir toujours vécu ainsi, sans assumer pleinement sa nature (après tout, sa première réaction avait été la fuite), sans craindre d’être démasqué, d’être vu, de perdre son anonymat si chèrement payé. Depuis ses huit ans il vivait caché, ayant passé plusieurs années à Londres sous une fausse identité, ayant repris son vrai nom et son vrai prénom à son arrivée en Ecosse, dix ans après sa fugue. Ca pouvait être agréable, de vivre comme elle le décrivait, sans avoir à mentir, mais ça semblait idyllique. Et Alan était aussi persuadé qu’elle devait se sentir vulnérable, à livrer ainsi son secret aux autres. A d’autres. La question qu’il posa, juste après, concernant la forme animale qu’elle avait revêtue pour l’aborder, laissa paraître sa curiosité, et une certaine homogénéité, logique, dans ses propos. Après tout, si elle était si bien acceptée parmi les loups, était-ce parce qu’elle-même se transformait en loup ? Ca semblait le plus évident, et pourtant elle se mouvait comme le renard, son petit air mutin, son attitude, la couleur de ses cheveux, même !, prouvait qu’elle était en osmose avec le renard comme lui était un berger allemand au fond de lui.

Pas toujours. Je crois que c’est familial, ce renard. Mais je prends parfois d’autres formes, plus discrètes. Enfin c’est la forme que je maîtrise le mieux, et aussi celle dans laquelle je me sens bien. Et toi, tu as une forme fétiche ? J’ai senti une très légère odeur canine, mais je peux me tromper. Tu te transformes souvent ?

Encore une fois, Alan eut l’impression de faire face à un jeune chiot, ou plutôt à un jeune renardeau, intrigué devant son… aîné ? Le terme était mal choisi, la métaphore en revanche, l’était plus. Après tout, un peu plus tôt, il l’avait comparée à un renardeau sautillant autour d’un papillon, cette fois la situation n’était pas beaucoup plus différente. Elle avait été mise mal à l’aise par la question qu’il avait posé sur sa vie chez les loups, et puisqu’il lui avait offert un nouveau jouet beaucoup moins sensible, elle recommençait à poser une foule de questions qu’Alan n’aurait jamais osé poser, même à Kate. La métamorphose n’était pas un sujet tabou, il ne fallait pas confondre, c’était un sujet immensément privé. Kate se transformait volonté en ocelot, parfois en chien – comme lui – pour arpenter les rues, alors que lui préférait nettement prendre la forme d’un berger allemand. Préférait… pouvait-on réellement parler de préférence, lorsqu’il ne concevait pas le fait de se transformer en autre chose hormis la buse ? Dans tous les cas, on ne parlait pas de la métamorphose gratuitement. Même si c’était lui qui avait lancé le sujet, d’ailleurs. Alan était mal à l’aise. Je crois que c’est familial, ce renard. Lui n’avait pas connu ses parents, n’avait pas connu d’autres métamorphes avant Kate – dont il était tombé amoureux avant même de se rendre compte qu’elle était de la même espèce que lui d’ailleurs – et avait tout fait pour que rien ne change. Il s’imagina un instant ses parents, dont au moins un des deux étaient comme lui, et se demanda quelle forme ils auraient pris. Un berger allemand, comme lui ? Un oiseau, comme l’animal dont il rêvait de prendre la forme avec facilité ? La question était vouée à rester sans réponse, au contraire de celles de Roxane – sauf s’il s’obstinait à ne pas répondre bien évidemment. « Hum… je… je me transforme en berger allemand. J’imagine que c’est ce que tu appelles ma forme fétiche. » Est-ce qu’il se transformait souvent ? Excellente question. La métamorphose était quelque chose d’inné, de naturel mais plus encore de nécessaire ; Alan avait besoin de se transformer régulièrement, il avait besoin de sentir ses quatre pattes posées au sol, de sentir les effluves des différentes personnes et d’orienter ses oreilles dans le sens du bruit, comme pour mieux entendre ce qu’il se passait. S’il se transformait souvent ? Au moins toutes les semaines. Le reste du temps, il allait courir, pour évacuer la tension et satisfaire un peu le berger allemand qui avait besoin de se dégourdir les jambes. « Je pense que je ne me transforme pas aussi souvent que toi. Enfin, je veux dire que… , joli, Alan, très joli. Dis encore qu’elle pue et qu’elle sent le chacal. Très classe, vraiment. Je veux dire que mon odeur canine est moins prononcée, enfin… vas-y, enfonce toi, y’a pas de souci. Mais je dois avouer que j’essaye de réprimer au maximum ses interventions. Au chien. Je… il n’aime pas trop ça, mais bon, je ne peux pas me permettre de réagir comme lui lorsque je travaille. » Voilà qui faisait partie des sacrifices dont Alan avait parlé un peu plus tôt et qui lui avaient tiré une exclamation dubitative. Sacrifices auxquels il se pliait bien volontiers. Avant, Alan laissait bien plus parler sa part animale. Elle lui avait permis de voler, de se procurer ce dont il avait besoin. Le métamorphe avait passé de nombreuses années bien plus sous la forme d’un chien que celle d’un humain. Il avait appris les tics de l’animal, qui avait empiété sur sa vie sociale humaine jusqu’à le rendre agressif et méfiant. Alan avait d’ailleurs gagné la réputation d’un bras droit implacable, qui visait souvent la gorge, et s’immobilisait aux aguets comme un chien de chasse lorsqu’il repérait un bruit. Jusqu’à ce casse qui avait mal tourné, et les morts dont on l’avait considéré comme responsable. Il avait fui sous sa forme canine, remontant au maximum dans le Nord de l’île, avec la ferme volonté de laisser tout cela derrière lui, de redevenir totalement humain et de laisser le berger allemand au placard, essayant de contrôler au maximum ses transformations, de restreindre l’odeur musquée qu’il avait lorsqu’il se transformait. Il avait voulu apprendre à laisser son humanité prendre le pas sur le berger allemand, pour inverser la tendance. « Tu n’as jamais voulu ne pas… ne pas être si… animal, lorsque tu te laisses aller, toi ? J'imagine en même temps que tout ça... Alan parlait de la métamorphose t'est naturel, en même temps si tu as grandi avec tes parents. »

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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyDim 10 Nov - 2:21




 On ressemble à ceux que l'on fréquente




Oh alors j’avais raison !


