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Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé]
MessageSujet: Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé]   Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé] EmptyJeu 4 Juil - 23:01




Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature.


J'étais nerveuse et je n'arrivais pas à me détendre. Je savais pourtant que c'était ridicule: j'avais déjà rencontré Alan ! Mais ça, c'était avant. Avant ma fuite, avant mon retour, avant que Camille ne veuille m'aider en demandant à son meilleur ami s'il pouvait m'aider à trouver du travail. J'avais envoyé mon CV à Alan et s'il n'avait pas encore posé de questions sur mes six mois d'inactivités, je craignais que cela arrive tôt ou tard sur le tapis. J'aurais pu lui servir le même mensonge qu'aux autres, mais s'il lui prenait fantaisie de vérifier mes assertions, j'allais définitivement m'en faire un ennemi et ce n'était pas du tout ce que je voulais. Alan avait toujours été poli avec moi mais jamais il n'avait cherché à mieux me connaitre alors j'avais respecté cela. Mais pour Camille, je devais faire l'effort de bien m'entendre avec lui, surtout s'il pouvait me trouver une place.

J'avais désespérément besoin d'un travail. En fait, j'avais surtout très envie de me remettre à bosser, l'inactivité était en train de me rendre folle.  Même si vivre chez Makayla m'aidait à mieux supporter mon inactivité, je devais surtout mon salut à Camille. C'était plus facile de tenir grâce à lui. Enfin en théorie... cela faisait quelques jours que je ne l'avais pas vu. Depuis la fameuse nuit de mes cauchemars en réalité. Depuis, je ne dormais presque plus, effrayée à la simple idée de fermer les yeux. En général, je somnolais la journée et restait éveillée les yeux grands ouverts dans mon lit, la lampe de chevet allumée de peur de voir les ombres se réveiller. Je prenais généralement la voiture et allait faire un tour pour essaye de ne pas ruminer, mais la technique n'était pas des plus efficaces. Quant à Camille, je sentais que je l'avais vexé en ne lui parlant pas de mon déménagement chez Makayla mais j'étais encore ébranlée par notre dernière nuit et cela ne m'avait pas paru correcte de le déranger pour ça. J'étais un peu perdue depuis que j'avais finalement compris mes sentiments pour le beau barman. Il me fallait juste un peu de temps pour me remettre d'aplomb. Camille s'inquiétait déjà suffisamment, je ne voulais pas ajouter à ses tracas.

J'avais donc passé pas mal de temps dans la salle de bain pour essayer de masquer les traces de mon manque de sommeil. J'avais opté pour une tenue professionnelle et sobre. Une jupe tailleur noire et la veste assortie, une chemise blanche -pas empruntée à Camille à mon grand regret- des talons hauts et un attaché-case où j'avais apporté une copie de mon CV et de quoi prendre des notes.  Alan m'avait donné rendez-vous à Édimbourg et il ne m'était même pas venu à l'idée de protester qu'il y avait plus d'une heure de route, après tout, qu'il accepte de me voir était déjà très aimable de sa part. Je ne connaissais pas trop la ville, excepté deux trois endroits, comme l'appartement de mon ami Joona, mais je n'eu aucun mal à trouver l'université. Une fois sur place, j'avais traversé le campus à la recherche du bâtiment E et n'avais pas tardé à reconnaître la silhouette du meilleur ami de mon amant. L'horloge du Campus sonnait 17h00. J'étais pile à l'heure.  

- Bonjour, Alan, j'espère que je ne vous ai pas trop fait attendre ! Le saluai-je avec un sourire un peu tendu. C'est très aimable de me recevoir, vous n'étiez pas obligé.



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MessageSujet: Re: Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé]   Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé] EmptyVen 5 Juil - 13:19




Il faut s'entraider, c'est la loi de la nature.



    « Tu le fais exprès ou quoi ? Ca fait deux mois que je te répète ça, maintenant. Deux mois ! Un dessin d’observation ne se fait JAMAIS au stylo, Ryan, bon sang ! JAMAIS, tu comprends ce mot ? »

    La patience n’avait jamais été mon fort. Surtout ces dernières années. Kate et moi avions un caractère aussi explosif l’un que l’autre, et ça ne s’était pas arrangé. D’autant plus qu’en ce moment, j’étais tout particulièrement tendu. Bref, tout cela pour dire, que je n’avais pas du tout la patience d’expliquer pour la quinzième fois à mon élève, un garçon en licence de biologie qui semblait n’en avoir jamais fait de sa vie, les bases du dessin d’observation. Je soupirai en reposant la brosse du tableau, que j’avais envisagé de lui lancer à la figure. Déjà que j’étais plus ou moins surveillé, comme s’ils craignaient que je me jette sur un élève dans un surplus d’énervement pour le dévorer. Je n’étais pas un monstre sanguinaire quand même… et pourtant. J’avais haussé la voix une énième fois, Ryan s’était recroquevillé sur sa chaise, et mes oreilles sensibilisées par mes transformations animales avaient perçu comme un bruit dans le couloir. Une des quatre autres élèves à qui je donnais des cours particuliers osa lever la main pour poser une question stupide, et je passais mes nerfs sur le tableau et la craie en refaisant pour la dixième fois de l’heure le croquis rapide d’une cellule épithéliale.

    « Ecoutez, si vous ne faites pas d’efforts, je ne peux pas vous aider à réussir vos examens, c’est aussi simple que ça. »

    Du coin de l’œil, j’avisais ma montre dont la grande aiguille pointait petit à petit vers le chiffre 12. Dans quelques minutes, j’étais sensé être en bas du bâtiment, pour discuter avec l’amie de Camille, qui cherchait un boulot. C’était bien ma veine. Pourtant, je savais bien que le jeudi, j’avais une classe odieusement crevant, puisque c’étaient tous des cas désespérés qui n’avaient pas réussi leurs examens de fin d’année et qui allaient en deuxième session. Je poussais un nouveau soupir en réexpliquant les différents composants de la cellule, les poisons qui pouvaient les neutraliser, et les caractéristiques de cette cellule. Pour ce qu’ils allaient en retenir… ça me désespérait d’avance. Je n’étais pas fait pour être prof, c’était une certitude, mais au moins, c’était un boulot, et un pied dans l’Université. J’avais déjà été heureux de voir qu’ils avaient pensé à moi lorsqu’il avait fallu trouver des professeurs pour les horaires ingrats des cours de soutien d’été que proposait l’Université. Soit ils étaient poussés à accepter des lycanthropes pour « promouvoir leur intégration dans la société », des c#nneries assurément, soit… ils étaient vraiment désespérés. Ou alors, ils reconnaissaient que j’étais un biologiste, un généticien comme il y en avait peu en Ecosse, et donc qu’ils allaient avoir besoin de moi. On pouvait toujours rêver…

    Je pris le temps de répondre au seul élève de ce cours de soutien qui ne me faisait pas déprimer en descendant les escaliers jusqu’au campus, griffonnant des corrections sur ses feuilles de cours, et annotant ses schémas avec des critiques acides, mais constructives. Lorsque j’arrivai en bas, je repérai sans difficulté mes deux cerbères qui venaient de changer. Je fermai un instant les yeux, pour chercher un soupçon de liberté dans mes actes, et quand je les rouvris, j’avisai la silhouette de Rebecca, qui n’avait pas tellement changé depuis la dernière fois que je l’avais croisée, plus de six mois plus tôt, chez Camille.

    - Bonjour, Alan, j'espère que je ne vous ai pas trop fait attendre ! C'est très aimable de me recevoir, vous n'étiez pas obligé.

    J’enlevai ma veste, le soleil tapant un peu trop fort malgré sa lente progression vers l’Ouest, avant de répondre, en réajustant les manches de ma chemise que je tâchai de relever, passant du mode « professeur de biologie » à celui, plus décontracté, si si, décontracté, du Alan qui sortait du travail.

    « Je viens d’arriver, je donnais un cours dans le bâtiment. Ce n’est rien, ce n’est rien… vous êtes l’amie de Camille et que dit le proverbe, déjà ? »

    Je jetai un coup d’œil aux hommes de la PES, fatigué de les savoir présent.

    « Les amis de mes amis sont mes amis, non ? Dans tous les cas, c’est un plaisir d’aider, si c’est dans mes moyens. »

    Non, vraiment, je n’étais pas à l’aise, aussi exposé, aussi vulnérable, aussi… statique. Il fallait que je bouge, pour être une cible mouvante, et que je mette de la distance entre mes suiveurs et nous. Le plus stressant, dans cette affaire, c’était qu’ils se mettent à soupçonner des choses sur la nature de Camille et son appartenance au monde surnaturel. De même à propos de Kate. Pour le moment, j’étais le seul lycanthrope « dévoilé » dans le trio, et ce serait bien que ça reste le cas à l’avenir. L’avantage, c’était que notre condition de métamorphose ne nous poussait pas à autant de violence que les loups, même si, pour le coup, mon impulsivité était assez moyenne… Mias bon, ce n’était pas le moment d’y penser. Il fallait que je me déplace. Point.

    « Ca ne vous gêne pas que l’on se déplace un peu ? »

    Sans attendre de réponse, je commençai à bouger en direction du parc du campus. Je repris, interrogatif :

    « Alors comme ça, donc, vous cherchez du travail, dans quel domaine à peu près ?


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MessageSujet: Re: Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé]   Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé] EmptyVen 5 Juil - 23:56




S'entraider, c'est la loi de la nature.



Alan venait d'arriver et j'appris qu'il donnait des cours dans la bâtiment. Maintenant que j'y pensais, je n'avais jamais vraiment sû ce que faisait Alan. Il avait tenu, lors de nos rares rencontres, à garder son jardin secret, ou plutôt sa forêt secrete vu toutes les barrières qu'il mettait entre lui et les autres. Enfin entre moi et lui en tout cas, pour le reste, je ne pouvais jurer de rien. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il soit si aimable et sa tirade sur les amis des amis me tira un sourire un peu surpris. Je m'étais plutôt attendu à quelque chose du genre "je ne le fais pas pour toi, mais pour Camille" mais si c'était sûrement le cas, il avait la délicatesse de ne rien en montrer. En même temps, il ne me devait rien !

- Merci beaucoup.

C'était assez étrange cette situation. Je venais quémander de l'aide à l'une des personnes que je connaissais le moins bien, en me sentant particulièrement mal à l'aise face à tout ça. Alan était plus âgé que moi, il connaissait Camille depuis plus longtemps et je sentais qu'il avait un rôle important dans la vie de ce dernier. Nous aurions dû nous entendre. Nous voulions tout les deux le bonheur de Camille, nous voulions tous les deux le protéger, pas vrai ? Du moins, je le pensais, je l'espérais, mais j'avais l'impression que ce n'était pas aussi simple que ça.
Le professeur semblait agacé et un peu mal à l'aise. Je le vis deux ou trois fois regarder derrière lui mais j'ignorais ce qu'il cherchait. Il me demanda si cela me gênait de marcher un peu et je secouai la tête en me mettant à le suivre. Il sembla se détendre un peu alors que nous marchions et me demanda ce que je cherchais comme travail.

- Je ne suis pas difficile, n'importe quel job fera l'affaire. Je suis travailleuse et j'apprends vite. Cela dit, si j'avais le choix... je pensais plutôt à du secrétariat ou de l'assistanat... mais s'il faut nettoyer des salles ou servir au self, je le ferai ! J'ai vraiment besoin d'un travail.

Je m'interrompis. Devais-je en dire plus ?

- J'ai conscience que vous engageriez votre responsabilité en me recommandant et je ne veux surtout pas vous attirer d'ennuis. Je serai à la hauteur, vous avez ma parole.

J'étais digne de confiance. Personne n'aurait à se plaindre de moi, j'en étais persuadée. Mais avant de pouvoir le prouver à un quelconque employeur, je devais le prouver à Alan.


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MessageSujet: Re: Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé]   Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé] EmptySam 6 Juil - 12:04




Il faut s'entraider, c'est la loi de la nature.


    Dès que nous nous étions mis à marcher, la tension qui pesait sur mes épaules s’était légèrement amoindrie, comme je m’y attendais. J’avais l’impression de respirer plus librement, et même si je savais que ce n’était qu’un effet de mon imagination, j’avais l’impression, toujours, que cette liberté ne se limitait pas seulement à ma respiration, mais à tout mon être. J’essayai d’accorder toute mon attention à la réponse de Rebecca, qui, par ailleurs, ne s’était pas faite attendre très longtemps.

    - Je ne suis pas difficile, n'importe quel job fera l'affaire. Je suis travailleuse et j'apprends vite. Cela dit, si j'avais le choix... je pensais plutôt à du secrétariat ou de l'assistanat... mais s'il faut nettoyer des salles ou servir au self, je le ferai ! J'ai vraiment besoin d'un travail.

    Je m’arrêtai une fraction de seconde, toute couleur ayant fui mon visage. Je clignai des yeux, en essayant de comprendre là où j’avais fait une erreur. Qu’avait-elle dit ? « Je pensais plutôt à du secrétariat ou de l’assassinat » ? Non. Ca ne devait pas être ça c’était moi qui étais trop tendu et qui faisais des conclusions hâtives. J’avais mal entendu, c’était la seule solution. Je passai en revu tous les mots ressemblants à assassinat qui pouvaient être plus… sensés dans ce contexte de phrase, et je me détendis en comprenant qu’elle avait parlé d’ assister les gens, et non de les assassiner. Il fallait que je me soigne, ou que je me repose, parce que là, je voyais des problèmes là où il n’y en avait pas, ou du moins, pas encore… Si je voulais que ma vie soit plus compliquée, j’avais juste à attendre, pas besoin de précipiter les choses… Je tâchai de me forcer à me détendre, pour ne pas rendre les choses plus difficiles et particulières qu’elles ne l’étaient déjà. Il s’agissait de se concentrer sur l’instant présent, d’écouter ce qu’avait Rebecca à me dire, et de ne pas déformer ses propos, des choses simples prises séparément mais qui me semblaient, là, assez difficiles à atteindre.

    - J'ai conscience que vous engageriez votre responsabilité en me recommandant et je ne veux surtout pas vous attirer d'ennuis. Je serai à la hauteur, vous avez ma parole.

    Je fronçai les sourcils.

    « Et bien… c’est un fait, j’engage la maigre confiance que l’Université à en moi en vous recommandant pour un poste ou un autre. J'espère que vous serez digne de la confiance que Camille vous porte, ce n'est pas dans votre intérêt que de vous jouer de lui. de nous... »

    On pouvait trouver ça étonnant que je parle de la méfiance des administrations à mon égard, à la première venue, mais… disons que ça ne me semblait pas secret, à partir du moment que ça avait vraiment influencé ma vie ces dernières années. Depuis plus de cinq ans, j’avais été renvoyé et j’étais fiché comme loup, et c’était pour moi quelque chose d’intégré, presque… normal. Je ne criais pas sur tous les toits que j’ étais un loup garou, mais je ne m’évertuais pas non plus à le caché dans la mesure ou j’avais déjà beaucoup, trop ?, de choses à garder secrètes pour le reste du monde. Bref. Je repris, en évitant de regarder Rebecca.