La métamorphe ne peut réfréner un sentiment de fierté. Comme celui qu’elle ressent lorsqu’elle traque une proie particulièrement tenace, et qu’elle finit par l’avoir. Ses sens ne l’ont pas trompée, et elle avait bien analysée l’odeur complexe de son nouveau compagnon. Sa fierté se voit sans doute sur son visage, dans sa façon de sourire et dans ses yeux. Elle ne cherche pas à la cacher, sans pour autant vouloir se vanter. Elle ne pense juste pas à masquer ce qu’elle ressent. Pas là, pas maintenant, pas avec lui. Elle est spontanée.

« Je pense que je ne me transforme pas aussi souvent que toi. Enfin, je veux dire que… »

Roxane sort de sa fierté et cherche à comprendre ce qu’il veut dire. Comment ça pas aussi souvent qu’elle ? Bon en même temps il l’avait rencontrée à deux reprises, et elle avait pris sa forme animale les deux fois. Lui était resté humain. Il était donc logique qu’il imagine qu’elle se transformait souvent.

Les sourcils de la jeune rouquine se froncent légèrement en entendant les mots suivants. Une odeur moins prononcée ? Parce que la sienne est prononcée d’odeur ? Elle n’est pas forcément du genre à se vexer. Et elle sait qu’il est maladroit. Depuis que cette conversation a débutée il est maladroit. Mais là elle ne voit pas comment interpréter ses paroles autrement que par « moi contrairement à toi je ne pue pas ». La jeune femme hésite à se vexer sincèrement. Heureusement pour lui il enchaîne avant qu’elle n’arrive à se décider, lui donnant des explications sur ce qui l’avait justement interpellé quelques instants avant.

Tu arrives à le réprimer comme ça ?


Elle avait du mal à concevoir qu’il puisse travailler normalement, sans avoir besoin de se transformer, ou sans avoir un comportement étrange aux yeux de ses collègues.

Ca doit être difficile au quotidien.


Ses transformations à elle n’étaient pas non plus incontrôlables. Mais lorsque l’envie lui prenait elle avait du mal à se concentrer sur ce qu’elle faisait, et elle ne tardait pas en général à céder à cette envie, quitte à laisser complètement en plan son activité du moment pour aller se trouver un coin isolé et laisser libre court à ses pulsions. Et en période de pleine lune, ses pulsions étaient nombreuses et pressantes.

« Tu n’as jamais voulu ne pas… ne pas être si… animal, lorsque tu te laisses aller, toi ? »

Oh non. J’aime mon côté Renard, je ne l’abandonnerai pour rien au monde. Il fait partie de moi. Il me fait du bien parfois, comme mon côté humain fait du bien à mon côté animal.

« J'imagine en même temps que tout ça... t'est naturel, en même temps si tu as grandi avec tes parents. »

La métamorphe ne s’attendait pas à devoir parler de ses parents. Son cœur se serra dans sa poitrine, et sa gorge se serra tandis qu’elle tentait d’organiser ses pensées. Le drame n’était plus si récent. Une dizaine d’années s’étaient écoulées. Mais elle revivait encore cette scène en rêve parfois. Et chaque fois cela ravivait cette douleur qu’elle n’avait jamais vraiment pu évacuer. Elle ne pleurerait pas. Elle ne voulait pas donner mauvaise impression. Elle ne voulait pas avoir l’air d’une petite fille. La jeune rouquine ferma les yeux 1 seconde à peine pour se concentrer et ravaler la boule qui s’était formée dans sa gorge.

Je … Je n’ai pas vraiment grandi avec mes parents.


La voix de la belle rouquine se heurte au mot parents. Elle retient l’émotion qui menace de la submerger. Elle a envie de fuir, et pourtant elle a besoin de rester. Se confier à quelqu’un de son espèce.

Ils sont morts lorsque j’avais 10 ans. Un accident de voiture.


Nouvelle pause. Roxane rage intérieurement de ne pas parvenir à se maîtriser mieux que ça. Elle voudrait pouvoir en parler sans devoir lutter. Elle aimerait oublier. Laisser ce drame derrière elle. Le manque, le vide qu’elle ressent depuis. Elle voudrait le combler, l’effacer. Mais elle ne veut pas oublier ses parents. C’est peut-être pour ça qu’elle prend toujours cette forme, le renard. C’est la forme qu’elle a prise spontanément ce jour-là. Et elle s’y accroche depuis.

Je … Ma première transformation a sauvé ma vie, mais pas celle de mes parents.


Elle ne le regarde pas une seule fois en prononçant ces mots. Ses yeux sont fixés sur le sol, masqués derrière des mèches de cheveux roux désordonnées. Elle ne veut pas qu’il voit ses yeux qui s’emplissent doucement de larmes. Elle déglutit une fois encore, mais la boule ne veut pas partir. Elle pense à la vie qu’elle aurait eue si cet accident n’avait pas eu lieu. Une vie dans laquelle toutes ses questions auraient trouvé une réponse.

D’un geste rapide de la main elle sèche une larme qui commence à couler sur sa joue droite, et tente de retrouver une contenance. Elle relève un peu la tête pour adresser un petit sourire désolé au pauvre Alan qui ne devait pas s’attendre à une telle réaction aux suites d’une phrase aussi bénigne. La renarde espiègle et joueuse s’est enfuie, laissant la place à la jeune adulte orpheline et perdue.