    « Je me suis un peu renseigné, déjà, et ce que je peux vous proposer tiendrait plutôt de l’ordre de l’assa… assistanat. »

    J’avais vraiment du mal avec ce mot. Il fallait vraiment que je me reprenne, ou j’allais devoir me donner des claques pour m’éclaircir les idées, et l’opinion que Rebecca allait avoir de moi n’allait pas être très à mon avantage. Non mais que cela m’inquiétât, mais… je ne savais pas trop comment me comporter avec Rebecca. Elle était une amie de Camille, voire plus, et je ne voulais pas faire de peine à mon petit frère. Mais dans un même temps, on ne pouvait pas me demander de… d’aller contre ma nature méfiante, et là, la méfiance parlait pour moi. Je luttais contre mon envie d’expédier le tout, en me forçant, dans un sens, à être cordial. Je n’étais pas un ours des cavernes qui craignait et rejetait la compagnie des hommes, non, tout de même pas, mais… Kate disait que je m’en approchais quand même pas mal. Je ne savais pas si elle voulait me taquiner, en disant cela, ou si c’était la stricte vérité. Un fait était que j’étais méfiant, et qu’actuellement, je me battais contre moi-même pour abaisser cette méfiance, et ne pas faire fuir trop vite Rebecca. Je me recentrai sur mes propos, ne sachant pas vraiment si je m’étais tus longtemps, si elle avait parlé, ou autre. Camille était habitué, depuis au moins un an, à mes absences et mes propos décousus. Je n’avais pas assez parlé à Rebecca pour qu’elle sache que ça m’arrivait souvent, et j’espérais qu’elle n’allait pas le prendre pour elle. Dans tous les cas, je repris là où je m’étais arrêté, ne sachant même pas s’excuser pour mon silence.

    « Cependant, j’ai vu que vous n’aviez pas vraiment fait des études… si vous le souhaitez, je peux voir pour vous inscrire à des cours, en auditeur libre dans un premier temps, pour vous menez vers des examens qui vous offrirez des qualifications, tout en aménageant le tout pour que vous soyez, je ne sais pas si ça vous conviendrait, surveillante dans un collège par exemple, ou dans l’administration ici même. »

    Ma main glissa nerveusement dans mes cheveux, tandis que je rajoutais, essayant de ne pas commettre d’impair.

    « Je ne vous ai pas demandé… vous habitez bien Edimbourg ? »



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MessageSujet: Re: Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé]   Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé] EmptyDim 7 Juil - 13:58




S'entraider, c'est la loi de la nature.



Je ne savais rien des problèmes que rencontraient Alan avec l'université et je ne lui aurais même jamais rien demandé si j'avais imaginé qu'il était lui-même en difficultés, mais je ne relevai pas. Je jetai un regard surpris à mon interlocuteur alors qu'il me mettait indirectement en garde contre le fait de me jouer de Camille ou de lui. J'aurais du être vexée, outrée, et si je l'étais un peu, ce n'était pourtant pas le sentiment qui me dominait à cet instant. Je ne voulais pas qu'il croit un instant que j'allais lui attirer des ennuis, je ne voulais pas qu'il croit que je profitais de Camille, même si c'était vrai, en un sens. J'aimais Camille, sincèrement, et peut-être aurais-je du m'éloigner de lui pour cette raison, mais j'en étais incapable. Je ne pouvais pas me passer de sa présence, de ses bras, de son sourire. Alors oui en un sens, je profitais de lui. Mais jamais contre sa volonté, jamais dans le but de lui nuire, seulement d'une façon un peu égoïste motivée par mes sentiments pour lui.

- Jamais je ne… je ne ferais jamais rien qui puisse vous faire du tort à Camille ou à vous.

Non, aucun de mes actes ne pourrait lui être préjudiciable, j'y veillerai. En revanche, ce que j'étais pouvait finir par devenir un problème… surtout si j'intégrais le groupe de Maryana comme cela était prévu. Mais je me projetai trop, nous n'en étions pas encore là. Camille n'avait aucune raison de l'apprendre ou d'en souffrir. Cela n'avait rien à voir avec lui. Au contraire, si j'y parvenais, les humains seraient en sécurité et Camille et les siens n'auraient plus rien à craindre.

- Je… tiens beaucoup à lui, vraiment.

Je ne savais pas pourquoi j'avais ajouté ça. Sûrement parce que c'était vrai et qu'Alan s'en rendrait peut-être compte. Je savais qu'il ne me faisait pas confiance, et ne le ferait peut-être jamais, mais je voulais qu'il donne plus de crédit à celle que m'accordait Camille. Camille pouvait me faire confiance. Je n'allais pas le trahir, je n'allais pas le laisser. J'avais fait l'erreur une fois de fuir, on ne m'y reprendrait plus.
Il m'avoua s'être déjà renseigné et que le travail qu'il pourrait éventuellement me proposer relèverait plus de l'assistanat.

- Ce serait parfait. Souris-je poliment.

Nous continuâmes à marcher alors qu'Alan restait silencieux, plongé dans ses pensées. Je n'osai pas l'interrompre et le laissai prendre son temps avant qu'il ne reprenne la parole. Alan ne m'avait jamais semblé être du genre bavard ou à parler pour ne rien dire. Je n'allais pas l'en blâmer.
Sa proposition me prit de cours et je m'arrêtai pour le dévisager:

- Vraiment ? Vous pourriez faire ça ?

Reprendre mes études ? Bon sang, je n'avais pas osé l'espérer depuis que j'avais quitté la Belgique et que j'avais dû payer un loyer alors que je n'étais même pas majeure. Survivre avait été plus important que tout le reste et j'avais mis tous mes rêves et mes espoirs de côté. Je m'étais résignée à ne devoir jamais faire de cursus universitaire et la perspective d'en avoir enfin la possibilité me ravissait.

- Ce serait vraiment fantastique, Alan, ça me plairait beaucoup.

Il me demanda finalement si j'habitais à Edimbourgh et je grimaçai. Je ne voulais pas que cela m'empêche de trouver du travail. Je secouai la tête et expliquai :

- Je suis à Livingston chez une amie pour l'instant, mais je dois bientôt ré emménager à Glasgow. Mais j'ai une voiture, et je peux prendre le train, ce ne sera pas un problème, je ferai le trajet s'il le faut.  

Nous arrivâmes devant une petite terrasse installée sur le campus et je proposai :

- Je vous offre un café ?



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MessageSujet: Re: Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé]   Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé] EmptyLun 8 Juil - 11:58




Il faut s'entraider, c'est la loi de la nature.


- Jamais je ne… je ne ferais jamais rien qui puisse vous faire du tort à Camille ou à vous. Je… tiens beaucoup à lui, vraiment.

A mes yeux, elle aurait du s’abstenir de rajouter cette dernière phrase. Parce que j’avais l’impression qu’elle voulait vraiment me convaincre qu’elle tenait à Camille, alors que tout ce que je voulais savoir, c’était si elle comptait le poignarder dans le dos ou lui mentir, et de ce fait me mentir. J’avais l’impression qu’elle tenait à se justifier. Comme si le fait qu’elle tienne à ce point à mon petit frère pouvait m’assurer qu’elle n’allait pas le blesser à l’avenir. C’était stupide que je sois aussi méfiant, buté, borné, et de mauvaise foi, mais je ne la connaissais pas assez pour me faire une idée sur elle, et plus encore, j’en savais suffisamment pour ne pas lui accorder une once de confiance. Quelqu’un qui disparaissait pendant six mois, et qui réapparaissait dans la vie de Camille aussi soudainement, ce n’était pas bon signe. Et ça ne m’aidait pas à passer outre ma méfiance naturelle, d’ailleurs. Bref. Mon haussement de sourcils peu convaincu accueillit donc cette déclaration, et j’enchaînai sur ce que j’avais déjà regardé pour elle et ma proposition concernant la reprise éventuelle de ses études. Visiblement elle ne s’attendait pas à une telle proposition puisqu’elle cessa de marcher, et je m’arrêtai pour l’attendre, me tournant vers elle, assez étonné.

- Vraiment ? Vous pourriez faire ça ? Ce serait vraiment fantastique, Alan, ça me plairait beaucoup.

« Si je vous le propose… »

Malgré mon ton un peu rude, j’étais… agréablement surpris par sa réaction. Mais avant que je n’ai pu rajouter quoique ce soit, elle répondait déjà à ma question concernant sa situation, ou plutôt le lieu où elle habitait. Je ne savais pas trop pourquoi, j’avais tenu pour acquis qu’elle habitait à Edimbourg, surement du fait de sa réponse positive lorsque j’avais proposé l’Université de cette ville comme lieu de rendez-vous, et pour la deuxième fois en quelques minutes, la réponse de Rebecca me surprit. Je l’avais faite se déplacer sans savoir si ça la dérangeait et si elle avait les moyens de venir ? Même si je ne m’en voulais pas plus que cela, je m’imaginais que si ça l’avait dérangé, elle me l’aurait dit, et si ça l’avait dérangé et qu’elle me l’avait tu, c’était bien fait pour elle, malgré cela donc, j’étais étonné. Et loin de s’affaiblir, ma méfiance augmenta d’un cran. Elle allait déménager à Glasgow. Et se rapprocher de Camille par la même occasion. Je ne savais pas qui des deux jouaient avec le feu, mais j’espérais que mon petit frère savait ce qu’il faisait. Avec Kate, c’était la seule personne au monde en qui j’avais totalement confiance, mais je craignais systématiquement le pire. Je notai dans un même temps son empressement à m’assurer que les futurs déplacements entre les deux villes ne la dérangeraient pas, ce qui lui permit de remonter d’un cran dans mon estime. Visiblement, elle était vraiment motivée pour travailler, et je respectais ça. La force de travail qu’une personne pouvait déployer et sa motivation étaient deux choses que je respectais au plus haut point, sachant pertinemment que si personne ne m’avait tendu la main, comme je la tendais à Rebecca actuellement, il m’aurait été très difficile d’atteindre le niveau d’étude que j’avais maintenant. Je me souvenais encore très nettement de mes premiers cours de soutien, offerts par mon employeur à mon arrivée en Ecosse. Ils avaient été laborieux, parce que je n’étais pas des plus ouverts et patients, mais j’avais donné mon maximum pour rattraper mon retard et combler mes lacunes. Même si ça me dérangeait, je me voyais, là, dans cette jeune fille qui était étonnée de ma proposition. Qui étais-je pour me méfier d’elle qui avait disparu pendant six mois pendant une période trouble ? A mon arrivée en Ecosse, j’étais un délinquant, accusé d’homicide involontaire plus au sud du pays, sans éducation, sans attaches, et cachant son histoire comme si c’était la chose la plus honteuse qu’il soit. Finalement, je n’avais rien ajouté de plus, et j’étais d’ailleurs reparti dans mes pensées. Ce fut le - Je vous offre un café ? de Rebecca qui m’en tira, assez brutalement.

« Avec plaisir, si vous me laissez vous offrir de quoi grignoter avec… »

Nous nous approchâmes du petit café étudiant, et par réflexe, je nous guidai vers une table éloignée, adossée à un mur, qui me donnait un champ de vision assez conséquent. Je tirai dans un mouvement sa chaise pour l’inviter à s’asseoir, avant de faire de même face à elle, et dos au mur.

« Et vous savez, beaucoup tiennent pour acquis que tout le monde a la chance de pouvoir faire des études, mais je n’en fais pas partie. En revanche, je peux vous assurer que ce ne sera pas de tout repos… »

Je n’ajoutais pas que je parlais en connaissance de cause, mais j’imaginais bien que cela pouvait se sentir si on suspectait quelque chose. Qu’elle déduise ce qu’elle voulait de mes propos, je ne comptais pas répondre à ses questions si jamais il lui venait la farfelue idée d’en poser sur ma vie privée. Le serveur arriva à notre table, tandis que je rajoutais, cherchant une feuille vierge dans mes affaires, et un stylo.

« Je ne sais pas si Camille vous a transmis mon adresse e-mail, mais si vous le souhaitez, envoyez moi les domaines d’étude qui vous intéresseraient. En revanche, je ne sais pas du tout si je pourrais vous recommander pour l’université de Glasgow… »

Spoiler:


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MessageSujet: Re: Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé]   Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé] EmptyMar 9 Juil - 11:15




Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature.


​J'étais vraiment ravie et reconnaissante de la proposition d'Alan de m'aider à reprendre mes études, je trouvais cette opportunité formidable. ​
​Je n'avais aucune idée de quel cursus j'allais bien pouvoir suivre, mais rien que d'avoir l'occasion d'y réfléchir était enthousiasmant. ​
​J'avais hâte d'en parler à Camille ! ​
Cette pensée me laissa quelques instants perplexe​. C'était totalement incroyable à quel point il avait ​
​pris une place phénoménale dans ma vie alors même que nous avions tout deux tenté d'empêcher cela avant mon départ. ​
​J'avais l'impression d'avoir toujours su, peut-être même dès le jour de notre rencontre, que Camille et moi avions un avenir tout les deux. Et cette pensée m'avait tellement effrayée que je l'avais repoussée avec toute l’énergie dont j'étais capable. Je m'étais même convaincue que ce n'était pas du tout ce que je voulais. Je n'avais pas programmé de devenir son amie -nous aurions pu rester deux voisins anonymes- mais cela s'était fait naturellement, presque malgré nous. Et si nous avions  lutté et lutté encore contre l'attraction qui nous poussaient l'un vers l'autre, je me demandais, aujourd'hui, comment nous avions tenu si longtemps avant de craquer. J'étais butée, lui aussi, mais il avait suffit de quelques évènements dramatiques et d'une nuit d'ivresse pour faire tomber toutes les réticences que nous avions eu. Je ne regrettai pas que ce soit arrivé. Les choses auraient été très différentes si je n'avais pas disparue alors que nous ne couchions ensemble que depuis trois mois. Peut-être, depuis, serions-nous passés au stade suivant, celui où nous assumions clairement nos sentiments et nos envies. Mais nous n'en étions pas là du tout. Je commençais seulement à appréhender et à accepter les miens et je sentais que Camille en était encore très loin. Je n'allais pas le brusquer. Quelque chose le retenait encore, quelque chose de sombre et d'ancien, lié aux ombres de son passé, lié à ses secrets.