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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyDim 10 Nov - 15:12




 On ressemble à ceux que l'on fréquente




Oh alors j’avais raison !

Son exclamation avait été d’une telle spontanéité et d’une telle fraîcheur qu’elle tira un sourire amusé au métamorphe canin. Sourire qui disparut sous une masse compacte de malaise lorsqu’il voulut parler et qu’il s’embrouilla et s’emmêla dans des explications maladroites et déplacées concernant la différence olfactive entre les deux due à leurs transformations respectives. Ses sourcils se froncèrent, Alan comprit qu’il l’avait vexée, ce qui était bien normal. Mais pourquoi était il aussi maladroit, bon sang de bois ! Qu’est ce qui lui prenait de sous entendre avec autant de tact qu’elle puait l’animal selon ses sens olfactifs aiguisés ? Il avait rarement fait pire en termes de socialisation. Son interrogation me laissa songeur. Tu arrives à le réprimer comme ça ? Oui, non. Alan y arrivait, la plupart du temps. Il suffisait de se concentrer sur ce qui était autour, sur ce qui faisait de lui un être humain, plus que sur l’impulsion animale qui voulait partir jouer. Oui, il arrivait à réprimer le berger allemand. Ca lui coûtait, le chien détestait ça, mais il y arrivait. Et… Ca doit être difficile au quotidien. Exactement. Ce n’était pas facile. C’était simplement un choix qu’il avait fait et auquel il se tenait. Elle, n’avait elle jamais voulu réprimer son côté animal ? Sa question pouvait sembler incongrue mais Alan n’arrivait pas à s’imaginer quelqu’un qui n’aie jamais eu envie d’être comme le reste du monde. Oh non. J’aime mon côté Renard, je ne l’abandonnerai pour rien au monde. Il fait partie de moi. Il me fait du bien parfois, comme mon côté humain fait du bien à mon côté animal. C’était… perturbant. Alan aimait son côté berger allemand… enfin… oui, peut être. C’était dur à dire. Il l’acceptait parce que dans tous les cas, il ne pouvait pas le mettre au placard – il avait bien essayé – et qu’il ne pouvait pas l’ignorer totalement. Il acceptait le berger allemand, parce qu’il ne pouvait pas faire autrement. Est-ce qu’il avait choisi de se comporter comme un berger allemand, de se transformer en cet animal ? Absolument pas. C’était venu tout seul, sans qu’il n’ait rien demandé à personne. A l’époque, ce qu’il voulait, c’était tout simplement de rendre ses parents fiers de lui, d’étudier correctement et que Lorna le regarde. Il n’avait jamais voulu se transformer en chien, agresser Nick, se retrouver tout nu sur la route et qu’on se moque de lui. Il n’avait jamais voulu que la police vienne chez lui, que Nick se retrouve à l’hôpital, que ses parents aient des problèmes avec lui. Il n’avait jamais voulu, non plus, devenir lunatique à cause de la buse, ni être responsable de la mort d’un gosse à peine plus jeune que lui. Non, il n’avait jamais voulu ça, il n’avait jamais voulu croire pendant des années qu’il était une sorte de dégénérescence de loup garou, il n’avait jamais voulu du berger allemand dans sa vie. Peut être que s’il avait connu ses vrais parents, tout aurait été différent. Peut être. Alan n’en saurait jamais rien. Dans tous les cas, Roxane n’avait pas eu à découvrir sa nature seule, puisqu’elle avait apparemment connu ses parents.

Alan reporta son regard sur Roxane, et la vit perdre pied. Vraiment. Elle ferma les yeux un instant. Avait-il touché un point sensible ? Encore ? En même temps, si c’était elle qui avait posé la question, n’aurait il pas été dans le même cas ? Non, elle avait parlé de ses parents. Elle en avait parlé, c’étaient donc qu’elle avait vécu avec, qu’elle… Je … Je n’ai pas vraiment grandi avec mes parents. « Co… comment ? » Echec. Alan se mordilla la lèvre. Il avait encore fait fort niveau délicatesse selon toute apparence. Elle n’avait pas grandi avec ses parents ? Mais alors, comment… « Je suis… dé… » Ils sont morts lorsque j’avais 10 ans. Un accident de voiture. Alan était confus. Perdu. Désabusé quant à ses capacités pour parler aux autres et ne pas mettre les pieds dans le plat de manière inconvenante. Chaque pause de Roxane lui donnait l’opportunité de lui dire de ne pas poursuivre, qu’il avait été indiscret, incroyablement indiscret, et qu’il était désolé. Mais les mots restaient bloqués dans sa gorge, parce qu’elle faisait des pauses. Et qu’elle avait du mal à parler aussi. Je … Ma première transformation a sauvé ma vie, mais pas celle de mes parents. Elle… elle avait perdu ses parents au moment de sa première transformation donc ? mais… mais au moins, ses parents lui avait tout expliqué avant, non ? Alan ne voulait pas s’être trompé, il ne voulait pas s’être trompé au point d’avoir eu tout faux et d’avoir mis Roxane horriblement mal à l’aise. Ses cheveux roux tombaient devant ses yeux, mais Alan sentait qu’ils n’étaient pas simplement là pour refléter la couleur rousse du renard, mais aussi pour cacher un malaise. Un geste de main sécha une larme, et Alan eut envie de disparaitre. Lentement, incroyablement maladroitement, le métamorphe s’approcha de Roxane et laissa ses bras la serrer contre lui, dans un bref contact de compassion. Il ne savait pas quoi faire d’autre, et il était la cause de cet embarras chez elle. « Désolé, je n’aurai pas du demander, c’était effroyablement indiscret. Je... je m'excuse, vraiment. » Alan s’écarta, un peu penaud. S’il avait été chien sans nul doute possible il aurait eu les oreilles tombants et un regard de chien battu. D’ailleurs, peut être avait-il même le regard sous sa forme humaine. Une main nerveuse s’égara dans ses cheveux. Il s’écarta un peu plus, gardant une main sur l’épaule de Roxane, dégageant les cheveux roux qui tombaient devant ses yeux pour les remettre derrière l’oreille de la renarde. Il cherchait un autre sujet de conversation, mais… rien ne lui venait. Il pouvait parler de lui, certes, parce qu’il n’avait plus de repères parentaux depuis ses huit ans, mais c’était inenvisageable. Parler de lui était inconcevable. Pour le coup, c’était un sujet tabou. Inabordable. Même avec Kate ils n’en parlaient pas, c’était pour dire. Le chien grogna, gémit. Peut être que se transformer eut été un moyen de s’excuser, pour jouer avec elle, mais Alan était incroyablement mal à l’aise rien que d’y penser. C’était trop… personnel. Décalé. Le berger allemand gémit un peu plus, un frisson parcourut sa colonne vertébrale comme pour l’inciter à se transformer. A laisser son sérieux de côté.