Pour l'instant, j'évitais de penser à mes propres secrets. Je me répétais que je pouvais malgré eux, vivre une vie normale et j'essayais tant bien que mal de m'en convaincre. La perspective de rejoindre bientôt le groupe de Maryana ne m'y aidait pas vraiment, mais quand je le décidais, j'avais une forte capacité à occulter ce qui me dérangeait.  Autant dire que j'occultais pas mal de choses ces derniers temps.

Bref.

Je continuais à marcher silencieusement aux côtés d'Alan quand nous arrivâmes devant la cafétéria extérieure du campus et je lui proposais un café. Je souris en acquiesçant à a sa proposition de douceurs et le suivi vers une table un peu en retrait contre le mur.  Il m'invita à m'asseoir et je me m’exécutai, surprise par ses bonnes manières. Pas que j'ai jamais cru qu'Alan était un rustre, loin de là, mais en réalité, nous n'avions jamais été seul et la méfiance poliment masquée qu'il ressentait envers moi m'avait encouragé à croire qu'il se contenterait du strict minimum. Or, peu importait ce que je lui inspirai, Alan se montrait courtois et agréable, j'avais connu des gens moins scrupuleux. Mais en même temps, ce n'était pas un proche de Camille pour rien. Je pouvais comprendre que la nature un peu... délicate de notre relation, le rende méfiant. Je ne pouvais vraiment pas lui en vouloir pour ça.

Sa tirade sur le fait que cela n'allait pas être facile me fit acquiescer gravement. Il avait l'air de savoir de quoi il parlait, je le croirai sur parole.

- J'en ai conscience. Mais ça ne me fait pas peur, je ne gâcherai pas une telle opportunité.

C'était trop inespéré pour que je risque de tout ficher par terre. Je ne savais pas si je serais à la hauteur, mais j'essaierai de l'être, c'était certain.

- Oui, j'ai votre adresse professionnelle, je vous enverrai ça dès que j'aurai jeté un coup d’œil à la brochure de l'université.

J'acquiesçai encore lorsqu'il m'avoua qu'il n'était pas sûr de pouvoir me recommander pour Glasgow:

- Je comprends, je vous suis déjà très reconnaissante de m'accorder un peu de votre temps et de tenter de m'aider. Si je dois travailler et étudier ici, je le ferai.

Bien sûr, cela ne m'arrangeait pas, mais des milliers de personnes faisaient plus d'une heure de route matin et soir pour aller travailler. Je n'allais pas faire la difficile.

- Cela dit, si quelque chose se libère à Glasgow, je ne dirai pas non ! Ajoutai-je avec un sourire.

Le serveur arriva et je commandai un latté glacé et un muffin au pépites de chocolat. Pendant que Alan passait sa propre commande, je l'observai un instant. J'aurais été incapable de deviner son âge. Je le savais plus vieux que Camille et moi, mais de combien ? Comment s'étaient-ils rencontrés ? Quelle histoire se cachait derrière leur amitié atypique ? A première vue, ils n'avaient pas grand chose en commun. Néanmoins, ce n'était pas à Alan que j'allais poser la question...
Je pris une gorgée de ma boisson, songeuse.  

- Ça fait longtemps que vous travaillez ici ? Je ne sais même pas quelle matière vous enseignez !

Oui, j'essayais de faire un peu de conversation, mais mon intérêt était sincère bien que je sois toujours un peu mal à l'aise. Je ne savais pas de quoi parler avec Alan. La seule chose que nous devions avoir en commun était notre amitié pour Camille. Et même à ce niveau-là, nous n'étions pas vraiment sur un pied d'égalité. Et puis, je n'étais pas certaine qu'il veuille parler de son ami et de sa relation avec moi. J'étais donc bien contente d'avoir mon latté et mon muffin pour me donner contenance et m'occuper. Je ne pouvais m'empêcher de me demander ce que cet homme pouvait penser de moi mais au fond, je crois que je préférais ne pas savoir...  



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MessageSujet: Re: Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé]   Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé] EmptyMer 10 Juil - 14:30




Il faut s'entraider, c'est la loi de la nature.


- Je comprends, je vous suis déjà très reconnaissante de m'accorder un peu de votre temps et de tenter de m'aider. Si je dois travailler et étudier ici, je le ferai. Cela dit, si quelque chose se libère à Glasgow, je ne dirai pas non !

Sa réplique m’arracha même un sourire qui me laissa songeur. J’avais l’impression d’avoir mal jugé Rebecca, sans pour autant… l’avoir jugée un jour. Non, je m’étais contenté de la garder le plus loin de moi, pour ne rien risquer, et de ce fait je ne la connaissais pas. Et je me permettais de m’offrir le droit de faire sur elle des préjugés, sans raison, élaborant en mon fors intérieur des hypothèses et scénarios très certainement sans fondements qui pourraient expliquer les zones d’ombre sur sa vie que je n’avais pas pris, au préalable, le temps de découvrir et peut être d’éclairer. Je fronçai les sourcils, chassant le bref sourire qui m’avait surpris, et je sautai sur l’occasion de passer ma commande pour refaire le point et me recentrer sur le principal et la raison de notre rencontre. Je n’avais pas accepté d’aider Rebecca à trouver un travail pour la jauger, « Un café, noir, serré, corsé », ni pour la tester. Non, je l’avais fait pour Camille, parce qu’il m’avait demandé ce service, « Et un brownie, si vous avez. Merci beaucoup. », et que ça me faisait plaisir d’accepter. Il fallait que j’arrête d’émettre un jugement sur Rebecca, parce que ce n’était pas le but. Mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Inconsciemment, et j’en étais bien conscient, ce qui était contradictoire, je cherchais le moindre prétexte pour trouver en elle une bonne raison de me méfier et de dire à Camille de faire attention.  Sa question me fit légèrement sursauter, je me fis la remarque qu’elle avait du attendre longtemps une quelconque réponse de  ma part à une question, avant d’essayer de me sortir de mes pensées.

- Ça fait longtemps que vous travaillez ici ? Je ne sais même pas quelle matière vous enseignez !

« Désolé, j’étais dans mes pensées… Vous disiez ? Ah, euh… »

Voilà, c’était le temps qu’il m’avait fallu  pour reprendre totalement pied et me reconnecter à la réalité. Quelle matière j’enseignais, et depuis quand je travaillais ici ? Si la première question était déjà délicate à aborder, puisqu’étant professeur de soutien je brassais à peu près tous les cours de biologie de licence, indépendamment des spécialités, la deuxième était encore plus épineuse, puisque je ne savais pas exactement ce que je pouvais lui répondre. Je me laissai le temps de réfléchir en remontant un peu dans le temps, pour réagir à ce qu’elle avait dit juste avant l’arrivée sur serveur, concernant Glasgow.