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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyMer 13 Nov - 2:06




 On ressemble à ceux que l'on fréquente



La jolie rouquine, complètement dépassée par ces émotions qu’elle n’attendait pas, n’entend pas les tentatives faiblardes du responsable de sa déroute pour s’excuser. Concentrée pour ne pas craquer, ne pas pleurer, elle ne perçoit plus rien autour d’elle. Elle ne voit pas qu’il est perdu lui aussi. Désemparé de l’avoir mise si mal à l’aise. Elle se concentre pour former les phrases sans craquer.

Elle ne lui en veut pas, à lui. Elle s’en veut plutôt à elle. Elle s’en veut de ne pas être capable de gérer ses émotions. Elle ne les a pas perdus hier ses parents. La solitude l’a endurcie. Du moins c’est ce qu’elle pensait. Là elle ne sait plus. Elle s’en veut et son énervement rajoute une couche de plus autour de la boule qui enserre sa gorge.

Soudain Roxane sent des bras l’entourer. Elle est surprise par ce contact. Ses émotions l’avaient coupé de son environnement. Elle n’a pas senti, ni entendu le métamorphe s’approcher d’elle. Elle reprend soudain conscience de sa présence. Ses bras la réconfortent, et lui apportent l’apaisement dont elle avait besoin pour se concentrer et parvenir à surmonter ses émotions. Elle profite de l’étreinte pour respirer l’odeur de son compagnon. L’odeur de quelqu’un comme elle. Un changeur, un métamorphe. Elle n’est plus seule.

Cette fois elle entend la voix hésitante d’Alan qui s’excuse. Elle a repris possession de ses sens, et ses pensées sont moins brouillées par les émotions. Elle comprend ses excuses, mais ne les accepte pas. Il n’a pas à s’excuser. C’est elle qui n’a pas su gérer ses émotions, elle qui n’a pas su prévoir que le sujet viendrait à un moment où à un autre. Elle sent ses bras desserrer leur emprise, et elle fait de même pour le laisser mettre fin à cette proximité.

Non, ne t’excuse pas. C’est moi qui n’aurais pas dû réagir comme ça. Tu ne pouvais pas savoir.


Ils sont là, à se regarder, et à fuir leurs regards. Chacun attendant que l’autre brise la glace qui s’est installée. Les larmes sont ravalées. La rouquine les a enfermées dans son petit cœur, espérant qu’elles resteront où elles sont. Elle sent la main d’Alan remettre en place une mèche de ses cheveux. Elle redresse la tête et plonge ses yeux dans les siens. Elle voit son désarroi. Il est encore plus perdu qu’elle.

Elle ne sait pas où se mettre. Elle sait qu’elle devrait dire quelque chose. Changer de sujet. Faire une blague pour dédramatiser. N’importe quoi, pour ne pas laisser cette complicité naissante s’éteindre et mourir pour un moment gênant. Mais elle ne sait pas quoi faire. Elle a encore raté, malgré ses efforts. Même avec un membre de sa propre espèce elle est incapable de se comporter « normalement ». Faire une rencontre « normale », discuter de tout et de rien, se trouver des points communs.

Non il faut qu’elle foire tout. Qu’elle fuit avant même de lui parler, ou qu’elle fasse l’effort de vaincre sa peur pour aller vers lui, elle n’arrive qu’à l’ennuyer, à le mettre dans l’embarras. Après tout elle est peut-être faite pour vivre toute seule, loin de ceux de son espèce avec qui elle n’arrive à rien, loin des humains qui la rejettent.

Je ne sais pas quoi dire … C’est moi qui suis désolée, je n’aurai jamais dû venir t’importuner comme ça.


La rouquine a soudain envie de fuir. A quoi ça sert d’essayer. A quoi ça sert de rencontrer des gens comme elle si elle est incapable de tenir 5 minutes en leur compagnie sans les rendre mal à l’aise. La métamorphe se sent mal. Et plus elle le regarde, moins elle a envie d’affronter son regard et ses silences. Elle sent le Renard monter en elle, elle sent son envie de courir, de cesser ces réflexions sans fin. Elle voit le malaise dans les yeux auxquels elle est accrochée. Elle ne veut plus contempler le résultat de son échec de sociabilisation.

Sans vraiment en prendre la décision, elle cesse de lutter, et laisse ses pensées torturées s’éteindre dans celles plus simples de la Renarde à laquelle elle laisse la place. Les yeux de Roxane restent fixés dans ceux d’Alan, tandis que les cheveux qu’il vient de remettre derrière son oreille raccourcissent et viennent contaminer de leur teinte flamboyante ton corps. Tes yeux restent fixés dans ceux d’Alan, mais tu n’analyses plus ce que tu y contemples. Tes pattes sont gênées par le manteau qui te couvrait, et tu sautes hors de ce morceau de tissu qui te gêne. Tu ne sais pas ce que tu fais là. Tu ne sais pas si tu as envie de partir ou si tu as envie de rester. Tu oscilles entre les deux décisions.