« Euh, je me permets juste, avant de répondre à vos questions, de reparler de Glasgow. Je dois avoir quelques contacts là-bas, mais ça remonte à quelques années. Je vous enverrai leur s coordonnées, mais ce sera tout ce que je pourrais faire pour vous… «

Je n’étais pas non plus un bénévole pour faire de l’humanitaire, et il était hors de question que je contacte de moi-même les personnes que je connaissais à Glasgow, ou que j’avais connues. Parce que l’une de ses personnes étaient un généticien qui avait travaillé dans le même laboratoire, et je ne voulais pas attirer l’attention de la PES en recontactant mes anciens collègues de travail, je n’étais pas stupide à ce point. Le ton inflexible que ma voix avait prise d’elle-même devait avoir fait son office et signalé à Rebecca qu’elle n’avait pas intérêt à râler, même si je doutais qu’elle le fasse. De toute manière, j’avais encore des réponses à donner, ce que je fis rapidement :

« Je suis professeur de génétique, mais je donne principalement des cours de soutiens, dans tous les domaines de la biologie. »

Etrangement, on ne m’avait pas interdit de m’approcher à nouveau de mon domaine de prédilection, et je ne m’en étais pas plaint. Il était évident, cependant, que l’administration de l’Université me tenait loin des labos, par crainte de… de quoi d’ailleurs ?, et me confiait simplement des cours magistraux, théoriques, des remplacements plutôt bien payés d’ailleurs lorsqu’un professeur ne pouvait assurer son cours pour une quelconque raison. J’étais plutôt polyvalent avant d’être spécialisé dans la génétique, et j’entretenais depuis un certain temps cette caractéristique. Mais je ne donnais plus vraiment de cours de génétique, je n’avais pas touché à un matériel d’observation, un vrai matériel entendons nous, depuis plus de six ans. Mais elle n’avait pas besoin de savoir tout cela, et je ne comptais pas le lui dire. Si je commençais à raconter ma vie à toutes les personnes que Camille appréciait, ça n’allait plus finir. Non pas que Camille ait de trop nombreux amis, non, mais si je commençais à parler de moi à des personnes que je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam, il y avait un gros problème. Restait donc à répondre à sa question concernant mon ancienneté dans cette université. C’était moins délicat que ce que j’avais pu croire au premier abord, puisque techniquement, j’avais bossé pour l’Etat entre temps. Le temps où j’avais été enseignant chercheur remontait à bientôt dix ans, nous n’allions pas chipoter pour ça.

« Je suis professeur depuis près de six ans, il me semble, mais ce n’est pas très important, sauf si bien sûr la biologie et la génétique vous intéressent... Ce qui est plus intéressant à savoir, c'est ce que vous, vous comptez faire, et comment vous allez y parvenir. Si ce n’est pas trop indiscret, à quel niveau d’études vous êtes vous arrêtée ? »

Je n’étais pas patient, j’étais facilement en colère et je criais tout aussi rapidement, mais je n’étais pas professeur pour rien non plus. Malgré tous mes défauts, si j’étais encore employé comme tel, c’était parce que je savais cibler les points qu’un élève devait travailler, ceux qu’il maîtrisait, et ceux sur lesquels il était inutile d’insister. Elle était plus âgée que moi lorsque j’étais arrivé en Ecosse, et si elle voulait avoir des diplomes avait d’atteindre l’âge de la retraite, tout en travaillant en parallèle, il ne fallait pas qu’elle se surestime et choisisse les bons domaines du premier coup. Oh, elle pouvait largement faire carrière dans le travail que j’allais l’aider à trouver, certes, mais il fallait qu’il lui plaise, et ce n’était pas gagné vu qu’elle semblait prête à prendre le premier travail qui allait lui être proposé. Je ne savais pas trop ce qu’elle comptait faire, et comment elle se voyait dans deux ans. Le serveur revint avec nos commandes, et je profitais de se prétexte pour avoir une bonne raison de ne pas parler. Je n’étais pas bavard, et j’allais très certainement découvrir sous peu si elle l’était. Et si elle était curieuse, aussi.  

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MessageSujet: Re: Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé]   Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé] EmptyJeu 11 Juil - 22:21




Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature.


Alan était resté silencieux. J'avais au début cru qu'il ne souhaitait pas répondre, mais il semblait qu'il était plutôt du genre à se perdre facilement dans ses pensées. Aussi ma seconde tentative fut la bonne.
J'acquiesçai lorsqu'il évoqua, quoi qu'un peu rudement,  ses quelques contacts à Glagow:

- Merci. Je les contacterai dès que possible.

Je n'allais pas gâcher la moindre chance, ça non. Puis il me parla de son métier, que je trouvai fascinant et qu'il travaillait à Edimbourg depuis plus de six ans.

- La génétique ? Woaw… ca doit être passionnant ! J'ai toujours davantage été une littéraire qu'une scientifique. Avouai-je sur un ton d'excuse.

C'étai un euphémisme, à part les cours de biologie, je ne m'étais guère intéressées aux sciences et j'avais toujours été plutôt moyenne en mathématiques. En revanche, j'adorais les langues étrangères –ce qui était sûrement en partie du à Florine, qui était professeur d'anglais-, la littérature –cela faisait d'ailleurs bien trop longtemps que je ne m'étais pas plongée dans un livre- et les arts.
Mais Alan ne resta pas sur son travail et me questionna plutôt sur mes études et sur ce que j'allais faire.
Je grimaçais, un peu embarrassée. Je n'aimais pas parler de mon manque d'éducation. J'étais pourtant un minimum cultivée, je lisais beaucoup, j'aimais bien les musées, le cinéma et la musique, mais je complexais souvent de ne pas avoir été plus loin que le lycée. Cela ne reflétait pas mes capacités, je n'aimais pas l'image que ça donnait de moi. Mais cela faisait des années que je ne m'étais plus penchée sur la question. J'assumais, je n'avais pas vraiment le choix.

- J'ai arrêté après le secondaire…

Enfin juste avant la fin, mais cela revenait au même. Le problème, c'était surtout que cela remontait à 8 ans.

- Si c'est possible je prendrai quelques cours cet été pour me remettre à niveau. En revanche…c'est tellement inattendus.. je ne sais pas quels cours je vais bien pouvoir choisir…

Le serveur revint avec notre commande et je mis à déchirer des petits morceaux de muffins pour les manger.

- Je n'ai jamais imaginé reprendre mes études. Je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire à l'époque et je ne suis pas plus avancée aujourd'hui…

La vérité c'est que je n'avais jamais imaginé avoir un avenir après ce qu'il s'était passé dans mon lycée. J'avais voulu disparaître, être anonyme, j'étais jeune et j'avais cherché tous les moyens légaux et surtout discrets pour gagner de l'argent. Je ne voulais pas attirer l'attention, je ne voulais pas qu'on sache qui j'étais ou qu'on puisse retrouver ma trace.
J'en avais fait du chemin depuis, mais je n'étais pas plus sûre de moi que lorsque j'avais 17 ans. J'essayais de retrouver un peu de confiance, d'optimisme, mais les années sanglantes avaient laissé leur marques sur moi comme  sur les autres. Retrouver Camille m'avait aidé d'une certaine façon à voir les choses sous un autre angle. Je tentais de faire taire ma peur, mes inquiétudes constantes et de me faire violence pour dépasser tout ça. Avec Camille, je m'en sentais capable.

- J'ai vraiment envie de faire quelque chose de ma vie… mais je ne sais pas quoi et je ne sais même pas si j'y arriverai.

J'abandonnai mon muffin à moitié grignoté, l'estomac serré. Et si je me faisais des illusions ? Après tout c'était ma spécialité… et si tout ça n'était qu'un joli rêve qui viendrait prendre fin ? Camille, un travail, des études, tout ça… est-ce que je pouvais vraiment avoir tout ça ? Est-ce que je le méritais ? Est-ce que je parviendrais à tout concilier et surtout à ne rien perdre ? A ne pas me perdre moi dans tout ce que je voulais entreprendre ?
J'essayais de me convaincre que plus ma vie, ma vie d'humaine, serait remplie, moins j'aurais de risque de succomber à mon côté démoniaque. Mais rien n'était moins sûr, d'autant que j'allais devoir finir par intégrer le groupe de Maryana…
Je me forçai à sourire, le regard perdu dans ma tasse de café, et haussai les épaules en disant :

- Mais je ferai de mon mieux…

En espérant que cela suffirait.