Tu n’as pas de raison de rester. Cet humain, tout métamorphe qu’il est, a visiblement décidé de garder forme humaine. Il ne veut pas jouer, ni chasser avec toi. Tu n’as pas de raison de rester. Mais tu n’as pas de raison de partir. Il ne te veut pas de mal, tu le sais. La métamorphe qui se cache en ton sein t’envoie des souvenirs émotifs et physiques positifs. Ton instinct ne te dicte pas la fuite. Tu n’as pas de raison de partir.

Tu hésites. Tes oreilles sont agitées. Passant de la forêt à celui qui te fait face pour revenir à la forêt, marquant ton hésitation. Partir ou rester. Tu ne sais même pas pourquoi tu as pris la place de l’humaine qui était là quelques instants auparavant. Tu pensais peut-être que tout serait plus clair sous cette forme. Mais tu es toujours aussi perdue. Désorientée et incertaine.

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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyVen 15 Nov - 12:22




On ressemble à ceux que l'on fréquente




Lorsqu'Alan s'écarta, légèrement, de Roxane, et s'excusa une énième fois de son manque de discrétion et de ses questions sans tact, la voix de la rouquine s'éleva et le fit se figer : Non, ne t’excuse pas. C’est moi qui n’aurais pas dû réagir comme ça. Tu ne pouvais pas savoir. Ils devaient avoir l'air malin. Chacun à regarder l'autre, chacun à s'excuser avec une certaine maladresse. Alan aurait bien aimé trouver quelque chose à dire, mais il n'était pas très... adroit, avec les mots. Elle devait s'en être rendu compte, d'ailleurs. Il avait envie de fuir, de fuir Roxane, de fuir son mal-être, de fuir tout cela. Ce n'était pas possible d'être à ce point balourd avec d'autre personne. Alan se faisait désespérer. Je ne sais pas quoi dire … C’est moi qui suis désolée, je n’aurai jamais dû venir t’importuner comme ça. Lui non plus ne savait pas quoi dire, et pour être franc, lui aussi pensait qu'elle n'aurait pas dû venir devant lui lui parler. Elle aurait ainsi évité de ressasser de mauvais souvenirs, et lui aurait évité de faire preuve une nouvelle fois de son décalage avec les gens au niveau de la sociabilisation. Il ne savait pas trop quoi dire, parce qu'il ne voulait pas faire d'autres impairs. Ses yeux restèrent fixés dans ceux de la rouquine lorsqu'elle redevint renard, et Alan se sentit encore plus bête qu'avant. Voilà. Il avait encore fait fuir quelqu'un. Certes, il la fuyait à la base, mais bon, ce n'était pas une raison de la pousser à partir. Parce qu'il l'avait poussée à partir? Non, non, oh que non. Mais... c'était compliqué tout ça. Alan regarda le renard qui restait ici. Forêt, Alan, Alan, Forêt, visiblement elle avait du mal à choisir de partir. C'était peut être la chance d'Alan pour se faire pardonner d'avoir été aussi... sérieux. Le métamorphe inspira, avant de tourner le dos à la renarde pour s'accroupir à côté de son sac. Il avait pris une décision, qu'il espérait ne pas regretter. Tout en défaisant avec minutie les boutons de sa chemise, il laissait ses sens s'exacerber sous l'influence du berger allemand qu'il invitait à venir, et surveilla les odeurs des alentours pour repérer d'éventuels observateurs. Il était du genre prudent. Le tout n'était pas de forcément se déshabiller pour abîmer le moins possible son costume, mais de le rendre le plus lâche possible pour que, une fois transformé, il puisse s'en défaire rapidement. Heureusement que la banlieue et que la route – dont ils s'étaient tout de même bien éloignés – n'étaient guère fréquentés à cette heure là de la semaine. Alan jeta à nouveau un regard aux alentours, enleva sa chemise blanche qu'il s'agissait de ne pas tâcher et se laisser couler dans sa forme animale.

Le berger allemand s'ébroue légèrement en s'extirpant du tissu encombrant. Il prent délicatement entre ses crocs ledit tissu pour le poser sur le sac avant de faire quelques pas. Ca fait longtemps qu'il n'a pas pris l'air, et il ne retrouve presque pas son odeur. D'ailleurs, le voilà qui hume l'air pour tout voir, tout entendre, tout sentir. Le chien agite la queue et tire la langue pour haleter, en direction du renard face à lui. Alan est toujours différent lorsqu'il se transforme, parce que sa forme animale lui rappelle beaucoup de choses. Des jeux. Des peines. Un peu d'illégalité aussi. Beaucoup, en fait. Ce qui est étrange, ce qui est le plus étrange, c'est cette sorte de mémoire anatomique. Comme une musique peut faire penser au livre qu'on lisait en l'écoutant, sa forme canine réveille en Alan des souvenirs d'odeurs, d'émotions, d'information. Il a passé de nombreuses années, à Londres, presque plus sous sa forme animale que sa forme humaine et il ne sait pas que ce n'est pas très sain. Il ne le savait pas à l'époque, du moins. Depuis il a appris. Mais il garde toujours des traces de cette période lorsqu'il se transforme, parce qu'il ne devient pas simplement chien en apparence : ses pensées même sont teintées de l'état d'esprit canin. Le moment présent est le seul qui compte, le jeu, la menace, la notion même de territoire prennent des dimensions extrêmement différentes que lorsqu'il est sous forme humaine. Et ça se sent lorsqu'il se déplace pour faire le tour de la renarde. Il sait qu'elle s'appelle Roxane, mais il préfère l'appeler Brouillard-de-Feu, c'est un plus joli nom pour un renard. Ce n'est pas un nom d'humain, au moins. Alan n'a jamais été très doué pour nommer les êtres qu'il rencontre mais il aime bien ce jeu là. Parce qu'il ne faut pas mélanger humanité et animalité, et que lorsqu'il est sous forme animale, il pense animal. C'est normal. C'est logique. Alan a toujours dissocié sans dissocier sa part berger allemand de sa part humaine. Avant, il les considérait comme égales. Elles dialoguaient librement, quelle que fusse sa forme. Mais depuis plusieurs années, maintenant, il interdit au chien de donner son avis sur les relations humaines et sur les humains en général. Alors il y a eu une dissociation de plus en plus grande entre ses deux états d'esprit. Il est le chien, il est l'homme, il est une seule personne mais une personne qui ne s'écoute pas.

Le berger allemand est beaucoup plus grand que la renarde, mais il a aussi envie de jouer. Il lui donne un coup de patte, en essayant de ne pas mettre trop de force. Brouillard-de-Feu est une amie, il ne faut pas qu'il l'oublie. Et il ne faut pas qu'il oublie Kate, aussi, parce que Kate l'attend. Un nouveau coup de patte, puis il déterre un petit caillou du sol pour le faire rouler en direction de l'autre Changeur-de-Forme. Le voilà qui jappe. Dis, dis, Brouillard-de-Feu, dis, tu joues avec moi? C'est ce que veut dire ses mouvements rapides de chien. Il a envie de courir, de se battre, et de se rouler par terre. Parce que lorsqu'Alan est chien, il pense chien et il ne laisse personne ni aucune pensée s'intercaler entre le moment présent et la saveur dudit moment. Pour un berger allemand, il n'y a pas de passé, pas de futur, juste un vague hier qui n'est plus et un demain qui sera. Pourquoi gâcher le présent, les odeurs de la terre, de la forêt, des prédateurs et celles, bien plus délicieuses, des proies, en essayant de prédire un avenir que l'on connaîtra dans tous les cas ? Qu'il est compliqué d'être un être humain. Qu'il est bien plus simple d'être un hybride entre l'insouciance instinctive du berger allemand et les doutes de l'humanité... Lorsqu'Alan est un berger allemand, il est moins stressé, moins nerveux, moins maladroit. Il contrôle bien moins ses actes, aussi, parce qu'il ne craint plus de paraître canin, mais il n'a pas peur non plus d'agir en homme. Lorsqu'Alan se transforme, il est pleinement lui même, en fait.


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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyVen 15 Nov - 20:27




 On ressemble à ceux que l'on fréquente



Alors que tes sens sont tournés vers la forêt, tu perçois un bruit, un soupir. Tes oreilles pivotent vers l’avant pour se fixer vers l’origine de ce bruit. Alan. Tes yeux viennent se fixer sur lui tandis qu’il se tourne vers le sac qu’il a posé contre un arbre un peu plus tôt. Tu ne comprends pas ce qu’il fait, mais tu es curieuse. Sans même t’en rendre compte tu commences à t’avancer vers lui en le contournant…

… Pour t’arrêter lorsque la métamorphe en toi comprend ce qu’il fait. S’il t’a tourné le dos c’est parce qu’il est en train d’enlever sa chemise. Tu as bien reçu cette information, mais tu ne comprends pas pourquoi tu dois t’arrêter. Tu ne sais pas si c’est juste ta curiosité et ton envie de jouer qui t’ont reprise, ou si la femme qui se cache sous tes instincts te pousse à voir à quoi il ressemble. Peut-être est-ce le mélange des deux. Tes instincts de renard combinés aux émotions de l’humaine. Tout cela se mêle et tu ne comprends plus rien.

Pourquoi t’es-tu figée au milieu de ton trajet ? Pourquoi n’es-tu pas allée jusqu’au bout puisque tu en as envie, et que tu sens que celle qui brouille tes pensées en a envie aussi ? Tu te souviens de ce qui vient de se passer. La gêne entre vous. Les faux pas de l’un et de l’autre. Les émotions qui ont débordé et t’ont pris de court. Même si l’humaine qui est responsable de tout ça t’a laissé la place, elle ne veut pas que tu commettes un autre impair en laissant libre ta curiosité et tes pulsions. Elle réfrène même les siennes qui aimeraient voir de plus près à quoi ressemble celui dont les bras l’ont réconfortée un peu plus tôt.

Tu es frustrée. Tu n’aimes pas ces moments où elle tente de te contrôler. Elle a besoin de toi, de tes instincts. Tu pourrais résister, la forcer à disparaître, à te laisser la place pour de bon. Tu en as envie, mais tu l’aimes bien cette partie de toi, et toi aussi tu as besoin d’elle. A contrecœur tu t’assois et attend. Tu le regardes, et soudain tu vois la chemise blanche glisser le long de ses épaules. Tu jubiles intérieurement. Elle ne voulait pas que tu t’approches, tu sauras quand même ce qu’il fabriquait.

La jeune femme que tu abrites est ravie elle aussi, mais pas tout à fait pour les mêmes raisons. Pour une fois c’est toi qui subis ses pulsions et non l’inverse. Tu es perturbée par les réactions que provoquent en toi la vue de ce dos musclé, de ces épaules bien dessinées qui déposent avec délicatesse la chemise, avant de se brouiller et de laisser place à un berger allemand. Tu enfouis ces sentiments que tu ne comprends pas et te perturbent, pour comprendre les intentions du métamorphe.

*Jouer ?*

Tu ne tiens plus en place. Tu trépignes, et commences à tourner autour du berger allemand qui dépose tranquillement du bout des dents le reste des vêtements qui viennent de tomber au sol. Il t’ignore complètement, ce qui commence à t’agacer. Pourquoi te rejoindre si ce n’est pas pour profiter du moment et jouer ensemble ? Tu formes un huit nerveux sur le sol, sautillant par moment pour te tourner vers lui et voir s’il te regarde.