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MessageSujet: Re: Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé]   Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé] EmptyLun 15 Juil - 12:39




Il faut s'entraider, c'est la loi de la nature.


 - La génétique ? Woaw… ca doit être passionnant ! J'ai toujours davantage été une littéraire qu'une scientifique. J'ai arrêté après le secondaire… Si c'est possible je prendrai quelques cours cet été pour me remettre à niveau. En revanche…c'est tellement inattendus.. je ne sais pas quels cours je vais bien pouvoir choisir… Je n'ai jamais imaginé reprendre mes études. Je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire à l'époque et je ne suis pas plus avancée aujourd'hui…

Elle semblait gênée de son niveau d’étude… Je me revoyais des années auparavant, avouant à demi-mots à mon employeur que je n’avais pas été scolarisé vraiment depuis mes huit ans, en dehors d’une année, lorsque j’étais arrivé au foyer pour jeune. Je ne lui avais pas tout dit, bien sûr, je comptais vraiment tourner la page, ranger mes années à Londres au placard, recommencer à zéro sans laisser l’ombre de ma violence me pourrir la vie. J’avais vraiment voulu prendre un nouveau départ, sur de nouvelles bases. Faire table rase. Mais pour cela, il avait fallu que je sois franc sur mon niveau d’étude, sur le retard que j’allais avoir à rattraper… En soit, Rebecca partait de beaucoup moins loin que moi. Si elle avait arrêté après le secondaire… elle avait des bases, elle savait ce que ça voulait dire qu’étudier, apprendre, travailler avec régularité. Non, elle n’avait vraiment pas de souci à se faire si elle était un peu sérieuse. Mais je n’allais pas le lui dire aussi crument, ma vie ne la regardait pas le moins du monde. Visiblement, donc, son absence de diplôme la gênait, le fait qu’elle n’ait pas pensé à reprendre ses études aussi, ne pas avoir de plan pour l’avenir encore plus. Ce n’était pas bien grave. J’avais de la chance d’être… d’une espèce nouvelle, ce qui avait motivé mon choix d’orientation.

- J'ai vraiment envie de faire quelque chose de ma vie… mais je ne sais pas quoi et je ne sais même pas si j'y arriverai. Mais je ferai de mon mieux…

Elle haussa les épaules, et je fis légèrement de même de mon côté, sirotant mon café qui n’avait pas eu le temps de refroidir. J’avais profité du fait qu’elle parle et que j’aie quelque chose devant moi à manger, pour avoir un prétexte pour ne pas parler davantage. Pourtant, maintenant, il semblait évident qu’elle n’allait pas vouloir dire quoique ce soit de plus, ou du moins qu’elle n’avait plus rien à dire. C’était logique. Elle ne me connaissait pas, je ne la connaissais pas, et c’était très bien comme ça. Certes, je brûlais d’envie de la questionner sur ce qu’elle avait fait pendant les six mois derniers, mais… je me doutais bien qu’il fallait que j’évite d’être aussi inquisiteur. Camille le saura bien assez tôt, et si c’était important, il allait me le dire, j’en avais la certitude. Si sa confiance en moi n’était pas fissurée, ce qui me stressait au plus haut point. Heureusement que ces derniers temps, l’effet nouvelle lune assurément, le berger allemand était calme. Et puis, si Camille ne se confiait plus à moi… je pouvais toujours demander à Duncan, ce qui était la solution la plus simple qui s’offrait à moi. Le détective et moi nous faisions aussi confiance que possible, et même si je ne lui avais jamais demandé d’enquêter sur des sujets personnels, en dehors de quelques photos de Kate qui me manquaient horriblement pendant nos deux ans de séparation…, je savais que je pouvais compter pour lui pour rester discret. Je terminai mon café, avant de parler, puisque je n’avais plus de raison de rester silencieux.

« Croyez moi, si vous voulez vraiment faire quelque chose de votre vie, d’une manière ou d’une autre vous y arriverez. Il suffit de le vouloir, et de ne rien laisser se mettre en travers de son chemin. Mais il ne suffit pas de faire de son mieux. Il faut dépasser ses limites pour les repousser et aller plus loin que ce qu’on pouvait l’imaginer au départ… »

Je parlais presque plus d’expérience qu’autre chose. Si quelqu’un pensait qu’il était aisé de devenir ingénieur en génétique lorsqu’on ne savait pas ses tables de multiplication à dix huit ans, il n’avait qu’à essayer. Il ne suffisait pas de se dire « je vais faire de mon mieux, et si je suis capable de le faire, je le ferai », non, certainement pas. Dans ces cas là, il fallait plutôt se dire que quoiqu’il advienne, on allait atteindre son but d’une manière ou d’une autre. Il fallait se le dire, mais il fallait y croire dur comme fer. S’en convaincre, se le rabâcher, se prendre des claques si notre volonté bougeait d’un iota.

« Si vous avez… des questions, je vous écoute. Sinon, je crois que j’ai tout dit ce que je voulais vous dire, et demandé ce que je voulais vous demander. »

Je griffonnai un nom supplémentaire sur la feuille que j’avais sortie, après un instant d’hésitation. Une longue hésitation, même. C’était un ancien collègue, et je risquai gros si jamais ça venait aux oreilles de la PES. Mais c’était un véritable ami, il y avait six ans de cela, et j’espérai qu’il se souvenait encore de moi. Et il travaillait à Glasgow.

« Tenez, c’est un enseignant chercheur de Glasgow. Il se plaignait souvent de ne pas s’en sortir niveau administration, donc je pense qu’il pourrait vous trouver quelque chose. »

Bon allez, Camille, c’est pour toi. Parce que tu m’as tendu la main, la dernière fois qu’on s’est vu. Et parce que Rebecca a besoin qu’on lui tende vraiment la main, comme on me l’avait tendu aux pires moments de ma vie pour me relever, ou presque. J'espérai juste que je n'allais pas amèrement le regretter.

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MessageSujet: Re: Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé]   Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé] EmptyLun 22 Juil - 11:50




Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature.


Alan m'assura que je trouverai ma voie, que je pourrai faire quelque chose de ma vie, pour un peu que je le veuille assez fort. Mais je ne devais rien laisser se mettre en travers de mon chemin, et surtout, je devais me dépasser, dépasser mes limites pour y arriver. J'acquiesçai. Je pouvais faire ça. Je pouvais me dépasser. J'avais toujours été bonne à l'école, j'avais même sauté une classe. Même si je le redoutais, ce ne serait probablement pas si difficile de reprendre mes études. Il fallait simplement que je découvre avant ce que je désirai vraiment
​... j'avais encore un peu de temps devant moi, heureusement.
Il me demanda si j'avais des questions et je secouai la tête:

- Non, vous avez été parfaitement clair.