Tu le vois faire quelques pas, humer l’air. Mais qu’est-ce qu’il attend ? Tu jappes pour attirer son attention, et abaisses ta tête entre tes pattes, prête à bondir, lui montrant clairement ton envie de jeu. Et soudain il se jette sur toi et te donnes un coup de patte. Tu ne t’y attendais pas. Tu ne t’y attendais plus. Presque vexée dans ton orgueil de renard, tu bondis et lui cours après, essayant gentiment de lui mordiller les pattes arrières. Tu reçois un coup d’une de ses pattes arrière tandis qu’il se défend. Le coup te déséquilibre et tu te retrouves les fesses dans la poussière.

Tu commences à grogner lorsqu’il s’arrête lui aussi, et fouilles le sol. Ta curiosité étouffe ton grognement et tu comprends son intention lorsqu’il pousse un caillou dans ta direction et aboie en te regardant. Lui aussi veut jouer. Toute excitée tu prends le caillou entre tes dents, sautes sur le berger allemand pour le faire reculer et pars en courant vers la forêt derrière lui. Tu ne regardes pas derrière toi, tu sais qu’il va te suivre.

Tu fais un demi-tour serré derrière un arbre et te retrouve face à ton compagnon de jeux. Tu bondis et passe par-dessus lui, pour repartir à toute allure dans l’autre direction. Tu ne cours pas pour fuir un danger, ni pour chasser. Tu cours pour jouer. Avec un être de ton espèce, un métamorphe. A ce moment la complexité des sentiments que tu éprouvais il y a à peine quelques minutes. La tristesse dans ton petit cœur lorsque celle qui avait pris ta place avait dû parler de ses parents. Tout ça est loin. Ton cœur bat vite, tes pattes frappent le sol avec énergie. Tu ne penses plus à rien d’autres qu’au chien qui te poursuit.

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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyMar 19 Nov - 18:47




 On ressemble à ceux que l'on fréquente




La renarde est nerveuse, il le sent. Il le sent très bien parce que c'est visible aux huit que ses petites pattes dessinent dans la poussière. Il la regarde jour, il joue avec elle aussi. Le berger allemand est heureux d'avoir un compagnon de jeu. Il est même heureux que l'humain soit heureux de jouer. Pole droit de se comporter comme un chien, à se contenter des odeurs qui arrivent à sa truffe, pour une fois qu'Alan le laisse tranquille, qu'il écarte loin de là ses soucis d'humain, ses notions d'hier, de doutes, de remords, d'avenir. Pour une fois qu'il lui laisse pleinement profiter de maintenant, il en profite. Il court derrière Brouillard-de-Feu, il déterre une pierre pour jouer avec. Elle le prend entre ses crocs et lui saute dessus. Le premier réflexe du berger allemand est le recul, le deuxième est la poursuite. Il court derrière le petit animal roux, se rapproche, l'attrape presque et évite de justesse l'arbre qu'il n'a pas vu. Le demi tour serré de la renarde lui fait comprendre qu'elle l'avait vu, elle. Le temps qu'il reprenne ses esprits, elle a déjà sauté par dessus son corps massif pour repartir en arrière. Alan aboie, avant de s'élancer à ses trousses. Il est peut être moins réactif que Brouillard-de-Feu, mais il a une vitesse de pointe qui la surclasse, il n'y a pas de doute la dessus. Une fois son rythme de course trouvé, il la rattrape, la dépasse et la pousse pour qu'ils terminent en roulé-boulé dans le champ. Le chien se redresse et aboie à nouveau. Il a peur de lui avoir fait mal, et l'humain aussi le craint. Il n'a plus habitude de jouer avec des animaux de petit gabarit. Patte-de-Velours joue avec lui depuis tellement longtemps qu'il sait quelles sont leurs limites à tous les deux, et qu'il n'a plus peur de la blesser. Brouillard-de-Feu en revanche... Il est bien plus imposant que la renarde, et certainement bien plus puissant. Alan n'est pas du genre à faire dans la finesse, le berger allemand non plus. Tous les deux ont l'habitude de foncer dans le tas, utilisant puissance et rapidité plus que la discrétion. Il est plus pratique de savoir courir des heures durant selon le berger allemand, que de savoir grimper à un arbre ou se cacher dans un caniveau. Et Alan est d'accord.

Alors qu'il fait mine de vouloir sauter sur la renarde, et qu'il campe fièrement ses pattes dans la terre pour assurer sa position, Alan justement, le rappelle à l'ordre. Un coup d'oeil au sac, au pantalon, à la chemise, à ses habits. Pourquoi ? Déjà ? Alan veut savoir l'heure, parce que Patte-de-Velours l'attend à la tanière. A la maison. A l'appartement. Oui, mais c'est amusant de jouer avec Brouillard-de-Feu. Non, Alan est ferme : il doit rentrer. Le berger allemand s'immobilise. Ses oreilles tombent un peu, comme pour s'excuser. Pourquoi ne pas rester ? Le soleil est encore haut dans le ciel, il fait chaud, l'herbe est douce sous les coussinets de ses pattes. Pourquoi devoir se relever sur deux pattes, remettre les bouts de tissus qui serrent, les bouts de cuir autour des pieds ? Pourquoi laisser à nouveau les soucis et les pensées du passé et du futur parasiter le maintenant ? Alan dit qu'il faut. De toute manière, c'est Alan le maître. C'est lui décide, au final. Le berger allemand tourne la tête vers le sac et les affaires et pousse un petit jappement. Il fait un petit bond sur le côté. Et commence à se déplacer lentement puis de plus en plus rapidement vers l'arbre contre lequel sont les affaires d'Alan. Ses affaires. Le berger allemand attrape les habits, et saute derrière l'arbre.

Lorsqu'Alan reprit forme humaine, il se sentit bizarre. Comme toujours. Le simple fait de passer de la faction quatre pattes à la faction debout était déroutante. La brutale atrophie de certains de ses sens, le réveil des autres... il avait beau être un métamorphe depuis approximativement toujours, c'était toujours déroutant. Il avait une sensation de déséquilibre et de nostalgie qui restait pendant plusieurs jours. Alan s'habilla rapidement et revint de l'autre côté de l'arbre alors qu'il reboutonnait avec une minutie maladroite sa chemise. Retrouver l'aisance de mouvement du pouce opposable, des doigts séparés et autonomes aussi était compliqué la première minute. Alan faisait une telle scission entre sa forme animale et sa forme humaine que passer de l'une à l'autre nécessité quelques temps d'adaptation. « Je suis désolé, Roxane, je dois y aller. » Il ne savait pas quoi dire d'autre. Pourquoi ne pas juste dire que sa femme l'attendait ? Bonne question. Ca ne la regarde pas. Oui, aussi. Surtout. Alan prit son inspiration, et boutonna les manches de sa chemise avant de passer sa veste. Celle qui était à présent abimée. Il l'enleva aussitôt, préférant terminer la route en chemise. « Il faut que je rentre chez moi. » Et il n'avait pas vraiment envie qu'elle le suive. Elle savait où il habitait, sûrement, vu qu'elle l'avait trouvé. Mais bon. Alan enleva un peu de terre qui s'était perdu dans sa fourrure, et qui restait encore dans ses cheveux. Il ne savait pas trop quoi penser de leur rencontre. Il préférait éviter les métamorphes, il le lui avait dit, mais il fallait bien qu'il se l'avoue : il appréciait la jeune femme.


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MessageSujet: Re: [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé]   [Flashback - juin 2010] "On ressemble à ceux que l'on fréquente" [Livre II - Terminé] EmptyJeu 21 Nov - 1:38




 On ressemble à ceux que l'on fréquente



Tu es toute entière consacrée au jeu. Tous tes muscles sont tendus, prêts à réagir. Tu es prête à bondir, prête à courir. Demi-tours serrés. Bonds imprévisibles. Slaloms entre les arbres. Tu n’as pas ton pareil pour te faufiler et profiter de cet environnement que tu connais si bien. Le vent siffle dans tes oreilles, amène à ton museau les odeurs de la forêt. Tu t’amuses, te laisses complètement aller. L’humaine en toi n’est presque plus. Elle t’a laissé la place, laissé les rênes.

Tu cherches à savoir où il est. Celui qui partage tes jeux. Le berger allemand. Alan. Sans pour autant t’arrêter. Tu sais qu’il est plus rapide. Tu ne dois pas ralentir ta course si tu ne veux pas qu’il te rattrape. Tu cherches à entendre le bruit de sa course. Mais les bruits de la tienne t’empêche de situer précisément ton partenaire de jeu. Quand soudain tu l’aperçois, te dépassant sur la gauche. Tu t’apprêtes à faire demi-tour. Tu sais que tu es plus efficace que lui pour les changements brusques de direction. Mais trop tard. Son épaule massive vient heurter ton petit corps, et vous terminez par terre tous les deux dans un nuage de poussière et de terre.

Il te regarde, aboie comme pour te demander si tu vas bien. Tu jappes gentiment en réponse et lui lèche le poil pour l’embêter. Tu te redresses, et reprends un peu ton souffle. Cette course t’a un peu fatiguée. Surtout que tu as passé l’après-midi avec les loups, ce qui n’est en général pas de tout repos. Tu le vois s’apprêter à te sauter dessus. Tu es prête à réagir. Tu attends qu’il amorce son mouvement pour filer entre ses pattes.

Mais l’attaque ne vient pas. Un doute passe dans les yeux de ton adversaire. Il tourne la tête vers le tas de vêtements et le sac posés au pied de l’arbre. Tu aboies d’un coup bref, pour le faire revenir au jeu. Tu n’as pas fini, toi. Tu en veux encore. Tu espères, mais tu sais qu’il est déjà trop tard. Les oreilles du chien qui te fait face retombent légèrement tandis qu’il te jette un regard. Le jeu est fini.

Tu le regardes partir vers l’arbre, sans rien faire. Tu sais que c’est perdu d’avance. Avoir pu profiter d’une partie d’attrape-moi si tu peux avec lui est déjà bien. Tu ne dois pas l’embêter, tu ne dois pas insister. L’humaine reprend un peu sa place est te fait comprendre qu’il faut le laisser tranquille. Le laisser repartir. Tu l’as déjà bien assez embêté comme ça.

Tu t’approches tranquillement du sac tandis qu’il reprend forme humaine et se rhabille. Il repasse dans ton champ de vision, reboutonnant sa chemise, et t’expliques ce que tu as déjà compris. Il doit partir. Tu ne reprends pas forme humaine. Tu ne ressens pas le besoin de communiquer avec lui, et tu te souviens de sa gêne lorsque tu as pris cette forme tout à l’heure. Tu te contentes de le regarder. Tu essaies de lui faire comprendre par ce regard que tu ne lui en veux pas de partir, et que tu le remercies pour le temps qu’il a passé en ta compagnie.

Il répète qu’il doit rentrer. Tu jappes encore une fois pour lui dire au revoir, et lui tourne le dos pour repartir dans la forêt. T’éloigner de la route pour profiter encore un peu de ta forme animale en rentrant vers ton appartement. Tu n’es pas triste de devoir le quitter. Juste heureuse d’avoir trouvé quelqu’un de ton espèce, qui a bien voulu te donner un peu d’affection et de temps. C’est tout ce que tu demandais. Tout ce qu’il te manquait.

Tu ne sais pas si vous vous reverrez bientôt ou non. Ca ne te préoccupes pas, pas tant que tu es à quatre pattes. Pour l’instant ne restent que les sensations de la course encore bien présentes, l’adrénaline et l’endorphine qui courent dans tes veines.



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Roxane Emerson

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