Notre entretien touchait à sa fin et j'en étais soulagée. Bien que cela se soit mieux passé que je ne l'avais imaginé, je n'étais toujours pas très à l'aise avec Alan. Cela m'ennuyait. Je voulais vraiment m'intégrer au monde de Camille et Alan en faisait partie intégrante, mais il m'avait clairement fait comprendre que j'étais une étrangère et que je le resterai. Je comprenais son besoin ou sa volonté de protéger son ami -car c'était légitime après mon absence- mais je ne pouvais m'empêcher d'en être.. pas vexée, mais blessée du moins. Ne pouvait-il pas me laisser le bénéfice du doute? Ne devait-il pas apprendre à me connaître avant de me juger ? Peut-être était-ce qu'il faisait en me proposant son aide pour du travail. Bien sûr, c'est Camille qui lui avait demandé, mais il n'était pas obligé d'accepter... Cet homme était une énigme et une véritable contradiction à lui tout seul. J'avais l'impression qu'il voulait vraiment m'aider, ses encouragements et sa conviction me le faisaient penser en tout cas, et en même temps, il était tellement sur la réserve... comme si sa proposition était faite à contrecœur. Je n'aimais pas gens suspicieux car je craignais toujours qu'ils creusent trop profondément et finissent par découvrir mon secret. Alan m'inquiétait donc. Je n'osais imaginer ce qu'il se passerait s'il apprenait que j'étais une semi-démone. Même si je n'envisageais pas de tout raconter tout de suite à Camille, j'espérais pouvoir le faire un jour, dans de bonnes conditions... s'il venait à l'apprendre par quelqu'un d'autre, la nouvelle serait probablement encore plus dure à accepter.
Bref, je me torturais pour rien. Le temps nous dirait si nous étions capable de nous entendre. D'ici là...
Alan sortit une feuille et après une longue hésitation y rajouta un nom.  Je souris en prenant les coordonnées qu'il me donnait:

- C'est très gentil, je le contacterai dès demain.

Je n'allais pas le décevoir, j'allais tout faire pour qu'il ne regrette pas l'aide qu'il m'apportait.  Mais en attendant, nous n'avions plus rien à nous dire.  Je fis signe au serveur pour qu'il m'apporte la note puis me levai pour prendre congé. Je lui tendis la main pour la serrer.

- Merci beaucoup pour votre aide Alan. Je vous tiendrai au courant.


​Je lui souris et m'en allai en lui souhaitant une bonne journée. Tout ce stress m'avait épuisé. Je détestais être au centre de l'attention et faire du mannequinat ne m'avait pas aidé à me débarrasser de cette sensation. J'étais finalement bien contente que cette partie de ma carrière soit derrière moi. Cela ne payait pas mal, c'est vrai, mais ça n'avait jamais vraiment été une passion. Là, je ne voulais plus qu'une chose, rentrer et me coucher, oui même à cette heure-ci.  Avoir dû encaisser le regard scrutateur d'Alan et m'être angoissée pour savoir ce qu'il pensait de moi représentait assez d'émotions pour la journée. J'avais besoin de me poser et de faire le vide, loin de tout et de tous... même si je n'avais rien contre rendre une petite visite à mon cher et tendre barman... Ha Camille... décidément, il me faisait perdre la tête...


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MessageSujet: Re: Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé]   Il se faut s'entraider, c'est la loi de la nature. [Livre II - Terminé] EmptyDim 28 Juil - 23:08




Il faut s'entraider, c'est la loi de la nature.


- C'est très gentil, je le contacterai dès demain. Merci beaucoup pour votre aide Alan. Je vous tiendrai au courant.

Je fis un petit sourire crispé en réponse au sien, et lui serrai la main. Je ne savais pas pourquoi, mais j’avais du mal à statuer mon avis sur Rebecca. De prime abord, j’étais neutre. Le fait qu’elle ait disparu sans crier gare de la circulation l’avait faite tomber dans le négatif, mais les échos qu’elle réveillait en moins m’empêcher de ne pas l’aimer. C’était passablement compliqué, et je n’aimais pas trop ça, pour le coup.

« Evitez de perdre l’adresse en revanche, je ne sais pas si je pourrais vous la redonner. Dans tous les cas, c’est un plaisir de rendre service à Camille. »

J’espérai que le message allait passer, sans pour autant être trop… agressif. Ce n’était pas de ma faute si j’étais ainsi, je n’allais pas changer ma manière d’être juste pour faire plaisir à une amie de mon petit frère, en laquelle je n’avais pas une once de confiance. Avoir vaguement de la sympathie pour elle ne changeait en rien ce qui était réel : autrement dit que ce n’était pas une amie, ni même une connaissance commune. Elle appartenait à l’univers de Camille, pas au mien, et il était clair que je n’avais pas envie que ça change. Je la regardai partir, tendue, crispée, et je m’aperçus alors qu’elle était hors de portée de mon flair qu’elle avait peur de moi. Il y a certaines choses qui se sentent, d’autres qui se ressentent. Les humains, même si j’avais longtemps cru en faire partie, étaient au niveau des sens, aussi limités que des rochers. Je n’avais presque pas souvenir d’avoir été un jour aussi limité dans mon odorat, mon ouïe, ma vue, et si j’essayai de me remémorer ma vie avant ma première transformation, je me donnais l’impression d’observer les souvenirs d’un autre. Un autre qui n’aurait pas été métamorphe, un autre qui aurait tout simplement été un humain comme les autres, un enfant comme les autres, avec un père et une mère. Je poussai un soupir en regroupant mes affaires, laissant un pourboire avec le coût de la consommation, et je me levai lentement. J’avais quelques heures devant moi avant de rentrer à l’appartement, ou plutôt avant que Kate ne rentre. Je levai les yeux au ciel, pour observer la hauteur des bâtiments universitaires. Je savais qu’il y avait un accès aux toits, qui étaient plats, et qu’en tant que professeur, l’accès ne m’était pas interdit. C’était mal. C’était très mal. Ce n’était pas sérieux de faire ça, mais mes pas me conduisirent à l’entrée d’un bâtiment sans que je m’en aperçoive. La discussion que j’avais eue avec Camille me revint en mémoire, me giflant par la même occasion. Qu’est ce que je comptais faire là ? Ce n’était pas compliqué… j’avais eu l’intention de monter en haut, pour sentir cette appréhension, exaltation, ce stress et cette montée d’adrénaline que provoquait la présence inquiétante de la mort rôdant autour de moi. C’était stupide, éminemment stupide, que de frôler la chute mortelle, par pur plaisir de sentir le vide sous ses pieds. Je m’arrêtai juste devant les escaliers qui menaient au premier étage, et je fermai les yeux. Camille avait raison. J’avais un sérieux problème. Un vrai, gros, important problème. Du genre de ceux que je ne pouvais pas du tout gérer seul, au final.

Ca faisait des années et des années que j’étais attiré par le vide, je m’y étais accommodé sans problème. Pire : je m’y étais accoutumé.

Prenant mes affaires pour les serrer et me maintenir dans la réalité, j’attrapai mon portable, pour appeler Kate. J’avais besoin de la voir, j’avais besoin d’elle auprès de moi, pour oublier le manque que je ressentais. Car c’était bien d’un manque dont il était question. Un manque oppressant de hauteur, et j’espérais de rien d’autre. Lentement, je me forçai à prendre le chemin de l’agence où travaillait Kate, les yeux à moitié fermés en me servant de mes autres sens pour avancer. Heureusement qu’avec Rebecca, nous nous étions assez vite éloignés des bâtiments. Je n’osais pas imaginer mon attitude et ma nervosité si nous avions été dans leur ombre oppressante, si j’avais du résister à l’envie d’aller faire un tour en hauteur. J’étais fou. Totalement fou. Il fallait que je fasse quelque chose, mais je ne savais pas quoi.

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